Épilogue.

« Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. [...] Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. » Marguerite Duras, Hiroshima mon amour.


Septembre.

 Zayn pose le carton dans l'appartement et je souris, euphorique. Ce sourire ne quitte plus mon visage depuis des semaines, tellement que j'en ai, chaque jour, davantage mal aux joues. Je n'ai jamais été aussi heureux qu'à cet instant de mon existence. L'avantage, c'est que mon petit ami ne cesse de m'embrasser le visage et le coin de la bouche ces derniers temps. Il doit être dans le même état d'impatience que moi. Exactement comme si mon cœur allait exploser et que je me tenais, les bras tendus, au bord d'une falaise.

Je regarde autour de moi, les meubles posés grossièrement, les autres cartons qui s'empilent, les sacs débordants d'affaires, ma valise dans un coin. Gemma s'affale sur une chaise au milieu de la pièce, pousse un énorme soupir et dégage la mèche tombée devant ses yeux.

Je me charge d'aller chercher une bouteille d'eau fraîche dans le réfrigérateur, encore quasiment vide, et sers des verres à tout le monde. Zayn prend le sien, me remercie, ouvre la porte du balcon, s'allume une cigarette et observe la vue. Je le rejoins, m'appuie contre le mur en brique.

– C'est vachement beau et calme ici, vous avez fait le bon choix.

– Oui, la première fois qu'on a visité l'appartement on a eu un vrai coup de cœur.

– Il y a de quoi, il regarde autour de lui, et puis un logement à vingt minutes de la mer, ça ne se refuse pas.

Et je ne peux pas en être plus heureux. C'est un rêve qui se réalise. L'appartement comporte un salon avec une cuisine ouverte, un balcon, une chambre et une salle de bains. Ce n'est pas le plus grand que nous ayons visité, mais c'est celui qui nous a tout de suite séduit, au premier regard. Il est fonctionnel, récent et bien placé, au calme, près du centre ville et à quelques kilomètres de la mer.

La porte d'entrée s'ouvre à nouveau, accueille des voix et un brouhaha dans le couloir. Mon sourire s'illumine quand je vois Louis rentrer, suivit de ses parents, Norah et Marianne. Ils posent les derniers cartons ou meubles légers et je les invite à venir s'installer sur les chaises et se rafraîchir.

Ce déménagement fut assez épuisant mais je n'ai jamais été aussi impatient de ma vie. Impatient de m'éloigner de mes parents, de fuir mon père, de rejoindre Louis et d'habiter avec lui à la mer. Nous avons fait un long voyage avec Gemma, chacun dans notre voiture avec mes affaires. Je me suis occupé des meubles et elle des cartons. Ma sœur m'a avoué sur la route, hier, qu'elle n'a jamais été aussi heureuse pour moi et que j'ai fait le bon choix. Quand elle m'a avoué qu'elle était fière, je me suis mis à pleurer sur l'aire d'autoroute où nous prenions notre déjeuner.

Louis nous rejoint sur le balcon, il passe directement ses bras autour de ma taille et me vole un baiser. Il a, lui aussi, roulé avec ses affaires depuis la maison de ses parents jusqu'ici. La distance qui les sépare est moindre, une heure de route environ.

Nous parlions depuis le mois de Mars de vivre ensemble, nous avons fait plusieurs recherches, je lui ai dit que je ne voulais plus être près de mes parents, que je voulais commencer une nouvelle histoire loin d'eux. Ma sœur aura l'occasion de venir me voir, en train, elle me l'a promis. Je crois qu'elle aussi ne va pas tarder à partir avec son copain.

Le choix n'a pas été compliqué, nous avions tout de suite décidé de vivre à proximité de la plage où nous sommes allés tous les deux l'été dernier. La plage que Louis m'a montré. La première fois que j'ai vu cette mer, avec lui, il y a plus d'un an maintenant.

Après, le plus dur a été de trouver un appartement. A la fin du mois d'Avril, un premier s'est libéré. A quarante minutes de route. Louis a été visité, mais le logement été isolé et assez insalubre. Nous avons dû attendre le milieu du mois de Mai, et quelques autres déceptions, pour tomber sur celui-ci.

Cette fois, je suis venu le voir avec Louis et nous n'avons pas eu besoin de réfléchir bien longtemps. Les photos sur internet nous avaient déjà énormément convaincues, les échanges avec le propriétaire nous ont poussé à considérer d'aller le visiter ensemble. Nous n'avons pas eu besoin d'en attendre un autre. Ce fut une évidence. Ça l'est toujours. Nous nous y sommes tout de suite sentis chez nous.

Louis a su retrouver un poste dans une librairie en ville, Léo lui a écrit une lettre de recommandation élogieuse sur son travail avec lui dans sa bouquinerie. Il a eu l'occasion de l'aider dans sa boutique durant quelques mois. Ils ont été très triste de se séparer, Léo a bien tenté de cacher ses larmes et je sentais bien que la voix de Louis tremblait quand il lui a parlé le jour de son départ. J'étais à leur côté et même moi j'ai senti mon cœur se serrer. Mais Léo a promis de venir nous rendre visite régulièrement et Louis ne dérogera pas à son habitude d'acheter des livres chez lui.

Quant à moi, j'ai su décrocher un poste à l'accueil d'un musée maritime, près de la plage. Ils exposent des photos, répliques de bateaux et animaux marins. Je vais écrire des articles sur internet pour promouvoir le site, mettre en forme des flyers, accueillir le public, le renseigner et lui faire visiter les différentes salles et recherches exposées. Après, quand j'aurais plus d'expérience, je vais pouvoir aller observer les animaux dans l'océan et rédiger des rapports sur leurs comportements et habitudes.

Je souris à Louis, il m'embrasse la joue et se détache pour me regarder. Il me fait signe avec sa main et me dit :

– Au fait, tiens... je crois que je peux te le rendre maintenant.

Il passe ses doigts sur sa nuque, décroche le pendentif qui ne l'a jamais quitté en un peu plus d'un an de cela et passe les bras autour de mon cou pour me l'accrocher. Ses doigts frôlent ma peau, il me sourit. Je le remercie et me penche de quelques centimètres pour l'embrasser. Ce geste peut paraître anodin, mais ce bijou signifie énormément pour nous. Notre propre chance. Notre porte-bonheur. Et surtout notre promesse de nous retrouver malgré la distance qui nous séparait.

Aujourd'hui, nous avons brisé ces kilomètres et nous sommes réunis. Je ne peux pas en être plus heureux. Le baiser dure quelques secondes, jusqu'à ce que Louis se mette à rire contre ma bouche à la remarque de Zayn :

– Ok, je vous en prie si jamais je deviens aussi niais au bout d'un an de relation, tuez-moi. Merci.

Tout le monde rit, Louis se détache de moi et lui donne un petit coup de coude. Zayn passe un bras autour de son épaule, lui passe sa cigarette et me fait un clin d'oeil avant de rentrer dans l'appartement.

Nous mangeons des sandwichs avec des petites choses qui traînent dans le réfrigérateur. Le père de Louis s'occupe des branchements électroniques avec Zayn, je range la vaisselle avec Gemma. Norah, la mère de Louis et Marianne s'occupent de ranger un minimum des cartons et des affaires pour mieux optimiser l'espace. Louis leur indique parfois où mettre certains meubles.

Vers seize heures, ils rentrent tous. Nous avons bien avancé et déballé les plus grosses affaires. Maintenant, Louis et moi allons nous débrouiller pour ranger ce qui reste dans les cartons au fil des prochains jours. Je sais qu'il voudra que nous rangions nos nombreux livres ensemble dans les quelques bibliothèques que nous avons à disposition pour le salon. C'est peut-être ça qui prend le plus de place au final.

Gemma est la seule à rester dormir ce soir, elle reprendra la route demain matin. Nous les raccompagnons à leurs voitures. Louis enlace Zayn, ils se verront encore souvent, ses parents à qui il parle quelques minutes pendant que je dis au revoir à tout le monde et les remercie. Les parents de Louis me serrent dans leurs bras, Zayn aussi. Ils ont la certitude que notre relation, à Louis est moi, est vraiment sérieuse.

Une fois qu'ils sont tous partis, nous remontons à l'appartement. Gemma demande si nous nous occupons de ranger quelques cartons, Louis soupire et propose plutôt d'aller se détendre à la mer. Mon regard s'illumine, ils sourient tous les deux. Le choix est donc vite fait. Nous allons simplement chacun nous changer et enfiler un maillot de bain sous nos vêtements. Gemma a tronqué son short et son débardeur pour une belle robe ample et légère.

Nous montons dans la voiture de Louis, serviettes, crème solaire et bouteilles d'eau fraîche dans un sac. Pendant le trajet, la main de Louis repose sur ma cuisse, ses doigts brûlants contre ma peau nue. La musique accompagne notre route qui n'est, cependant, pas bien longue.

La plage est plutôt tranquille. Nous sommes début Septembre, les cours ont repris et les vacances sont terminées pour la plupart des personnes. Mais il fait encore un beau soleil et surtout, la chaleur de l'été nous écrase toujours.

Quand nous avons posés nos serviettes sur le sable, nous ne perdons pas de temps à nous déshabiller et aller dans l'eau. Gemma est la première à plonger, toute heureuse. Je regarde Louis mettre la tête sous la surface et ressortir quelques secondes après, un sourire lumineux sur les lèvres. A mon tour, je les rejoins. L'eau est fraîche, elle lèche ma peau et je me sens vraiment bien.

Ils se liguent rapidement contre moi pour essayer de me mettre la tête sous l'eau. Je fais mine de bouder, Louis cède et finit par m'embrasser afin de se faire pardonner. Et surtout, de me faire sourire. Gemma nous arrose en marmonnant que nous sommes dégoûtants. Ça nous fait rire tous les trois, je m'accroche à Louis qui m'enlace.

Nous restons un moment dans l'eau, à nager, se chamailler, discuter. Gemma veut rester encore un peu, Louis et moi sortons puis rejoignons nos serviettes. Il s'allonge sur le dos, je m'assois à ses côtés, regarde ma sœur qui fait quelques longueurs entre les vagues légères.

Je sens les doigts de Louis contre la peau nue et encore humide de ma hanche, retracer mes formes et je me tourne vers lui. Il me sourit, les yeux plissés à cause de la lumière intense du soleil. Ses yeux sont du même bleu clair que le ciel, celui limpide de l'eau de la mer. Je me penche, m'appuie sur mon coude, à côté de lui, ma jambe contre la sienne.

Louis lève le bras, glisse ses doigts contre mes cheveux relevés dans un chignon depuis ce matin et les détache. Ils tombent en cascade le long de mon visage et m'arrivent, maintenant, en-dessous des épaules. Ils font des boucles et s'entortillent dans tous les sens à cause de l'humidité. Louis prend une mèche entre ses doigts et me regarde.

– Harry...

– Oui ?

– Ne les coupe jamais, il souffle, je les adore comme ça.

Depuis l'été dernier, je laisse pousser mes cheveux et Louis m'a fait savoir, à chaque fois que nous nous sommes vus entre temps, que cette idée lui plaît énormément. Il s'amuse toujours à enrouler ses doigts autour de mes boucles, à me caresser les cheveux quand nous sommes dans les bras l'un de l'autre. Et à chaque fois que je m'attache les cheveux, il trouve un moyen de me retirer l'élastique et de les laisser pendre.

– Tu dis ça uniquement parce que tu peux tirer dessus quand on fait l'amour...

– Chut...

Il pose un doigt sur mes lèvres retroussées dans un sourire amusé. Il rit tout de même et risque un regard derrière moi, vers la mer. Je tourne la tête, Gemma nage plus loin dans l'eau et ne nous porte aucune attention.

– Je n'ai pas envie que ta sœur entende ça et croit que je te martyrise.

Nous nous mettons à rire et, au bout de quelques secondes, je me penche pour l'embrasser. Sa bouche a le goût salé de la mer, je passe le bout de ma langue contre ses lèvres tandis qu'il glisse ses doigts entre mes boucles, derrière ma tête. Louis met fin au baiser, me regarde, les joues rouges et je lui souris.

Je me redresse, il sort la crème et nous nous en mettons avant d'attraper de vilains coups de soleil. Il s'allonge à nouveau, je prends, dans le sac à dos, le roman que j'ai commencé hier Les Chevaux de Tarquinia. Je l'ouvre à la bonne page et m'étends à ses côtés. A peine quelques secondes plus tard, je sens sa tête se poser sur mon épaule. Ses paupières sont fermées, sa respiration caresse la peau de mon cou. J'observe ses longs cils fins qui caressent délicatement la peau en dessous de ses yeux.

Gemma nage encore. Je dévore plusieurs pages. Et même si le corps de Louis collé au mien me donne très chaud, je n'ai pas envie qu'il bouge. D'une main, je caresse la base de ses cheveux, sa nuque. Un moment, je crois même qu'il s'est endormi. Mais Louis ne sait pas tenir en place, il finit par bouger au bout d'une dizaine de minutes. Je pense qu'il se redresse pour s'allumer une cigarette, alors je continue ma lecture.

Mais bientôt, je sursaute légèrement quand je sens ses lèvres sur la peau de mon ventre. Autour de mon nombril. Je frisonne des pieds à la tête et une drôle de chaleur, qui ne m'est pas inconnue, s'éveille en moi. Il continue de poser des baisers le long de mon ventre, jusqu'à la ligne de mon short de bains. Je retiens mon souffle, lâche le livre pour me redresser et appeler son prénom dans un soupir.

Louis se redresse, me sourit malicieusement et s'allonge à nouveau à mes côtés. L'air de rien. Ma sœur nous rejoint deux minutes plus tard et je reprends ma lecture, l'esprit perturbé par les gestes de Louis.

Nous remballons nos affaires une fois que Gemma est sèche. Sur la route du retour, j'observe le paysage défiler et écoute ma sœur parler avec Louis des commerces dans le coin. A l'appartement, j'étends les serviettes sur le séchoir, Gemma va prendre une douche, Louis appelle Léo pour lui donner des nouvelles du déménagement.

– Bon, les amoureux, nous dit finalement ma sœur quand elle arrive au salon, je vais faire un petit tour en ville, je vais vous laisser un peu à deux quand même. Je passe chercher une pizza pour ce soir, ça vous va ?

Je n'ai pas le temps de lui répondre ni de lui demander où elle va, elle prend ses clefs de voiture, embrasse ma joue et nous sourit avant de claquer la porte. Louis rit, passe ses bras autour de mes hanches, pose ses lèvres dans mon cou. Il me murmure à l'oreille que j'ai le goût de la mer et je ne me pose pas plus de question. Je me retourne, prends son visage entre mes mains et l'embrasse.

Bouche contre bouche, nous nous dirigeons entre les cartons et nous mettons dans le lit que sa mère a fait tout à l'heure. En peu de temps, nos habits rejoignent le sol, les draps sont froissés et parsemés de sable. Je ne pense même pas à râler parce qu'on devra les changer après, Louis m'occupe entièrement l'esprit avec ses lèvres, ses mains et son corps nu au-dessus du mien.

On se perd dans les bras l'un de l'autre. Je le sers contre moi, nos bouches essoufflées se retrouvent dans un long baiser paresseux. Les jambes de Louis se mêlent aux miennes, il serre toujours mes cheveux entre ses doigts. Je passe les miens contre sa joue rougie, il penche la tête et embrasse le pendentif contre le haut de mon torse.

Nous nous enlaçons un moment, sans rien dire. Gemma ne rentrera pas avant une bonne heure à mon avis, le temps pour nous d'en profiter encore un peu et de prendre une douche. Même si, honnêtement, après avoir fait l'amour ainsi, je n'ai plus envie de quitter les bras de Louis. Il caresse délicatement mes cheveux, au niveau de ma nuque et je le regarde un moment. Nos sourires se répondent, il m'embrasse encore, je ne m'en lasse pas.

Au bout d'un moment, nous finissons tout de même par nous lever. Louis file à la douche, je change le lit en me retenant de rire. Pendant que je me lave, Louis passe un coup d'aspirateur pour ramasser tout le sable dans la chambre et l'entrée.

Je le rejoins sur le balcon, il fume tranquillement. Je passe mes bras autour de sa taille, mon torse contre son dos et mon menton sur son épaule. Il sourit, glisse une main libre contre mon bras. Je murmure quelques mots à son oreille qui prennent immédiatement sens.

– Je suis tellement heureux de partager ça avec toi. C'est ça notre chance.

Louis hoche la tête, tourne son visage vers moi, un sourire sur les lèvres et m'embrasse. Notre baiser aurait pu durer un peu plus longtemps si Gemma ne venait pas de sonner à la porte. Je vais lui ouvrir et mets le four à chauffer.

Aux alentours de vingt heures, nous mangeons à trois autour de la table. Louis est installé à côté de moi, ses jambes étendues sur mes cuisses, une part de pizza dans la main. Ma sœur nous regarde avec un sourire. Quand je viens l'aider à faire la vaisselle, elle me donne un petit coup de coude et me demande :

– Toi, tu es vraiment amoureux, hein ?

Le rouge me monte aux joues, en même temps que mon sourire. Je tourne le regard vers Louis qui est assis dans le canapé et fouille dans un carton. Je porte à nouveau mon attention sur ma sœur et hoche vivement la tête. S'il y a bien une chose dont je suis certain, c'est de mes sentiments pour lui. Ce sont eux qui m'ont poussé à être ici aujourd'hui. C'est Louis qui a réellement déclenché ce changement dans ma vie. A cet instant, je sais que je peux avancer dans le noir en lui tenant la main, je n'ai plus peur. Je n'aurai plus jamais peur à ses côtés.

Gemma s'éclipse au balcon pour appeler son copain. Je rejoins Louis dans le canapé, il est sur portable. Il a toujours cette photo de moi face à la mer en fond d'écran, celle qu'il a prise lorsqu'il m'y a emmené pour la première fois, l'été dernier. Je pose ma tête contre son épaule, il passe un bras autour des miennes.

– Tu sais, il murmure, je me suis toujours demandé quand est-ce que j'aurai moi aussi le droit au même amour que vivent mes parents depuis des années... Je me suis dit que ce n'était peut-être pas pour moi au final... puis tu es arrivé, tu m'as trouvé... je ne pouvais pas rêver mieux que toi, Harry. Tu es apparu dans ma vie quand j'étais le plus perdu et je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça, de m'aimer. Je ne savais pas ce que ça faisait de tomber amoureux, avant de te rencontrer, mais je n'ai pas eu peur une seule seconde de ressentir ça pour toi. C'était évident... Je n'y ai même pas réfléchi. Ça m'est tombé dessus et... mon père et Zayn avaient raison, je devais juste attendre que l'amour me trouve. Et depuis que tu es là, je me sens à ma place, j'ai l'impression que tout prend sens, que je n'ai plus peur de ce qui peut arriver demain, de où je serais tant que je te tiens la main...

Je lui souris, mes doigts viennent chercher les siens et je les noue ensemble. Louis se retourne pour me regarder, je pose ma main libre sur sa hanche. Comme première réponse, je lui vole un baiser, mais il ne tarde pas à venir chercher à nouveau mes lèvres pour l'approfondir. Il joue encore avec mes cheveux détachés et humides de la douche et ça me fait rire.

Louis a trouvé les mots justes. Notre rencontre est simple, naturelle et évidente. C'est exactement ce que j'ai ressenti quand j'ai posé mes yeux sur lui la première fois, au lac. Il faisait nuit, mais je ne voyais que lui. Partout. Sa cigarette à la main, il semblait si sûr de lui. Plus lumineux encore que les étoiles dans le ciel ou les rayons brûlants du soleil.

Mais j'ai vite compris, et appris, que Louis était bien plus que cette lumière qu'il laisse voir. Ce n'est qu'une façade, qu'une part infime de lui. Louis c'est toutes les saisons de l'année mélangées, la tornade, la pluie chaude pendant l'orage et l'odeur de la terre mouillé ensuite, la tempête de neige, le réveil de la nature, les couleurs chaudes de l'automne, le chant des oiseaux, la brise chaude de l'été, la musique des vagues, le bleu de la mer dans ses yeux, la chaleur du soleil dans le corps, le baiser de ses rayons sur ma peau.

L'amour que je porte à Louis c'est sentir les vagues venir lécher mes chevilles un jour et la force de l'océan me bousculer et me submerger le lendemain. C'est un sentiment qui ne se contrôle pas et ne se limite pas à un seul endroit. L'étendu de mon amour dépasse la surface de la terre, fait le tour de son monde.

Il me sourit, lui aussi, et je dis tout simplement en tenant ses doigts entre les miens :

– C'est parce que, toi aussi tu avais le droit à ta chance.

Son sourire ne vaut pas tous les plus beaux soleils de l'été. Il n'a pas le temps de m'embrasser une deuxième fois, Gemma nous appelle pour venir regarder un épisode de série avec elle. Après les quarante-cinq minutes, je lui ramène deux coussins et une couverture pour la nuit. Elle dort dans le canapé-lit. Elle me remercie et m'embrasse la joue, elle fait pareil à Louis qui lui sourit.

Je suis le dernier à passer dans la salle de bains, je rejoins Louis dans la chambre et ferme la porte derrière moi. Je regarde autour de moi. Il y a des habits qui traînent sur une chaise, la penderie en désordre, une commode montée mais encore vide, une table de nuit de chaque côté, une lampe de chevet, des cadres qui reposent au sol et attendent d'être accrochés. Je souris. C'est notre chambre.

Depuis le lit, Louis me regarde, il hausse un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres. Je retire mon tee-shirt et le rejoins entre les draps propres. Il prend son téléphone et met un réveil pour sept heures, le temps de se réveiller, déjeuner et dire au-revoir à ma sœur qui prend la route assez tôt. Je sais que je vais être attristé de son départ, même si je la revois bientôt, mais Louis sera là. Je ne suis pas seul. Plus maintenant.

Je me rapproche de son corps, il glisse une main sur ma joue et m'embrasse délicatement. Il me souhaite une bonne nuit, je lui réponds les mêmes mots dans un murmure. Et, malgré la chaleur de l'été qui colle encore à la peau, je me blottis contre lui.

Louis me serre dans ses bras, il a pris l'habitude de m'enlacer pendant mon sommeil. Je crois que c'est une routine qui commence à me plaire. Cette vie avec lui.

Et je n'ai plus peur. Je n'ai plus peur parce que je sais demain, et tous les autres matins à venir, je me réveillerai à ses côtés. Son visage sera la première chose que je verrai en ouvrant les yeux. Et la dernière vision, le soir, avant de les fermer.

Avec Louis, je n'ai plus peur de rien.

Parce que nous avons effacés les nombreux kilomètres qui nous éloignaient il y a de cela quelques jours encore.

Parce que je ne devrais plus partir.

Parce que nous ne serons plus séparés pour un temps indéfini.

Parce que cette fois, notre temps ensemble ne se réduit plus seulement à quinze jours en été.

Nous avons toute notre vie.

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