Chapitre 56

PDV Kachina/Mavis, quelques jours plus tard

On avait gagné contre Acnologia. Cela aurait dû être un triomphe, on aurait dû fêter ça pendant des jours entiers, voire des mois. Mais ce n'était pas le cas. Ce n'était pas le cas, car celui grâce à qui cette victoire avait été en partie possible était entre la vie et la mort. Et avec ça, personne n'avait le coeur à faire la fête.

Malgré tout, la vie avait dû reprendre son cours. Amélie avait fait repartir le temps, commençant à subir les effets prolongés d'un arrêt temporel pour toute la Terre, et était retournée auprès de sa famille, insistant auprès de sa soeur pour être tenue au courant de la moindre évolution concernant Alios.

Mes amies étaient retournés à leurs vies, mais Luka passait tout son temps avec moi, ayant réussi à convaincre sa mère de le laisser être auprès de moi car mon père était aux portes de la mort. Adrien et Marinette étaient aussi avec moi presque autant que mon copain, hormis la nuit, sans parler de Chloé. A la demande d'Emilie, Gabriel Agreste avait joué du pouvoir qu'il avait pour déclarer les deux adolescents malades au point qu'ils devaient rester chez eux, et Chloé avait pris la même excuse. Les parents de Marinette n'avaient pas trop eu le choix, mais ils étaient compréhensifs et j'imagine qu'ils estimaient qu'elle serait plus utile à mes côtés (bon, en fait, c'est surtout parce que Gabriel leur avait assuré qu'il lui ferait suivre des cours particuliers pour rattraper tout ce qu'elle manquerait, afin qu'elle puisse passer à la classe supérieure sans soucis). Le tout, sans savoir qui étaient Ladybug et Chat Noir, je tenais à préciser. Les deux super-héros avaient décidé d'un commun accord de ne pas révéler leur identité à leur ancien ennemi.

Présentement, j'étais devant la porte de l'infirmerie, en train de me ronger les sangs alors que Wendy, Grandiné et Polyussica s'affairaient depuis plusieurs jours auprès de mon père biologique. Bordel ! C'était pas parce que je ne le considérais que très peu comme étant mon père actuellement que je voulais qu'il meurt ! Je voulais pouvoir tisser une véritable relation père-fille avec lui, que notre confiance ne soit pas basée sur des mirages ! 

Luka me serra dans ses bras sans un mot, se doutant très bien que les mots ne servaient à rien. Chloé nous rejoignit, puis Marinette et Adrien. Leur présence et leur amour me faisaient chaud au coeur, mais ils ne suffisaient pas à alléger l'angoisse qui me rongeait, ainsi que le mauvais pressentiment qui se renforçait de jour en jour. 

J'étais tellement plongée dans mes pensées que je sursautais violemment lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvrit. On se détacha et on se tourna vers cette dernière pour voir Grandiné, le visage sombre.

"Kachina... je suis vraiment désolée...", dit doucement Grandiné. "Nous avons tout essayé mais c'est impossible. Emilie non plus n'y arrive pas.

- Laissez-moi essayer ! J'ai la même puissance qu'Acnologia, je peux forcément le sauver !", implorai-je.

Elle soupira devant mon déni évident, tandis que Luka me serra dans ses bras pour m'insuffler du courage. Malgré tout, elle nous laissa entrer tous les cinq.

Je me précipitai au chevet de mon père biologique et me figeai. Son état était bien, bien pire qu'il y a quelques jours. Les parties visibles de son corps étaient tellement marbrées de sombre qu'on aurait pu sans peine croire que sa peau était d'un noir profond et il transpirait à grosses gouttes. Son visage était tordu dans une expression de douleur, mais il me sourit du mieux qu'il put en me voyant.

"Kachina, ma chérie... tu ne devrais pas être là.

- Si, parce que je vais te soigner.

- C'est inutile..."

Ignorant les protestations de mon père, je m'accroupis à son chevet et tendis les mains vers lui, libérant mon pouvoir de guérison. Cependant, cela ne fit rien du tout. Je réessayai plusieurs fois, mais toujours rien, peu importe la puissance que j'utilisais.

"Pourquoi ça ne marche pas ? Il doit y avoir un problème... cela ne peut pas ne pas marcher !! m'affolai-je en me relevant.

- Kachina.", m'appela mon père. "Il n'y a rien à faire... il y a des sorts dont les effets ne peuvent être levés... même par la plus puissante des mages.

- Acnologia semble l'avoir empoisonné avec un puissant venin. C'est un venin qu'aucune magie ne peut guérir, il ronge son corps de l'intérieur. Il s'attaque d'abord aux membres inférieurs et, une fois que la victime est paralysée, il s'en prend aux organes vitaux, informa Polyussica.

- Kachina... il n'en a plus pour très longtemps, dit tristement Wendy.

- Plus pour longtemps ? Combien exactement ?", s'inquiéta Marinette.

Luka serra ma main un peu plus fort, ayant décelé les tremblements qui commençaient à secouer mon corps. 

"Il ne passera pas la nuit... soupira l'apprentie guérisseuse.

- Il lui reste...", balbutiai-je.

Chloé consulta son portable.

"Il est trois heures de l'après-midi. Donc il lui reste neuf heures...

- Ou moins, selon comment avance le poison, précisa Polyussica.

- Vous... vous mentez... il ne peut pas... non...", bredouillai-je, les larmes commençant à dévaler mes joues.

Mon père me regarda, la surprise se lisant malgré la douleur.

"Pourquoi pleures-tu ma chérie ? Tu ne m'aimes pas, tu me l'as bien fait comprendre.

- Espèce d'idiot !!", criai-je à travers mes larmes.  "Tu restes mon père, et tu m'as prouvé ces derniers temps que je pouvais avoir confiance en toi ! Je ne veux pas que tu meures ! Comment veux-tu qu'on tisse des liens si tu disparais ?! Moi, j'ai envie qu'on ait une vraie relation père-fille même si ça doit prendre du temps ! Tu ne peux pas partir quand je commence à te considérer comme mon père, tu ne peux pas ! Il y a forcément un moyen pour que tu restes !!"

Lâchant Luka, je retournai auprès de mon père et lui relevai la tête avec précaution.

"Tu m'as entendu ? Tu n'as pas le droit de mourir maintenant !!"

Il me sourit avec tendresse et posa avec difficulté sa main sur la mienne, aidé de ses pouvoirs.

"Kachina...

- Arrête de m'appeler comme ça ! Je suis ta fille bordel !", sanglotai-je.

Il lâcha un son à mi-chemin entre rire et cri de douleur.

"Mavis... on ne peut lutter contre la nature, tu le sais bien. J'ai déjà vécu bien assez longtemps... il est temps pour moi de rejoindre Mio... j'ai fait tellement de mal dans ma vie que je me trouve chanceux de pouvoir partir dans ces conditions....

- Tu te fiches de moi Papa ?! Tu vas mourir à cause d'un stupide sortilège !

- Oui, c'est vrai. Mais je vais mourir à cause de ce sort parce que j'ai aidé ma fille à mener à bien sa mission..."

Il lâcha un gémissement de douleur.

"... parce que j'ai contribué à... à protéger la cité pour laquelle la femme que j'aime... et ma fille ont tant sacrifié pour... pour la protéger... j'ai retrouvé ma fille que je croyais morte... la femme que j'aime n'a aucune rancoeur envers moi... Tenrô est hors de danger pour un bout de temps... ma fille commence à me considérer comme... comme son père malgré les horreurs que... que j'ai faites... je n'aurais pu rêver meilleurs conditions... Mavis... est-ce-que... tu m'aimes ?"

J'essuyai grossièrement mes joues baignées de larmes, tout en sachant parfaitement que cela n'allait servir à rien car mes yeux étaient une véritable fontaine à eau.

"Evidemment ! Evidemment que je t'aime Papa ! J'ai mis du temps à me l'avouer, mais je tiens à toi, d'accord ?! Alors ne m'abandonne pas !

- Je t'ai fait une promesse Mavis... tu t'en souviens ?

- Oui... bien sûr que je m'en souviens... sanglotai-je.

- Je t'ai promis... que cette vie serait ma dernière... et les Vermillion... les Vermillion tiennent toujours...

- Les Vermillion tiennent toujours leurs promesses... je sais... je sais..."

Toujours aidé par son pouvoir, il leva la main pour la poser sur ma joue.

"Tu te souviens de... la promesse que tu m'as faite ?

- Oui... je ne dois jamais faire quelque chose que je ne veux pas, ou que j'estime ne pas me correspondre. Je ne dois rien faire tant que je n'en suis pas certaine...

- Je veux que tu me fasses... une autre promesse...

- Je t'écoute... murmurai-je à contrecoeur.

- Promets-moi... de rester forte... de continuer à avancer... à être celle que tu as toujours été... même sans Mio et moi... tu n'es pas toute seule... tu as Fairy Tail... tu as Kanna et Gildarts... tu as Adrien... tu as Luka... tu as Marinette et Chloé... et tous tes autres amis... tu n'as aucune raison d'être triste... tu n'as jamais eu besoin de moi... alors promets-moi de ne pas te laisser abattre...

- Daughter's promise.", soufflai-je en posant mes mains sur celle sur ma joue. "Tu veilleras sur moi avec Maman ?

- Avec tes Maman, oui. Father's promise.", répondit mon père sur le même ton.

Je l'enlaçai comme je pus, mes larmes mouillant sa peau et ses vêtements. On resta ainsi quelques minutes avant que Grandiné ne pose la main sur mon épaule.

"Nous souhaitons l'endormir, pour qu'il ne souffre pas."

J'essuyai mes larmes du revers de la main et hochai doucement la tête.

"D'a-D'accord..."

J'enlaçai une dernière fois celui que je considérais désormais comme un père, comme mon deuxième père, le serrant fort contre moi.

"Papa, je t'aime...

- Je t'aime aussi Mavis... continue à prendre soin de Tenrô comme tu le fais... Mio et moi sommes fières de toi..."

Je me retirai et l'aidai à se réinstaller. Je lui adressai un sourire solaire avant que mes larmes ne recommencent à couler. Luka me prit la main et me ramena contre lui.

"Aller, viens Bichette. Il faut y aller...", me dit le guitariste avec toute la douceur du monde.

Je hochai la tête et il posa sa main libre dans le bas de mon dos, y exerçant une légère pression pour m'inciter à avancer. Mes amis m'escortèrent donc hors de l'infirmerie.

"Comment tu te sens p'tite soeur ?"

Je levai la tête et vis Papa et Kanna. Sans un mot, je me réfugiai dans leurs bras, laissant mes larmes continuer de couleur.

Pourquoi fallait-il que, pile au moment où je considérais mon père biologique comme mon père, il doive mourir ? Le destin n'était pas seulement ironique, il était aussi cruel. J'avais perdu ma mère, puis j'apprenais que mon ennemi, le meurtrier de ma mère, était mon père et que ma véritable mère était aussi morte. Et maintenant, on m'enlevait aussi mon véritable père. 

Qu'est-ce-que j'avais fait pour mériter ça ?

PDV Alios

"Tu as changé Alios, tu n'es plus l'homme sans pitié que tu étais il y a encore quelques mois... fit Grandiné.

- Ma fille est vivante... je n'avais plus aucune raison de vouloir réécrire le passé... j'ai attendu le meilleur moment pour me retourner contre Acnologia... sans que cela n'ait de répercussions sur ma fille...

- L'amour qu'on porte à ses enfants fait souvent des miracles. Tu as peut-être fait énormément de mauvais choix au cours de ta vie, mais tu as agis en véritable père ces dernières semaines. 

- Je l'espère... j'ai fait tellement d'erreurs que j'ai renoncé... à toutes les réparer.

- Et tu n'as pas à les réparer, il faut plutôt avancer, et tu as su le faire, même si Kachina ne voulait pas de toi. Comment te sens-tu ?

- Mort de l'intérieur mais... je suis heureux... c'est ironique... j'ai passé cinq mille ans à fuir la mort... et maintenant je suis heureux d'en être à ses portes... je n'ai plus de regret... plus de remord... et je suis heureux de savoir que ma fille n'est pas seule... je la laisse entre de bonnes mains, comme Mio l'a fait... il y a plus de quinze ans... je me sens juste... coupable de la faire souffrir... elle a déjà trop souffert...

- Kachina est une fille forte. Peu importe le temps qu'il lui faudra, elle se remettra en selle. Elle a déjà tout le soutien dont elle a besoin.

- Tu fais référence... à Luka ?

- Pas seulement. Je fais aussi référence à Adrien son frère de coeur, Kanna sa soeur adoptive, Gildarts son père adoptif, ses meilleures amies Marinette et Chloé, sans parler d'Emilie et Jellal, ainsi que du reste de Fairy Tail et de ses amis de Paris. Elle n'est pas seule. Mais, effectivement, c'est probablement de l'amour de Luka dont elle a le plus besoin.

- Grandiné... s'il te plaît... veille à ce qu'elle ne se tourne jamais vers le mal, jamais... je ne veux pas qu'elle se retrouve à faire le mal par vengeance ou quoi que ce soit d'autre... veillez tous à ce que cela n'arrive jamais.

- C'est promis Alios. Tu es prêt ?

- Oui... il est temps pour moi de rejoindre Mio, comme j'aurais dû le faire depuis longtemps.

- Rien n'arrive jamais sans rien Alios. Dis-toi que, sans toi, nous n'aurions pas vaincu Acnologia. Et sans ton sacrifice, il ne serait pas scellé.

- Content d'avoir pu être utile... Grandiné ?

- Oui ?

- Ne change surtout pas."

La guérisseuse sourit et hocha la tête. Suite à cela, les trois guérisseuses s'unirent pour lancer un puissant sort de sommeil sur moi, et je sombrai dans l'inconscience.

Je ne sais pas combien de temps exactement je suis resté endormi. Par contre, la première chose que je vis en rejoignant le monde des esprits, ce fut le visage souriant, si semblable à celui de Mavis, de la femme que j'aimais.

"C'est une nouvelle ère mon amour, et nous allons la passer ensemble.", me fit tendrement Mio.

Elle me tendit la main mais, au lieu de la prendre, je l'enlaçai et pris son visage en coupe pour l'embrasser de toutes mes forces. Je m'étais rendu immortel, en quelque sorte, depuis cinq mille ans, et la seule chose qui faisait que je ne le regrettais pas, c'était le fait d'avoir pu rencontrer ma fille. Même si, en fait, j'aurais pu interagir avec elle comme l'a toujours fait Mio...

Mais peu importe, j'étais heureux d'avoir quitter le monde des vivants. 

"Le pouvoir contre lequel même les immortels ne peuvent rien... murmurai-je

- ... c'est l'amour... la magie originelle.", disons-nous en même temps.

Elle déposa un baiser sur mon nez et je lui souris tendrement.

"Bienvenu chez toi mon amour."

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