PDV Kachina, le lendemain

Ce matin-là, je me préparai à la fois vite et correctement. J'allais rendre une visite au Papillon en tant que Protectrice de Tenrô, pas en tant qu'Isi. Je devais avoir l'air de celle qui était garante d'une cité.

J'enfilai donc ma tenue de Gardienne, bien que je ne la mettais plus trop ces derniers temps, et allai jusqu'à la guilde pour récupérer mon sceptre et l'attacher dans mon dos. Adrien partait pour son cours de chinois dans peu de temps, j'allais donc devoir bientôt agir.

Kachina : Marinette, tu es vraiment certaine de ne pas vouloir en parler avec Adrien d'abord ? Je persiste à croire que c'est une très mauvaise idée de lui cacher une telle chose. Comment va-t-on expliquer le fait qu'Emilie est revenue à la vie, si jamais j'y arrive ?

Marinette : On trouvera une solution à ce moment-là, mais Adrien aime son père, il cherche encore et toujours son attention alors... je ne veux pas qu'il sache que son père est le Papillon. Cela le détruirait et je ne peux permettre cela. C'est mieux qu'il ne sache pas, c'est la meilleure option.

Kachina : ... c'est toi Ladybug et la Gardienne des Miraculous. Même si je ne suis pas d'accord, mon rôle est de vous donner un coup de main dans votre lutte contre le Papillon, pas de prendre des décisions. Et c'est ce que je ferai.

Marinette : On en a déjà parlé, de toute manière. Il est trop tard pour reculer. Tiens-moi au courant.

Kachina : Ok.

C'était la plus mauvaise idée du siècle, je le lui avais répété des milliers de fois. Mais Marinette, pour une fois, ignorait complètement mon avis, mon instinct et mes mises en garde dans le seul but de protéger Adrien. Son intention était louable, mais la vérité finissait toujours par se savoir, j'étais bien placée pour être au courant...

Une fois certaine qu'Adrien était à son cours de chinois, je me téléportai devant le manoir des Agreste et y entrai malgré le système de sécurité. J'avais ouvert le portail par télépathie et je fis de même avec la porte jusqu'à ce que Nathalie arrive.

"Kachina, Adrien n'est pas ici.

- Je sais Nathalie. Je suis venue pour son père.

- Monsieur Agreste est occupé.

- D'accord, très bien. Voulez-vous que je dise à Adrien que vous avez été Mayura, et que son père est le vilain qui terrorise Paris, qui le met consciemment en danger et qui s'en prend à ses amis depuis plus d'un an ? Je vous conseille vivement d'accéder à ma demande, Nathalie. En fait, ce n'est pas une demande ! C'est un ordre."

Je la toisai du regard, avec toute la prestance que j'avais en tant que Protectrice de Tenrô. Je la vis déglutir mais elle ne réagit pas pour autant. 

"Kachina, suivez-moi."

Nathalie se retourna et on vit alors son patron. Le père d'Adrien était de lui-même descendu de son bureau pour m'accueillir. Quel honneur...

"Mais, Monsieur...

- Nathalie, cette demoiselle n'est pas n'importe qui. Evidemment, j'aurais dû comprendre votre identité la première fois, Isi."

Bon, j'imagine que c'est le sceptre qui m'a trahi. Moi qui l'avais prit juste pour qu'il me reconnaisse en tant que garante de Tenrô...

"Effectivement, mais je ne suis pas là en tant que super-héroïne cette fois. Je suis venue en tant que Protectrice de Tenrô. Nous devons parler."

Mon ton était sans appel et n'admettait aucune réponse contraire. Gabriel Agreste hocha la tête et me mena à son bureau, laissant Nathalie dans l'entrée. Il me fit signe de m'installer mais je ne le fis pas. Il ne fit aucune remarque et je sus que c'était de par mon statut : le père d'Adrien n'admettait pas que quelqu'un lui dicte quoi faire, même Ladybug et Chat Noir (jusqu'à ce qu'on sache qu'il était le Papillon, c'était bizarre d'ailleurs). Or, là, je n'étais pas n'importe qui : j'étais l'élève de sa bien-aimée et celle qui avait repris son rôle après son départ. Et ça, il le savait très bien.

"Bien, Kachina. Pourquoi êtes-vous venue ? m'interrogea Gabriel Agreste.

- Vous êtes une entrave à la sécurité de ma cité, Gabriel. J'imagine que vous savez très bien qu'il est de mon devoir d'y remédier.

- A ce propos, n'êtes-vous pas censée être une Gardienne, comme Emilie ?

- Si vous préférez me nommer Gardienne, soit, mais le pourquoi du comment est une information réservée à Fairy Tail et à ses alliés. Quoi qu'il en soit, j'ai repris le rôle d'Emilie après son départ, je suis donc garante de la sécurité de Tenrô. Et vous êtes un obstacle à cela, c'est pourquoi je suis venue m'occuper de vous.

- Et que comptez-vous faire ?", voulut savoir Gabriel.

Je le toisai, de la même manière qu'avec Nathalie un peu plus tôt. Je claquai mon sceptre contre le sol, l'ayant récupéré la seconde d'avant.

"Plusieurs choix s'offrent à vous. Le plus raisonnable est de me remettre les Miraculous qui sont en votre possession et de renoncer à votre quête du pouvoir pour ramener Emilie.

- C'est impossible ! Emilie est la seule que j'aime, et je la ramènerai ! Pour le moment, ce qui la tient en vie, c'est une machine mais...

- Faux. Vous avez tout faux. Ce qui la tient en vie, c'est son pouvoir magique. C'est normal qu'un simple humain comme vous ne soyez pas au courant, même en étant le mari d'une Gardienne, ce genre de choses reste confidentiel normalement. Son pouvoir la maintient en vie en détruisant le mal qui la ronge et en la guérissant juste assez pour qu'elle reste à la frontière de la mort. Votre machine ne fait rien."

Gabriel ne répondit pas mais je sentis malgré tout qu'il était frustré.

"Ecoutez, je ne peux rien promettre, mais il est possible qu'on arrive à soigner Emilie, si on la ramène à Tenrô. 

- C'est-à-dire ?

- Tout comme chaque Gardienne ou Protectrice, Emilie est encore liée à l'Arbre des Fées. Tant qu'elle ne meure pas, elle le restera, même si j'ai pris sa place. Je ne suis pas l'experte en ce qui concerne la guérison, mais nos guérisseuses sont pleines de talent. S'il y a un moyen de sauver Emilie, nous le ferons. Mais pour ça, vous devez abandonner votre quête, me rendre les Miraculous et me laisser l'emmener. En vous alliant à Alios, vous êtes devenus un obstacle et un danger pour Tenrô, je ne peux pas rester sans rien faire. Si vous refusez, je vous traiterai comme le danger que vous représentez et je n'hésiterai pas à vous tuer. Mon devoir envers Tenrô surclasse largement mon amitié avec Adrien.

- Et votre lien avec Emilie ?

- Il n'existe plus depuis cinq ans, quand elle m'a abandonné et qu'elle m'a forcé à endosser son rôle, huit ans plus tôt que ce qui était prévu. Ma mère est morte en partie à cause d'elle, donc je ne cherche pas à la ramener pour elle, ni même pour Adrien. Alors, quel est votre choix, Gabriel ?"

Il me regarda et réfléchit pendant plusieurs minutes.

"Très bien, je vous donnerai les Miraculous quand vous aurez ramené Emilie.

- Non, d'abord vous me donnez les Miraculous. Je ne peux pas vous laisser représenter un danger pour Tenrô durant la période où on essaiera de sauver Emilie. Ce n'est pas négociable. Si vous voulez qu'on la ramène, donnez-moi les Miraculous et arrêtez votre quête des Miraculous maintenant."

Il serra les poings mais céda quand même. Il retira son foulard, révélant le Miraculous du Paon et celui du Papillon. Il détacha les deux bijoux et tendit sa main fermée vers moi, très doucement, comme s'il hésitait. Il les déposa dans la main que j'avais tendu et je la refermai aussitôt qu'il me les donna, au cas où il changerait soudainement d'avis.

"Vous avez fait le bon choix.", dis-je simplement.

Sans un mot, il me guida jusqu'à son repaire, où reposait Emilie dans son cercueil. Je débranchai la machine et pris l'ancienne Gardienne en princesse, mon sceptre de nouveau dans mon dos.

"Je vous tiendrai au courant de l'évolution de son état. En attendant, essayez d'être présent pour votre fils. Il aurait mieux vécu la "mort" de sa mère si vous aviez été là pour lui."

Sur ces mots, je me téléportai à Tenrô, dans l'infirmerie. Polyussica, Grandiné et Wendy m'y attendaient.

J'allongeai Emilie sur un lit et les guérisseuses l'auscultèrent rapidement. 

"Kachina, on devrait l'installer dans ton repaire, au plus près du coeur de l'Arbre des Fées. Et aussi, on va avoir besoin de ta nouvelle forme, pour savoir s'il existe un moyen de la sauver, fit Grandiné.

- Sans compter Reby, elle a traduit le grimoire aussi, renchérit Wendy.

- Exactement, approuva Grandiné.

- Allez-y.", dis-je. "Wendy vous y fera entrer, mais ne touchez à rien. Demandez à Reby si elle a une idée de comment la sauver, le temps que j'aille déposer les Miraculous.

- Ok !"

Je laissai les trois guérisseuses avec ma prédécesseure et me téléportai près de la boulangerie des Dupain-Cheng après avoir mis une tenue plus passe-partout. Sabine me laissa entrer et je me dirigeai vers l'appartement. Je l'ouvris avec mes pouvoirs avant de rejoindre Marinette dans sa chambre.

"Alors ? me demanda-t-elle.

- C'est bon.", dis-je simplement.

J'ouvris la main pour lui montrer les Miraculous et elle s'empressa de les mettre pour libérer les kwamis. Une fois certaine qu'ils allaient bien, elle rangea les bijoux dans la boîte.

"Merci Kachina. Sans toi, notre lutte contre le Papillon durerait encore, et nous n'aurions pas avancé.

- Il était devenu un obstacle à Tenrô, c'était mon devoir. Et puis, c'était la volonté de Maître Fû, et la mienne. Mais je voulais te dire une nouvelle fois que je suis contre la façon dont on est venus à bout du Papillon. 

- Kachina...", commença à s'énerver Marinette.

Je haussai les épaules, lui disant que je tenais juste à ce que ce soit vraiment clair, puis la quittai en affirmant avoir des choses à faire. Emilie n'allait pas se sauver toute seule.

PDV Luka

Assis sur mon lit, guitare sur les cuisses, je naviguais entre cette dernière et le carnet et le crayon à portée de main. Je jouai la musique de la partition avant de m'interrompre et de la corriger.

"Luka ?"

Je levai la tête et vis Juleka. Je m'interrompis dans mon élan créatif et l'invitai à venir s'asseoir à côté de moi, mettant de côté ma guitare et mon carnet.

"Juleka, que se passe-t-il ? demandai-je.

- Rien... en fait, je voulais savoir ce qui t'arrivait à toi... tu es bizarre depuis hier...", murmura Juleka.

Mon coeur s'emballa rien qu'à la mention de la veille. Kachina était Mavis et, en plus, elle m'aimait comme je l'aimais ! C'était tellement génial ! Tellement que je n'avais pas pu m'empêcher de coucher tout cela sur le papier, et de composer une mélodie pour aller avec ces paroles. La musique n'était pas terminée, elle ne me convenait pas encore.

Cependant, pour en avoir parlé avec elle la veille, notre relation devait rester secrète quelques temps. Je n'avais pas voulu chercher plus loin, me doutant que certaines choses de sa vie devaient rester top secrètes. Et j'avais vaguement pu comprendre, en lisant entre les lignes et en écoutant son coeur, que des problèmes plutôt importants se profilaient à l'horizon. Il était normal que son devoir, quel qu'il soit, envers Tenrô passe avant moi. Elle était honnête avec moi, et c'était tout ce que je lui demandais. Je me montrais compréhensif et je savais que, avec le temps, on allait trouver notre propre équilibre, notre propre harmonie. En attendant, si cela permettait de protéger des gens, cela ne me dérangeait pas de passer après Tenrô, c'était même normal pour moi. Le contraire serait dangereux, ce serait comme si Ladybug et Chat Noir faisaient passer leur vie avant leur ville...

"Tout va bien Juleka. Je suis juste particulièrement inspiré depuis que Mavis et moi avons commencé à parler de mon projet.

- D'accord... si tu veux parler, je suis là.

- Ne t'inquiète pas, je vais bien. Et toi, avec Rose ?"

Ma soeur rougit.

"Tout se passe bien, je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis que nous sommes ensemble.

- Je suis content pour toi, tu le mérites Juleka.

- Toi aussi... j'espère que tu trouveras la bonne personne..."

Je l'ai déjà trouvé, mais je ne peux pas encore te le dire. Tout va un peu vite depuis que j'ai rencontré Kachina sans le masque. 

"Je vais te laisser à ton élan musical, je serai sur le pont.", indiqua ma soeur.

Je hochai la tête et la laissai sortir de ma cabine. Je me remis ensuite à ma chanson, jusqu'à ce que mon téléphone vibre. Je le pris et souris lorsque je vis qui c'était.

Bichette : Tu me manques...

Luka : Toi aussi, tu n'imagines pas à quel point... qu'est-ce-que tu fais ?

Bichette : J'essaie de remplir ma part du marché passé avec le Papillon.

Luka : Hein ?

Bichette : Il voulait les Miraculous pour ramener à la vie sa femme. Pour la faire courte, il se trouve qu'elle vient de Tenrô, donc il y a une chance pour qu'on arrive à la sauver. Elle n'est pas morte, comme il le pensait.

Luka : C'est une bonne nouvelle, enfin j'imagine. Paris est en sécurité désormais.

Bichette : Concernant le Papillon, oui. Concernant Alios... pas vraiment. Mais désormais, le Papillon n'aura plus accès à ses Miraculous, je les ai remis à Ladybug.

Luka : Chat Noir et elle doivent faire la fête à l'heure qu'il est ! 

Bichette : Pas vraiment, mais je ne veux pas en parler, c'est un point qui est source de tension entre Ladybug et moi. Bon, je vais devoir me remettre au travail, je voulais juste que tu saches que j'ai hâte de te revoir, même si on devra faire semblant.

Luka : Pas forcément. Viens à l'heure de l'ouverture des portes, il n'y aura personne.

Bichette : J'y serai !

Luka : Cool ! Et... tu as quelque chose de prévu demain, après les cours ?

Bichette : J'ai une heure de libre avant mon entraînement à la magie. Je n'ai rien de mieux à te proposer, désolée...

Luka : Ne le sois pas, c'est normal. Du moment que je peux passer du temps avec toi, cela ne me dérange pas. Une glace chez André, cela te va ?

Bichette : Elles sont trop bonnes, ses glaces ! Enfin, je n'en ai mangé qu'une mais... ce glacier a des pouvoirs, j'en suis sûre !

Luka : Pourquoi tu dis ça ?

Bichette : Je t'expliquerai quand on s'y rendra, promis. Et si on trouve un endroit à l'abri des oreilles indiscrètes en même temps, je te dirai tout ce que tu veux savoir sur Tenrô. Enfin, tout ce que je peux dire plutôt. Certains secrets doivent être gardés.

Luka : Je le sais bien. On se retrouve dans la ruelle près du lycée, après les cours.

Bichette : J'allais justement te le proposer ! On se voit demain alors, je t'aime Serpenteau <3

Luka : Je t'aime Bichette xoxoxoxo