Chapitre 30
PDV Kachina
Sitôt Alios partit, je me détendis légèrement. On avait réussi à repousser une énième attaque, et non des moindres. Cette histoire commençait à prendre trop d'ampleur.
Comme toujours, je cognai mon poing contre ceux de mes coéquipiers avant d'inviter l'équipe de Natsu à faire de même.
"Bien joué ! fîmes-nous.
- Kachina, je pense qu'il va falloir passer à la vitesse supérieure.", me dit Erza sur un ton sérieux. "Cette histoire commence à impacter le monde extérieur. Il ne faut plus repousser les attaques quand elles ont lieu, il faut porter un grand coup !
- Je sais Erza, mais une chose après l'autre. C'est trop tôt. Je viens de découvrir une nouvelle capacité que j'avais et je vais avoir besoin de temps pour en découvrir les tenants et les aboutissants. En attendant, on a repoussé une autre attaque, et c'est mieux que rien."
Je n'avais pas envie de m'épancher sur la situation, surtout qu'elle devenait tranquillement plus préoccupante qu'elle ne l'avait jamais été. Mais on ne pouvait décemment pas attaquer Alios et Arbaless sans que je ne sache tout ce que je pouvais faire avec ma forme de Protectrice.
"Je vais vous renvoyer à Tenrô. Erza, fais un rapport de la situation à Jellal. Réunion stratégique à dix-huit heures, ce soir. Pas de retard."
Le groupe hocha la tête et je téléportai l'équipe Alpha à Tenrô.
"Il faut réparer les dégâts... ma Lady ?
- Tu connais la règle Chaton : le Lucky Charm sert à vaincre un adversaire en particulier et les dégâts de cet adversaire. Je ne l'ai pas invoqué et Alios a déjà été désakumatisé. Je ne peux pas réparer les dégâts. Et toi Kachina ? Je sais que tu peux le faire dans un certain périmètre mais...
- Je vais essayer."
Elle hocha la tête et j'inspirai profondément pour me concentrer. Je fus surprise de sentir la magie de création à une puissance bien supérieure à celle de Tikki, alors que celle de Likki était moins puissante. De plus, je sentais que cette magie était en moi, et ne venait pas de mon lien avec l'Arbre des Fées.
Un sentiment de malaise grandit en moi mais je le repoussai dans le recoin le plus sombre de mon esprit. Ce n'était sûrement rien, juste un effet de ma nouvelle forme. Ce fut en me disant cela que je libérai la magie de la création dans Paris, afin de réparer les dégâts causés par l'attaque. Une onde de magie bleu ciel se répandit dans la ville et la remit comme neuf plus rapidement que les coccinelles magiques de Ladybug. Cependant, un vertige me prit soudainement, juste après avoir libéré ma magie. Ce fut Chat qui me rattrapa juste à temps.
"Kachina ! s'inquiétèrent-ils.
- Ce n'est rien... j'ai juste la tête qui tourne. J'ai utilisé plus d'énergie que je n'en ai l'habitude, c'est normal qu'il y ait des effets secondaires. J'ai plus de puissance sous cette forme, mais je n'y suis pas habituée.
- Essaie de désactiver ta forme, maintenant, quémanda Ladybug.
- Euh, ok. Je vais essayer le contraire de la formule de transformation. Bracelet de Protectrice, désactivation !"
Je repris mon apparence civile, masquée, dans une lumière bleu ciel et Deer se nicha aussitôt dans mon cou, rassurée.
"J'ai paniqué quand j'ai été éjectée du Miraculous... enfin, tout va bien maintenant. Il faut que tu reprennes des forces."
Ma kwami déposa un bisou sur mon nez et utilisa la fusion partielle de nos énergies pour restaurer la mienne, assez pour que je puisse me déplacer sans soucis. Rassurée, Ladybug laissa son Chaton me ramener auprès de Luka et s'éloigna avec son yoyo. Chat Noir alla me déposer près de la bouche d'égout d'où nous étions sortis plus tôt et partit à son tour après s'être assuré que j'allais réellement bien.
Deer se cacha dans mon collier et je descendis via l'échelle. J'eus à peine le temps de me retourner que je me retrouvai brusquement plaquée contre quelque chose. Je me tendis, redoutant une nouvelle attaque.
"Tu vas bien.", murmura une voix que j'identifiais comme étant celle de Luka.
Il semblait soulagé, ce qui m'amena à me questionner. Je lui avais promis de revenir en vie de chacun de mes combats, non ?
"Je suis contente que tu ais réussi à renverser la situation.
- Je te l'ai promis, non ?
- Oui, mais je n'ai pas pu m'empêcher de m'inquiéter quand même... je sais qu'on ne se connaît pas beaucoup, mais je tiens tellement à toi Bichette.", confia Luka.
Gênée, j'enfouis mon visage dans son torse, le visage plus rouge que les cheveux d'Erza.
"C'est réciproque Serpenteau... c'est pour ça que je veux te protéger des dangers de ma vie, si tu veux en faire partie. Tu seras une cible récurrente et...
- Peu importe les dangers Mavis, je veux en faire partie parce que... parce que je t'aime. Tu es une fille exceptionnelle, fougueuse comme une note de rock, douce comme une symphonie, dotée d'un courage et d'une bienveillance que même le meilleur des musiciens ne pourrait retranscrire. Tu es l'harmonie qu'il manquait à ma vie, avant que je ne te rencontre. Alors, je me fiche des dangers que je vais encourir, je me fiche de devoir sans cesse être protégé par toi, si cela me permet de me tenir à tes côtés chaque seconde de chaque minute de chaque jour. Je m'en fiche, si cela ne te dérange pas de me protéger à chaque fois."
Une de ses mains se détacha de mon dos pour aller se poser dans ma nuque et me faire relever la tête. Il m'adressa un sourire contenant toute la tendresse du monde et un regard d'une douceur sans nom. Si sa déclaration magnifique m'avait fait rougir, je ne devais plus être très loin du pourpre avec ce sourire et ce regard.
Je lui souris timidement alors que sa main remontait sur ma joue pour la caresser. Je penchai légèrement la tête sur le côté pour m'y frotter, comme le ferait un chaton en manque d'affection, un sentiment de bien-être indescriptible prenant possession de mon esprit. Je vis le regard de Luka dériver vers mes lèvres et il se mordit la lèvre inférieure.
"Bichette...
- Hm ? fut la seule réponse que je pus lui donner.
- J'ai envie de t'embrasser..."
J'écarquillai les yeux, soudainement pleinement alerte, avant de rougir encore plus, mon regard se posant instinctivement sur ses lèvres. C'est vrai que j'en avais envie aussi...
J'allai donc caler mes mains dans sa nuque et relevai la tête vers lui.
"Alors, qu'est-ce-que tu attends ?", murmurai-je.
Un air de surprise se peignit un instant sur son visage avant qu'il ne scelle nos lèvres. Il commença à mouver doucement sa bouche contre la mienne et je répondis de la même manière à son baiser, au début tout du moins. J'étais une personne qui préférait l'action à la passivité, c'est pourquoi je rendis rapidement le baiser plus fougueux. Heureusement, Luka ne sembla pas s'en formaliser et suivit le rythme avec enthousiasme, quémandant l'accès à ma bouche pour entraîner ma langue dans un ballet sans fin.
Au bout d'un moment, cependant, on dut se détacher par manque de souffle. Malgré tout, le regard et le sourire remplis d'amour et de tendresse de Luka valaient plus que n'importe quelle magie au monde.
"Je t'aime tellement Luka...", soufflai-je en enfouissant ma tête dans son cou pour respirer son odeur apaisante. "Tu es ce qui m'a toujours manqué : la paix, la douceur, la patience... d'une certaine manière, tu as apporté l'équilibre dans ma vie, tu m'as ramené à la vie... je t'aime plus que je n'ai jamais aimé personne et je te protégerai, quoi qu'il arrive."
Il déposa un doux baiser sur mes lèvres, comme pour sceller notre pacte muet, et me sourit. Il s'éloigna légèrement de moi pour me regarder.
"Tu es vraiment exceptionnelle Kachina, et unique en ton genre. C'est ce qui me plaît chez toi."
J'écarquillai les yeux, surprise qu'il ait enfin ouvert les yeux et il rit légèrement.
"Ne me regarde pas comme ça, je m'en doutais depuis que je t'ai rencontré sous ta forme non masquée. Kachina avait quelque chose que personne d'autre que Mavis n'avait, quelque chose d'unique qu'il était quasiment impossible de retrouver chez deux personnes différentes que l'on connaisse. Il m'a juste fallu un peu de temps pour en prendre conscience, pour être complètement sûr et pour m'y faire.
- Ah bon ? Pourquoi ? Je ne suis pas du tout différente de Mavis...
- Non, je te rassure. Vous êtes exactement les mêmes et c'était plutôt perturbant la première fois. Mais je ne sais pas... il m'a fallu un peu de temps parce que Mavis me paraissait plus accessible que Kachina et que..."
Il se figea soudainement, comme s'il venait de se souvenir de quelque chose.
"Et que ?
- ... et que tu es en couple, c'est vrai... j'avais oublié... désolé, je n'aurais pas dû t'embrasser... fit Luka, penaud.
- Luka, tu es adorable, mais un peu idiot parfois. Tu crois que je suis du genre à embrasser n'importe qui ?
- Bien sûr que non !
- D'accord, et crois-tu que je suis du genre à embrasser quelqu'un alors que je suis en couple ?
- Non, affirma Luka, se détendant progressivement.
- Tu vois ? Tu es le premier que j'embrasse.
- Que tu embrasses comme ça ?
- Que j'embrasse tout court.
- Mais Marinette a dit... enfin, elle a laissé entendre que tu étais en couple et ta réaction aussi... c'est peut-être un peu pour ça aussi que je ne voulais pas admettre que Mavis et Kachina n'étaient qu'une seule et même personne."
Je fronçai les sourcils, essayant de me rappeler quand est-ce-que Marinette avait pu sous-entendre un truc pareil alors que j'étais là. Soudainement, je compris de quoi Luka parlait. Il parlait de la conversation qu'on avait eu lundi, quand on parlait du fait que Marinette était complètement accro à Adrien et qu'elle avait dit que c'était certainement la même chose pour moi.
"Mais elle parlait de toi ! Marinette parlait de toi, à ce moment-là. Ma réaction un peu... bref... elle venait du fait qu'elle abordait le sujet devant toi et que... tu n'avais pas encore deviné qui j'étais. Et puis, plus généralement, je n'aime pas qu'on se mêle de ma vie privée.
- Ce n'est pas exactement ce que tu fais ?
- Je sais, c'est paradoxale, mais je ne peux pas m'en empêcher quand cela peut avoir une effet bénéfique sur la collectivité. C'est pour ça que j'ai fait en sorte que Ladybug et Chat Noir se mettent ensemble et connaissent leurs identités, c'était mieux pour Paris, par rapport à leur lutte contre le Papillon. Mais je n'aime pas me mêler de la vie des autres comme Alya, j'ai des principes !
- Pas de doute, tu es unique !", rit légèrement le guitariste. "En tout cas, je suis heureux de savoir que ton coeur est libre...
- Il n'est pas libre mon Serpenteau, il t'appartient déjà."
En réponse, Luka me serra contre lui un instant.
"Qu'est-ce-qui t'a permis d'être sûr de mon identité ?
- En dehors de tous les points communs que Mavis et toi avez ? Je dirais ta transformation en Isi. Ton Miraculous était à la même place que le bijou de Kachina et cela m'a juste paru évident à ce moment-là. Mais ce n'était pas du tout le moment pour y penser, du coup j'ai vraiment percuté quand tu es allée combattre et que je me suis retrouvé seul. Et si on retirait ce masque maintenant ? Je pense qu'il est devenu inutile."
J'approuvai avec un sourire et il détacha délicatement la pièce de tissu confectionnée par Marinette. Je la récupérai et on décida de retourner sur la péniche, les égouts n'étant pas idéaux pour passer du temps ensemble. On passa chacun notre tour par la case douche pour se débarrasser de l'odeur (et pour me débarrasser de la fatigue du combat) et, une fois nos cheveux séchés avec ma magie et habillés, avec une tenue téléportée depuis ma chambre pour moi, on se posa sur le lit de Luka.
"Tu n'es pas trop fatiguée ? me demanda-t-il alors que j'attachai mon Miraculous sur mon front, comme toujours.
- Non, ça va. La douche m'a fait du bien et Deer m'avait déjà rendu des forces. Il est tôt encore, on a jusqu'à dix-huit heures pour sortir, je dois être à Tenrô pour cette heure.
- Il faudra que tu m'expliques un peu tout ça.
- Ne t'en fais pas pour ça, je t'expliquerai, mais pas aujourd'hui. Cela risque de faire un peu trop à encaisser. Il y a eu assez de révélations pour aujourd'hui.
- C'est comme tu veux, ce sont tes affaires après tout, pas les miennes.", affirma Luka. "Où veux-tu aller ?
- Comme tu veux, je ne suis pas difficile.
- Dans ce cas, j'ai ma petite idée. Sinon, tu préfères que je t'appelle comment, du coup ?
- Tu m'appelles comme tu veux Luka. J'ai inventé Mavis parce que j'avais peur de danser devant un public et de me ridiculiser, comme le peu de fois où j'ai dansé devant des gens. Ce prénom est gravé en moi et me semble plus personnel que Kachina, c'est pour ça que je l'ai choisi comme pseudo. Ce que je veux dire, c'est que les deux font partie de moi. Qu'on m'appelle Mavis ou Kachina importe peu, parce que je reste la même personne.
- Et si tu gardais Mavis pour tes danses ? Tu pourras continuer à danser sans crainte comme ça. Peu importe comment je t'appelle, tu restes la même personne, il me semble te l'avoir déjà dit. Et puis, je préfère nettement te surnommer Bichette...", répondit Luka avec un sourire légèrement taquin.
Je rougis légèrement et déposai un baiser sur ses lèvres en guise de réponse. Suite à cela, on décida d'aller se promener donc je pris mon sac et il m'emmena...
"A la patinoire ? m'étonnai-je lorsqu'on arriva devant le bâtiment.
- Tu as déjà patiné ?
- Une fois... et j'ai l'aisance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Grey a essayé de m'apprendre pourtant...
- Tu as affronté un akumatisé redoutable, je ne pense pas que c'est une piste de glace qui va te faire peur. Et puis, je suis là, je resterai près de toi."
Je lui souris, touchée et on alla troquer nos chaussures de ville contre des patins à glace. Comme prévu, à peine je me retrouvai sur la piste gelée que je faillis m'écraser au sol. Heureusement, Luka me rattrapa et me pris les mains pour m'aider à garder l'équilibre. On avança alors doucement, lui à reculons.
"Evite de regarder le sol, ce sera plus simple.
- Facile à dire..."
Je glapis en sentant mes pieds s'écarter vers l'extérieur et je n'échappai à la chute que grâce au guitariste qui me redressa en lâchant un léger rire.
"Arrête de te moquer !", m'exclamai-je sans pour autant réussir à rester sérieuse.
Son sourire s'élargit et on continua à parler tout en avançant, jusqu'à ce que je me rende subitement compte que la pression des mains de Luka était quasiment inexistante et que, par conséquent, j'avançais sur la glace sans soutien. Je n'étais pas aussi à l'aise que Grey, mais suffisamment pour pouvoir me battre sur des patins si le besoin s'en faisait sentir un jour.
"Comment...
- Le patin, c'est comme la musique ou la danse, il faut se détendre et se laisser porter. Tu fais des trucs hallucinants tout le temps, c'était certain que tu avais la bonne technique pour patiner mais que tu avais un peu peur de tomber. J'ai pu remarquer que tu n'aimes pas vraiment te sentir en difficulté ou en position de faiblesse.
- Non, tu as raison. En même temps, vu ce que je fais, je ne peux pas me retrouver en position de faiblesse.
- Et si tu oubliais un peu tout ça pour le moment ? On est là pour profiter de l'après-midi, non ?
- Tu as raison !", approuvai-je.
Il lâcha une de mes mains et m'entraîna à sa suite sur la glace, accélérant lentement pour que j'arrive à suivre le rythme. Malgré quelques chutes, cette fin de journée se terminait sur une bonne note. Et vu ce qui se profilait à l'horizon, c'était sans doute le principal...
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