Qui je suis, d'où je viens ~ Partie 3
Lorsque Shikadai ouvrit les yeux, une vive douleur lui traversa tout le corps. Là où elle était la plus forte, c'était au niveau de sa tempe, à l'endroit où Boruto l'avait frappé. D'ailleurs, et le match ? Qui avait gagné ? Où était son ami ? Il jeta des regards autour de lui et le remarqua, dans le lit voisin au sien. Il avait les yeux ouverts et fixés sur sa main droite. Ignorant la douleur, le Nara se redressa et se pencha un peu vers lui.
-Boruto, ça va ?
-Shikadai, tu es réveillé !
Le blond se releva, un peu trop violemment à en juger par la grimace qu'il fit. Mais elle fut vite remplacée par un petit rire alors qu'il se tourna vers l'autre garçon.
-Je vais bien, oui. J'ai déjà un peu récupéré !
-Tant mieux. Alors, tu as gagné ?
-Non. On a fait match nul.
Il sortit de son lit et vint se glisser dans celui de Shikadai. En temps normal, ce dernier aurait protesté, mais cette fois, bizarrement, la perspective de partager son lit avec Boruto ne le dérangeait pas.
-On a tous les deux perdus, alors...
-Pas vraiment perdus, en fait. Je me suis réveillé il y a environ une heure, et mon père est venu me voir.
-Ah.
-Il m'a dit que tout le monde avait été impressionné par notre combat ! Alors, on est trois à passer chunins !
-Trois ?
-Toi, moi, et Sarada.
Il leva son pouce en signe de victoire, ce qui fit sourire Shikadai. Il avait réussi, il était passé. Il n'était pas étonné que Boruto et Sarada passent aussi : ils s'étaient bien battus et méritaient cette place. Il faudra qu'il aille féliciter la jeune fille.
-Bravo Boruto.
-Hein ? Pourquoi ?
-Bah pour passer chunin, banane !
-Oh, ah oui ! Merci !
Ils rirent de bon cœur, lorsque des coups retentirent contre la porte. Ils stoppèrent leur hilarité, et Boruto sortit du lit de son ami lorsqu'il vit que c'était le Kazekage et son frère qui venaient leur rendre visite. Son père l'avait prévenu qu'ils passeraient plus tard, et qu'ils auraient besoin de parler avec Shikadai. D'ailleurs, le Nanadaime était là aussi. Il jeta un regard à Boruto, qui hocha la tête.
-Bon, moi, je ne suis plus blessé, alors je vais y aller. A plus, Shikadai !
-Oh...d'accord, à plus.
Le petit blond partit en fermant la porte derrière lui. Il sortit du bâtiment, fit le tour et se plaça sous la fenêtre pour écouter la conversation. Bah oui, il était curieux ! En plus, il avait une petite idée du sujet de la discussion, et il tenait à avoir des explications lui aussi.
-Shikadai, dit doucement Gaara en s'asseyant sur le lit, comment te sens-tu ?
-Courbaturé, mais je vais vite m'en remettre.
-Ravi de l'entendre, s'exclama Kankurô d'un ton enjoué.
-Félicitations pour ton passage au rang de chunin, intervint Naruto.
-Merci Hokage-sama.
Un petit silence gênant s'installa. Shikadai baissa la tête sur ses mains, alors que les souvenirs de ses deux derniers combats lui revinrent. Rapidement, il trouva les éléments étranges qui s'y étaient déroulés, et il devina que c'était la raison pour laquelle ils étaient venus lui parler.
-Oncle Gaara...
-Oui ?
-Pardon pour la brutalité de ma question, mais...est-ce que Shikamaru Nara est mon père ?
Les trois adultes furent décontenancés, mais en bons ninjas, il se reprirent bien vite. Pressentant que la discussion allait être difficile, le marionnettiste prit place sur une chaise. Naruto, lui, préféra tout de même rester debout, au cas où on lui demanderait de sortir. C'est Gaara qui répondit à la question de son neveu d'une voix douce.
-Tu as vu juste. Tu es le fils de Shikamaru Nara.
-Vous vouliez que je le sache, c'est pour ça que vous m'avez donné le rouleau sur Shikaku Nara. Vous vouliez que je cherche dans cette direction.
-C'est exact. Ta venue à Konoha avait deux buts : faire de toi un chunin, et te permettre de trouver les infos qu'il te manque sur ta famille.
-Alors je suis...cet enfant censé être mort il y a 13 ans...pourquoi vous me l'avez caché ? Qu'est-ce qu'il s'est passé précisément ? Je veux savoir !
-On va tout t'expliquer...il est temps que tu saches.
Gaara passa une main dans une de ses poches et en sortit une photo, qu'il tendit à Shikadai. Le jeune garçon s'en saisit et l'observa. C'était un jeune couple à l'air heureux, devant une maison qu'il reconnut comme étant la maison principale du clan Nara. Il reconnut immédiatement la femme, parce qu'il l'avait déjà vu sur plusieurs photos : Temari, sa mère. Il supposa alors que l'homme qui la tenait contre lui était son père, Shikamaru. A bien y regarder, il lui ressemblait beaucoup.
-Tes parents s'aimaient vraiment beaucoup, commença Gaara. Rien ne leur avait fais plus plaisir que d'apprendre que tu allais entrer dans leur vie. Ils t'attendaient avec impatience. A ce moment-là, ils n'étaient pas mariés depuis très longtemps, car à cause de leur responsabilité, et du fait qu'ils n'appartenaient pas au même village, ça n'avait pas été facile de tout organiser. Ma sœur a choisi de quitter Suna, malgré tout ce que ça avait comme conséquence, parce qu'elle avait choisi ton père. Et lui ne pouvait pas partir, puisqu'il était le 16ème chef du clan.
Il fit une pause pour permettre à Shikadai d'analyser tout ce qu'il venait d'apprendre. Une fois qu'il le sentit prêt, il poursuivit.
-Ton père était un gros fainéant, mais lorsqu'il s'agissait de ses amis, ou de ta mère, il y allait plus à fond que n'importe qui. Et il avait mis toutes ses forces à convaincre le conseil de son clan ainsi que celui de Suna, et à régler tous les problèmes pour pouvoir enfin vivre avec la femme qu'il aimait. Malheureusement, leur bonheur ne dura pas...
-Boruto et les autres m'ont vaguement parlé de la tragédie. Ils m'ont dit qu'il était mort en mission alors que sa femme accouchait, et que ni elle, ni le bébé, n'avaient survécu.
-Shikamaru est bien parti en mission quelques jours avant l'accouchement, intervint Naruto. Mon prédécesseur n'avait pas eu d'autres choix. Il a réussi à revenir à l'hôpital, et il s'est battu de toutes ses forces, mais il est mort des suites de ses blessures.
-Notre sœur a été abattue par cette nouvelle, qu'elle avait apprise accidentellement en accouchant, continua Kankurô. Malgré tout, elle a tenu à ce que le fruit de son amour avec Shikamaru vienne au monde, et elle a donné sa vie pour toi.
Dehors, Boruto plaqua une main sur sa bouche et retint une larme qui menaçait de couler. Les parents de Shikadai s'étaient battus pour lui, mais ça n'avait pas suffi. Et sans le vouloir, ils avaient créé tout un tas de problèmes. La réalité était encore pire que ce qu'il imaginait.
-Pourquoi je ne suis pas resté à Konoha ?
-La mort de ton grand-père était encore assez récente, et Yoshino venait de subir une nouvelle perte. De plus, elle avait des problèmes de santé assez importants, et nous ne voulions pas lui donner une charge en plus. Gaara a donc décidé que nous allions prendre soin de toi, jusqu'à ce que tu sois capable de prendre les responsabilités de chef qui te revenaient.
-Mais en tant qu'héritier du clan, tu ne pouvais pas quitter notre village aussi facilement. Alors, Gaara a fait croire à ta mort pour pouvoir t'emmener avec lui. Seuls les médecins t'ayant mis au monde, ainsi que le Rokudaime et Yoshino étaient au courant du secret.
-Il était prévu que je te ramène ici plus tôt, mais Toshi a fait pression à ta grand-mère pour être le nouveau chef. Je n'avais pas le droit à l'erreur si je voulais la protéger, et j'ai préféré attendre. Mais maintenant, tu es plus fort. Je voulais que tu trouves toi-même qui était ton père, pour que je puisse te raconter toute l'histoire si tu me le demandais.
-Pourquoi ?
-Nous ne pouvons pas définir qui tu es, ni d'où tu viens, Shikadai. C'est à toi de choisir...
Le jeune garçon regarda la photo, plus précisément le visage de son père. C'était la première fois qu'il le voyait, pourtant, il avait l'impression de l'avoir toujours connu. Rien qu'en le voyant, il savait le lien qui les unissait, et c'était sans doute pour ça qu'on ne lui avait jamais montré de photos de lui. Shikamaru Nara...
-Dites-moi...qu'est-ce qu'il s'est passé contre Nagahide ? Pourquoi ses ombres ne m'ont pas touchées ? Et pourquoi ont-elles arrêtées Boruto ? Ce n'est pas moi qui les ai contrôlées !
-On sait que ce n'était pas toi. Shikadai, te souviens-tu de ce que je t'ai dit sur ta mère, quand tu étais petit ?
-Qu'elle me protégeait...dans le vent que j'utilise ?
-De la même manière, ton père t'a protégé avec les ombres. Parce qu'il t'aime, et qu'il aurait aimé pouvoir vivre avec ta mère et toi.
Shikadai baissa la tête et caressa de son pouce la photo. Naruto s'avança d'un pas vers lui.
-Shikadai, tu es l'héritier du clan Nara. Tu peux réclamer ta place de chef, et prendre la succession de ton père. Tu es plus fort et intelligent que ne l'étaient tes parents à ton âge, et si tu te rebelles contre Toshi...
-Pourquoi ferais-je ça ?! Ce clan n'est pas celui qui m'a élevé, je ne leur dois rien du tout !
-Mais, intervint Kankurô.
-Mon père a abandonné ma mère ! S'il avait été là, peut-être qu'elle aurait survécu ! Ou au moins, j'aurais eu quelqu'un pour s'occuper de moi ! Ma famille, c'est oncle Gaara et oncle Kankurô, pas ce clan ! S'il a cru qu'en me protégeant, j'allais gentiment accepter mon sort, il se trompe ! Je ne veux rien avoir à faire avec Shikamaru !
Il se leva et sortit en courant dans la salle, laissant derrière lui la photo. Boruto se redressa à son tour et refit le tour du bâtiment pour le rejoindre de l'autre côté. Il lui courut après et a finalement réussi à le rattraper et le tourner vers lui. Mais le brun gardait fermement la tête baissée.
-Shikadai, je t'en supplie, écoute-moi !
-N'essaie pas de me convaincre de changer d'avis ! Je sais que tu as tout entendu...
-Je t'en prie, calme-toi et écoute...
-Non ! Je ne veux pas l'aider ! Il nous a abandonnés !
-Mais enfin, il s'est battu jusqu'à la mort pour vous revoir ! Il a essayé de rester en vie pour vous ! Ce n'était pas un surhomme !
-Il...n'aurait pas dû...partir...
Il tomba à genoux et éclata en sanglots. Il n'avait pas le souvenir d'avoir pleuré autant un jour. Sentant que ses larmes venaient aussi, Boruto le rejoignit sur le sol et le serra dans ses bras.
-Je sais que c'est dur...on est encore trop jeunes pour avoir à surmonter tout ça...mais je suis sûr que tu es assez fort pour faire ce que tu dois faire !
-Mais qu'est-ce que je dois faire ?
-Tu le sauras quand tu auras décidé qui tu es.
Ils restèrent sans bouger durant de longues minutes. Boruto caressait doucement le dos du brun dans l'espoir de le réconforter. Peut-être qu'il n'était pas encore prêt à entendre toute la vérité, peut-être que ses oncles avaient été trop vite...
-Boruto...j'ai bien réfléchis...
-Oui ?
-Je dois prendre une décision. Tu vas m'aider, n'est-ce pas ?
-Bien sûr ! Je suis là pour toi !
-Alors dans ce cas...
Il se retira de son étreinte et le regarda dans les yeux, le visage témoin de sa détermination sans faille.
-Je veux voir Yoshino ! Emmène-moi voir ma grand-mère !
***
-Dame Yoshino, vous êtes sûre de ne plus avoir besoin de rien ?
-Oui, je te remercie. Tu peux me laisser seule...
-Comme vous voudrez.
Après une courbette, l'homme partit en fermant la porte de la demeure derrière lui. En soupirant, la vieille femme se leva et se dirigea vers sa chambre, seule pièce du domaine où son mari n'avait pas le droit d'entrer. C'était aussi le seul endroit où elle pouvait mettre tous les effets personnels de son ancien époux et de son fils qu'elle tenait à garder. Enfin, elle n'avait pu mettre que les petites choses, parce que la pièce n'était pas très grande. Mais les frères de sa belle-fille avaient accepté de garder le reste le temps que tout s'arrange.
Elle s'approcha de sa table de chevet, sur laquelle elle avait posé trois photos. La première était celle de son mariage avec Shikaku. Elle s'en saisit et embrassa le visage du seul homme dont elle est tombée amoureuse.
-Comme tu serais énervé de voir cette situation, Shikaku...
Elle reposa la photo et prit la deuxième. C'était un cliché qu'elle avait prit de Temari et Shikamaru, alors que la blonde était enceinte de 7 mois. Elle caressa son ventre rond du bout des doigts et ferma les yeux.
-J'aurais tellement aimé que vous soyez là, tous les deux...
Enfin, elle prit le dernier cadre. Dedans se trouvait une photo que le Kazekage lui avait envoyé à la suite d'une demande qu'elle lui avait faite. Il était dessus, avec son frère Kankurô, et sur leurs genoux étaient assis Shikadai, qui semblait vraiment heureux. Shikamaru avait toujours été doué pour le bluff : cacher ses sentiments étaient important pour lui, parce qu'il refusait par-dessus tout qu'on voit les blessures de son cœur. Cependant, lui comme son fils, ils ne parvenaient pas à cacher leur bonheur lorsque celui-ci était véritable.
-Merci pour tout, Gaara...Kankurô...je ne vous serai jamais assez reconnaissante d'avoir pris soin de lui pendant tout ce temps, et de vous être inquiétés pour moi et pour le clan de mon époux et de mon fils...merci du fond du cœur...
Elle reposa la photo, mais ne la quitta pas des yeux. Elle n'avait pas été en colère quand Gaara était venu en personne pour lui annoncer sa décision. Elle avait plutôt été reconnaissante, et les avait chaudement remerciés. Durant 13 longues années, ils lui ont envoyés régulièrement des nouvelles, et demandaient des siennes. Tous les ans, ils venaient même la voir pour discuter avec elles et s'assurer qu'elle allait bien. Au départ, elle avait été effrayée, pensant qu'ils lui en voulaient pour la mort de leur sœur. Mais ils avaient été si gentils, qu'elles les avaient rapidement considérés comme des membres de sa famille. C'est pour ça qu'elle avait insisté pour les avoir en photo, et elle n'avait jamais caché cette raison au Kazekage, qui l'en avait remercié.
-Nous avons tous subis de dures pertes, soupira-t-elle. En tant que membre d'une même famille, nous devons nous serrer les coudes, hein Gaara...
Des coups à la porte la sortirent de ses songes. Elle se leva et s'y dirigea rapidement, pensant qu'il s'agissait de son mari. Avec la défaite de Nagahide et le passage de Shikadai au rang de chunin, il était devenu encore plus irritable. Mieux valait faire ce qu'il voulait et rapidement sous peine de subir sa fureur. Elle avait déjà assez pris. Elle ouvrit la porte, et se figea lorsqu'elle vit qui se tenait devant elle.
-S...Shikadai ?
-Grand-mère...je...
Elle ne lui laissa pas finir, se jeta à genoux pour le prendre dans ses bras et le serrer fort contre elle. En pleurant, le brun l'entoura de ses bras et nicha sa tête dans son cou. Boruto se sentit un peu gêné, et fit un mouvement pour partir, mais Yoshino l'arrêta.
-Ne part pas, Boruto. Entrez tous les deux, je vais vous donner quelque chose à grignoter.
-Merci madame Nara, mais je ne sais pas si...
-Je pense que Shikadai sera plus rassuré si tu restes avec nous. Ne restez pas devant la porte, allez !
Elle les fit entrer, et après avoir vérifié que personne ne les avait vu, elle referma la porte. Ils prirent place dans le salon, et elle leur servit de quoi goûter.
-Si j'avais su que tu viendrais, je t'aurai fait ton gâteau préféré.
-Tu le connais ?
-Oui. Tes oncles me donnaient de tes nouvelles. Je te connais presque comme si je t'avais élevé.
Son regard se fit plus triste, et son sourire nostalgique.
-Tu m'en veux de ne pas m'être occupé de toi, ni d'être venu te voir ?
-Non, on m'a expliqué, et je comprends pourquoi tu ne l'as pas fait. Mais, je suis content d'avoir pu te voir aujourd'hui.
-Moi aussi. Je savais que tu venais au village, mais avec Toshi, c'était difficile d'aller te voir. J'ai regardé la fin de l'examen à la télé, dans ma chambre. D'ailleurs, je tiens à vous féliciter, les garçons ! Vous m'avez bluffé ! Ça m'a rappelé de bons souvenirs...
Elle essuya une larme, s'en voulant d'être si émotive. Mais depuis la mort de son mari, elle était devenue beaucoup plus fragile. Shikadai glissa sa main jusqu'à la sienne et la serra doucement.
-Grand-mère, j'ai quelques questions à te poser. Est-ce que tu te sens capable de me répondre ?
-Oui, je m'y suis préparée. Je savais que tu aurais des choses à me demander. Vas-y, je t'écoute...
-J'aimerais que tu me dises...comment mes parents se sont rencontrés...
Elle sourit et refit dans sa tête la série d'évènements survenus ce jour-là. Elle s'était bien énervée, mais quand elle y repensait aujourd'hui, elle ne pouvait s'empêcher de rire.
-Eh bien, c'était pendant la troisième épreuve de l'examen chunin. Ils avaient dû s'affronter tous les deux, et ton père n'était franchement pas motivé. Il ne voulait pas y aller, mais Naruto lui administré une bonne claque dans le dos qui l'a fait tomber dans l'arène. Il a bien été obligé de se battre...
-Oh bonjour le romantisme, désespéra Shikadai.
-Tu l'as dit ! Mais mon fils était quelqu'un de très intelligent, et ta mère aussi d'ailleurs. Ils nous ont offert un magnifique combat, jusqu'à ce que ton père réussisse à l'avoir dans sa manipulation des ombres. Mais il ne lui restait pas assez de chakra, et il a abandonné, alors qu'il la tenait enfin.
« Je comprends pourquoi elle rageait », pensa Boruto, une goutte de sueur perlant de son front. A côté de lui, Shikadai se mit à rire ; il avait imaginé la scène, et il avait trouvé ça assez amusant. Il aurait aimé être là pour voir ça.
-Alors c'est pour ça que mon oncle m'a dit qu'il était tombé du ciel devant elle. Ce n'était pas un ange, en fait.
-Oh non, ton père était loin d'être un ange. Mais c'était un bon garçon avec des valeurs qu'il défendait plus que tout.
-Comment il était ? Je veux dire...c'était quel genre de personne ?
Elle sourit, se leva et alla dans sa chambre. Elle revient plus tard avec plusieurs photos, et en tendit une aux garçons.
-Cette photo a été prise le jour où on nous a annoncé que Shikamaru était le seul de sa promotion à être devenu chunin. Mon mari en était très fier.
-Vous voulez dire...Shikaku Nara ?
-Oui.
Elle le montra sur la photo. Shikamaru et lui se ressemblaient énormément, ça se voyait. Et Shikadai était aussi comme eux. Cette constatation fit sourire l'Uzumaki.
-Shikamaru n'était pas du genre à dire ce qu'il ressentait, sauf si c'était pour témoigner son ennui profond. Il tenait ça de son père...
-Je suis un peu comme ça, aussi. Mais oncle Kankurô a dit que je le tenais peut-être de ma mère, aussi.
-Tes parents étaient tous les deux des têtes brûlées, mais ils s'aimaient très fort. On doutait qu'ils finissent ensemble, parce qu'il était macho, et elle féministe. Mais malgré tout, ils se sont aimés jusqu'à leur dernier souffle, et de tout leur cœur.
Un silence de quelques secondes s'installa, jusqu'à ce que Shikadai reprenne la parole.
-J'ai lu que grand-père était mort à la guerre, et qu'il avait laissé à...Shikamaru...la suite des opérations.
-Oui, c'est exact. Il ne faisait aucun doute que tes parents étaient très forts, et ne supportaient pas l'échec. La première fois qu'il a été chef d'équipe, la mission était périlleuse, et ses compagnons ont failli mourir, en plus du fait que l'objectif n'avait pas été atteint. Et ça, ton père s'en est beaucoup voulu. Ça l'a marqué, mais il s'en est servi pour avancer.
-J'en ai entendu parler une fois, déclara Boruto. Mon père faisait partie de cette équipe.
Yoshino hocha la tête et montra une autre photo. Sur celle-ci, on pouvait voir 3 adolescents ainsi qu'un homme barbu fumant une cigarette.
-Quelques années plus tard, il a perdu son sensei au cours d'une mission. Il a été dévasté, et il n'a pu trouver la paix qu'une fois sa vengeance accomplie.
-Sa vengeance ?
-Je ne connais pas les détails, et d'ailleurs, personne ne sait comment il s'est débrouillé précisément. Il a emporté ce secret dans sa tombe, et c'est mieux comme ça.
Elle posa une nouvelle photo sur la table. Dessus, on voyait Shikaku et Shikamaru de dos, se dirigeant vers la sortie du domaine.
-Ils partaient tous les deux pour le Front. C'est la dernière photo que j'ai prise de mon mari. Après sa mort, Shikamaru a su rester fort, faisant passer son rôle de ninja stratège avant ses sentiments.
-Hum...
-Durant les mois qui suivirent, il ne me parlait plus que de ta mère ! Il était si adorable.
Les deux adolescents furent un peu décontenancés par le brusque changement de sujet, mais ils se doutèrent que parler de ce genre de sujet devait peser pour la pauvre femme. Elle avait besoin de parler de quelque chose de plus joyeux.
-Ça faisait un moment qu'il était amoureux d'elle ; j'avais vu le changement bien avant lui. Au fur et à mesure de leur histoire, ils ont gagné le respect de l'autre, et sont tombés amoureux, tout simplement. J'ai eu des discussions avec Temari, je sais qu'elle a vécu des choses très dures elle aussi, et ils ont su être une source de réconfort l'un pour l'autre.
Elle leur donna une photo du jeune couple, prise le jour de leurs fiançailles. Shikamaru avait tenu à le faire en priver, mais c'était sans compter sur la curiosité de leurs amis et familles.
-Je suis certaine qu'ils ont été très heureux, l'un avec l'autre. Et leur seul regret, c'est de ne pas avoir pu poursuivre leur bonheur avec toi. Ils t'aimaient très forts, tous les deux.
-Merci beaucoup grand-mère.
Il se leva et la prit dans ses bras, la serrant très fort.
-Merci pour tout. Je te promets que je vais tout arranger ! Tu ne souffriras plus jamais !
-Oh Shikadai...il y a encore tellement, tellement de choses que j'aimerais te dire...et tellement de choses que j'aurais aimé faire avec toi...je suis si désolée...
-Ne le soit pas. Quand toute cette histoire sera derrière nous, nous rattraperons le temps perdu.
Elle hocha la tête et le serra contre elle à son tour. Puis vint l'heure pour eux de partir. Elle les raccompagna à la porte, lorsque Shikadai remarqua la forêt, et les cerfs qui y vivaient.
-Dit grand-mère, cette forêt, elle est spéciale, non ?
-Oui, c'est la forêt de notre clan. On s'occupe des cerfs, car leurs bois nous sont très utiles. Seuls les membres de notre clan peuvent y entrer, les cerfs y veillent.
-J'ai eu l'occasion d'y aller, l'autre jour. Ils m'ont reconnu tout de suite, c'était...
-Magique ? Ton père avait des liens très forts avec les cerfs. Il était plus proche d'eux que n'importe qui, ils s'adoraient, et ce depuis sa naissance.
-Je vais peut-être aller leur faire coucou, avant de partir.
Elle hocha la tête, l'embrassa une dernière fois et retourna dans sa chambre. Shikadai se dirigea vers la forêt, suivit de Boruto.
-A ton avis, ils vont me laisser entrer ?
-Oui, puisque tu es avec moi.
Le bruit de leurs pas attira l'attention des cerfs, mais lorsqu'ils virent Shikadai, ils se calmèrent et poursuivirent leur repas. Le jeune Nara s'approcha d'eux et commença à les caresser, se sentant apaisé. Mais cette sensation ne dura pas longtemps.
-Boruto, tu les as vues, toi aussi ?
-Tu parles des marques sur ses bras ? Ouais, et ça ne m'étonnerait même pas qu'elles viennent de Toshi.
-Et à mon avis, elle en a sur tout le corps. Je ne peux pas la laisser comme ça...
-Tu as pris ta décision ?
-Ouais...
Il se tourna vers son ami, un sourire fier et déterminé aux lèvres.
-Ça va peut-être prendre du temps avant que je ne pardonne mon père, mais je suis un Nara. Et ce serait salir sa mémoire que de laisser ma grand-mère souffrir. Alors, je vais réclamer ma place de chef, et battre ce Toshi à plate couture !
-Ravi de te l'entendre dire !
-Mais pour ça, je vais avoir besoin d'aide...
***
-Gaara, soupira Kankurô, tu ne veux pas arrêter de tourner en rond, s'il-te-plaît. Je ne vois pas pourquoi tu te stresses autant...
-J'aurais dû attendre encore avant de tout lui dire. Je savais que c'était délicat, je suis allé trop vite...
-Mais non, mais non. Tu sais comment il est, il a peur, voilà tout. Tu te fais du souci pour rien...
-Mais là, il est tout seul, quelque part...
-Où veux-tu qu'il soit allé, enfin ! Il est sûrement avec ses nouveaux amis...
-Et si Toshi l'avait retrouvé ?!
-Kami-sama, Gaara...
Il poussa un soupire et détailla la pièce où ils se trouvaient. Gaara avait demandé à Naruto s'il pouvait rester plus longtemps afin d'aider Shikadai, ainsi que Yoshino. Le Hokage avait accepté avec joie et les avait invités à passer le reste de leur séjour chez eux. Les deux frères étaient assez gênés, mais Hinata les avait accueillis avec le sourire, leur assurant qu'elle était vraiment ravie de leur servir d'hôte. Refuser aurait été très impoli.
Ils entendirent soudain la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Ils se dirent que c'était Boruto, mais au fond d'eux, ils espéraient que Shikadai était avec lui. Ils se regardèrent et foncèrent dans l'entrée pour vérifier leurs espérances. C'était bien lui ; leur neveu était là, avec Boruto, et il semblait aller bien.
-Shikadai, s'exclama Gaara en descendant rapidement les marches.
-Oncle Gaara, je suis...
-Un bel idiot, oui !
Il arriva enfin au niveau de son neveu, qu'il serra fortement dans ses bras. Il ferma les yeux, et un grand soulagement l'envahit lorsqu'il sentit les bras de Shikadai entourer son dos.
-Pardon, je n'aurais pas dû partir comme ça...
-Ah ça, tu nous as fait une belle frayeur, sourit Kankurô. Mais on est content que tu sois là.
-C'est grâce à Boruto.
-Hein ?! Oh non, je n'ai pas fait grand-chose...
-Si, merci...mon oncle, je dois te parler, c'est important !
Ils s'installèrent dans le salon pour discuter. Hinata et Himawari étaient allées préparer le repas ; seuls Naruto et Boruto restaient, parce que Shikadai avait besoin de l'aide du Nanadaime, et la présence de Boruto le rassurait.
-De quoi veux-tu me parler, demanda Gaara d'une voix encore un peu tremblante à cause de l'inquiétude de tout à l'heure.
-Avec Boruto, je suis allé voir grand-mère. On a beaucoup parlé, et elle m'a aidé à prendre une décision. Je vous suis très reconnaissant de m'avoir élevé en me laissant le choix d'être qui je veux. Vous m'êtes très précieux, je ne sais pas ce que j'aurai fais sans vous, qui avez pensé à mon bonheur avant tout.
L'émotion le gagna, et il se tut. Il ferma les yeux pour reprendre ses esprits et poursuivit.
-Même si j'en veux beaucoup à mon père, je suis un Nara ! Et en l'honneur de mes parents qui m'ont aimé avant même que je ne vienne au monde, je vais sauver mon clan ! Je ne laisserai pas ma grand-mère continuer à souffrir !
-Bien dis, s'écria Kankurô.
-Alors, j'ai une demande à vous faire...apprenez-moi la manipulation des ombres !
Il se leva et se pencha en avant en signe de respect. Gaara et Naruto se regardèrent, avant que le roux ne prenne la parole.
-Shikadai, sais-tu ce que tout cela implique ? Si tu réclame ta place de chef, tu auras des responsabilités importantes, tu devras poursuivre ta carrière de ninja à Konoha, faire partie d'une autre équipe...et tout un tas d'autres choses. Je ne veux pas t'en empêcher, simplement être sûr que tu sais ce que tu fais...
-Je suis bien conscient que ma vie ne sera plus la même. Mais maintenant que je sais tout, elle a déjà changé de route, et le mieux à faire et de continuer dans cette voie. Je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu à Suna et les gens que j'y ai rencontré. Je sais que je pourrais y aller, que j'y serai accueilli comme chez moi, et ça me rassurera et me permettra d'avancer.
Il sourit et tapa du poing sur son torse au niveau de son cœur.
-C'est gravé tout au fond de moi !
Les adultes sourirent, et la joie revint peu à peu dans la petite maison. Naruto croisa les bras sur sa poitrine et se pencha en arrière.
-Eh bien, je pense que ceux qui seront le mieux capable de t'apprendre les techniques de ton clan sont Ino et Choji. A mon avis, le meilleur moyen pour toi de maitriser cette technique est de suivre les entrainements du trio Ino-Shika-Chô.
-Je suis d'accord, dit Gaara, mais il faudra qu'il approfondisse cela avec les autres membres de son clan, une fois qu'il aura vaincu Toshi.
-Evidemment...
-J'en parlerai aux autres demain, sourit Boruto. Je suis sûr qu'ils seront d'accord !
-Merci, dit Shikadai en reniflant légèrement. Merci infiniment...
***
-Alors Shikadai, s'exclama Chôchô, pas trop stressé ?
-Evidemment que si, grogna le brun.
-Ne t'inquiète pas, va, sourit Inojin. Ça va bien se passer.
-Ou pas, ricana Aika.
Shikadai lui jeta un petit regard noir, et se reconcentra sur la route. En réalité, il était très angoissé par le fait qu'il n'arriverait peut-être pas à maitriser la manipulation des ombres. Par la volonté de Shikamaru, les ombres l'avaient protégé, mais cela voulait-il dire qu'il avait la même affinité que lui avec les ombres ? Peut-être était-il bien incapable d'utiliser ces techniques...
-On est arrivé, s'écria Chôchô. C'est ici qu'on fait les entrainements spéciaux de nos parents.
-Je vois...
-Vas-y à fond Shikadai, sourit Boruto.
Le Nara le remercia d'un signe de tête, et le jeune trio se plaça au centre du terrain. Inojin et Chôchô se mirent immédiatement en position, bien qu'il ne semblât y avoir personne autour d'eux. Shikadai fit comme eux, et alors qu'il allait leur en demander la raison, il entendit des pas précipités.
-Décuplement partiel, hurla Choji, dont le bras droit avait considérablement grossi et s'abattait sur eux.
Chôchô utilisa la même technique sur ses deux bras pour l'arrêter, alors que les deux garçons sautaient en arrière pour s'éloigner.
-Ils nous attaquent direct...
-Fais attention à ma mère, Shikadai ! Ninpô : toile aux monstres fantomatiques !
Des sortes de tigres colorés sortirent du parchemin du blond et foncèrent sur Choji, le forçant à reculer. Les tigres revinrent alors en arrière, et Chôchô et Inojin grimpèrent sur leur dos. Shikadai comprit alors qu'il fallait rester en perpétuel mouvement, aussi fit-il comme eux. Il observa les alentours à la recherche d'Ino, mais elle s'était bien cachée. Soudain, il remarqua leur autre adversaire qui fonçait sur lui. Il eut à peine le temps de sauter de la monture que déjà, l'Akimichi détruisait l'animal d'encre. En quelques bons, Shikadai rejoignit ses partenaires.
-Vos entrainements ne sont vraiment pas de tout repos, ricana-t-il.
-Dit-toi que c'est encore plus dur lorsqu'on s'entraine avec Nagahide, soupira Inojin.
-Là au moins, on a un allié de taille, sourit Chôchô.
Pour toute réponse, Shikadai leur sourit. Il sortit un rouleau de sa poche, et comme lors de son combat contre Nagahide, il fit apparaître l'éventail géant de sa mère.
-Bon, ne restons pas en groupe, ou bien nous serions une cible trop facile pour eux. Dispersons-nous !
-Ça marche !
-Occupez-vous de Choji, je vais occuper Ino !
Il déplia son éventail et monta dessus, s'envolant dans les airs. Immédiatement, les deux gennins foncèrent sur l'Akimichi, qui avait repris des forces avec un paquet de chips. En les voyant arriver, il sourit et fit signe à sa coéquipière, qui était cachée en haut d'un arbre. Ino hocha la tête et se prépara à faire sa transposition.
-Transposi...
-Je t'ai trouvée !
Elle sursauta et leva la tête. Shikadai la regardait depuis une branche en hauteur, un sourire fier. Sans lui laisser le temps de fuir, il donna un coup de vent grâce à l'éventail, l'envoyant voler jusqu'au reste du groupe.
-Inojin ! Chôchô !
-Bien joué, Shikadai !
Ils s'éloignèrent d'un bond, et alors que Choji allait en profiter pour les charger, il se prit sa camarade en pleine face, et les deux roulèrent sur quelques mètres. Shikadai se posa à côté de ses compagnons.
-Eh bien, on a eu tort de les sous-estimer, rit Ino.
-Oui, ils ont pris cet entrainement plus au sérieux qu'on ne le pensait, sourit Choji.
Shikadai s'avança et leur fit une petite courbette.
-Merci d'avoir accepté de m'entrainer !
-Oh, ne nous remercie pas, ça nous fait plaisir ! Choji et moi sommes ravis de te permettre de renouer des liens avec une autre partie de toi.
-Il ne fait aucun doute qu'avec la manipulation des ombres en plus, tu vas faire des malheurs en tant que ninja.
Shikadai les remercia d'un sourire, et Inojin lui donna une tape amicale sur l'épaule. Ensuite, les deux adultes expliquèrent au jeune Nara comme il pouvait utiliser la technique. Grâce à Inojin et Chôchô, ils montrèrent également des exemples de formation à faire en trio. Un peu plus loin, Sai, Karui, ainsi que Boruto et les autres, assistaient à l'entrainement.
-C'est plus compliqué que ce que je pensais, commenta Mitsuki.
-Je ne te le fais pas dire, acquiesça Sai. Être membre du trio Ino-Shika-Chô entraine tout un tas de conditions.
-Courage Shikadai, chuchota Boruto.
Le peintre regarda les jeunes ninjas, et sourit. Son esprit vagabonda 13 ans en arrière, lorsque l'hôpital avait appelé sa femme pour lui annoncer la terrible nouvelle. Ino n'avait pas été capable de prononcer un seul mot tant elle avait été choquée. Il avait dû lui arracher le téléphone des mains pour raccrocher et la faire revenir à elle. Une fois cela fait, elle avait fondu en larme, et il avait été incapable de la consoler. Que pouvait-il dire ? Elle avait déjà perdu tant de personnes...perdre toute une famille d'un coup, et de cette façon...aucun mot ne pouvait réparer la blessure qui s'était ouverte dans son cœur.
Elle avait pleuré quelques jours, et subitement, elle avait cessé. Depuis, rien ne pouvait la faire pleurer, sauf peut-être son fils. Elle semblait intouchable, et d'ailleurs, le même phénomène s'était produit avec Choji. Mais, et peut-être parce qu'il la connaissait bien, Sai avait su remarquer la différence du sourire d'Ino. Les autres ne le voyaient sans doute pas, mais ce n'était plus le même. Qu'est-ce qui avait changé ? Il ne saurait le dire. C'était différent, tout simplement. Mais il ne le disait pas, parce qu'Ino voulait donner une certaine image d'elle, et il ne voulait pas briser sa carapace. Au contraire, il allait veiller à sa solidité, afin que jamais plus elle ne souffre. Il l'avait promis.
Et cette promesse, il l'avait faite silencieusement à tous ceux qui veillaient sur eux depuis là-haut.
***
Les semaines passèrent, durant lesquelles Shikadai s'améliorait de plus en plus. Il maîtrisait bien la technique, et il commençait déjà à en chercher des variantes. Il avait commencé à poser beaucoup de question sur son père, bien qu'il refusât encore de l'appeler ainsi. Gaara et Kankurô étaient fiers de ses progrès, mais ils devaient le presser, car ils passaient beaucoup de temps à Konoha, et il allait bientôt falloir qu'ils repartent à Suna. Conscient de ce fait, le jeune garçon ne cessait de s'entrainer, si bien qu'il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'on l'avait traité de flemmard.
Inquiet pour son ami, Boruto l'avait convaincu de prendre une journée de repos et de venir avec lui retrouver les autres à l'Eclair Burger. Le Nara accepta, souhaitant se rapprocher du blond, mais aussi de ses nouveaux coéquipiers, avec lesquels il aimerait faire autre chose que s'entrainer. Boruto l'emmena donc joyeusement à leur restaurant préféré, et leurs amis furent étonnés de les voir arriver ensemble.
-Ça alors, sourit Sarada, tu as pu venir Shikadai !
-Oui, Boruto m'a convaincu de me libérer.
-On n'osait pas trop t'inviter, dit Inojin en se décalant pour lui laisser de la place. On pensait que tu préférais t'entrainer...
-C'est Inojin qui pensait ça, haussa les épaules Chôchô. Moi j'ai insisté, mais il a dit que tu avais autre chose à penser.
-Ça va, la grosse !
Shikadai s'assit à côté du Yamanaka en riant et lui fit un sourire rassurant.
-Ne t'en fais pas, c'est aussi un peu de ma faute. Je n'osais pas trop vous aborder, moi non plus.
-Il n'y a pas de raison, s'exclama Boruto. On ne va pas te manger !
-Je le sais bien, mais...je viens d'arriver, et j'accapare toute l'attention des adultes. J'avais peur que vous m'en vouliez...sans compter que vous êtes un groupe déjà formé depuis longtemps...
Il baissa la tête, lorsqu'il sentit une main sur son épaule. Il releva la tête, et son regard croisa celui de Mitsuki, qui tapota son épaule en souriant.
-Tu sais, moi aussi je suis arrivé il n'y a pas si longtemps que ça. Mais ils m'ont bien accueilli, alors ça ne se voit pas.
-Mitsuki...
-Tu devrais arrêter de te prendre la tête pour ça. Crois-moi...
-M...merci.
-Boruto-kun !
Le groupe grinça des dents en entendant ce hurlement strident. Ils n'eurent pas le temps de se tourner pour voir qui avait crié que la personne en question était déjà à leur table, s'incrustant entre Shikadai et Boruto.
-Aika, marmonna Sarada.
-Pardon, s'exclama Yuto en arrivant à son tour. Je vous ai vu, et quand j'ai proposé à Aika d'entrer pour vous rejoindre, elle s'est précipitée si vite que je n'ai pas pu l'arrêter...
-On te comprend, ricana Inojin. On a déjà eu ce genre de problème...
-Puisqu'on est là, roucoula Aika, autant partager un moment avec vous !
Elle poussa encore un peu Shikadai afin de placer une chaise entre lui et Boruto, à qui elle agrippa le bras et le serra fort. Le blond grimaça, persuadé qu'il aurait une marque. Et un Mitsuki, qui ne tentait pas de cacher ses rires, assis juste en face lui ne lui remontait pas du tout le moral. Yuto s'ajouta timidement au groupe, regardant tristement Aika faire les yeux doux à Boruto. Shikadai le vit, fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire.
-Alors, dit Sarada pour engager la conversation. Quand repartirez-vous à Suna ?
-Eh bien, expliqua Yuto, Aika repartira en même temps que Kazekage-sama et Kankurô-sama.
-Et toi, Yuto ?
-Le...le Nanadaime et Kazekage-sama m'ont fait une proposition un peu particulière. Je vais rester ici pour perfectionner mes capacités de médecins auprès de Tsunade-sama.
-Ça alors, mais c'est génial !
-Finalement, le combat n'est pas fait pour moi. Je préfère rester en retrait et soigner les ninjas !
-Je ne m'en suis jamais douté, railla Aika. Tu as toujours été un lâche, et on ne pouvait pas compter sur toi pendant les missions. A part tes dons héréditaires, tu n'as rien pour toi.
Yuto acquiesça en baissant la tête. Boruto ouvrit la bouche pour répliquer, mais Shikadai fut plus rapide que lui. Il se leva d'un bond et empoigna le col d'Aika, la redressant de sorte à avoir son visage face au sien.
-Tu te prends pour qui, s'énerva celle-ci.
-Et toi, alors ?! T'as vu comment tu lui parles ?!
-Shikadai, couina Yuto, ce n'est pas la peine de...
-Tu as idée du nombre d'heures qu'il a passé à s'entrainer juste pour que tu le remarques ?! Il a fait des efforts pour s'améliorer, et on ne peut pas dire que tu en ais fais autant !
-Parce que tu crois êtes bien placé pour dire ça ?!
Elle le repoussa violemment et montra du doigt le symbole du clan Nara représenté sur les vêtements de Shikadai.
-Ce n'est pas parce que tu t'es découvert un lien de parenté avec un stupide clan de Konoha que tu es plus fort qu'avant ! Tu es toujours aussi minable !
-Je t'interdis d'insulter les Nara !
-Sérieusement, tu te mets à arborer le blason d'un clan que tu ne pouvais pas saquer il y a deux jours. Comment veux-tu qu'on te prenne au sérieux ?
-Tu n'es qu'une peste...
En ricanant, Aika se saisit de sa veste, qu'il avait posé sur sa chaise, et fouilla dans une des poches. Elle en ressortit une photo que Yoshino avait donné à Shikadai : celle de ses parents, heureux, alors que Temari était enceinte. Elle se mit à agiter la photo sous le nez du Nara, qui sentait que sa patience atteignait ses limites.
-Franchement, à quoi ça sert de faire un bébé si c'est pour crever avant ?
-La ferme...
-Quitta à te trouver une appartenance à un clan d'ici, tu aurais pu choisir un clan prestigieux. Là, t'es en train de faire la même bêtise que ta mère...
-La ferme !
-Souviens-toi comment elle a fini en croyant en ton abruti de paternel !
Elle déchira la photo, sans scrupule, et laissa les morceaux tomber sur le sol. La rage envahit les yeux de Shikadai, qui regardait les restes de la photo éparpillés à ses pieds. D'une main tremblante, il se baissa et les ramassa, les fourrant dans sa poche. Sans un mot de plus, il sortit du restaurant sous les yeux de ses amis, impuissants. Boruto serra les dents et s'apprêta à donner son avis, mais Yuto fut plus rapide que lui. Il se plaça face à Aika et la gifla de toutes ses forces.
-Y...Yuto, mais...qu'est-ce qui te prend, imbécile ?!
-Comment as-tu pu traiter Shikadai ainsi ?! Ce n'est pas facile, ce qu'il vit ! Et toi...toi, tu piétines tous ses efforts pour avoir une vie normale ! Tu es vraiment...une ordure de la pire espèce...
-Il n'avait qu'à pas...
-Il n'a fait que prendre ma défense, c'est tout ! Lui, c'est un véritable ami...et un vrai ninja ! Pas comme toi !
Il baissa la tête et fit un sourire crispé, alors qu'une larme coula le long de sa joue.
-Je ne sais pas comment j'ai fait pour tomber amoureux de toi...
-Q...quoi ?!
-Et tu sais quoi ?! Boruto, jamais il ne t'aimera !
Il partit à son tour à la suite de Shikadai, laissant sa coéquipière totalement perplexe. Boruto sourit et croisa les bras ; tout avait été dit, il n'avait rien à ajouter. Soudain, il sentit la main de Sarada sur son épaule. Il tourna la tête vers elle, et plongea son regard dans celui, encourageant, de son amie.
-Boruto, Shikadai a besoin de toi. Il ne va pas bien, et si tu ne le consoles pas, il risque d'abandonner.
-Mais...mais pourquoi moi ? Je veux dire...Inojin et Chôchô sont ses coéquipiers à présent...
-Ne rejette pas le boulot sur nous, ricana Inojin. Et puis, c'est toi qui l'as aidé la première fois. Tu sais comment faire...
L'Uzumaki hocha la tête et sortit à son tour. Malheureusement, il n'y avait aucune trace du passage de ses amis, et il ne savait pas dans quelle direction ils étaient partis. Loin de se laisser abattre, il commença à chercher partout, dans tout le village. Il y passa la journée, mais alors que le soleil commençait à se coucher, il les trouva, assis tous les deux sur des balançoires, dans le parc. Il s'approcha, et lorsque Yuto le vit, il se leva pour lui laisser sa place.
-Je te fais confiance, Boruto.
-Ne t'en fais pas. Merci, Yuto.
Le sunien lui sourit et partit pour les laisser seuls. Boruto prit sa place et commença à se balancer doucement. Il ne dit rien, ne lança aucun regard au Nara, attendant qu'il se confie. Lui n'avait pour le moment rien à dire. Et puis, au bout d'un moment, Shikadai se décida à engager une conversation.
-Je suis vraiment désolée pour la scène que j'ai faite. J'ai tout gâché...
-Ce n'est pas ta faute. On ne va pas t'en vouloir d'avoir voulu défendre un ami.
-J'aurais dû l'emmener à l'extérieur, garder mon sang-froid...
-Tu as le droit de penser à ce que tu aurais dû faire, ça te permettra d'avancer. Mais t'en vouloir, en revanche, ne te fera que stagner.
-Faut-il toujours que tu sois obligé de me faire la morale ?
Le blond rougit et lança un regard en coin à son ami.
-Moi tu sais, à chaque fois que je te voyais, je me demandais si j'étais obligé de me taper la honte devant toi.
-Il n'y a rien dont tu dois avoir honte, crois-moi. Pour moi, en revanche...
-Qu'est-ce que tu te reproches ?
Le Nara poussa un soupire et leva les yeux vers le ciel, alors qu'une légère brise lui caressa le visage.
-Est-ce que je peux vraiment réclamer la direction d'un clan dont je ne voulais pas entendre parler il n'y a pas si longtemps ?
-Oui.
-Tu dis ça par égard pour notre amitié.
-Mais non, je le pense vraiment ! Aika a eu tort de te dire tout ça ! Tu ne dois pas nier tes origines, car elles sont une partie de toi ! Et si tu as décidé de t'occuper de ce clan, c'est pour ta mère, pour ta grand-mère, et pour ton père !
-Mon père...dis, est-ce que tu crois que je fais une erreur en essayant de le pardonner ?
-Mais puisque je te dis qu'elle a raconté n'importe quoi !
Il se leva d'un bond, se mit en face de lui et ressortit de sa poche les morceaux de la photo. Il tendit à Shikadai celui où on voyait le visage de sa mère.
-Franchement, tu trouves qu'elle a l'air malheureuse ?!
-Je...
-Cette photo, elle représentait l'espoir de Yoshino-san ! Aika la déchirée, mais si toi, tu continues d'y croire, alors ce ne sera pas grave ! Ne la laisse pas tomber, je t'en supplie !
-Boruto...
-Je sais que t'as envie de passer à autre chose et de continuer ta vie comme elle était. Mais tu ne peux pas faire ça, parce qu'il y a trop de personnes qui compte sur toi, maintenant ! Tu ne peux pas les abandonner...
Son expression s'attrista, et doucement, il prit les mains du Nara pour les serrer dans les siennes.
-Ce n'est pas juste, hein ? Tu aimerais tellement pouvoir avoir une vie simple, comme tout le monde. Mais ta naissance t'a apporté son lot de contraintes, et si tu décides d'y échapper, alors tu renieras ton côté Nara. C'est à toi de prendre cette décision, et en toute connaissance de cause.
-C'est à moi de définir qui je suis...mais je suis un Nara ou un Subaku ?
-Toute ta vie, on t'a répété que tu devais choisir. Moi, je crois que tu es les deux. Et ce n'est pas invivable, après tout, ta mère l'a fait avant toi.
Shikadai sourit, se leva et serra Boruto dans ses bras. Le blond rougit, mais il n'eut pas le temps de rendre son étreinte au jeune homme, qui le relâchait déjà. A présent, Shikadai était sûr de lui : il avait pris la bonne décision.
-Boruto, je vais te faire une promesse...
-L...laquelle ?
-Je te promets de ne plus jamais douter et de toujours rester fidèle à qui je suis : le fils de Shikamaru et Temari Nara, le petit-fils de Yoshino Nara, et le neveu de Subaku No Gaara et Kankurô !
-Bravo, je suis fier de toi !
-Et bientôt, je serai aussi le chef du clan Nara. Ça aussi, je t'en fais la promesse...
***
-Yoshino, appela Toshi, ça toque à la porte. Va ouvrir !
-Oui, j'y vais, répondit-elle tristement.
En s'essuyant les mains sur un torchon, et en zigzaguant pour éviter les différentes bouteilles qui jonchaient le sol, elle arriva dans l'entrée et ouvrit la porte aux visiteurs. Elle écarquilla les yeux de surprises lorsqu'elle reconnut ses visiteurs, avec une petite courbette, elle se décala pour les laisser entrer. Trouvant qu'elle mettait du temps, Toshi se leva de sa chaise et se dirigea à grands pas dans l'entrée, les joues roses et les poings serrés.
-Alors, qui c'est ?! Pourquoi tu mets autant de temps, hein ?!
-Eh bien, dit-elle en lui laissant le passage, ce soir, nous avons la visite du Hokage, ainsi que du Kazekage et son frère.
-Je peux savoir ce que vous faites chez moi ?!
-Pour honnête, commenta Naruto en se bouchant discrètement le nez, nous ne sommes pas venus pour prendre un peu d'air frais...
-Nous souhaiterions nous entretenir avec vous d'un sujet important, déclara sérieusement Gaara en poussant une bouteille du bout du pied. Cela concerne Shikadai Nara.
Des murmures se firent dans le reste de la maison, alors que les autres membres présents du clan discutaient de cette nouvelle : les rumeurs étaient donc bien vraies ? C'était bel et bien leur Shikadai qui avait participé à l'examen ? Kankurô balaya la pièce d'un regard et se plaça devant Yoshino, pressentant une crise de colère qui pourrait se retourner contre elle, ce qu'il voulait éviter à tout prix. La vieille femme l'en remercia d'un signe de tête, n'étant pas assez en forme pour supporter l'énervement de son époux.
-Je me moque bien de ce qui peut arriver à ce petit morveux, railla Toshi.
-Je le sais bien, poursuivit Gaara sans changer de ton. Cependant, Shikadai est le fils de Shikamaru, et...
-Cela ne lui donne aucun droit ! Officiellement, il est mort, et maintenant, c'est moi le chef du clan !
-Vous n'étiez pas censé héritier de ce titre, mais les choses se sont passées ainsi, et je ne peux revenir en arrière. Mais Shikadai est en droit de réclamer la place qui lui revient...
-Ce gosse, devenir chef ?! Vous n'êtes pas sérieux ?!
-Affrontez-le en duel.
Le silence s'installa, et Toshi serra les poings.
-Un duel...
-Acceptez de l'affronter : s'il gagne, il reprendra le rôle de chef de clan, malgré son jeune âge. S'il perd, nous ne vous mettrons plus de bâtons dans les roues.
-Très bien ! De toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais perdre face à ce gamin ! J'impose cependant ma condition...
-Laquelle ?
-Ce sera un combat à mort.
Les murmures reprirent, mais un regard du vieil homme les fit cesser. Yoshino agrippa le vêtement de Kankurô et le supplia tout bas de refuser. Kankurô jeta un regard de détresse à Gaara, mais le Kazekage avait déjà pris sa décision.
-Qu'il en soit ainsi. Mais alors, je demande que les deux participants soient isolés dès maintenant, et jusqu'au combat de demain. Juste pour être sûr qu'il n'y aura aucune triche...
-Si cela peut vous faire plaisir...
« Ce gamin est beaucoup trop jeune : il sera incapable de me tuer. » Il sourit, sentant que la victoire lui appartenait déjà.
-Par ailleurs, intervint Naruto, l'hôpital de Konoha m'a demandé de venir chercher Yoshino. Ils aimeraient qu'elle passe la nuit là-bas pour l'avoir sous surveillance pendant quelques jours.
Toshi fronça les sourcils, mais ne dit rien. Il fit un geste à sa femme, qui se dépêcha de faire ses valises. Elle repartit alors avec les visiteurs, jusque chez les Uzumaki. Hinata les accueillit en souriant et monta les affaires de Yoshino dans sa chambre. La brune s'en étonna, et elle se tourna vers Naruto.
-Je ne vais pas à l'hôpital ?
-Non, ce n'est qu'une excuse que nous avons trouvée pour vous éloigner de Toshi, ce soir.
-On est à peu près sûrs qu'il ne respectera pas son engagement, grogna Kankurô. Et comme on ne veut pas qu'il se serve de vous contre nous demain, ni qu'il s'en prenne encore à vous, on a décidé de vous garder avec nous.
-J'ai bien fais de fermer ma chambre à clé, dans ce cas...
Une larme coula sur sa joue, qu'elle s'empressa d'essuyer pour faire à ses hôtes un magnifique sourire.
-Merci infiniment.
-J'ai ma part de responsabilité dans ce qui vous arrive, s'excusa Gaara. Je ne peux pas vous laisser plus longtemps dans cette situation.
-C'est Shikadai qui a tout préparé pour demain, sourit Kankurô en posant une couverture sur les épaules de la vieille femme. Vous n'avez aucun souci à vous faire, tout se passera bien.
Elle les remercia à nouveau, puis ils passèrent à table et profitèrent d'un bon repas avant d'aller se coucher. Ils firent des nombreux rêves, cette nuit-là, chacun appréhendant à sa façon le duel qui aurait lieu le lendemain.
Le cauchemar allait enfin se terminer.
***
-C'est le grand jour, murmura Boruto.
-Oui, acquiesça Shikadai.
Il fit un pas en avant et observa discrètement son entourage. Quasiment tout le clan Nara, ainsi que les membres importants des clans Yamanaka et Akimichi, étaient réunis et formaient un grand cercle autour de la place dédiée au combat. Dans son dos, il y avait ses amis, ses oncles, sa grand-mère, ainsi que le Hokage et sa famille. Il aurait préféré qu'ils ne soient pas là, effrayé à l'idée que Toshi se serve de ses proches pour le faire chanter durant le duel. Enfin, il leur faisait confiance ; ils allaient gérer.
-Je ne sais pas si c'est une bonne idée, ce combat, s'avança un conseiller du clan Nara. Cet enfant est un peu jeune, même en étant le fils de Shikamaru.
-Laissez-lui sa chance, le contredit Choji. Je peux vous assurer qu'il est très talentueux pour son âge.
-La véritable question, ricana Toshi, c'est de savoir si le clan veut d'un gamin comme dirigeant. Il faut se méfier de lui, moi je vous le dis.
-Vous êtes en droit de douter, hocha la tête Gaara. Nous vous l'avons arraché à sa naissance, et vous êtes en droit de nous en vouloir. Mais nous l'avons toujours élevé de façon à le préparer pour qu'il reprenne son rôle ici.
Toshi s'avança en face de Shikadai et le toisa du regard un instant. L'expression neutre qu'il lut dans les yeux de l'adolescent lui déplut et il montra Yoshino en parlant avec rage.
-Peut-on vraiment vous faire confiance ? Mon épouse n'était-elle pas censée restée à l'hôpital ?! Oseriez-vous me dire qu'elle y est vraiment allée ?!
-On a menti, c'est vrai, répondit Kankurô sur le même ton. Mais si vous ne voulez pas d'un chef menteur pour protéger sa grand-mère, voudrez-vous d'un leader violent avec sa femme ?!
Il se tourna vers Yoshino et lui fit un hochement de tête. Les mains tremblantes, la vieille femme ôta avec une légère hésitation sa veste. Les spectateurs, scandalisés, lancèrent des regards de dégoût à Toshi, qui vira au rouge. Rapidement, Yoshino remit sa veste et se rapprocha de Kankurô, se sentant soudainement très faible. Le brun la retint contre lui et poursuivit en jetant au meneur du clan Nara un regard plus que noir.
-Vous nous reprochez le mensonge, mais êtes-vous capable de nous prouver que vous avez été seule d'hier soir jusqu'à maintenant ? Nous avons une vidéo montrant que Shikadai n'a pas quitté sa chambre depuis que nous sommes rentrés et jusqu'à l'heure de partir. Pouvez-vous en faire autant ?!
-Soyez maudits, ninjas de Suna...
Des cris retentirent dans l'assemblée ; à présent, tous demandaient que le duel ait lieu, et ils se mettaient même à encourager Shikadai. Furieux, Toshi essaya de prendre Shikadai par surprise et il commença sa manipulation des ombres. Loin de se laisser avoir aussi facilement, le jeune homme s'éloigna d'un bond.
« J'ai déjà affronté Nagahide : il doit utiliser le même style de combat. Je dois éviter de rester longtemps au même endroit, et me tenir à distance des autres membres du clan pour ne pas me faire avoir par un de ses alliés. »
Il prit l'éventail de sa mère qu'il avait posé sur son dos et l'ouvrit en grand, le positionnant devant lui. Il fit un mundra d'une main, et les ombres autour de lui se levèrent et l'engloutirent, le faisant disparaitre.
-Merde, où est-il passé ?!
Toshi rappela son ombre et regarda autour de lui. Shikadai réapparu derrière lui et donna un coup d'éventail dans sa direction, envoyant des rafales de vent. Mais le vieil homme l'avait vu venir, et comme l'attaque n'était pas très grande, puisqu'il ne fallait pas blesser les spectateurs, il put l'éviter sans mal. Heureusement, Gaara dressa un mur de sable pour stopper l'attaque de Shikadai avant qu'elle ne blesse quelqu'un.
-Eh bien alors, gamin, c'est tout ce que tu sais faire ?!
-Je vais vite en finir avec toi !
Il brandit à nouveau son éventail, mais il hésita à s'en servir. Devait-il continuer comme il le faisait d'habitude, ou bien devait-il privilégier les techniques de son clan ? Il n'en connaissait pas encore des masses, mais s'il ne s'en servait pas, ils ne l'accepteraient jamais comme chef, même s'il gagnait le duel. Résigné, il referma son arme et la remit sur son dos. Toshi haussa un sourcil et fit un petit signe discret dans son dos. Boruto le vit et s'apprêta à le signaler à Shikadai, mais la main de son père devant son visage l'en empêcha.
-Papa...
-Ne t'en fais pas, il va gérer tout seul.
-Je suis déçu, Shikadai. Tu n'arrives pas à la cheville de tes prédécesseurs ! Pour les avoir connus, laisse-moi te dire que Shikamaru et Shikaku seraient très déçus !
-Le combat n'est pas fini ! Nous respirons encore tous les deux, alors ne te prononce pas trop vite !
-Si ce n'est que ça, voici ma prochaine attaque !
Il se baissa et posa ses mains sur le sol. L'ombre autour de lui prit une étrange couleur rouge, alors qu'elle se matérialisait en gros pic dans le dos de Toshi. Shikadai vit du coin de l'œil des membres du clan faire discrètement des mundras. Il sourit, joignit les mains et ferma les yeux. Tout s'enchaina alors rapidement : des mains d'ombre sortirent du sol et agrippèrent les ninjas qui s'apprêtaient à prendre possession de Shikadai. Dans le même temps, Toshi, persuadé qu'il était immobilisé, porta son coup en direction de son cœur. Mais son attaque rencontre un immense mur de vent, qui ne parvint à transpercer.
-C'est quoi, ça ?!
-Maman, papa, prêtez-moi votre force !
-Qu'est-ce que tu fais ?!
-Technique secrète : la double attaque du maître de l'ombre !
Les ombres de Toshi s'évanouirent, alors que le mur de vent changeait de direction, créant une tornade qui l'emporta dans les airs. De nombreuse entailles apparurent sur son corps, et les vents se dissipèrent lentement. Pendant que Gaara créait une muraille de sable pour cacher la vue de tous, Toshi, inconscient, retomba vers le sol, et s'empala sur le pic que Shikadai avait créé avec sa nouvelle technique.
-C'est fini, déclara Naruto. Shikadai a gagné.
Shikadai rappela ses ombres, reposant délicatement le corps de l'homme au sol. Le sable retomba, et le clan Nara put alors reconnaître la victoire de Shikadai. Le jeune garçon, épuisé, s'effondra de fatigue dans les bras de Yoshino, qui le serra contre elle en souriant.
-Bravo Shikadai, souffla-t-elle. Tes parents seraient très fiers de toi, crois-moi...
***
-C'est l'heure de partir, déclara Kankurô en empoignant la valise de son frère. Tu es prêt, Gaara ?
-Attends une minute...
Le brun soupira, mais ne retint pas son sourire. Il était enfin temps pour eux de rentrer à Suna, sans Shikadai et Yuto. Le Nara avait rejoint le groupe de Chôchô et Inojin, prenant la place de Nagahide, qui s'était isolé depuis la mort de son père. Devenu le nouveau chef du clan Nara, il allait poursuivre son entrainement auprès des membres de son clan, ce qui lui laisserait peu de temps libre pour rendre visite à ses oncles. Et Gaara ne pouvait se résoudre à partir sans lui faire quelques recommandations, tel le tonton protecteur et angoissé qu'il avait toujours été.
-Tu obéis bien à Yoshino, et à tes professeurs. Ne fais pas le difficile, fait attention à ta santé, et ne paresse pas trop.
-Tu t'inquiète pour rien, petit frère.
-Pour ce qui est des relations sexuelles...
-Gaara !
Le roux se tourna vers son frère, étonné par son haussement de ton. Il comprit à son rougissement qu'ils pourraient parler de ce sujet une autre fois. Avec un sourire triste, il serra Shikadai dans ses bras, puis Yoshino, et échangea une poignée de main avec Naruto.
-Je vous le confis, prenez soin de lui.
-Compte sur nous, sourit l'Uzumaki. Nous veillerons sur lui.
-Boruto-kun, pleurnicha Aika en faisant un gros câlin au blond, tu vas tellement me manquer ! J'espère que tu penseras à moi tous les jours !
-Ben...suffoqua Boruto en tentant de se libérer de son emprise.
-Aller, rit Kankurô. Vous les reverrez bientôt, laissez-les respirer.
Après un dernier câlin, les trois suniens repartirent chez eux. Une larme coula discrètement sur la joue de Shikadai alors qu'il faisait un signe de la main à ceux qui l'avaient élevé. Sa mère avait dû ressentir ça, elle aussi. Ce sentiment de nostalgie qui vient avec les souvenirs. Mais aussi, le bonheur et l'excitation à l'idée d'une nouvelle vie qui commence. Il était à Konoha, ils marchaient dans les traces de ses parents pour prendre sa voie, choisir sa propre route, et leur permettre d'enfin reposer en paix. Il avait enfin trouvé qui il était, et d'où il venait : Shikadai Nara, le sunien de Konoha.
-Eh bien, ricana Sarada, j'espère qu'on n'aura pas à revivre tout ça avec ton gosse, Boruto.
-Quel gosse ?
-Celui que tu auras avec Shikadai !
-Hein ? Tu...tu racontes n'importe quoi !
La jeune adolescente explosa de rire et s'éloigna, suivit par le reste du groupe, qui riait également. Boruto devint cramoisi et baissa les yeux sur ses chaussures.
-Moi et...Shikadai...
-Tu m'as appelé, Boruto ?
-Ah, Shikadai ! Tu...tu es encore là ?
-Oui, je ne sais pas pourquoi ils sont tous partis d'un coup. Mais Inojin m'a dit que tu avais quelque chose à me dire...
Boruto regarda le Nara dans les yeux, et pour une raison qu'il ne pouvait expliquer, il déclara le plus simplement du monde :
-Je suis gay.
-Quoi ?
-Je veux dire, non ! Enfin, si, mais c'est pas...je...oh, pourquoi est-ce qu'il faut toujours que je me tape la honte devant toi ?!
Il fit la moue, et tenta à nouveau de se justifier, mais les lèvres de Shikadai sur sa joue le forcèrent au silence. Il écarquilla les yeux, et il posa rapidement sa main sur sa joue, comme s'il voulait garder prisonnière cette agréable sensation. Avec un sourire malicieux, Shikadai lui prit la main et l'entraina à la suite de leurs amis, direction leur nouvelle vie.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top