*Tous les menteurs sont présents à la table des vérités*
Dans la salle d'interrogatoire, Alain surveillait de l'autre côté de la vitre, Maelle et Carla qui se regardaient face à face, chacunes attachées et assises à une chaise. Le chef ne savait pas vraiment ce que les jeunes filles ressentaient. Il voyait dans les yeux de Carla de la colère et dans ceux de Maelle du regret. Il eu une pensée pour ses propres filles. Il savait que personne n'était à l'abris de la folie. Mais il se demandait comment des enfants arrivaient à faire naître de telles horreurs dans leur cœur.
-Tu n'as pas suivie le plan. Lâcha Carla avec une pointe d'animosité dans la voix.
-Je ne pouvais pas Carla... Pas sans toi...
-Tu aurais due t'enfuir tant qu'il en était encore temps. Tu mérites mieux qu'une vie en prison.
-C'est trop tard maintenant...
Sa voix se brisa au milieu de la pièce.
-Ils ont la boîte ? Demanda t-elle.
-Ils ont la boîte.
-J'espère vraiment qu'ils ne remonteront pas toute l'histoire...
Le silence retomba dans la salle. Le regard de Carla s'adoucit, devenant compatissant en scrutant sa vieille amie.
-Je suis terriblement désolée Maelle, je n'ai pas su te protéger...
...
Dans la plus grande salle de réunion du commissariat. Harley et Sam laissaient les derniers témoins s'installer. Dans un coin de la pièce, Cathy et son père restèrent discrets. Maintenant, tout était en place. Le blond, qui portait toujours Jacquot sur l'épaule, avait réuni toutes les preuves nécessaires. Les enquêteurs avaient prévenu les arrivant qu'ils seraient filmés et enregistrés tout en leur faisant signer un papier à chacun par preuve de bonne foie. Certains l'avaient acceptés tandis que d'autres avaient rechignés.
L'ébullition était à son comble, la plupart n'avait qu'une envie, retourner à leur train train quotidien. Tandis que d'autres n'attendaient qu'une chose. La vérité. Particulièrement les parents de Carla et de Maelle, mais aussi la mère de Thomas.
-Bien, je vous remercie de votre présence. Commença la policière. Je vous demanderai également de garder le silence tous le long de notre plaidoirie. Nous vous avons invités ici pour mettre en lumière les différents éléments que nous avons découvert.
En vérité, ce genre de procédure se faisait durant le tribunal. Mais pour cette affaire, ils devaient confirmer leurs derniers doutes et faire affronter à tous ses acteurs leurs rôles dans l'affaire. À l'instance, le juge n'aurait pas eu le temps de passer sur des détails insignifiants. Mais pour la moral, nos enquêteurs voulaient les mettre en excerbes.
-Vous tous ici. Vous nous avez mentis. Dit sans manière le policier.
Une râle de protestation s'éleva, il leva la main pour demander le silence.
-Nous allons vous retracer les différents événements à partir du 1 avril 2023. Vous comprendrez bien vite le rôle que vous avez joué dans cette affaire.
Harley continua son discours d'un ton sérieux et professionnel.
-Peut-être que pour certains vos actions étaient minimes et aucunement compromettante avec la loi. Mais vous avez indirectement provoqués ce meutre. Ce sont des petits événements qui créés les plus gros problèmes. Sam ?
Il attrapa un dossier scolaire et une feuille bourrée de témoignages.
-De ce que nous avons compris, avant le décès de son frère, Carla était une fille douée, il suffit d'observer ses notes, elle était pleine de vie. Les professeurs la voyaient souvent avec le même groupe de personnes : Maelle, Thomas, Joshua, son petit ami (à cette mention les parents de l'accusée eurent un visage de surprise) et Lou. Ils étaient tous très soudés entre eux. Promis à un bel avenir selon l'établissement. Elle aimait l'art et la littérature et au vu des photos éparpillées dans sa chambre. Elle n'avait, à ce moment, aucune rancœur envers son groupe d'amis, ni pour son petit ami Joshua.
Quelques sanglots s'échappèrent de la gorge des parents de l'accusée. Sam continua son plaidoyé :
-C'est le 1 er avril 2023 que tout bascula. Les cours se sont déroulés normalement et le groupe décida de faire une soirée chez Thomas. Ils arrivèrent, sauf le frère de Carla, Kévin, il travaillait et avait du retard. Ariane s'en va, laissant son fils et ses amis s'amuser. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'ils ont fait la fête avec de l'alcool et du joint que Thomas cachait dans sa chambre.
La mère se leva de surprise, les larmes aux yeux, le père de Carla lui intimida de s'asseoir.
-Certains diront "c'est des jeunes ils profitent et s'amusent à leur manière". Mais Kévin arrive, plus sage et mature. Il voit sa soeur dans un sale état, il l'emmène à l'extérieur pour discuter avec elle. Il jouait le rôle du grand frère. Pendant ce temps, les autres s'amusaient et c'est à partir de ce moment que Thomas et Maelle ont commencé à se fréquenter.
La mère de la jeune fille acquiesa.
-Le lendemain, elle m'avait parlé d'un garçon qui lui plaisait bien. Sans pour autant me donner tout de suite son nom.
Harley la remercia d'un geste de la tête.
-Je ne vois pas le rapport avec le meutre. Affirma sarcastiquement Joshua.
-Patience jeune homme. Il faut comprendre le point de départ. Après la discussion entre le frère et la sœur. Kévin rentra chez lui. Malheureusement, ce soir-là un drame se produit, il se fait assassiner par des dealers dont la trace n'a pas encore été retrouvée. Ce fut la pire nuit de Carla et les jours qui s'enchaînèrent ne furent pas mieux.
Il s'interrompit pour laisser place à sa collègue.
-Les premiers jours, Carla a contacté ses amis. On suppose que Maelle et Thomas étaient trop épris de leur histoire d'amour naissante et Lou avait une certaine jalousie, on a déduit cela d'après le téléphone de l'accusée dont on a enfin réussi à avoir les SMS. Au début, Joshua a sûrement tenté d'être là pour elle. Mais elle s'est renfermée sur elle-même pour devenir complétement muette sur ses propres sentiments.
Elle se tourna vers les parents de la jeune fille.
-Carla était brisée par la mort de son frère. Vous nous avez dit que votre fille ne vous parlait plus. Mais vous avez affirmé le contraire juste après.
Harley se dirigea vers une boîte posée sur la table. Elle l'ouvrit laissant dévoiler un méli-mélo d'objets, un journal intime, des papiers et une fiole encore remplie. Elle attrapa avec des gants le journal.
-Votre fille a consignée toutes ses émotions dans ce carnet. C'est l'une des raisons pour laquelle elle ne voulait pas qu'on mette la main sur sa boîte secrète. Elle explique clairement qu'elle a demandé de l'aide à ses parents et qu'elle a essayé d'attirer leur attention. Mais que Madame Garneur est restée murée dans le silence, comme à notre rencontre et que son père semblait désemparé.
Aucun des deux parents ne protestèrent, la mère resta dans son mutisme tandis que le père semblait mi-perdu, mi-effondré. Harley se dit que peut-être elle avait été dure avec eux. Après tout, ils ont vécu drame sur drame. Cependant, elle ne devait pas ramener ses propres ressentiments envers ses parents sur les témoins. Sam se pencha vers elle en chuchotant :
-Tu fais juste ton travail. Ne laisse pas tes émotions changer ta façon de bosser.
Elle ferme les yeux et prend une grande inspiration. Il avait raison.
-Le psychologue qui vous a consulté après le meurtre de Kévin et l'arrestation de votre fille confirme que vous avez des souvenirs qui se mélangent à cause du choc. Je ne peux pas totalement vous jeter la pierre, vous avez vraiment beaucoup soufferts. Mais sans votre soutien, Carla s'est vite perdue sur un chemin où il ne fallait pas aller.
Elle laissa le couple en pleine réalisation pour se diriger vers la tante de la jeune fille.
-Vous, vous avez été l'origine de se sentiment de rage que ressent Carla aujourd'hui. Elle vous voyait régulièrement le midi avec Alex. Vous nous avez dit que tout se passait bien avec elle, c'était faux. Après la mort de Kévin, vous avez critiqué son frère, vous ne l'avez jamais aimé. Un après-midi, vous vous êtes disputés, vous lui avez dit que ce n'était pas grave si son frère était mort et que ses parents n'avaient qu'à faire un autre enfant pour le remplacer. Ce qu'à entendu le petit Alex. Elle est partie en claquant la porte.
-Comment osez-
La policière leva la main, nullement effrayée par le ton de voix de la vieille dame.
-Je n'ai pas finit. Par la suite, vous n'avez pas pris en compte les sentiments de Carla et vous l'avez laissé faire sa vie.
Charlotte tentait de se trouver quelques excuses, mais les policiers n'en avaient rien à faire.
-En plus d'être brisée par ses histoires familiales, Carla s'est retrouvée en plein milieu d'une histoire de coeur.
La jeune femme regarda Lou qui tentait de se faire toute petite depuis le début du monologue.
-Lou, tu étais amoureuse de Thomas et tu as vu ton amie Maelle te voler la vedette. Jalouse, tu as commencé à la critiquer et à la rabaisser. Tu t'es mise à draguer ton coup de coeur. Parfois, ouvertement devant ton amie. Tu as finis par avoir ce que tu voulais et tu es sortie avec lui. Carla a essayé plusieurs fois de te parler et d'intervenir. Elle ne voulait pas voir son groupe d'amis voler en éclats. Mais tu as continué.
Elle avanca d'un pas assurée vers Ariane.
-Est-ce que votre fils avait souvent invité ou vu Lou plusieurs fois ?
La voix de la jeune mère trembla.
-O-Oui quelques fois... M-Mais je ne me doutais pas...
-Il y a beaucoup de choses dont vous ne vous doutez pas.
Elle réavance vers la gamine qui n'osait toujours pas la regarder dans les yeux.
-Tu voulais juste être avec lui et c'est une partie de ça qui a causé sa mort.
Lou se mordait les lèvres.
-Tu as brisé ton groupe d'amis et tu n'as pas voulu sortir tes deux meilleures amies de la folie. Tu as finis par convaincre Thomas de sortir avec toi, laissant Maelle sur le bas côté et tu as enfoncé le clou lors de la soirée du bal.
-Ta gueule !
Elle cria, lâchant à plein poumons sa colère, jusqu'à faire redescendre les larmes qu'elle retenait.
-J-J-Je l'aimais... I-Il était à moi... E-Et il est...
-En une nuit, tu as perdue tes deux meilleures amies et ton petit ami.
Elle s'effondra dans une crise de larme.
-Mais il y a quelque chose que tu ignorais sur Thomas. Reprit Sam.
La salle resta bouche bée, le souffle coupé par autant de révélation.
-Thomas, n'était pas un bon garçon. Il fumait beaucoup de joints et avait des excès de violence. D'après sa psychologue, on les situerait à partir du moment où son père a quitté le domaine familial.
Ces appels n'avaient pas été vain, pensa le policier en se rappelant les longs moments qu'il avait passé au téléphone.
-Ariane ?
La mère trembla, ne sachant pas quoi dire.
-Votre fils ne vous a jamais fait de mal, mais il a monté le ton plus d'une fois. Il frappait Maelle, on le voit aux bleus qu'elle a sur les jambes et les bras, n'est-ce pas Joshua ?
Appuyé le poing contre la joue, le garçon regarda d'un mauvais oeil le flic.
-Même mort, je ne balancerais pas mon meilleur ami.
-Tu le savais, mais tu n'as rien fait. Et on pense avoir deviné pourquoi. Tu savais que Maelle se faisait battre et tu fumais autant de joints que Thomas. Tu n'as pas voulu que la police s'en mêle. C'est pour ça que tu es aussi aggressif avec nous et tu en veux à Carla d'avoir tué ton ami.
-Je vais vous buter putain ! Hurla t-il, les poings serrés, prêt à bondir sur le policier qui le prenait de haut.
-Je te rappelle que tu es filmé donc calme tes nerfs.
Il se ravisa, lâchant sa frustration sur une chaise.
-Ensuite, la dernière menteuse ici, c'est vous Stéphanie.
Il pointa du doigt la directrice de la boutique, outrée de cette accusation.
-Le 19 avril 2023, vous avez viré Carla de son poste. Vous nous avez dit qu'elle avait démissionné et qu'elle était incompétente. Mais ici, c'est vous l'incompétente. Vous l'avez viré parce qu'elle avait posé des jours pour la mort de son frère et en plus vous ne l'aimez pas. Vous attendiez une erreur pour la faire sortir de votre magasin.
-Vous mentez ! S'énerva t-elle.
Le blond prit un papier sur la table et le présenta devant son nez.
-Et les papiers de la rupture de contrat, ils mentent peut-être ?
Elle ne dit plus rien, résignée.
-Je n'y peux rien... Elle est tellement empotée..
-En attendant, vous avez eu recours à un licenciement abusif.
Il se remit devant la foule.
-Ici, tous, vous nous avez mentis pour vos intérêts psychologiques ou personnels. La plupart d'entre vous, ne voulait pas assumer leurs erreurs ou être mêlés à l'affaire.
Harley conclua d'un ton strict.
-Vous êtes une belle brochette de menteurs et d'égoïstes qui ont précipité Carla à commettre l'irréparable. On ne tue pas et on ne change pas de visage en quelques jours sans raisons.
Les bras croisés, elle regarda l'assistance, en larmes, désemparée avec un soupçon de colère. Ils avaient mis les menteurs facent à leur propre vérité. Elle eu une once de fierté. Prête à en terminer, elle finit par lâcher :
-Mais je crois que la meilleure menteuse dans cette affaire, c'est Carla, elle-même.
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