*Sam & Harley*

"Où est Maelle ?!"

"Je n'en sais rien !"

Ces mots se sont répétés encore et encore entre la policière et la criminelle.

De retour à son bureau, Harley défait son chignon pour libérer ses cheveux frisés. Elle enlève légèrement la fermeture de sa jupe. Elle se sent plus à l'aise, la fatigue commence à la gagner après de longues heures d'interrogatoire. Il fait déjà nuit à l'extérieur. Elle s'étale sur sa chaise dans une profonde réflexion...

Les aveux de Carla auraient suffi pour l'accuser au procès. N'importe quel fou clamerait directement : "C'est elle ! Enfermez-la !". Mais il restait encore trop de zones d'ombres dans cette enquête. Où était le cyanure ? Où est Maelle ? Si Carla a empoissonné Thomas, pourquoi avait-elle des tâches de sang ?

L'âme de l'enquêtrice s'enflamme, il était hors de question que cette affaire soit classée trop rapidement. Sam et elle étaient doués et réputés pour mener leur investigation au bout des choses. Cela a amené à de nombreuses moqueries de leurs camarades. Pourquoi s'entêter à trouver le voleur d'un chien ? Ou à coffrer un dealer ? Depuis son enfance, Harley avait cette flamme, cette envie de relever la vérité au monde. Elle admirait la police pour leur courage et leur dévotion. Elle se souvient de sa jeunesse à s'exercer, réviser pour réussir les concours dans les larmes et le sang. Elle avait soif de justice. Elle voulait boire toutes les infamies. Elle aimait son métier plus que tout.

Ses pensées ballade dans ses souvenirs, les premiers ratés en cours, la fierté qu'elle avait ressentie lorsqu'elle avait obtenue son diplôme, une vie mise en parallèle par passion. Elle ne regrettait rien. Même la pire atrocité ne pouvait lui enlever la reconnaissance des familles et la sensation d'être, elle, toujours en vie.

Une main moelle frappe à sa porte et brise sa rêverie. Sam était revenu, il s'installe contre un mur, les bras croisés dans son dos. Harley se redresse en attendant qu'il lance la discussion.

-Je suis allé à la brigade. Ils n'ont rien. Ils se plaignent que notre enquête prend trop d'ampleur. À 22H, Une personne dans un groupe d'ados l'aurait vu partir vers les vestiaires avec une partie de sa robe déchirée. Puis, plus de traces, on ne sait pas si c'est vrai ou si c'est juste un ado qui a voulu se rendre intéressant.

Un long silence s'en suivit. Sam détaille sa collègue. Il remarque sa fatigue pesante.

-Et toi ?

-Tu écouteras l'enregistrement. Elle avoue tout, mais il reste des incohérences.

Il ne cherche pas plus loin. Il verrait par lui même en direct.

-J'ai deux bonnes nouvelles et une mauvaise nouvelle.

-Ha ?

-La première c'est qu'on a enfin accès à la chambre de Carla et à ses échanges téléphoniques. La seconde, je t'invite au resto. La mauvaise, tu es trop moche pour aller y manger.

Harley relève tout de suite sa taquinerie.

-On va chez Brittany ? Je suppose que tu n'es pas assez galant pour m'inviter.

-Si tu en as envie et jamais de ma vie.

-Ça me va.

Sa collègue se relève en souriant et se refait très rapidement une beauté. Si on pouvait appeler refaire son chignon, fermer sa jupe et se rafraîchir le visage, "se faire une beauté".

Sortir de l'office fait un bien fou aux deux compères. Ils avaient l'impression de reprendre leur respiration dans l'océan de l'enquête. La douceur du soir est si agréable... Tous deux se dirigent quelques rues plus loin en regardant les lampadaires éclairé pâlement leur chemin.

Ils arrivent devant un petit restaurant aux allures d'ancien bistro. La façade est garnie de pierre jaunie par le temps, une pancarte en bois traîne devant l'entrée. Ils entrent dans une salle sur deux étages, les murs sont parsemés de vinyle, de pancartes et d'autocollants. Des plantes grimpent sur la balustrade et un air de saxophone se joue en ambiance de fond. Ils montent à l'étage, près de la grande fenêtre donnant sur la rue d'en face. La table où ils s'installent est noire et les bords carrés s'entrelacent sous la forme de plusieurs petites fleurs.

-Ça faisait longtemps. Remarque Harley.

-C'est vrai. Je pense que ça nous fera du bien.

-Tu ne te sortiras quand même pas l'enquête de la tête. La taquine la brune.

-Je sais. Mais j'ai faim.

Les invités se penchent sur la carte, proposant des bagels, des planchas et des burgers.

-Un menu tout à fait sain. Rigole sa camarade. Tu voulais grossir un peu ?

-Je ne grossis jamais. Ajoute-t-il dans sa stoïcité habituelle.

-Heureusement, tu ne rentrerais même pas ici.

-C'est petit et grossophobiste. Tu veux dire que tous les gros ne peuvent pas rentrer ici ?

-Je n'ai pas dit ça.

-C'est ce que tu insinues.

Harley lève les yeux au ciel et pointe son doigt sur l'un des plats.

-Je vais prendre la bière faite maison et un bagel BBQ et toi ?

-Un burger et des frites, je prends la même bière.

La serveuse passe quelques minutes après, ils échangèrent leur commande, elle note tout sur un calepin et disparaît rapidement dans sa tenue ocre. Harley pose sa main sous son menton, les yeux rivés vers la fenêtre.

-Dis-moi Sam. Comment tu étais jeune ?

-Pourquoi tu me poses cette question ?

-Je ne sais pas. Cette affaire, ça me replonge dans de profonds souvenirs.

-Et bien, petit, je devais toujours faire ce que me disaient ma mère et mon père. J'étais un exemple, l'aîné. Je ne devais jamais les décevoir. Beaucoup de gens me trouvaient étrange. Plus tard, j'ai préféré être enquêteur plutôt que de me diriger en prépa. J'étais le meilleur de ma classe. On me surnommait "Œil de Lynx". On aimait bien aussi m'écraser des œufs sur la tête le matin... Mais ça, c'est une autre histoire.

-On est insouciant quand on est jeune.

-On devient trop nostalgique quand on vieillit. Réplique Sam. Ne te fais pas de mouron. Je sais que ton enfance n'est pas jolie jolie. La leur non plus, mais il faut se tourner vers ce que le présent peut nous offrir.

Harley se retourne vers son collègue avec un peu de baume au cœur. Au fond, ils étaient, tous les deux, de bons amis. La serveuse arrive avec les plats, une délicieuse odeur se répand rapidement et fait grogner les estomacs.

-Tu as raison. À notre appétit et à notre présent !

-À tout ce que tu as dis !

-Ça à l'air bon. Tu payes l'addition à la fin ?

-Tu peux toujours rêver ma grande.

...

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