*Harley & Carla*
Pendant ce temps, Harley se dirige vers les cellules d'isolement. Le procureur préférait éloigner Carla puisque toutes les preuves étaient contre elle. De plus, les enquêteurs craignent énormément l'influence de l'entourage ou la fuite. Il y a eu trop de problèmes par le passé.
En arrivant devant la porte, elle l'ouvre avec le trousseau de clé prêté par les gardiens, d'ailleurs, un d'eux se trouve un peu plus loin, pour surveiller les détenus. Les yeux d'Harley se posent sur une petite pièce grise et fade, avec le strict minimum pour qu'une personne puisse vivre. Carla est assise sur un banc, on a troqué ses vêtements pour une tenue de prison terne, ses cheveux blonds sont décoiffés et ses mains sont posées contre ses joues. Ses yeux fixent le vide, elle semble perdue dans ses pensées, jusqu'à ce que son regard se tourne vers la policière.
-Vous venez enfin me chercher ? Épelle t-elle d'une voix morne.
-Oui. Tourne-toi contre le mur.
Certains s'indigneraient de la violence et de l'humiliation qu'est le passage des menottes sur une personne. Mais, c'était obligatoire, trop de gentillesse peut mener à un danger face à un criminel.
Ce métier n'est pas tendre, ce métier ce n'est pas le monde des bisounours. Pense Harley en finissant d'installer les menottes et en sortant la coupable de sa cellule.
Après quelques mètres, les deux personnes se trouvent de nouveau dans la pièce d'interrogatoire. Harley a enlevé une menotte et laisse à Carla une de ses mains libre, si elle avait soif.
La pauvre fille faisait de la peine à voir, ces cernes sont creusées, ces yeux rougis, mais ce qu'admire Harley chez elle, c'est son regard perçant et déterminé qui ne l'a jamais quitté depuis le début de cette affaire.
-Qu'est-ce que vous me voulez encore ? Demande t-elle franchement tout en restant calme. Vous savez très bien que c'est moi la coupable.
Harley joint ses deux mains sur la table.
-Carla, tu sais que ce n'est pas si simple. Il nous faut plus de preuves. Les aveux ne sont pas suffisants.
-J'imagine. Elle lève les yeux aux ciel. Et si je suis ici, c'est parce que vous avez trouvé ces fameuses preuves ? Ou bien, c'est parce que l'enquête piétine ?
L'enquêtrice élude la question afin de poursuivre à l'essentiel.
-J'ai surtout plusieurs questions à te poser. Est-ce que tu veux bien me retracer le parcours du bal ?
-Bah, je suis allée au bal, j'ai dansé et bim bam boum, j'ai tué. Ça vous va ?
-J'aimerai que tu me donnes plus de détails.
Elle reste silencieuse. Le ton de l'enquêtrice devient sarcastique.
-Écoute, tu veux être condamnée ? Très bien. Mais le juge voudra l'histoire complète et pas seulement des "je l'ai tué".
Carla semble réfléchir mais reste de marbre.
-Tu crois que ça fait plaisir à la mère de Thomas de rester dans l'ignorance ?
À ces mots, les yeux de Carla se mettent à briller, comme si, elle venait de réaliser la cinglante réalité.
-Très bien. Souffle t-elle dans un chuchotement. On commence l'histoire à partir d'où ?
-À partir du matin du meurtre.
-J'espère que vous avez le temps. Ça risque d'être long...
Le matin, je suis partie assez tôt, j'avais enfilée un jean bleu et un tee-shirt noir, ainsi que ma veste marron. Je suis descendue, mes parents étaient dans le salon, la mine déconfite, mon frère est décédé le 2 avril, les funérailles ont eu lieu le 6 avril. Nous étions le 28 avril, tout semblait normal sans l'être, cela faisait presque un mois que je n'avais plus vue mes parents sourire. Tous les deux, ils étaient enfermés dans une routine interminable.
Et toi ? Tu avais aussi l'impression d'être coincée dans cette routine ?
Non. Je vivais plutôt des journées à 100 à l'heure sans être vivante à l'intérieur.
Bref, j'ai pris mon sac à main et j'ai informé mes parents que j'allais au travail. Je leur ai un peu menti. Je ne pouvais pas leur dire que j'ai démissionné.
Depuis quand ?
Depuis le 19 avril.
Que c'était-il passé ?
Je préfère d'abord me concentrer sur la journée, si vous le voulez bien.
Très bien.
Je suis arrivée dans la boutique, remontée, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas été. J'avais vraiment peur. Mais je voulais prendre mon courage à deux mains. J'étais tremblante. Je suis arrivée et j'ai interpellé Stéphanie. Je me suis énervée. Je lui ai dis qu'elle avait été horrible, qu'elle m'avait traitée comme un chien, que j'avais donné mon maximum pour elle, mais qu'elle n'en avait rien à faire que mon frère soit mort. Ce qu'elle voulait, c'était que son commerce tourne. Si elle ne m'offrait pas la prime de départ, mentionné dans sa convention collective, j'étais prête à dévoiler ces manigances à la justice.
Elle l'a mal pris, normale, Stéphanie a toujours été condescendante avec moi. Elle m'a traité de menteuse et m'a dit de partir sinon elle appellerait la police. Sur le coup de l'énervement, j'ai foutu un de ses rayons au sol. Il faut me comprendre, elle a vraiment été une tirante avec moi. J'ai été beaucoup trop gentille pendant des mois. Je suis ensuite partie.
J'ai prévenue mes parents que j'allais réviser avec Joshua et Thomas. Ce n'était pas tout à fait vrai. Je ne voulais pas les inquiéter.
Pour remettre dans le contexte, Maelle sortait avec Thomas. Ce dernier, l'a bien entubé et l'a ensuite trompé avec Lou. Lou... C'était notre meilleure amie... Mais elle n'en avait peu à faire de ce qu'elle avait fait... Elle remettait tout sur le dos de Maelle...
Je savais que les garçons étaient ensemble. Je suis allée chez eux. Cette histoire posait aussi des problèmes dans notre couple à moi et à Joshua. Je lui en voulais aussi, j'avais l'impression d'être seule face à la mort de mon frère.
Je suis montée et j'ai frappé à la porte. Joshua m'a ouvert, une clope à la main, agacé, il m'a tout de même laissé entrer.
Thomas était affalé sur le fauteuil, la télé tournait en fond sur un match de tennis.
Je leur ai dit que j'avais besoin de leur parler. Ils étaient irrités, mais ils ont accepté de m'écouter.
J'ai demandé à Thomas pourquoi il avait fait ça à Maelle, qu'elle avait été extrêmement blessée et qu'elle l'aimait encore. J'ai été choquée par ses paroles. Il disait qu'il était sortie avec elle seulement pour s'amuser et que c'était pareil avec Lou. Il me racontait qu'il ne voulait pas de relation sérieuse et qu'elle le savait. Selon lui, elle était trop nianiante, trop fleur bleue, trop fragile. Il a préféré changer pour une Lou plus amusante, plus rusée, plus attrayante.
Je suis restée bouche bée, Joshua prenait sa défense. Le ton a monté, je lui ai demandé si ça lui aurait plus si j'avais fait la même chose. Il m'a dit que je n'étais pas assez affirmée pour le faire et que j'étais comme Maelle, sans caractère et maléable. Il a insisté que mon frère prenait trop de place dans notre couple. C'était trop, je l'ai giflé et je suis partie en larmes.
En sortant, j'ai reçu un message de sa part. Si je ne m'excusais pas. C'était finit entre nous.
Mon âme était encore plus brisée, mes mains tremblaient beaucoup. Je ne lui ai pas répondue, il était déjà 16h. Je n'avais rien mangé de la journée et je n'avais pas faim. Je suis allée au mémorial des Travailleuses. Très peu de gens y vont et j'adore cet endroit. Il est si calme... Je me suis assise et j'ai pleuré longtemps. Je suis ensuite rentrée. Mes parents n'ont bien sûr rien remarqué.
Après, j'ai envoyé un message à Lou et à Maelle. J'en voulais à Lou, mais j'espérais tellement vous savez... Nous devions nous retrouver pour le bal, ce soir, peut-être que tous serait différent ? Peut-être que j'arriverai à me changer les idées ? À être enfin normale ? J'ai mis une robe bleue, j'avais l'impression d'être dans le compte de Cendrillon. Avec un peu de baume au cœur, je suis descendue pour rejoindre mes amies au coin de la rue.
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