∆Chapitre 4∆
Poca entraîna John par la main dans la forêt, s'y engouffrant toujours plus. Une vingtaine de minutes plus tard Poca déclara :
- C'est ici, viens !
Il ne lui laissa même pas le temps de répondre qu'il le tira vers le saule pleureur devant eux. Ils passèrent à travers son épais manteau de feuilles, avec Meeko et Flip non loin, et montèrent sur le bois dur de l'arbre. Ils étaient assis sur un tronc coupé comme si cette place avait été créée spécialement pour eux.
- Et donc... qui sommes nous sensés rencontrer ? Demanda John confus.
- Attends... Regarde... là, lui chuchota Poca à l'oreille tout en souriant malicieusement.
John regarda alors l'écorce de l'arbre devant lui, et elle se déformit soudainement devant ses yeux ! Elle prit la forme d'un visage ! Puis elle disparut au cri de frayeur de John.
- Poca, Poca !! Tu as vu ? J'ai halluciné ? Lui demanda-t-il appeuré.
- Regarde encore vas-y !
John s'exécuta mais sceptique. Il observa de nouveau l'écorce de l'arbre, et elle se retransforma sous ses yeux pour reprendre la même apparence qu'avant.
- Poca, murmura John, tu vois ce que je vois ...? Il parlait à voix basse pour ne pas se faire entendre de l'arbre.
- Jeune homme ! Ce n'est pas bien de faire des messes basses !
John sursauta, surpris. Poca lui, rigolait à pleines dents trouvant la situation très drôle.
- John, je te présente grand-mère feuillage, c'est l'esprit de notre forêt.
- Enchantée John, alors comme ça tu es nouveau par ici ?
Cela faisait très bizarre d'entendre un arbre parler, et encore plus de lui répondre comme si c'était normal.
- Oui je suis arrivé ici avec notre équipage...
- Poca, je dois avouer que ce jeune homme est très agréable à regarder !
Le concerné rougit de la remarque et Poca lui rougissait d'embarras. Il le savait bien qu'il était vraiment bel homme...
- Madame, je vous remercie du compliment, cela fait toujours plaisir... Même si ce n'est pas très habituel de se faire complimenter par un arbre ! S'exclama-t-il en riant légèrement.
- Une expérience de plus dans ta courte vie mon garçon, profite de tout ce qui se présente à toi. Et Poca ne lâche pas ce garçon, il est précieux !
- Grand-mère !! Tu me gènes !
- Eh bien Eh bien, on dirait que tu as perdu ton courage habituel. Tu n'es plus aussi fier en sa présence, je me trompe ?
Poca n'osa rien répondre, pris d'un trop grand embarras. John quant à lui s'amusait de la situation.
Meeko s'approcha de John et alla fouiller dans son sac, il en sortit une boussole et la mordilla avant de voir que ça ne se mangeait pas.
- Ah non ce ne sont pas des biscuits ça !
Meeko tapa alors l'objet contre le bois de l'arbre avant de s'en lasser. Il alla alors dans son repère avec et la déposa dedans, au milieu de ses nombreuses trouvailles déjà présentes.
John gromella un "tu peux la garder!" En voyant qu'il ne comptait pas la lui rendre, et Poca se moqua de lui.
Ils continuèrent à parler pendant au moins une heure avec grand-mère, puis décidèrent de changer d'endroit et de se promener tous les deux. En bref, ils voulaient être rien que tous les deux.
Ils saluèrent l'arbre et se mirent en chemin.
- Alors, j'imagine que cela à dû te faire un choc ? Demanda Poca.
- Oh oui... Ce n'est pas tous les jours qu'on parle à un arbre de plus de 300 ans comme à un ami. C'était... étrange mais j'ai apprécié de découvrir un peu plus de ton monde Poca.
- Avec plaisir, John. Dit-il en rougissant légèrement.
John voyant sa réaction s'arrêta sur le chemin de terre, et Poca s'arrêta quelques pas plus loin.
- Que fais tu ?
- ... J'ai envie de t'embrasser Poca...
L'information prit quelques secondes avant d'arriver au cerveau de ce dernier. Puis les rougeurs sur son visage s'intensifièrent brusquement. Il avait très bien compris ses paroles, et il devait avouer que lui aussi en avait envie...
- Hum... on va s'assoir là bas... ? Il pointa un coin d'ombre près d'un petit cours d'eau.
John le suivit d'un pas traînant en pensant s'être fait rejeté.
Mais lorsqu'ils s'assirent Poca le tira par le col de sa chemise et vint poser ses lèvres sur les siennes dans un geste des plus doux. John prit quelques secondes pour réaliser ce qui était en train de se passer que déjà le baiser était fini.
- Je suis dé-
Poca n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que John reprit d'assaut ses lèvres. Leur couleur chocolat le faisait littéralement fondre, il avait l'impression de goûter à une fève de cacao.
Il mouva ses propres lèvres contre les siennes, puis les suça et les mordit sans pour autant essayer de passer sa langue dans sa bouche. Ils n'avaient pas besoin de presser les choses.
Quand ils n'eurent plus d'air John se résigna à quitter son petit cocon de douceur. Il se recula un peu pour l'observer et vit que ses lèvres avaient un peu gonflé, sûrement parce qu'il les avait mordillé à plusieurs reprises. Il avait également les yeux brillants et il le regardait comme s'il était devenu une pierre précieuse.
- Poca, ne t'excuse surtout pas. Tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit. J'espère seulement ne pas t'avoir brusqué en m'imposant de la sorte.
- Non ... Pas du tout... J'ai aimé ça... Sans m'en rendre compte j'étais déjà en train de t'embrasser... je n'ai jamais ressenti cela auparavant tu sais... C'est la première fois que je ressens une telle chose au fond de moi...
- Je pense que tu parles de désir Poca, et c'est une chose naturelle tu sais... tu n'as rien à craindre, je ne ferai jamais quelque chose qui puisse te déplaire, et si c'est le cas je te prierai de me le dire sur le champ.
- Du désir... ? Je n'ai jamais ressenti cette sensation avant de te rencontrer tu sais. C'est vraiment une sensation nouvelle pour moi...
- Ne t'en fais pas, nous irons à ton rythme, rien ne presse.
Pour confirmer ses paroles il rapprocha à nouveau son visage du sien mais cette fois ci il déposa ses lèvres sur son front pour y déposer un tendre baiser. Poca rougit d'embarras, mais il était si heureux à ce moment. John lui faisait ressentir tellement de nouvelles choses en lui qui lui étaient jusqu'à lors inconnues.
Ils restèrent ainsi, couchés sous ce coin d'ombre pendant au moins une heure, voire plus. Ils étaient réellement bien ici, paisibles avec le bruit de l'eau juste à côté. Ils se câlinaient et s'embrassaient assez innocemment, enfin comparé à ce qu'ils pouvaient réellement faire.
De l'autre côté de la forêt au camp des anglais, il y avait Thomas, le petit homme timide qui faisait son possible pour aider dans toutes les tâches malgré sa maladresse. Les autres hommes le traitaient un peu comme un petit frère, mais sans le materner pour autant. Il devait faire la même chose que les autres sans traitement de faveur.
Il avait d'ailleurs commencé à prendre Smith pour son modèle. Il voulait qu'il lui apprenne ce qu'il pensait indispensable, et qu'il lui apprenne surtout à tirer sur les sauvages, comme ils les appelaient tous !
Mais étaient-ils si dangereux ? Thomas ne connaissait rien de ce monde alors il ne pouvait pas en juger par lui même.
En fin d'après midi lorsque Smith revint au camp, certains lui demandaient où il était encore passé, et à chaque fois il répondait la même chose " j'étais parti explorer les environs". S'il continuait ainsi il connaîtrait l'île par cœur en une semaine. Alors il devait forcément avoir déjà vu au moins un de ces soi disant sauvages. Quand les autres hommes le lâchèrent, il se dirigea vers lui d'un pas incertain.
- Oh Thomas tu es là ! Qu'est ce qui t'amène ?
- Hum... Est ce que tu pourrais m'apprendre à tirer au fusil, s'il-te-plaît ?
- Bien sûr, viens je vais te montrer comment faire.
Il l'entraîna un peu plus loin du camp, à l'abri des regards indiscrets. John positionna le fusil contre l'épaule du garçon puis se plaça derrière lui.
- Tu vois tu dois le tenir comme ça, fermement, et après tu ne bouges plus.
- Je vise.
- Et tu ouvres les deux yeux quand tu tires. Vas-y.
Thomas s'exécuta et tira en pleins dans l'écorce d'un arbre en face, à une dizaine de mètres d'eux.
- J'ai réussi ! merci John !
- De rien, ce n'est rien tu sais, dit-il tout en rigolant.
Il mit sa main dans les cheveux du plus petit et les ébouriffa gentiment. Lui aussi le traitait comme un petit frère.
- Viens on va rejoindre les autres maintenant.
Ils se dirigèrent ainsi vers le camp, maintenant abrité par de grands rondins de bois qui formaient une gigantesque palissade, les protégeant ainsi d'une éventuelle attaque.
À l'opposé du camp, à l'autre bout de la forêt Poca était lui aussi retourné à sa tribu. Mais cette fois ci avec le sourire plaqué aux lèvres. Mais pour ne pas paraître louche il se devait de garder une expression neutre. Dans ses tentatives, il se fit interrompre par Kocoum, arrivant de nulle part comme à son habitude.
- Que fais tu Poca ? Et où étais tu passé toute l'après midi ? J'ai bien remarqué en rentrant de la chasse avec les autres que tu n'étais pas là. Tu étais encore en train de courir dans la forêt seul ?
- N-... oui j'étais me balader dans les bois, j'ai d'ailleurs vu beaucoup d'animaux aujourd'hui.
Il avait failli lui répondre que non il n'était pas seul dans les bois, mais il aurait été démasqué !
- Oh Poca... Combien de fois faudra-t-il donc que je te le répète... S'il devait t'arriver quelque chose...
Il ne termina pas sa phrase mais Poca put discerner dans son regard de l'inquiétude, et autre chose qu'il ne savait définir...
Kocoum détourna le regard quelques secondes après et se racla la gorge puis reprit son expression habituelle, celle qu'il s'efforçait de montrer à tout le monde. Le seul qui arrivait à le perturber de la sorte était Poca.
- Aller, rentrons à présent.
Poca soupira de lassitude, avant de le suivre malgré lui. C'était son ami après tout, il ne faisait que s'inquiéter pour lui se disait-il.
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Hello, nouveau chapitre ! N'hésitez pas à me donner votre avis surtout !
À la semaine prochaine 😘
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