Chapitre 9

Lundi :

Je me réveille, sans le goût du sable cette fois. Il est tôt, environ 7h. Hors c'est clairement pas mon habitude de me lever à cette heure pendant les vacances. J'essaye donc de me rendormir, mais je n'y arrive pas : je ne tiens pas en place, je tourne dans tous les sens, teste toutes les positions possibles, mais rien. Je décide alors de me lever. Je descends et vois mon père déjeuner. C'est plutôt rare car nous ne petit-déjeunons presque jamais ensemble puisqu'il est très matinal et moi non.

- T'es tombée du lit ?
- J'arrivais plus à dormir.

Il sourit légèrement et me sort un bol. Je m'assois à côté de lui et prends mon petit-déjeuner.

- On ne te voit pas souvent en ce moment.
- Oui, c'est vrai.
- Ce n'est pas plus mal. Il faut que tu t'amuses. Tu es jeune. Et puis surtout, ne te prends pas la tête.
- Je ne compte pas le faire. Je m'amuse et je profite.
- Bon et bien, si tu es heureuse c'est tout ce qui compte.

Il sort de table et se prépare pour sortir. Il s'en va, me laissant seule dans un silence pesant. Je monte m'habiller sans faire de bruit et prends ma balle de basket, ainsi qu'un sac. Je quitte la maison discrètement et marche en direction du terrain de basket. Il n'y a personne, ce qui m'arrange bien. Je suis mal à l'aise quand il y a du monde. Je pose mes affaires et m'échauffe, avec toutes les blessures que je me suis faite, je ne veux prendre aucun risque. Je suis capable de glisser et de me péter une cheville. Je commence ensuite par quelques shoot pour me mettre dedans. Les premiers ne sont pas fameux mais plus je tire plus ça rentre.

J'enchaîne ensuite avec quelques mouvements de dribble histoire d'améliorer mon agilité avec le ballon. Mon petit entraînement m'a quand-même fait pas mal transpirer mais je n'en ai pas eu assez. je décide donc de faire le chemin du retour en courant. Je cours d'une allure assez rapide par rapport à mes joggings habituels. Je ne prends que quelques minutes pour arriver le souffle court, complètement épuisée.

Ma mère qui prépare le repas me regarde avec un léger sourire pendant que mon frère joue au foot dans le jardin.

- Coucou ma fille, va prendre une douche, on mange tout de suite après. Ton père est parti à Lorient et il ne revient que ce soir. Comme tous les ans, il va à la cité de la voile.
- D'accord, j'essaye de faire vite.

Je file donc à la douche et m'habille autrement qu'avec un short de basket. Un short en jean et un débardeur feront l'affaire.

Après le repas, je reçois un message d'Alia.

Message d'Alia :
Retrouve moi sur la place au centre ville, c'est urgent. Prends ton vélo.

Le message d'Alia m'inquiète et je décide de me dépêcher la rejoindre.

- Maman, je dois rejoindre Alia. À ce soir.
- Fais attention à toi.

Je lui souris et sors. Mes parents ne prennent même plus la peine de me demander où est-ce que je vais, ils savent que je vais vadrouiller. Je prends mon vélo et roule jusqu'à la place. Ils sont tous là, sauf Arthur et Emma.

- Ah super, t'es là, me dit Evan.
- Qu'est-ce qu'il y a de si important ?
- Emma a disparu, dit une voix grave qui n'était ni celle d'Evan, ni celle de Tony.

Je me retourne et fais face à Arthur. Lorsque je le regarde c'est un sentiment de colère qui monte en moi. Je lui en veux tellement. Alors que j'essaie de garder mon calme, Evan reprend la parole.

- Oui donc comme Arthur vient de le dire, Emma a disparu. Enfin, on ne sait pas où elle est. Elle n'est pas rentrée chez elle depuis la soirée. Ce n'est pas son genre de ne donner aucune nouvelle.
- Peut-être qu'elle s'en veut, dis-je d'un ton qui se veut assez méchant.
- Justement, elle peut faire une connerie ou elle est peut-être tombée sur une mauvaise rencontre. Je sais qu'elle n'a pas bien géré les choses mais ça ne veut pas dire qu'on doit la laisser tomber. Donc il faut absolument qu'on la retrouve, qu'on sache au moins si elle va bien.
- Et t'étais obligé d'appeler l'autre crétin, dis-je en regardant Arthur avec plein de haine.
- Ah bah merci, répond celui-ci.
- Arrêtez vos gamineries c'est pas le moment ! Plus on est, plus vite on la retrouvera. Donc on se sépare pour couvrir plus de terrain et aller plus vite. Alia et Léna, vous allez au niveau du port. Emily et Tony vous faites le centre-ville et Arthur et moi on fait la côte. À mon avis elle ne pourrait pas être ailleurs, elle n'aime pas trop les endroits isolés.

Emily et Tony se pressent en direction des rues remplies de boutique et de bars du centre-ville. Arthur et Evan s'en vont vers la côte tandis qu'Alia et moi montons sur mon vélo pour chercher au niveau du port.

À vrai dire je regarde sans grande attention. Je me demande vraiment comment on peut trouver une personne dans une foule pareil. Entre les pêcheurs, les marchands et les vacanciers, autant vous dire que c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

- Tu crois que c'est mal si je souhaite qu'elle ne revienne pas ? Je veux dire, je ne veux pas qui lui arrive quelque chose mais je me porterais mieux si elle ne traînait plus avec nous.

Alia me regarde stupéfaite.

- Ce n'est pas à elle que tu dois en vouloir. Elle ne savait pas qu'il y avait quelque chose entre vous. Même si elle pouvait le deviner, rien n'était officiel.
- Oui c'est vrai, t'as raison. C'est plus facile de lui en vouloir que de me remettre en question.

Un appel d'Evan met fin à notre conversation.

- Allô?
- On a retrouvé Emma, dit-il d'une voix tremblante, pas vraiment rassurante.
- D'accord on arrive, vous êtes où?
- À la plage de la soirée.

Je raccroche, explique rapidement qu'ils l'ont retrouvé à Alia puis nous roulons inquiètes jusqu'à la plage. Arrivées, je vois Arthur et Evan au loin, assis à côté d'une silhouette allongée. Plus j'avance, plus la silhouette se dessine et plus ce que je redoutais devient réel. Je déglutis difficilement, mes pas sont lourds et lents. Est-ce que je veux vraiment voir ce qu'il se passe là-bas? Je ne devrais pas plutôt courir loin d'ici?

C'est complètement sous le choc que nous découvrons le corps inanimé d'Emma.

Alia me rejoint et s'effondre dans mes bras face à l'horreur qu'elle a sous les yeux. Je la sers fort contre moi et vois au loin Tony et Emily arrivés. Cette dernière arrive en pleurs et tombe près du corps de sa meilleure amie. Tony pleure aussi. Moi non. Je suis choquée et triste mais je n'arrive pas à pleurer. Ça me met mal à l'aise car tout le monde pleure, sauf moi. J'ai l'impression d'être une horrible personne mais je ne la connaissais pas beaucoup et honnêtement on était loin d'avoir beaucoup d'affection l'une envers l'autre. Je rêve ou je suis en train de me trouver des excuses? Je suis vraiment la pire amie qui soit.

Evan, en tant que grand leader, s'exprime.

- Il faut qu'on appelle la police.

Tout le monde hoche la tête comme signe d'approbation sauf Arthur, qui se décide à dire quelques mots.

- On peut pas les appeler.
- Ah ouais, et pourquoi? On vient de trouver le corps de notre amie et toi tu ne veux rien dire? dis-je sévèrement.
- Regardez son crâne dit-il en montrant celui-ci. Elle a une grosse entaille, elle ne s'est pas fait ça toute seule.
- Donc monsieur est devenu un expert en criminalité? C'est peut-être un simple accident.
- Oui peut-être, mais tu diras quoi quand la police va t'interroger ? Que ce soir là t'étais ivre, que t'avais qu'une envie, c'était de la tuer et la meilleure, c'est que tu ne te rappelle rien de cette soirée ?

Je ne sais pas quoi répondre à ça. Je le regarde, comme une idiote, sans pouvoir dire un mot. Il a totalement raison, on peut vite me soupçonner de meurtre. Je regarde les autres, implorant leur silence du regard.

- On peut tous être soupçonnés, dit-il. À ce que je sache, personne ne se rappelle de ce qu'il s'est passé ce soir là. Et moi le premier.
- Oui donc on fait quoi alors, on va pas la laisser là, dit Evan.
- On parle de ma meilleure amie là. Il faut la ramener à ses parents, dit Emily.
- D'accord, alors tu expliqueras qu'on a peut-être tué leur fille, réplique Arthur.

Elle ne répond pas. Nous étions tous assis, face au cadavre d'Emma.

Arthur se lève.

- Faut qu'on l'enterre.
- T'es sérieux ? Donc tu comptes vraiment la faire disparaître? Dis-je déconcertée.
- Une autre proposition peut-être, madame je sais tout?

J'avoue qu'il n'a pas tort mais on parle quand-même de cacher le cadavre d'un être humain ! Sur le coup, j'ai les idées complètement embrouillées, j'ai tellement peur des conséquences surtout que je suis clairement la suspecte numéro 1.

Les autres commencent à se lever un par un. Je ne comprends même pas comment il a pu nous convaincre aussi facilement.

- Ok, il y a une forêt juste à côté, propose Arthur.

Les garçons prennent le corps sans vie comme ils le peuvent et nous courrons tous vers cette fameuse forêt. Je ne sais pas comment ils font pour la toucher, je ne veux pas paraître insensible mais c'est vraiment dégueu. Sur le chemin nous prenons bien soin de regarder si personne ne nous a vu, et heureusement, cet endroit n'est pas trop fréquenté.

Assez enfoncés dans les bois, ils s'arrêtent et la posent au sol.

- Comment vous compter creuser? Les questionnais-je.
- Avec les moyens du bord, répond Arthur froidement.

Arthur se met à genoux et commence à creuser à l'aide de ses mains. Heureusement la terre un peu humide, ce qui lui facilite la tâche. On se regarde tous puis Tony et Evan s'y mettent à leur tour. Emily passe son temps à sangloter, j'aimerais la réconforter mais je pense que je ne suis pas vraiment la personne qui lui faut à ce moment précis. Après de longues minutes, un trou assez long et large se forme. Il est assez profond aussi.

Nous nous échangeons des regards sans dire un mot. Ce que nous nous apprêtons à faire est vraiment cruel. Tout ça pour se protéger nous mêmes. Notre devise est : "on n'avait pas le choix". Tony porte alors Emma et la dépose dans le trou. Il nous faut quelques instants avant d'enfin commencer à reboucher le trou qui sert de tombe à notre amie.Je n'arrive pas à croire que j'ai participé à ça. C'est inhumain ce qu'on vient de faire. Nous restons quelques minutes sans dire un mot, nos regards sont perdus. Comment vais-je faire pour vivre avec ça? Et si jamais quelqu'un découvre le corps? Pourquoi il faut toujours que je sois dans les plans foireux? C'est même plus foireux là c'est juste horrible. Les garçons, pleins de terre, sont les premiers à partir. Emily les rejoint quelques secondes plus tard.

Je ramène Alia dans le plus grand des silences. Arrivées devant chez elle, elle me regarde enfin. Des larmes coulent sur ses joues.

- Je ne veux pas rester seule chez moi. Mes parents ne reviennent pas avant demain, me dit-elle, larmoyante.
- Eh chut, ça va aller, lui dis-je en la prenant dans mes bras afin de la rassurer. Tu vas venir chez moi.

Je l'emmène donc avec moi. Je préviens mes parents comme quoi nous n'avons pas faim puis nous montons.

Elle s'installe sur mon lit. Chacune vaque à ses occupations. Ce n'est clairement pas la plus grande conversation que nous aillons eu. Elle écoute de la musique puis s'endort instantanément, au-dessus de la couette et encore habillée. Je décide de lire car je sais que je n'arriverais pas à dormir. Au bout d'une heure, Alia commence à gigoter puis se met à crier. Je la prends dans mes bras, ce qui la réveille.

- Eh je suis là, tout va bien, dis-je d'un ton rassurant.

Nous restons comme ça un bon bout de temps. Après quelques minutes elle finit par s'écarter de moi.

- Léna? J'ai faim, me dit-elle en me regardant avec sa petite bouille trop mignonne.
- Tu veux quoi?
- Une pizza.
- Désolé mais j'ai pas de pizza moi.
- Tant pis, dit-elle en levant les yeux au ciel, histoire de me faire culpabiliser.

Elle se retourne et m'ignore. Non mais je rêve, depuis quand je suis obligée d'avoir des pizzas chez moi?

- Attends-moi, je reviens dans 30 minutes, lui dis-je.
- Quoi ?!
- T'inquiète je gère.

Sans la laisser ajouter quoi que ce soit, je mets mes chaussures ainsi qu'une veste et ouvre la fenêtre. Je passe par le même chemin que la dernière fois et pars en direction de la pizzeria. Je commande, puis rentre. Je repasse par le toit et m'engouffre par la fenêtre. Alia me regarde avec de grands yeux.

- T'es une grande malade.
- Votre repas est servi mademoiselle.

Elle rit puis nous mangeons notre pizza sur le lit. Après ça, nous décidons d'aller nous coucher. Je me mets en pyjama sous le regard d'Alia puis lui passe un de mes t-shirt. Je m'endors donc aux côtés d'une jolie brune vêtue d'un simple t-shirt et d'une culotte.

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