Mardi :

"DEBOUT !!!! ON SE RÉVEILLE !!!!"

J'ai à peine le temps d'ouvrir les yeux que Nathan saute sur le lit en criant.

- C'est une blague là ? Il est quelle heure ? Je demande, complètement paniquée.
- Onze heures. Aller dépêche-toi, on se réveille !
- Oui c'est bon ! Dégage !

Je lui envoie le coussin dans la tête et il part directement en courant.

Je déteste vraiment ces réveils-là. En même temps, je ne connais pas grand monde qui aimerait être réveillé comme ça. Pourquoi tant de violence? C'est pas compliqué de me réveiller avec des câlins et des bisous.

Je me lève doucement et descends, les cheveux en bataille et toujours en pyjama.

- Hello le peuple !
- Bonjour ma fille. Alors comme ça on fait la marmotte ?
- J'en avais besoin. Par contre la prochaine fois que le nain fait ça, je l'étripe.

Ma mère me sourit et repart à ses occupations.
Je regarde le salon de long en large espérant trouver une trace de mon père, mais rien. Personne.
Il doit sûrement se balader.

Mon téléphone vibre. Je regarde l'écran. Six messages. Tous d'expéditeurs différents.

Evan :
Go faire un paintball cet aprèm', tu ramènes tes fesses ?

Tony :
On fait une aprèm paintball tous les ans, tu te joins à nous ?

Emily :
Tu viens au paintball avec nous ?

Arthur :
Bonjour princesse. Ça te dit un petit paintball cet aprèm ? Sauf si t'as peur de te faire éclater.

Emma :
On va tous au paintball cet aprèm. Tu viens ?

Alia :
Coucou chou. On se fait un petit paintball cette aprèm. T'as intérêt à venir.

Dit donc, six demandes, je crois qu'on m'apprécie. J'avoue que je me sens pousser des ailes.

Je souris face à ces messages et y réponds.
Je monte donc m'habiller. Je prends des vêtements qui ne craignent rien, une bouteille d'eau et m'attache les cheveux. Je suis vraiment habillée comme un sac poubelle, la honte.

Après le repas, Tony vient me chercher devant chez moi. Il est le seul à être majeur, et donc, le seul à avoir le permis.

Il gare sa camionnette blanche devant chez moi et ouvre la fenêtre.

- Tu te dépêches oui ! On va être en retard.
- Oh t'abuses, je suis en avance pour une fois.

Il rit et pour la première fois, je remarque son joli sourire. Ses dents blanches sont parfaitement alignées.

J'entre dans la voiture et lui dis bonjour. Je vois alors qu'il n'est pas mieux habillé que moi ; lui qui est si soigneux d'habitude.
Il va d'abord chercher Emma puis Emily. Les filles s'installent dans le coffre de la camionnette. Tony continue de rouler et s'arrête devant une immense villa, très bien entretenue.

Il klaxonne un coup et Evan, Alia et Arthur apparaissent. Ils sont tous les trois avec de vieux jogging ainsi que des t-shirt tachés.
Alia monte dans le coffre et Evan se met à côté de moi, étant donné qu'il y a trois places devant.

- Ah non, je ne monte pas derrière avec les nanas ! lance Arthur.

Il me regarde alors avec un regard suppliant.

- Je te laisse ma place à une seule condition : ce soir tu m'accompagnes à la soirée au port. Mes parents y vont et je suis obligée d'y aller.

Il soupire mais accepte finalement la proposition.

Je vais donc dans le coffre avec les filles. Nous faisons environ 45 minutes de route avant d'arriver. La voiture s'arrête et Evan nous ouvre. Je descends et aide Alia.

Je regarde autour de moi et vois le terrain de paintball. Il est immense.
Un animateur nous prépare et j'ai vraiment l'air ridicule dans la combinaison. Mais nous avons tous l'air de crétins donc nous nous soutenons.

Pour la première partie, on se met tous ensemble contre un autre groupe de jeunes, un peu plus âgés que nous je pense. Le but est de prendre le drapeau de l'équipe adverse et de le ramener jusqu'à son camp sans être touché.
La partie commence et je cours partout sans vraiment savoir où aller.

Je touche quelques personnes mais reste plutôt cachée. Je suis sur une sorte de colline, je protège notre drapeau.

C'est là que je vois Arthur courir avec le drapeau adverse qu'il fallait piquer il court vraiment n'importe comment en évitant les balles. Il revient à la base avec et met fin à la partie.

Pour la seconde partie, on décide de se séparer. Je me mets avec Evan et Arthur. Je suis donc plutôt confiante, j'ai de bons coéquipiers. Je décide de suivre Evan pour, cette fois, ne pas être perdue.

Nous trouvons une bonne cachette et nous tirons sur les autres sans qu'ils nous remarquent. C'est clairement un kiff cette cachette : on voit les gens rager parce qu'ils ne savent pas d'où on les touche. Je vois alors dans mon champ de vision Alia. Oh oui, je ne vais pas rater cette occasion. Je vise. Puis je tire.

Boum ! Dans ses fesses !

Elle lâche un petit cri puis se met à râler. Voir sa réaction me fait rire et je lâche un petit ricanement. Discrète comme je suis évidemment, ce rire n'est pas passé inaperçu. Elle tourne la tête et remarque alors notre cachette.

- Il y a deux rouges dans la petite cabane ! Crie-t-elle.

Merde ! Evan se tire en courant sans penser à moi. J'essaye de le suivre mais le perds rapidement. Je suis totalement perdue. Je le cherche du regard mais ne vois personne.
Soudain, quelqu'un plaque sa main sur ma bouche et me colle contre un arbre. C'est Arthur. Il me regarde de ses grands yeux bleus. Il enlève sa main de ma bouche puis me sourit. Je fonds complètement. Il est si proche de moi. Nous voyons passer quelques personnes de l'équipe bleue puis je tourne la tête pour voir s'il y a quelqu'un. Lorsque je retourne la tête, il n'est plus là.

Je fais donc cavalier seul et me cache derrière les arbres. Emily me repère et me court après. Heureusement qu'elle n'est pas douée. Je cours comme une tarée sans même savoir où aller. Je décide de prendre le virage et boum !

J'ouvre les yeux doucement et aperçois Alia, sur moi. Elle me regarde toute sonnée puis sourit.

- Ça va ? Pas trop mal ? me demande-t elle.
- Non ça va, je suis un bonhomme.

Elle me sourit puis se relève. Je me lève à mon tour et la regarde pendant quelques secondes. Elle ne bouge pas. Moi non plus.

- Ouais on a gagné !

Arthur me saute dessus ce qui me sort de mes pensées.
Nous sortons du terrain, nous nous regardons tous et nous remarquons que nous sommes tous pleins de peinture. Heureusement que nous étions protégés par les combinaisons. Il n'empêche que j'ai quand-même de la peinture sur mes chaussures et dans mes cheveux. J'enlève le masque ainsi que la combinaison.

Il n'est que 16h mais nous décidons de rentrer. Tony nous ramène. Il me dépose devant chez moi et me dit au revoir.

Merde, la porte est fermée. Je force un peu mais rien : elle est bien fermée. J'appelle donc mes parents.

- Allô ?
- Vous êtes où là ? La porte est fermée et je n'ai pas de clé.
- On est à la plage, rejoins-nous.
- Ah non, je suis dégoûtante là j'ai besoin de prendre une douche et de me changer.
- Bah tu vas nous attendre alors.
- C'est une blague là j'espère ?! Je ne vais pas rester comme une mongole devant la porte ! Envois Nathan.
- Déjà tu vas te calmer, je ne suis pas ta pote. Nathan arrive.

Je raccroche et attends mon frère. Bon j'avoue, j'ai abusé. Ça ne va pas me tuer d'attendre. C'est juste que je ne me sens pas bien quand je suis aussi sale. Puis, j'ai rien pour faire passer le temps. Je le vois arriver. Il a les jambes couvertes de sable et les cheveux trempés. Il me donne les clés puis repart.

À peine rentrée, je vais à la douche. Je monte ensuite m'habiller, étant donné que la seule salle de bain de la maison se trouve au rez-de-chaussée. Je me coiffe, me maquille et change aussi au moins 30 fois de tenue. Je ne veux pas en faire trop pour ce soir mais c'est vrai que je veux quand-même me faire jolie. Je ne connais pas beaucoup Arthur mais il me plait de plus en plus.

Lorsque j'ai enfin trouvé la tenue, je regarde mon téléphone.

Message d'Arthur :
Je passe te chercher ou on se rejoint là-bas ?

Olala je n'ai vraiment pas envie que mes parents voient Arthur sinon je vais avoir droit à un interrogatoire. Et connaissant mon père qui va vouloir le tester, il risque de le faire fuir.

Message pour Arthur :
Je préfère qu'on se rejoigne là-bas.

Je pose mon téléphone et entends mes parents rentrer.

- Léna, on prend nos douches et on va à la fête. On mange sur place.
- D'accord, moi je suis prête.

Après les préparations de tout le monde, nous partons enfin. Nous arrivons au port et je remarque que c'est rempli de vieux, genre vraiment. J'ai l'impression d'entrer dans une maison de retraite.

Malgré ça je vois quand même au loin Arthur. Il ne m'a pas vu. Je décide de laisser mes parents et rejoints Arthur discrètement. Je me mets derrière lui pour mettre mes mains sur ses yeux.

Il se retourne et sourit en me voyant.

- Coucou princesse, tu es super jolie.
- Merci, dis-je gênée
- Écoutes, m'en veut pas mais j'ai invité les autres. On va vraiment se faire chier ici que tous les deux. Non pas que je n'aime pas les personnes âgées, mais disons que l'ambiance ne va pas être à son max. Du coup si tu veux bien, on les rejoint à 22h mais en attendant, on a le temps pour une petite danse.

Il me prend par la main et m'emmène sur la piste. La musique est douce. Elle est faite pour un slow. Mes bras se mettent automatiquement autour de son cou. Il me prend par la taille et se colle à moi. Ses yeux m'observent ce qui me perturbe fortement. Je mets donc ma tête dans son cou histoire d'éviter son regard. Au début, je me sens légèrement gênée mais plus ça va et plus je me laisse aller. Maintenant je me sens bien, j'aime être contre lui. Franchement j'ai clairement l'impression d'être dans un film. Vous savez, quand deux personnages dansent et qu'on a l'impression qu'ils sont seuls. Bah là c'est exactement ce qu'il se passe. Je n'entends plus le bruit environnant, je ne vois personne autour de nous.

La musique se termine et c'est lui qui décide d'arrêter notre étreinte. Il me regarde avec son grand sourire, ce qui me fait rougir. Je n'aime pas qu'on me regarde avec autant d'attention. J'ai toujours peur que plus on me regarde, plus on me trouve des défauts.

- Aller viens, on va rejoindre les autres.
- D'accord, je te suis.

Il part devant et j'essaye de le suivre comme je peux à travers la foule. Me voyant galérer, il prend ma main et m'emmène avec lui. Je pense avoir mis beaucoup de coups de coude, écrasé des pieds et bousculé la moitié des personnes que j'ai croisé.

Nous traversons le port et arrivons sur la grande plage. Celle où je les ai rencontrés. Ça fait bizarre de la voir si vide. La journée, elle est pleine de monde. On ne l'appelle pas la grande plage pour rien : c'est la plus grande de Quiberon. C'est surtout la plage la plus touristique. Pour autant, le soir elle est vide. Quelques groupes d'amis sont éparpillés mais sinon, personne.

Ils sont déjà tous là, assis dans le sable. Je m'assois à côté d'Emily et envoie un message à mes parents pour les rassurer. Nous formons un cercle . Au milieu, une grosse lampe nous éclaire. Evan lance la musique sur son enceinte histoire qu'il y ait un peu d'ambiance. Tony, lui, a acheté des bières pour mettre un peu de piments à cette soirée.

Alors une, puis deux, puis trois et oups, je ne sais plus à combien j'en suis. J'ai chaud, je ne me sens bien, et tout mon corps réagit au ralenti. Evan et Tony chahutent. Arthur, lui, est posé et discute avec Emma. Moi je danse, Alia et Emily aussi. On rit. Beaucoup. Je me sens bien. Je danse collé serré avec Emily puis Alia. Je déteste danser mais là, je ne contrôle pas. Mon corps bouge tout seul. Il ne veut pas s'arrêter, il veut continuer de rencontrer celui d'Alia qui vient se coller à moi.

Olala ça tourne. Et merde je me suis cassée la gueule. Pourtant je ris. Et tout le monde rit aussi. Au moins je n'ai pas l'alcool triste, c'est déjà ça. À vrai dire, c'est la première fois que je bois autant. Mais bon franchement je tiens bien ! Il n'est que 23h et je suis déjà bourrée, enfin non je suis pas bourrée ! Je répète ça en boucle parce que je le sais, je ne suis pas bourrée, enfin je crois. Putain j'abuse. Bon bah tant pis.

- Y'a plus de bières les amis ! crie Tony.

Au fond, je crois que c'est mieux, ça va me permettre de dessoûler un peu. Le temps passe et l'alcool s'en va peu à peu. Je retrouve un peu de mon esprit et remarque l'heure.

- Merde il est 1h du mat !
- Du calme princesse c'est rien, me dit Arthur.
- Je ne peux pas rentrer chez moi dans cet état.
- Dors chez-moi si tu veux, me lance Alia.
- Ok merci.

J'envoie un message à mes parents pour les prévenir et me remets dans l'ambiance. J'ai souvent tendance à paniquer comme ça, surtout quand je sors de ma zone de confort. Je n'ai pas l'habitude de sortir aussi tard, de traîner et boire.

Cette petite soirée se finit par la jolie galette qu'à dégueulé Emma sur Emily. Franchement cette scène est mémorable ! La tête d'Emily est excellente alors qu'Emma est clairement en train de rire. Sentant que nos états s'empirent, nous décidons de tous rentrer. Alia et moi partons de notre côté.

Nous sommes deux connes à crier dans les rues à 3h du matin tout en dansant. Elle me prend par la main et nous rentrons discrètement chez elle. Nous faisons du mieux que nous pouvons, mais dans le noir, c'est compliqué. En plus de ça, je ne connais pas les lieux et je ne suis pas forcément maître de moi-même. Alors forcément, ça ne loupe pas et le chemin n'est fait que de boum, de aïe, et de chut. Lorsque nous atteignons enfin sa chambre, je m'affale sur son lit. Je suis une vrai larve, je ne veux plus bouger. Alia essaye de me mettre au lit mais j'ai chaud, trop chaud. Sans réfléchir plus longtemps, je me déshabille et je me retrouve en sous-vêtements. Je me glisse sous la couette et, quelques minutes plus tard, je dors paisiblement.