Chapitre 14
Samedi :
7h43
Oui oui ça fait une heure que je cours comme une malade en espérant aller mieux. Je suis même allée jusqu'à la plage de surf.
Je m'assois sur le sable et regarde au loin les vagues. Deux trois surfeurs sont dans l'eau, les vagues ont vraiment l'air top. Je les regarde impressionnée, et remarque que j'en reconnais un. Ah bah oui évidement, Ethan. Il remonte sur la plage, la planche au bras. Il la pose à côté de moi et s'assoit dans le sable.
- Comment tu vas ? me demande-t-il.
- Mal.
- Ça se voit.
- Ma tête est si horrible que ça ?
- Oui, me dit-il en riant.
Je le pousse et fait mine de bouder.
- Bon je suis désolé j'ai pas trop le temps, j'ai un truc de prévu mais si tu veux rendez-vous ici à 13h, j'aurais une surprise.
- T'as de la chance que j'ai vraiment envie d'être loin de toute civilisation.
- Surtout ne mange pas.
Il se lève, me fait un clin d'œil et s'en va. Qu'est-ce qu'il m'a préparé lui encore ? Je reste assise pendant quelques minutes puis me remet à courir pour rentrer.
- Maman !!!
- Je suis juste à côté, pas besoin de crier.
- Oh désolé. Je mange pas ici, je vais à la plage avec un ami.
- D'accord, fais attention et rentre pour 19h max s'il te plaît.
Je prends une douche et monte me préparer.
Message d'Ethan :
Prends tes affaires de surf.
Oh super on va surfer ! Comment vous dire que ce soir je vais être crevée à force de faire du sport. Je prépare donc tout ce qu'il me faut et, contente d'avoir été efficace, commence à sortir de la maison. Je regarde l'heure et me rends compte que je suis super en avance. Tant pis, je monte sur mon vélo, la planche sous le bras et mon sac sur le dos.
- Ça fait bien une heure que je lis, assise sur le sable.
- Je pensais que tu serais en retard.
Je me retourne et croise son regard.
- J'ai pour habitude d'être en retard, mais tu vois, j'ai fais un effort.
- Oh je suis flatté.
- Non en vrai j'avais juste hâte de partir de chez moi, dis-je en riant.
Il pose ses affaires et sors de son sac des tupperwares. Le gars ne fait pas les choses à moitié.
- On dirait un petit vieux avec tes tupperwares, dis-je en riant
- Si t'as faim tu ferais mieux d'arrêter de te moquer.
- Oui papy.
Je vis un pur moment de bonheur, je suis là, assise sur le sable, bercée par le bruit des vagues. Et surtout je mange une salade tellement bonne ! En plus un beau garçon m'accompagne, que demander de plus.
Ethan est vraiment un garçon gentil, il ne fait que dire des blagues nulles mais ça le rend mignon. Il me parle et moi je reste ensorcelée par sa voix grave mais douce. Et en plus il est super intelligent ! Le gars est en fac de médecine ! Il parait vraiment parfait, c'est trop louche. Je dois jouer dans un film là, ça n'existe pas les garçons aux critères parfaits.
Ah bah super, je me sens bien bête maintenant, l'autre « garçon parfait » me regarde depuis tout à l'heure sans dire un mot.
- Ça fait au moins 2 minutes que j'ai arrêté de parler.
- Oui bah excuse-moi, j'étais dans mes pensées.
- Ah, et tu pensais à quoi ? Me demande t-il le sourire en coin.
- Au fait que j'ai bien envie d'aller surfer là.
Déçu par ma réponse, il se lève et commence à enlever son t-shirt qui laisse apparaître sa musculature bien dessinée. Et moi comme une conne, je reste assise à le regarder, la bouche grande ouverte.
- Fais attention, tu baves, me dit-il en riant
Je détourne le regard rapidement, faisant mine de l'ignorer. Quelques secondes plus tard, il est déjà devant moi, la combinaison à moitié mise.
- Bon tu es lente là ! Tu te dépêches ou sinon je vais à l'eau sans toi.
- Ah tu ferais ça ?
- Bien sûr que oui.
Je fais mine d'être choquée, puis fouille dans mon sac pour y sortir ma combinaison. Je la mets péniblement ce qui me vaut des petits rires de la part d'Ethan qui se fout littéralement de moi. Ça fait 5 bonnes minutes que j'essaye d'entrer dans cette ****** de combinaison à la con. Désolé pour mon vocabulaire, j'ai tendance à devenir vulgaire quand je n'y arrive pas.
Après avoir enfin réussi à enfiler les jambes, je la mets entièrement. La planche sous le bras, je le regarde malicieusement.
- Le premier à l'eau a gagné !
Pas le temps d'attendre sa réponse ! Je cours comme une tarée jusqu'à l'océan.
C'est bien trop beau pour être vrai. Je suis stoppée net lorsque que je sens sous mes pieds les coquillages aiguisés. Je regarde autour de moi et effectivement j'avais oublié qu'avant d'arriver jusqu'à l'eau, on devait d'abord traverser un champs de coquillage. Plus de sable fin, rien d'autre que des coquillages. Je marche alors tout doucement mais même à cette vitesse, la douleur sous mes pieds se fait ressentir. Concentrée sur chacun de mes pas, une ombre détourne pourtant mon regard. Ethan est tranquillement en train de marcher sur les coquillages comme si c'était du gazon.
- Eh bah dit donc t'es pas une rapide toi, dit-il en riant.
- J'ai les pieds fragiles ok !
- Petite nature.
Et il s'en va sans se soucier de mes pauvres petits pieds.
10 minutes plus tard, ne sentant plus ces derniers, je le vois déjà assis au loin sur sa planche. Même pas foutu de m'attendre ! Je m'avance un peu dans l'eau puis me mets sur ma planche. Je rame jusqu'à Ethan puis m'assois. Un long silence s'en suit, nos deux regards tournés vers l'immensité de l'océan. Aucun de nous deux n'ose rompre ce moment de paix.
Nous attendons tous les deux la bonne vague, celle qui nous emmènera loin.
2 longues heures de surf, c'est vraiment un pur bonheur. Je suis épuisée, je découvre des muscles dont je ne connaissais même pas l'existence.
Assise dans le sable en train de se sécher avec une serviette sur les épaules, je consulte mon téléphone pour voir si je n'ai pas raté quelque chose d'important. L'écran m'affiche 2 nouveaux messages.
Message de maman :
Coucou ma chérie j'espère que tu t'amuse bien. N'oublies pas de rentrer avant 19 heures, on mange au resto avec les Parker.
Oh génial, encore une bonne soirée bien nulle en perspective.
Message d'Alia :
Coucou ma belle, on ne s'est pas vu de la journée et puis hier on est tous partis précipitamment... ça te dis une soirée rien que nous deux ?
Message pour Alia :
Désolée mais je suis coincée dans une soirée avec mes parents. Je peux passer vite fait chez toi après si tu veux ?
Je repose mon téléphone dans mon sac et relève la tête. Ethan s'est enfin décidé à sortir de l'eau. Plus je l'observe et plus je le trouve vraiment mignon, je suis sûre que son grand sourire au dents blanches doit en faire craquer plus d'une. Surtout que je n'ai toujours pas trouvé ce foutu défaut ! Il cache quelque chose et ça me perturbe. Normalement le côté mystérieux est ultra attirant, mais chez lui c'est différent. On a envie de croire à son côté parfait, croire qu'il existe en lui le véritable prince charmant. Néanmoins, cette part de mystère me fait peur.
- À quoi tu pense encore ?
Je sors d'un coup de mes pensées et suis surprise à voir Ethan aussi proche. Il est penché au-dessus de moi, le torse nu. Des gouttelettes tombent de son visage pour venir atterrir sur mon front.
- Bouge de là, tu me mets de l'eau partout !
Il rit et finit par se décaler.
- Merci pour cette aprèm et ce bon repas, lui dis-je en souriant.
- Il n'y a pas de soucis, c'était cool. Tu peux être gentille des fois, dit-il en laissant échapper un petit rire.
- Et toi t'es drôle de temps en temps, dis-je avec un sourire narquois.
- Ouais bah en attendant si t'es pas gentille je te ramène pas chez toi.
- T'as pas le choix, sinon tu te feras découper par ma mère !
Je pense qu'il a dû avoir peur de ma mère puisque nous sommes tout de suite partis en direction de sa voiture. Ethan charge celle-ci puis me conduit jusqu'à chez moi.
18h03
Eh beh c'est la journée, j'ai encore de l'avance.
Je sors de la voiture et récupère ma planche. Ethan descend à son tour et vient déposer un léger baiser sur ma joue, ce qui me fait un peu rougir. Décidément je passe mon temps à ça.
- On se fait une petite session de surf demain matin ? me demande-t-il.
- Ouais, on se retrouve là-bas.
Je lui souris une dernière fois puis rentre chez moi. Je trouve mon père et ma mère avachis dans le canapé devant la télé. D'après leur tenue, ils doivent déjà être prêt. De son côté, mon frère est sous la douche en plein concert. On passe du Calogero aux Enfoirés, à du Niska, tout ça avec sa voix de prépubère. Je décide donc d'aller me choisir des vêtements appropriés pour sortir.
Tous les 4 prêts, nous partons direction le restaurant.
Un repas interminable ! Mes parents sont en pleine conversation avec les Parker, Nathan et Jonathan sont en grand débat sur Fortnite. Je n'ai clairement pas ma place ici et je m'ennuie fortement. Heureusement pour moi, je sens mon téléphone vibrer, quelqu'un me sauve de mon ennui !
Message d'Evan :
Hey ! Je sais qu'en ce moment c'est la merde mais je suis là pour toi, d'accord ? Je te lâcherai pas.
Je souris face à ce message. Le temps passe et la tragédie qui nous a touché est de moins en moins présente. Néanmoins, je pense que tout le monde veut savoir ce qu'il s'est passé ce soir là.
La torture enfin terminée, nous rentrons. Je préviens mes parents de ma petite virée nocturne chez Alia puis je leur adresse un bonne nuit.
J'attends devant l'immense portail noir dans la pénombre éclairée par les lampadaires. Alia vient m'ouvrir et je la découvre en short et en gros pull avec un chignon défait de partout.
J'entre et elle m'emmène dans sa chambre. Nous n'avons pas croisé ses parents et j'avoue que je ne les ai jamais vus jusqu'ici.
Je suis allongée, Alia est dans mes bras, sa tête sur ma poitrine. Je sens sa mains froide se glisser sur mon ventre puis elle décolle aussitôt sa tête afin de pouvoir me regarder.
- Mais t'as fais quoi en fait aujourd'hui ?
- Je suis allée surfer avec Ethan. Je te jure ce mec est tellement gentil, en plus qu'est-ce qu'il est canon !
Je vois sa mine s'assombrir puis elle s'éloigne de moi.
- C'est le gars qui t'as écrit son numéro sur le bras ?
- Oui c'est lui, je te jure c'est un amour.
- Ouais Arthur aussi c'était le mec parfait, dit-elle en fronçant les yeux.
- Ça n'a rien à voir, on ne peut pas comparer Arthur et Ethan.
- Ouais c'est ça et tu crois vraiment que ton prince charmant s'intéresse à toi? Les mecs comme ça ça veut juste des conquêtes, t'es rien pour eux.
- Ça te dérange tant que ça que je puisse être heureuse ?!
Je me lève, prends ma veste et sors de sa chambre. Je dévale en trombe les escaliers et tombe nez à nez avec une femme. Je devine que c'est la mère d'Alia. Je la regarde surprise, ne sachant ni quoi faire ni quoi dire.
- Tout va bien ? Me demande-t-elle d'un air chaleureux.
- Oui oui, je dois juste rentrer, mes parents vont s'inquiéter.
Elle me sourit puis je finis par sortir en lui disant au revoir. Sur le chemin du retour, je suis vraiment perturbée. Je ne comprends pas pourquoi Alia réagit comme ça. Je sais qu'elle veut me protéger mais ses mots m'ont fait mal, ils m'ont blessés. J'ai juste l'impression de ne mériter personne, de ne pas être importante. Cette journée qui avait si bien commencée, a finit comme toutes les autres en ce moment, c'est-à-dire bien pourrie.
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