Vendredi :

Comment-vous dire que j'ai extrêmement mal dormir. Sans rire, j'ai pas arrêter de me retourner dans tous les sens. Après tout, je pense qu'aucun de nous n'a pu réellement fermer les yeux. En tout cas, pour ma part, le miroir me le montre bien : j'ai une tête effroyable, des cernes énormes et une coupe de cheveux qui ne ressemble plus à rien.

Dans 2 heures, je serai face à la police, essayant de cacher mon horrible secret.

Je ne peux vraiment rien avaler et, à table, personne n'ose prononcer un mot. Le silence est si pesant qu'il me fait encore plus stresser, alors je monte dans ma chambre et mets la musique à fond dans mes écouteurs. J'oublie tout, enfin j'essaye.

Ça fait un moment que je n'ose pas enlever mes écouteurs, par peur de retourner à la réalité, mais le temps me rattrape. Je suis face au poste de police et je ne bouge plus. Je reste quelques minutes comme ça avant d'enfin les retirer, puis entre.

Ils sont tous là, Evan, Alia, Emily, Tony et Arthur. Ils ne se parlent pas, ne se regardent pas. Je m'assois sur la chaise libre à côté d'Emily.

Je regarde partout autour de moi et, pour un commissariat, c'est assez accueillant. Je me rassure comme je peux.

- Bonjour jeunes gens.

L'inspecteur de la dernière fois vient d'entrer.

- Bon, ce n'est pas très compliqué, nous allons vous interroger un à un. Nous voulons juste savoir si vous avez des éléments qui puissent nous être utiles pour la retrouver. D'après ses parents, elle passait tout son temps avec vous. Bon et bien, on va commencer. Mademoiselle Martinez, veuillez me suivre.

Alia se lève et me lance un regard de panique avant de disparaître derrière une porte. C'est la première fois que j'entendais son nom, ça me fait bizarre. Les minutes s'écoulent et nous passons tous les uns après les autres. Nous nous attendons pour éviter encore plus de soupçon. Comme dit Evan il faut qu'on montre qu'on est soudé et bouleversé. Personnellement je suis juste paniquée. Tout le monde est déjà passé il ne reste plus que moi. Le meilleur pour la fin?

- Mademoiselle Walls s'il vous plaît, c'est à vous.

Je me lève, le suis et commence un peu à stressés. Oh la la mais c'est une vraie salle d'interrogatoire ! Comme dans les films et tout. Oui bah écoutez, je gère la situation comme je peux. Je m'assois et l'inspecteur s'assoit devant moi.

- Ne stressez pas, tout va bien se passer.

Bah oui c'est ça, ça se voit qu'il est pas à ma place celui-là.

- Oui, je sais.

Aller Léna, on se met en mode actrice, comme quand tu veux faire accuser ton frère à ta place. C'est pas si difficile.

- Alors dites-moi, quand avez-vous vu Emma pour la dernière fois ?

C'est fou ce que ce prénom peut me glacer le sang.

- Je l'ai vu sur la plage samedi soir.

Ok Léna pas trop de détails juste ce qu'il faut.

Je joue avec mes doigts sans m'en rendre compte, avant que l'inspecteur fixe mes mains.

- Très bien. Que faisiez-vous là-bas ?
- On a fait une petite soirée, entre amis.
- Y avait-il beaucoup de monde ?
- Non, seulement nous 7.
- Que s'est-il passé lors de cette soirée ?

Ces questions se suivent tellement qu'il me rend nerveuse. J'ai vraiment l'impression qu'il cherche une faille, comme si j'étais la coupable.

- On a dansé.
- C'est tout ?
- Non. On est allé se baigner à un moment.
- Est-ce qu'il y avait de l'alcool ?
- Oui.
- Étiez vous saoule ?
- Non.
- En êtes vous sûre ?
- Oui.
- Quelque chose de particulier est-il arrivé ?
- Non.
- Avez-vous tué Mademoiselle Lopez ?
- Quoi ?

Attends, je suis déjà accusée de meurtre, c'est une blague ? Je commence à paniquer et je ne regarde plus l'inspecteur dans les yeux. Je ne l'ai pas tué. Je ne l'ai pas tué. Et si je l'avais tué ?

- Avez-vous tué Emma Lopez ?
- Non. Elle est disparue pas morte.
- Ça fait plusieurs jours que nous n'avons plus de nouvelle, nous envisageons toutes les pistes possible.
- Je ne l'ai pas tuée.
- Très bien, alors vous êtes libre de partir.

Je reste là, sans bouger, avant de comprendre que c'était enfin fini. Je me lève et pars le plus rapidement possible. Je sors du poste sans prêter attention aux autres, mais je sens qu'ils me suivent.

Après être assez loin de ce dernier, je m'arrête et leur demande.

- Vous aussi ils vous ont demandés si vous l'aviez tué ?

Ils me regardent avec incompréhension. Oh c'est pas possible, je dois être la suspecte numéro une ! Ils ne savent pas ce qu'il lui est arrivé, elle est disparue. Oui, elle est disparue.

Arthur brise le silence.

- Bon bah j'ai plus rien à faire avec vous, salut.

Et il part sans se retourner. Les autres font de même et je décide même de prendre un chemin différent de celui d'Alia. J'ai envie d'être seule. Je m'en veux tellement, je pensais passer un été parfait mais c'est carrément devenu un cauchemar. J'aurais dû rester avec mes livres et ma solitude. Depuis que je suis née je n'ai jamais fais de bêtise, la seule que j'ai faite, c'était de manger en cachette. Alors comment j'ai pu me retrouver à cacher un corps ?! Une partie bien sombre de moi-même s'est révélée et cela me fait peur. Oui j'ai peur de moi-même. Si j'ai pu cacher un corps, j'ai aussi pu la tuer. Tout est possible. Je hais ma tête de ne pas se souvenir de cette soirée. Juste histoire de me rassurer et de me dire « mais non voyons Léna tu n'as tué personne » mais cette putain de tête ne se rappelle de rien ! Et si c'était pour me protéger, pour me protéger de moi-même ? Je deviens complètement folle à force de parler toute seule.

Je rentre chez moi, complètement épuisée.

- Alors ma chérie, comment ça s'est passé ?
- J'ai tué Emma.
- Quoi ?!
- On m'a demandé si je l'avais tué, alors je suppose que je suis suspectée.
- Mais non ma chérie, c'est seulement des questions qu'ils posent à tout le monde.
- Bah apparemment non. Je suis la seule à qui ils ont demandés.

Ma mère ne sait plus quoi répondre et reste muette face à moi.

- Je vais me coucher.
- Mais il n'est que 19h. On va manger.
- J'ai pas faim et je suis épuisée.

Je monte sans écouter ce que pouvait me raconter ma mère. Je ne voulais qu'une chose, partir au pays des rêves et ne plus jamais revenir dans ce cauchemar qu'est la réalité.