Chapitre 11

Mercredi :

Ça fait une bonne demi-heure que je bouge dans tous les sens. Je n'arrive pas à me rendormir. J'ai chaud, puis froid. Oh et puis merde ! Je me lève et regarde l'heure sur mon téléphone.

5:30

Il est sacrément tôt. De toute façon je ne vais pas réussir à me rendormir. Je m'habille pour aller surfer puis descends manger un petit truc. Je laisse un mot sur la table pour mes parents et pars à la plage. Il est 6h et le soleil n'est pas levé. Je roule sur mon vélo, faisant des zigzags sur la route, déséquilibrée par ma planche que je tiens d'un bras. Oui je fais genre d'avoir la classe, en vérité je galère.

J'arrive à la plage et évidemment, il n'y a personne. Au moins je serais tranquille. J'installe mes affaires et prends le temps de regarder les vagues. Elle sont plus hautes que d'habitude. J'enfile ma combinaison, m'échauffe un peu puis et cours jusqu'à l'eau. Je suis vite ralentie lorsque mon pied prend contact avec l'eau. Elle est très froide. J'y vais doucement et prends le temps de mettre quelques filets d'eau sur mes épaules et mon visage. On s'habitue vite à l'eau froide mais j'ai quand même quelques frissons.

Assise sur la planche, j'attends une vague. Quelques minutes passent et j'en vois enfin une qui me convient. Je tourne la planche en direction de la plage puis rame autant que je peux. La vague m'entraîne et je me lève sur la planche. Je surf cette vague puis saute de ma planche. Je sors la tête de l'eau essayant de reprendre de l'air mais une autre vague me prend et m'entraîne jusqu'au bord. J'essaye tant bien que mal de reprendre ma respiration. Chose assez difficile lorsque l'on a bu la tasse. Ma planche est toujours accrochée à mon pied, elle ne m'a pas quitté une seconde. Assise sur le sable j'hésite à retourner dans l'eau, me sentant faible. Franchement j'abuse, une seule vague et je me fais retourner dans tous les sens. Je n'ai tellement pas l'habitude de surfer à cette heure que je ressens la fatigue deux fois plus vite.

- Bien joué ! Tu l'as super bien surfé cette vague !

Je me retourne surprise par la voix grave de ce garçon qui venait juste de s'asseoir à côté de moi.

- Merci. Dis-je avec la plus grande des simplicités.

C'est un garçon à la peau bronzée. Il est brun avec les yeux marrons clairs, ce qui lui donne un regard pas trop sombre. Sa combinaison n'est mise qu'à moitié, ce qui laisse entrevoir son torse musclé parsemé de quelques petits grains de beauté. Il n'est pas très grand mais il me dépasse tout de même de quelques centimètres.

- Je ne t'ai jamais vu ici? Pourtant je viens tous les jours à la même heure, me dit-il.
- Je ne viens jamais aussi tôt. J'arrivais juste plus à dormir.
- Ah oui je vois. Je vais enfin avoir une jolie fille pour m'accompagner surfer.
- On va se calmer, dis-je d'un ton amusé. Je suis fatiguée et pas sûre de retourner à l'eau.
- Tant pis pour toi.

Il me sourit puis se lève, enthousiaste. Il enfile l'autre moitié de sa combinaison, accroche son leash à son pied, puis, la planche sous le bras, court jusqu'à l'eau.

Il ne met pas longtemps avant de prendre sa première vague. Debout sur sa planche, je le vois au loin danser. Je souris face à cette scène ridicule.

Chaque fois qu'il est debout sur sa planche, il est obligé de faire des pitreries. Il me fait coucou au loin, je lui réponds timidement. Face à ma réaction, je le vois sourire. Il se décide enfin à sortir de l'eau et bizarrement, j'étais restée là, sans bouger. J'aurais pu partir, mais non, j'étais restée assise dans le sable à le regarder faire son crétin. Il s'assoit à coté de moi puis me tend sa main.

- Ethan.

Je ris puis lui sers la main.

- Léna.

Je lâche sa main, étonnement grande, et le regarde.

- Bon alors, pourquoi tu n'arrivais pas à dormir ?
- Beaucoup de choses se passent en ce moment. Je n'arrive pas vraiment à gérer. Je regrette beaucoup ce que j'ai fais.
- Si tu as fais quelque chose de mal et que tu regrettes, fais en sorte de te rattraper et devient meilleure. Des fois, on n'a pas le choix, on doit vivre avec le poids de nos erreurs mais c'est comme ça. On ne peut pas toujours rattraper nos bêtises alors il faut vivre avec et se pardonner soi-même.
- Mais si ce n'est pas pardonnable ?
- On a toujours une raison pour faire de mauvais actes. Alors dis toi qu'à ce moment, tu as fait ce que tu pensais juste.

Je baisse la tête, repensant à ce que j'avais fait.

- Désolé mais je dois te laisser, je commence le travail à 8h30. J'habite ici à l'année donc j'espère que j'aurais l'occasion de te revoir pour une séance de surf matinale.

Il se lève d'un bond et part, la planche sous le bras.

- Au revoir Léna.
- Salut Ethan.

Je décide de m'en aller aussi. Le vent est assez frais. Je me rhabille donc d'un sweat et d'un short. Je marche pour atteindre mon vélo que j'avais attaché sur le parking. Je vois Ethan mettre sa planche sur le toit d'une vieille voiture.

Je décroche mon vélo et marche à côté, le tenant d'une main.

- Alors comme ça monsieur est assez vieux pour conduire?
- Eh oui. Je fais si jeune que ça ?
- Tu as encore un bouille de bébé.

Il rit puis son regard s'arrête sur mon vélo.

- Tu comptes rentrer comme ça?
Je regarde mon vélo, ne comprenant pas.
- Bah oui.
- Aller monte.
- Quoi ? Dis-je surprise.
- Bah monte, je te ramène chez toi.
- Ma maman m'a appris à ne pas monter avec des inconnus.

Il rit et s'adosse à la voiture.

- Je m'appelle Ethan, j'ai 20 ans. J'ai toujours vécu ici, j'habite au 5 rue du Peuplier à St Pierre. Je suis en fac de médecine et je travaille dans une biscuiterie. Mon numéro est le 0.95. Donc c'est bon tu me connais maintenant ? Je suis plus un inconnu, si?

Alors lui, il est vraiment très fort. Je lui souris timidement.

- Tu sais que je prends un risque en montant avec toi ?
- Ah oui, pourquoi ? Je conduis bien pourtant.
- Tu pourrais me kidnapper et me violer.
- Tu vas loin là quand même, dit-il en riant.
- On sait jamais ! T'es peut être un psychopathe !
- Je t'aurais déjà noyé.

J'accepte au final son offre et monte dans la voiture, pendant qu'il attache ma planche sur le toit et installe mon vélo, tant bien que mal, dans le coffre.

Il me conduit jusqu'à chez moi, suivant mes indications. Avant que je ne descende, il me prend le bras et, avec un stylo, commence à écrire quelque chose. Je le laisse finir puis je lève mon bras afin de voir ce qu'il y a d'écrit.

"06."

Je le regarde, surprise. C'est qu'il a des couilles le garçon ! Celle là on ne me l'avait jamais faite. Gênée par cet acte, je descends de la voiture puis récupère ma planche ainsi que mon vélo. J'ouvre le petit portillon et, lorsque que j'entre dans le jardin devant la maison, j'entends Ethan depuis sa voiture.

- Oublie pas de m'appeler !
- Peut être, répondis-je.

Je ne me retourne pas et rentre. Il est encore tôt, même si mon père est déjà parti se balader. Ma mère déjeune silencieusement, tandis que mon frère lui, dort encore.

Je pose mes affaires dans l'entrée et, après avoir dit bonjour à ma mère, file sous la douche.

Je sors de la douche puis ma mère me tend mon téléphone.

- Ton ami a appelé.
- Qui?
- Euh, un Ivan je crois.

Je ris sous le regard d'incompréhension de ma mère.

- Il s'appelle Evan, maman.
- Oh c'est la même chose ! Bon, il t'invite à faire de la pêche cet après-midi.
- De la pêche, sérieusement ?
- Oui.
- Non vraiment, de la pêche.

Alors là je ne m'y attendais pas. Je sais qu'Evan a souvent des plans foireux mais celui-ci, il dépasse tous les autres.

Je ne suis pas patiente du tout, comment voulez-vous que je pêche?

J'envoie donc un message à Evan pour avoir des explications.

Message pour Evan :
Depuis quand on fait de la pêche?

Message d'Evan :
Je t'expliquerais tout à l'heure. On vient te chercher à 14h.

14h17

Toujours personne. Ça fait 10 minutes que j'attends, assise par terre comme une clocharde devant chez moi.

Après des minutes à espérer qu'ils arrivent en voyant chaque passant, je distingue enfin Evan et Alia.

- Ah bah enfin ! C'était 14h pas 14h20 je vous rappelle.
- Oui bah y'en a une qui dormait à 14h.

Je regarde Alia en riant.

- Bon alors, pourquoi allons nous à la pêche?
- Bah désolé mais j'ai été assez surpris quand ta mère a répondu à ta place, donc sur le coup de la panique j'ai dit qu'on allait à la pêche.
- Voyons Léna, tu sais bien qu'Evan panique pour rien. Dit Alia d'un ton moqueur.

Je ris, voyant le visage vexé d'Evan.

- Donc c'est une blague, on va pas à la pêche ? Youpi !
- Euh bah en fait si.

Evan me tend une canne à pêche que, jusqu'à maintenant, je n'avais même pas remarqué.

Super, une bonne après-midi de merde en perspective. J'aime pas la pêche.

Malgré mes efforts pour changer le plan de ces deux là, rien n'y fait. C'est donc parti pour une après-midi pêche.

Nous arrivons au port puis escaladons le mur pour passer de l'autre côté, là où il y a des rochers. Pour une fois il n'y a personne. On va pouvoir s'étaler. Je m'installe sur l'un d'eux et pose mes affaires. C'est là que je me rends compte que la canne à pêche a vraiment l'air compliquée. Evan, riant face à mon air désespéré, vient m'aider et m'explique comment tout cela fonctionne. Bon je n'ai pas tout compris mais on va faire avec.

De temps en temps, je jette quelques coups d'œil à Alia qui a l'air plutôt à l'aise, elle qui d'habitude a plus peur pour ses ongles.

Evan me sort de mes pensées et me tend une petite boite. Je vois que quelque chose cloche. Alia me regarde attentivement tandis qu'Evan, lui, attend avec impatience que j'ouvre la boite. Ça pu cette histoire, ça sent la couille à des kilomètres.

J'ouvre finalement la boite et lâche un vieux cri de détresse. Les autres mongoles, eux, rigolent comme des autruches et ne se préoccupent pas de moi, qui a actuellement une boite remplie de vers dans la main.

- Evan putain de merde reprends ça ! Dépêche toi ! Je déteste ça ! Bouge merde !

Lui toujours plié en deux ne trouve pas nécessaire de venir m'aider. C'est donc Alia qui décide de venir me sauver. Elle reprend la boite et la referme sans broncher.

- Dit donc, je ne savais pas que madame était une aventurière.
- Commence pas ou je te laisse pourrir avec les vers.
- Tu ferais pas ça tu m'aimes trop.
- T'es sûre?

Mon air choqué la fait sourire, tandis que je lui tourne le dos, faisant mine de bouder. Je sens quelqu'un arriver derrière moi puis des bras passent autour de mon cou. Je tourne légèrement la tête, ce qui me laisse apercevoir Alia avec un grand sourire.

- Aller chou, me boude pas.
- Trop tard.

C'est là qu'elle décide de passer à l'attaque en me regardant avec sa petite bouille de bébé, l'air désolé. Ah ce qu'elle m'énerve quand elle fait ça ! C'est vraiment de la triche, elle est juste irrésistible.

- S'il te plaît, dit-elle d'une petite voix.

Je lutte je vous promet ! Mais cette fille je vous jure, elle me retourne le cerveau. Je suis sûre qu'elle pourrait me faire faire n'importe quoi avec son petit sourire d'ange. Je me demande bien comment j'ai pu résister jusqu'ici.

- Bon ok.

Elle me sert alors fort et me donne un léger baiser sur la joue. Ce simple contact me fait légèrement rougir. Je rougis tellement facilement, c'est une horreur.

Suite à ça, Evan enfin calmé, décide de m'aider à mettre l'appât et la pêche commence enfin.

À peine 15 minutes après, j'en ai déjà marre. Je sors donc l'hameçon de l'eau, accompagné de nombreuses algues puis repose la canne à pêche. Je saute à travers les rochers et retrouve Alia qui s'était mise un peu plus loin. Je m'assois à côté d'elle et regarde son bouchon flotter dans l'eau.

- Alors, t'as déjà abandonné?
- J'aime pas la pêche, c'est nul.
- Tu peux pas apprécier 30 secondes le silence, la tranquillité?
- Non, je m'ennuie là. En plus ça m'a fatigué votre truc à force de rien faire et d'observer un bouchon qui flotte.
- Bah repose toi.

Je pose alors ma tête sur ses cuisses et ferme les yeux. Ma position n'est absolument pas confortable, les rochers ne sont pas lisses et me font mal, pourtant la présence d'Alia me suffit pour m'endormir. Elle passe de temps à autre sa main dans mes cheveux sans que cela ne perturbe mon sommeil.

« rêve »

Eh ! Emma ! T'es qu'une putain de salope ! Je vais te tuer ! Profite tu vas mourir !

Je me réveille en sursaut.

Alia, face à ma réaction, me prend directement dans ses bras. J'ai la tête sur sa poitrine et me laisse bercer par ses bras et ses mots rassurants qu'elle me glisse à l'oreille.

Je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé. Un cauchemar ? Un flashback ? Pourvu que ce ne soit qu'un mauvais rêve. Mais si c'était vrai ? Si je l'avais vraiment menacé, voir tué ? Oh non ce n'est pas possible. Je sais que je peux paraître bizarre, insensible, ou tout ce que vous voulez mais je ne suis pas une tueuse.

Un rêve ou la réalité? À l'heure actuelle, je ne sais pas faire la différence.

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