Chapitre 10
Mardi :
J'ouvre les yeux. Quelque chose bloque mon bras et pèse lourd sur ma poitrine. C'est Alia qui prend encore toute la place. Elle a passé sa nuit à empiéter sur mon territoire. De mon bras libre, j'attrape mon téléphone posé sur la table de chevet.
05:00
Ouh là, il est trop tôt. Je repose le téléphone et me rendors aux côtés de la belle.
- Chou, réveille toi.
La voix douce d'Alia me sort de mon sommeil. Elle me regarde, le sourire aux lèvres.
- Ça fait au moins 30 minutes que je te regarde dormir.
- C'est gênant là.
- Arrête, t'es trop choupinou quand tu dors.
Je lui souris et m'assois. Elle pose sa tête sur mon épaule.
- On fait quoi aujourd'hui ?
- Je sais pas, lui dis-je.
Au même moment, on sonne à la porte mais je n'y prête pas réellement attention.
- Léna ?! Descends s'il te plaît. Crie ma mère du bas de l'escalier.
- Pourquoi? Lui criais-je en retour.
- Il y a quelqu'un qui doit te parler.
Roh non mais sérieux, on ne peut plus être tranquille 5 minutes. J'espère que c'est important.
Je descends en râlant, accompagnée d'Alia. Nous sommes en pyjama, les cheveux en bataille, la bonne tête du matin. En bas des escaliers, mon regard se porte sur un homme qui a la quarantaine d'années. Il est plutôt grand et fin. Son costume lui donne un air très sérieux. Je ne le connais pas. C'est alors qu'un autre homme beaucoup moins imposant passe le pas de la porte. Le premier s'avance vers moi puis sort quelque chose de sa poche qu'il me tend.
Oh non je rêve c'est une plaque, il est flic. Je me tourne vers Alia et la regarde complètement paniquée.
- Inspecteur Berthier, me dit-il.
Je prends conscience de la situation que je vais affronter, ce qui me terrorise. La police est actuellement dans mon salon. Ça veut dire qu'ils ont trouvé le corps? Ils viennent m'arrêter? Mon estomac se serre et une boule se forme dans mon ventre.
- Léna j'ai quelques questions à te poser, reprend-il en m'indiquant de venir m'asseoir.
Comment connaît-il mon prénom ? Mon cœur bat de plus en plus vite. Je m'installe dans le salon.
- Écoute, j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer. Ton amie, Emma Lopez, est portée disparue. Personne ne l'a vu depuis plusieurs jours.
- Ah bon ? On croyait qu'elle était rentrée chez elle, dis-je l'air faussement surpris.
- Non elle n'est jamais rentrée.
- Quand l'as tu vu pour la dernière fois ?
- Sur la plage, samedi soir.
- Aurais-tu la moindre information qui pourrait nous être utile ?
- Non je ne vois pas ce que je pourrais vous apportez. Je ...
La sonnerie d'un téléphone retentit et stop notre conversation. Le coéquipier de l'inspecteur décroche et bafouille quelques mots.
- Monsieur, dit-il à l'intention de son coéquipier. Une affaire urgente, nous devons y aller.
- D'accord, je vous rejoins dans la voiture.
Son collègue s'en va tandis que l'inspecteur se tourne vers moi.
Nous finirons cette conversation plus tard. Vous serez convoquée pour un interrogatoire. Nous voulons juste rassembler toutes les informations pour la retrouver.
Je ne sais pas qui l'a appelé mais il vient clairement de me sauver la vie.
- Oui évidement monsieur.
L'inspecteur s'en va, pourtant, la pression ne redescend pas. Je re-vois sans arrêt le corps d'Emma au fond de ce trou minable creusé rapidement. Ce que nous avons fait est juste horrible. Ce mélange de stress, tristesse, colère, dégoût : trop d'émotions pour moi. Lorsque je reprends mes esprits petit à petit, je remarque qu'Alia est toujours en bas des escaliers. Elle n'a vraiment pas l'air bien. Elle est beaucoup plus pâle que d'habitude. C'est là que je me rends compte que l'inspecteur ne lui a porté aucune attention. Mais pourquoi n'a t-elle pas été interrogée? C'était aussi son amie. Pourquoi se focaliser seulement sur moi? L'a-t-il reconnu? Je ne comprends vraiment pas ce qui m'arrive. Ce n'était pas censé se passer comme ça. J'étais censée vivre un été de rêve, pas un cauchemar.
Je prends Alia par la main puis nous remontons dans ma chambre.
Je ne me sens vraiment pas bien et elle le voit. Elle s'approche de moi et pose sa main sur ma joue, ce qui me calme instantanément. Tout ce stresse redescend par ce simple contact.
- Écoute, arrête de t'en faire. On va s'en sortir. Personne ne saura.
- Oui, mais moi je sais. On n'aurait jamais dû faire ça.
Elle se blottit dans mes bras. Je ne veux pas la lâcher. Elle aussi sait que nos problèmes viennent seulement de commencer.
« vibreur »
Je m'enlève de cette étreinte pour répondre au message que je viens de recevoir.
Message d'Evan :
On doit tous parler. On a un problème, c'est urgent. Rendez-vous au mcdo à 13h30.
Génial un mcdo pour parler d'une disparition !Niveau lieu discret, on est au top.
- Chou, on doit aller au mcdo.
- Pourquoi ?
- Pour parler de l'interrogatoire je pense...
- Super, sauf que moi je n'ai rien à me mettre. On peut passer chez moi ?
- Bah vas-y pendant que je m'habille alors.
- Ah ok. Tu m'abandonnes. Ok d'accord.
Elle se dirige vers la porte, puis juste avant de sortir, se retourne et me tire la langue.
Olala pire qu'une gamine cette enfant. Je m'habille de manière simple, prends un sac puis sors en prévenant mes parents.
Nous sommes tous assis autour de la table. Personne ne parle.
- On vous a interrogé vous aussi ? Demandais-je.
- Oui Léna, on a tous été interrogé, me répond Evan.
- Non pas moi, intervient Alia.
Tous les regards se posent alors sur elle.
- J'étais chez Léna. Ils n'ont pas fait attention à moi.
Personne n'ose demander ce qu'elle faisait chez moi. Nous mangeons chacun ce que nous avions commandé, mais l'ambiance reste très pesante. Je lance deux trois regards noirs à Arthur, histoire qu'il se rappelle de tout le mal qu'il m'a fait, même si au final il n'y avait pas de réels sentiments. J'étais quand même attachée à lui. Honteux, il ne fait qu'éviter mon regard.
Stressée par ce silence, je décide d'y mettre fin.
- Bon, vous faites quoi aujourd'hui ?
- On peut pas sortir si c'est ça ta question, lance froidement Evan.
- Oh vous êtes chiants à faire la gueule comme ça !
Emily, silencieuse depuis le début, se décide enfin à prendre la parole.
- Ma meilleure amie est morte. C'est peut-être moi qui l'ai tué. Ou peut-être que c'est l'un d'entre vous. Peut-être que nous sommes tous coupables. Mais dans tous les cas elle est morte et ne reviendra pas. Donc non Léna, je n'ai pas envie de sortir, ni de faire la fête ni de me forcer à sourire.
Les larmes coulent le long de ses joues. Elle se lève et part sous nos regards tristes. Tony me lance un regard méchant et sort rattraper Emily.
Je baisse la tête. J'ai tellement honte. Clairement niveau bourde, je suis plutôt pas mal. Tout le monde gère le deuil d'une manière différente. Moi, j'essaye d'oublier par tous les moyens. Je préfère fuir qu'y faire face. Je me sens bête, je pensais pouvoir vivre une vie normale après ça, mais c'est impossible. Déçus par ma réaction, ils s'en vont tous un par un. Même Alia part sans même m'adresser un mot, ou un geste.
Seul Arthur est encore là, il ne bouge pas. Ça fait bien 5 minutes que j'attends qu'il se lève et s'en aille comme les autres. Mais non. Il reste là, sans bouger. Je sens son regard posé sur moi, et pourtant, il ne dit rien.
- Tu vas rester là encore longtemps ?
- S'il le faut oui.
Je ramasse mon plateau et me lève, mais sa main chaude vient se poser sur mon bras.
- Pars pas. On n'a toujours pas parlé de ce qu'il s'est passé, entre nous.
- Il ne s'est rien passé.
Je prends mes affaires, pose mon plateau et sort. Je marche quelques mètres avant d'être rattrapée par monsieur.
- S'il te plaît Léna, j'ai vraiment besoin qu'on parle.
- Il n'y a rien à dire. Maintenant laisse moi tranquille.
Il court pour me dépasser et se poste devant moi, histoire de ne pas me laisser passer.
- Laisse moi passer, t'es lourd là. À croire que tu es un mec bien.
- Je suis pas le meilleur mais pas un salaud non plus, enfin pas avec toi. J'étais sincère.
- Ah oui, vraiment ?
- J'étais bourré Léna.
- Et alors ? Ça change rien.
Je le pousse et continue mon chemin. Cette fois, il a comprit et ne me suit pas. Peu après, je reçois un message de sa part.
Message d'Arthur :
Je ne sais pas pourquoi ça s'est passé comme ça. Effectivement, j'ai été perturbé que tu ne veuilles pas coucher avec moi mais j'ai réagis comme un con et je m'en veux. J'ai vraiment été sincère avec toi. Je veux au moins récupérer notre amitié. Elle me manque, tu me manques.
Message pour Arthur :
À toi de te rattraper. On verra avec le temps.
Je rêve j'ai réellement écris ça? Le mec a voulu me violer et moi normal, je continue de le voir. Non mais sérieusement il y a vraiment quelque chose qui ne va pas chez moi. J'ai un pète au casque, c'est pas possible !
Arrivée chez moi, mon père s'apprête à partir.
- Tu vas où ?
- Faire des photos sur la côte.
- Je peux venir avec toi ?
- Oui, monte dans la voiture.
Je m'installe côté passager et éteins la radio qui diffusait une vieille chanson française. Désolé mais je n'écoute jamais de chanson française. Je ne sais pas pourquoi je déteste ça. Mon père démarre et roule direction la côte.
Je marche aux côtés de mon père. Il ne parle pas, moi non plus, mais ça ne me dérange pas. Je suis bien, je respire, j'évacue toutes les émotions de ces derniers jours. Assise sur un rocher, j'observe mon père qui, au loin, se met dans des positions pas possible pour prendre ses photos. Le bruit des vagues qui se fracassent sur les rochers, le vent qui ébouriffe mes cheveux, l'odeur des algues. Tous mes sens s'activent et chaque sensation me ressource. Ce petit moment de bonheur est court malheureusement. Nous rentrons peu après pour nous réfugiés dans le cocon familial, afin de partager un repas et une soirée devant la télé.
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