J'ai peur.
J'ai peur et j'ai mal.
Mon ventre se tord dans tout les sens 
comme une montgolfière.

Je n'ai pas mangé ce matin.
Je suis partie directement au collège, et je me suis accrochée à la barre du métro 
comme si c'était la seule chose qui me permettrait de ne pas passer par dessus bord à chaque station. 

J'ai regardé passer la ligne jaune des quais qui défilaient. 

Rue Lampion. Théodore Nod. Général Thorque. 

Puis le métro s'est arrêté et j'aurais aimé qu'il continue encore. Les coins de ma bouche se tordaient si fort, et je les retenait. Mes yeux tombaient de mes orbites, je les récupérait avec ma langue et je jouais avec. Je me suis arrêtée devant une poubelle, au cas où... Au cas où je vomirais.

On ne sait jamais.

Autour de moi, dans ma vision périphérique, des collégiens passent. Nous allons tous au même collège, ce satané collège.
Eux aussi étaient près de moi dans le métro-capsule.

Rue Lampion. Théodore Nod. Général Thorque.

On va au collège.

J'ai toujours aimé y aller. Mais cette rentrée des vacances est un véritable calvaire. Je finis par rendre mon repas d'hier soir à la poubelle et cette injustice me fait monter les larmes aux yeux.

Hier, j'avais mangé des pâtes aux crevettes.
Soit mon plat préféré. 

Je déteste le sort
 il me le rend bien. 

Le gout âcre du vomi dans ma bouche et ma salive dans ma bouche me donnent envie de crier et de baver sur les curieux qui me regardent.

J'entre dans ma classe.