Tout a une fin.

Alors que je pense parvenir à me calmer, une violent secousse ébranle le train. Sous le choc, je tombe lourdement sur le sol. Je me relève péniblement, j'ai le nez en sang. Je sors un mouchoir de ma poche et parviens à calmer le flot rouge qui descend vers ma bouche. Je regarde par terre, il y a des débris de verres. Ils viennent de ma montre, elle est cassée... Génial, je viens de perdre le dernier cadeau de ma défunte tante. Ma mère va me tuer et en plus, j'y tenais à cette vieille montre. Maudit train, il est temps qu'on arrive à ma station, j'en ai assez.

Je n'en peux plus, je tente d'étouffer un sanglot. Je craque et laisse le torrent de larmes couler, nettoyant les dernières traces de sang séché sur ma peau. Ce n'est pas mon genre d'être aussi sensible, mais là il faut dire que ma situation n'est pas des plus brillantes. Il fait nuit et j'ai froid, je suis seule ou presque dans ce train de malheur, maintenant je me mets à tomber et en plus, je viens de perdre un objet qui m'était précieux. Je sais, c'est puéril mais la seule chose dont j'ai envie pour le moment c'est d'être blottie sur mon canapé avec ma peluche préférée et pourquoi pas, devant un bon feu, même si ce n'est plus la saison. J'aimerai tellement ne plus devoir me soucier de mes problèmes... Je ne comprends pas comment je peux avoir de telles pensées mais elles sont réelles. Il y a des fois où j'ai l'impression de ne pas être celle que je devrais être. En moi, il y a à la fois l'enfant qui voudrait grandir et la future adulte qui donnerait tout pour rester une gamine à jamais. Moi, Emilie Akalie, suis emplie de sentiments contradictoires. Pourquoi ne puis-je être une fille ordinaire? Je me trouve bizarre, pas comme les autres. Pourquoi est-ce toujours à moi d'être différente? Dans un élan de rage, je lance les restes de ma montre contre la vitre de la fenêtre. Ça n'a d'autres impacts que de la faire vibrer un peu. Encore un geste inutile, pour changer...

Ce trajet est vraiment interminable, il ne m'a jamais paru aussi long. Je suis tellement fatiguée que je n'entends plus le fracas des roues du train contre les rails. Le silence est plus terrible que jamais, me glaçant un peu plus à chaque instant. Je l'admets, j'ai peur. Un peur peu commune qui est en quelque sorte en train de me paralyser. Je regarde par la fenêtre, le paysage n'a pas changé. Des champs, des champs, toujours des champs... Je connais par cœur la route qui mène à mon village et ça fait longtemps que j'aurai du voir une forêt. Je n'ai plus aucune idée du temps qui passe, je suis totalement perdue. Si seulement ma montre n'avait pas été brisée...

Il me vient soudain une idée. Je pourrais très bien dire que c'est une idée stupide et je me demande pourquoi je n'y ai pas songé avant. Si je veux savoir l'heure, je n'ai qu'à regarder sur mon téléphone portable qui est rangé dans la poche avant de mon sac-à-dos. J'ouvre presque sauvagement le sac, plus que jamais j'ai besoin de me situer dans le temps. Ce... ce n'est pas possible! L'écran est cassé et impossible d'allumer l'appareil. Ça ne peut pas être une coïncidence, pas deux fois. Comment les deux objets pouvant me permettre de connaître l'heure auraient pu être brisés tous les deux en un si court laps de temps?

Ma main se fait lourde, j'ai du mal à écrire. Mon carnet et mon stylo sont les seules choses qui me restent. Je crois que je perds la tête... Je ne parviens plus à trouver d'explications logiques à ce qui m'arrive. Peut-être que je suis en train de devenir folle. Ma tête... Je veux que tout s'arrête... Je dois continuer décrire. Jusqu'au bout. Je le sens. Il fait si noir. Si froid... Mes muscles se raidissent... Ils ont peine à fonctionner. J'en ai assez de lutter. C'est depuis que je suis tombée. Des ombres. Autour de moi. Cette force qui me possède... Continuer décrire. Toujours, la dernière chose qu'il me reste... Continuer décrire. Au prix de ma vie. Je suis si faible. Comment? Pourquoi?! Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne saurais jamais. Je veux rentrer chez moi. Je voudrais comprendre... J'en suis incapable. Pitié... Tout est si flou. Tout tourne... Je dois reprendre mon souffle. Mais je n'ai plus le temps... Quand je suis tombée... Oui, quand je suis tombée. Il s'est passé quelque chose. Je crois que je commence à comprendre. Il est trop tard. Pitié... Pourquoi maintenant?! Je voudrais tellement avoir le temps. Je ne l'ai plus. Le dernier grain du sablier... Il est tombé. J'ai un étrange pressentiment. Je... Elle est là, je La sens, Elle est venue le chercher. Mettre fin à ma douleur... Je n'en peux plus. Elle me tends les bras. Et je l'accepte. Je vais La rejoindre. Poser mon stylo... A jamais... Au revoir.

*****

-Je dois dire que ce texte me laisse plutôt perplexe, dit le commissaire. Si vous voulez mon avis, on dirait un roman plus qu'autre chose.

L'homme marmonna qu'il n'avait jamais lu pareille bêtise.

-Vous ne comprenez donc pas Monsieur? Tout est lié et après une simple lecture, je pense que nous possédons avec les horaires de passage du train dans les stations , le nombre de victimes trouvées et l'heure présumée du passage de l'accident concordent avec ce que nous venons de lire. Je... je sais quue ça peut paraître fous mais... mais il faut prendre chaque détail en compte pour avancer dans notre enquête, bredouilla le lieutenant.

-J'aimerai surtout savoir ce qui est arrivé à cette fille si vous voulez savoir! Ce charabia ne veut rien dire!

- Cette fille... Emilie Akalie, je crois que c'est elle qui a été retrouvée dans le dernier wagon. Elle est morte. Quand on est venu chercher le corps, elle était étalée sur le sol et son nez, du moins ce qu'il en restait,était couvert de sang.

Le commissaire s'assit, il avait besoin de réfléchir. Cette information le troublait. Le lieutenant avait raison, tout coïncidait. Il feuilleta négligemment le carnet, le regard perdu dans le vague. Le lieutenant l'observait en silence, il prit soin de ne pas l'interrompre dans sa réflexion. Le commissaire était un homme d'action. Rester au commissariat ne l'intéressait pas, il préférait enquêter sur place avec l'aide de son lieutenant favori. Ce dernier savait bien que quand son supérieur méditait ainsi, il était préférable de se faire très petit. Tout à coup, le commissaire se releva brusquement et s'exclama d'un ton bourru:

-Lieutenant! Est-ce que vous pensez à ce que je pense?

-Monsieur, je ne sais pas ce que vous...

-Stop ne m'interrompez pas! Comme vous l'avez dit, ça paraît fou mais si c'était la vérité, si tout était lié?

-Je pense qu'on peut conclure que Emilie Akalie est morte lors de la chute qu'elle a décrit dans son journal intime.

-Peut-être vaudrait-il mieux que cette histoire reste secrète Lieutenant.

Les deux hommes se turent, effarés à l'idée de rendre l'affaire publique. Ils risquaient d'être internés, qui pourrait croire qu'une fille avait précisément décrit sa mort dans son journal intime. Et les gens qui les prendraient pour des fous n'auraient pas vraiment tort... Non c'était impensable, irraisonnable. Ce texte était incroyable, tout simplement incroyable. Le commissaire s'écroula sur une des banquettes et il resta une longue minutes les yeux clos. Il reprit d'une voix blanche:

-Cependant, il y a toujours quelque chose qui me dérange. Si cette jeune fille est morte lors de sa chute, comment se fait-il qu'elle ait pu continuer à écrire?

Le lieutenant fut parcouru d'un frisson mais répondit:

-Je ne sais pas Monsieur. Je ne sais pas.



The end.

Oui, je sais c'est curieux de finir comme ça. Pourtant c'est la fin. Je crois pouvoir dire que la fin est ouverte, j'espère que ça vous aura plu ^^. J'espère aussi avoir réussis à vous surprendre, que vous ne vous attendiez pas à ça :D Je suis toujours ouverte à toutes vos critiques qui m'aident à progresser. Au fait, si ça vous a plu, et que vous avez le temps et l'envie, pourriez vous me faire un petit peu de pub? Je sais ça peut paraître un peu impoli mais je suis nouvelle sur Wattpad :)

Je prépare en ce moment même ma prochaine œuvre qui seront bien plus longue (peut-être même plusieurs tomes) et qui sera très différente :)

Bisous les lecteurs :3


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