CHAPITRE 45
Bonjour tout le monde,
Et avant toute chose : BONNE ANNEE !
Que votre année 2024 soit pleine de réussites, de chocolats (il n'y en a jamais trop) et de livres (ça non plus, on n'en a jamais trop).
Bon j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d'années, pour ma part, elles se sont très bien passées. C'est l'avant dernier chapitre que je poste avant d'être majeure !! J'ai trop hâte vous n'imaginez pas !
En pluuuuus, jeudi je vais skier avec Camille ! J'ai du mal à croire qu'on va enfin se voir en vrai, c'est incroyable ! Il n'y aura pas Lina, donc ça me fait un petit pincement au coeur, mais savoir que je me rapproche enfin (géographiquement) de mes meilleures amies, c'est juste GENIAL.
Bon, pour les prochains chapitres : vous en aurez un la semaine prochaine, puis plus pendant deux semaines car je serais en partiels. Après ça, vous en aurez un début février, puis je vais partir aux USA voir mon frère (à Seattle) donc il y aura surement une pause. Mais c'est pas sûr, je trouverai sûrement du temps pour vous écrire un petit chapitre. En tout cas, à partir de fin février/début mars, j'ose espérer pouvoir être assez consistantes dans les chapitres.
Bon assez papoter, bonne lecture !!
P.S.: Comme Cam et Lin sont entrées à la fac, (et oui, fini de rigoler) il n'y aura plus de bêta-lectures, alors si quelque chose vous parait aberrant, ou que vous voyez une immense faute d'orthographe qui vous déchire la rétine, n'hésitez pas :)
Chapitre 45 : La meilleure défense.
C'est parti, pensais-je, tout en mettant mes chaussures. Je m'admirais une dernière fois dans la chambre d'hôpital, que je ne partageais désormais plus qu'avec Ellen, étant donné que Mya... enfin, Emilyana avait exigé de ne plus jamais avoir à me croiser.
Henrietta avait elle-même choisi ma tenue, chic mais sobre : une longue robe de sorcière noire à la jupe si longue qu'elle trainerait par terre sans mes bottines, des boucles d'oreilles dorées et bien sûr le collier de ma mère. Le froid m'avait forcé à vêtir des gants en satin semblable à de la nuit liquide tant le beau et sombre tissu reflétait délicatement la lumière; ainsi qu'une grande cape de sorcière. J'avais plaqué mes cheveux en un chignon absolument parfait, et avait fait un petit trait de liner noir pour vieillir un peu mon visage, et atténuer la rondeur de mes joues.
-Cela ne fait pas un peu trop enterrement ?
-Tu viens de te faire publiquement humiliée, et en plus tu comptes te ramener avec des vêtements de polichinelle ? s'était exclamée Henrietta.
-Non, mais peut être quelque chose qui me rendrait plus... Comment dire, normale ? Juste une ado ?
-Peu importe ce que tu mettras, ils auront quelque chose à redire, Cassie. Ne t'en fais pas, tu es magnifique comme ça. fit Ron.
Hermione lui mit une petite tape sur l'épaule, avec une moue faussement offusquée. Ron rentra dans son jeu, et avec un ton plus ou moins exaspéré s'exclama :
-Merlin, Hermione c'est littéralement une enfant. Tu ne peux pas être jalouse d'une enfant ? Jamais je ne trouverais Cassie belle dans ce sens-là.
-De 1 : ne dis pas cela comme si c'était évident, Ron, car pour certains hommes ce n'est pas évident qu'on ne trouve pas les enfants belles "dans ce sens là". Et de 2 : n'était-elle pas jalouse de Lily quand tu lui avais dit que c'était certainement une des plus intelligentes jeune fille que tu aies rencontré ? repris-je en rigolant, sous le regard d'Hermione, visiblement rassurée que j'ai toujours ma répartie.
Ron eut un grand rire.
-C'est vrai !! J'avais complétement oublié ! Avec ta petite moue qui me suppliait de te dire que tu étais plus intelligente à cet âge là. Par Merlin, Hermione tu es la fille la plus adorable que je connaisse.
-Tu sembles surpris. fit Hermione.
Ron eut un long sourire, ses yeux plantés dans ceux de sa femme, et je pû presque voir les souvenirs s'écouler entre leurs pupilles.
Je montais dans la voiture. Nous avions à peu près une heure de route jusqu'au siège de La Gazette. La nuit était déjà tombée, et les étoiles brillaient dans le ciel. De la fumée sortait de ma bouche quand je respirai. C'aurait été une belle soirée si je n'avais pas eu l'impression de marcher lentement mais sûrement vers mon peloton d'exécution.
Je regardais les étoiles à travers la fenêtre. Elles étaient si belles, si rayonnantes. J'aurai aimé les regarder depuis le toit au-dessus de la chambre où j'avais passé mon enfance, ou dans le grand jardin du Terrier, entourée de ces satanés gnômes, ou encore sur les dunes de sable près de la Chaumière aux Coquillages là où James et moi nous étions embrassés. Les étoiles brillaient presque autant que ce soir-là, le souvenir me paraissait tellement flou et lointain, complètement irréel. Tellement de choses s'étaient passées depuis ce jour-là; tout paraissait s'être écoulé il y a une éternité, alors qu'il ne s'était vraiment passé qu'un petit mois. Je ne savais même pas où nous en étions avec James.
-Cassie, dernière chance pour annuler, me dit Hermione.
Je sursautai à moitié. Une boule tomba dans le creux de mon ventre, et j'avalai ma salive péniblement. Nous étions déjà arrivés. C'allait bientôt être mon tour.
-Non. On y va.
Hermione hocha la tête, et ils sortirent de la voiture. A côté de moi, Henrietta, silencieuse pendant tout le trajet, prit ma main dans les siennes et me regarda longuement.
-Ecoute, ils vont tout faire pour te déstabiliser. Surtout réponds honnêtement. N'essaie en aucun cas de dire ce que tu crois qu'ils veulent. Dis uniquement la pure vérité. N'essaie pas de couvrir les arrières d'Hermione ou de ton père et moi. Tant que tu dis la vérité, tu ne peux pas te tromper, et surtout tu resteras cohérente. Si tu dis une chose et son contraire, tu perdras toute crédibilité, et c'en sera fini de toi.
-Merci d'assumer que j'ai encore un tant soit peu de crédibilité, mais la moitié du monde me déteste parce que je suis la fille de Bellatrix Lestrange, et l'autre me déteste parce que je suis à Gryffondor. Tu crois sérieusement que j'ai une seule chance ?
-Et eux ? me demanda Henrietta en montrant Hermione et Ron qui discutaient sur le trottoir. Eux, ils te croient. Eux, ils te font confiance. Eux, tu les as convaincus. En étant simplement toi même. Ils te détestent parce qu'ils ne te connaissent pas, Cassiopeia. Et ce soir, tu vas leur donner une chance de te connaître. Si ça marche, tu seras tirée d'affaire, et sinon... ils ne savent pas ce qu'ils loupent.
Elle fixa une mèche de mes cheveux, et me sourit.
-Allez, sortons. A toi de briller, petite étoile.
Je pris une grande inspiration, et ouvrit la porte.
***
Les locaux de la Gazette était un endroit gigantesque en plein Londres. Nous nous étions garés un peu plus loin, car il n'y avait aucun moyen de trouver une place de parking convenable à Londres en pleine soirée, monde magique ou non. L'endroit était en fait le centre d'un des plus grand journal anglophone moldu, le Times, créé en 1785, à peine quelques années avant la Gazette (1788).
Je montais les escaliers menant à mon interview - ma future, prochaine et probable, mort. Je commençais à sentir le stress m'envahir, m'empêchant presque de mettre un pied devant l'autre.
-Si tu stresses trop, me dit Ron, compte le nombre de virage que l'on fait, au moins ça t'occupera, et si tu as besoin de sortir en courant, tu pourras te diriger.
-Merci, Ron. fis-je avec ce qui ressemblait plus à une grimace qu'à un sourire.
Mais je me surpris à le faire. Au fur et à mesure que nous suivions les longs couloirs éclairés par des lustres grandioses, nous nous enfoncions à l'intérieur d'une sorte de caverne d'ali baba, chaque couloir semblant plus magnifique que le précédent.
2 virages à droite.
Nous passâmes devant un nombre effrayant de portes, de bureaux, d'open spaces où des journalistes travaillaient, certains en silence, d'autres à l'aide de nombreux cris et grognements.
2 virages à droite, puis un à gauche.
Hermione semblait connaître le terrain comme sa poche. Je fus surprise de voir qu'Henrietta aussi. Je savais qu'elle avait fait beaucoup de journalisme, étant jeune, mais je ne savais pas qu'elle avait été dans La Gazette.
2 virages à droite, puis un à gauche, et encore à droite.
-Hen' ? Impossible. Hen' ? Nott ??
Henrietta tressaillit. Elle se retourna vers l'intervenant avec un sourire charmant.
-Kennilworthy Santeri. Je tiens à te faire remarquer que c'est Henrietta Lestrange maintenant.
-Oui. (Il sourit) Oui, bien sûr. Henrietta. Lestrange.
Les mots semblaient lui écorcher la gorge. C'était lui qui venait de détruire ma vie. Kennilworthy Santeri. Il était grand, des cheveux sombres, un sourire froid plaqué sur le visage. Mais dans ses yeux noirs, on pouvait voir une certaine lueur. La vue d'Henrietta le troublait. Oh bien sûr elle était splendide, malgré sa grossesse, mais ce n'était pas cela.
Oui, c'était sûr, ils se connaissait. Dans une autre vie, ils s'étaient connus. Ce qui expliquait qu'Henrietta connaisse sa manière de fonctionner. Tout était logique maintenant.
-Allons-y, fit-il en souriant. Mon bureau est par là.
2 virages à droite, puis un à gauche, encore à droite, puis trois fois à gauche.
Un drôle de silence avait règné pendant le reste du chemin jusqu'à son bureau. Kennilworthy semblait pourtant du genre à avoir toujours quelque chose à dire, mais il marchait la tête basse, l'air perdu dans ses pensées.
Ron lançait de grand coup d'oeils à Hermione, mais même elle ne comprenait pas pourquoi le journaliste était aussi décontenancé. Seule Henrietta arborait un sourire fier. Je ne le réalisais pas entièrement, mais je pressentais la raison pour laquelle elle avait tant tenu à nous accompagner.
Il ouvrit une porte assez simple tout au fond du couloir.
Ron se pencha vers moi : "2 virages à droite, puis un à gauche, encore à droite, puis trois fois à gauche; juste au cas où tu veux t'enfuir en courant, personne ne t'en voudra vraiment".
J'hochai la tête avec un sourire.
-Bien, allons-y. murmura Kennilworthy en fermant la porte derrière nous. Asseyez-vous, prenez vos aises.
La pièce était un bureau tout à fait confortable : parcourue de nombreuses étagères remplies de plus de livres qu'elles n'en pouvaient contenir, elle arborait en son centre un bureau circulaire gigantesque, en bois foncé, qui mériterait sa place a la Tate.
De larges fauteuils ainsi que quelques poufs étaient disposés tout autour de la pièce, dans un arrangement assez particulier : les fauteuils formaient un cercle autour des poufs, eux-mêmes disposés en un cercle plus petit, autour du bureau. Hermione et moi nous assîmes sur les deux premiers poufs et Ron resta en retrait en s'asseyant sur le fauteuil à côté de nous. Henrietta, en revanche, resta debout, évaluant la pièce d'un oeil critique.
"Drôle d'obsession avec les ronds", grommela Ron tandis que Kennilworthy Santeri prenait place au centre de son bureau.
-J'aime bien avoir du monde autour de moi, lâcha Santeri après nous avoir observé.
-Le scoop, murmura Henrietta.
-Bon, commençons, Cassiopeia tu es prête ? me demanda-t-il.
-Oui.
Ma voix tremblait un peu, mais ça allait.
-Très bien. Donc, ma chère Cassiopeia Lestrange, commençons par celà... Voyons voir... Tu es la fille de Bellatrix Lestrange et Rodolphus Lestrange ?
-Oui. Du moins, c'est ce que je crois.
Il hocha la tête lentement, me scrutant les yeux mi-clos. Il sembla réfléchir un instant puis haussa les épaules et se mit à écrire sur le parchemin devant lui.
-Bon entrons directement dans le vif du sujet. As-tu, ou n'as-tu pas, espionné ton amie Emilyana Malfoy ?
Ok, concentration Cassie.
-Pour faire court, non. Je l'ai acceuillie et surveillée, pour ne pas que l'on s'en prenne à elle. Ces chers messieurs dames du Magenmagot, qui sont désormais bien content de donner Madame Granger-Weasley en pature à la foule, l'ont tout d'abord suppliée d'ouvrir une enquête qui mettrait Mya directement en garde à vue dès son arrivée à Poudlard. La Première Ministre a mené d'énormes débats afin qu'un compromis soit trouvé : James Potter et moi-même devions simplement nous assurer que Mya n'avait pas de problèmes à l'école, je n'en sais pas plus. En tout cas, jamais je n'ai fait de rapports à quiconque sur les agissements de Mya, ni moi, ni James.
-Et as-tu dû intervenir pour que Mya n'ait pas d'ennuis ?
-A deux reprises. Une fois, j'ai demandé à mon amie Ellen Snyde de surveiller deux sixièmes années qui semblaient embêter Mya régulièrement, et une fois j'ai utilisé le sort Protego pour lui éviter un maléfice cuisant dans la cour du château, mais je ne pense pas qu'elle ne l'ait remarqué. En me voyant le groupe est parti en riant. Après je ne peux être sûre que c'était des attaques contre Mya en particulier ou si c'était des attaques entre élèves qui peuvent arriver lorsque les apprentis sorciers s'ennuient.
-Ta simple présence suffit donc à arrêter les voyous?
-Des fois. Ce n'est un mystère pour personne que je suis douée avec ma baguette, que ce soit en sortilèges ou en défense contre les forces du mal.
-Et tu as ? 15 ans, c'est cela ?
-14, en fait. J'aurai 15 ans en mai.
-Donc tu fais partie des plus jeunes de tes camarades scolaires ?
-Oui, effectivement.
-Alors (et passons sur le fait que vous vous soyiez retrouvés sur les lieux du crime, cela peut s'expliquer vu la proximité de ta maison), comment expliques-tu que ce soit toi qui aille te battre contre Lady Blackwood, la dirigeante des Vigilantes ?
-Eh bien, à vrai dire... Ce n'est pas vraiment moi qui ait choisie, mais elle... Elle semblait être bien déterminée à se battre contre moi. Elle en avait après moi. Elle m'a attaquée, je n'ai pas eu d'autre choix que de me défendre, car sinon je ne serai plus de ce monde.
-Voyez-vous cela. C'est elle qui t'a attaqué. Et pourquoi cela ?
-Mmmh, je ne sais pas vous ne voyez pas une ou deux bonnes raisons de s'en prendre à la gryffondor Cassiopeia Lestrange ? Je sais que je suis extrêmement populaire mais en réfléchissant un peu vous trouverez, j'en suis sûre.
Kennilworthy me regarda avec un sourire amusé.
-Depuis combien de temps tu vis avec Nott déjà ? Ce n'est pas pour l'interview, c'est juste que tu lui ressembles beaucoup, c'est drôle. Vous avez la même répartie crue. On pourrait penser que tu es sa fille. Bon bien sûr, ce n'est pas possible, parce qu'à l'époque où tu es née, Henrietta n'était pas encore... et bien, Henrietta, si tu vois ce que je veux dire.
Je restais assez stupéfaite, ne comprenant pas vraiment ce que cela impliquait. Pourquoi Henrietta n'était pas Henrietta ? Qui était-elle alors?
-Ken', tais-toi. menaça Henrietta. La petite ne sait pas.
-Ken' ? Tu ressors les petits surnoms comme au bon vieu temps, Henri ?
-Henri ? demandai-je.
Hermione, à côté de moi, regardait ma belle-mère avec une sorte de vague pitié mêlée à de l'empathie.
-Oh, ma petite Cassiopeia, figure-toi qu'il y a très longtemps, une éternité de cela, Henrietta était en fait, Henri Nott, l'héritier de la grande famille de sorciers. fit Kennilworthy avec un de ses ignobles sourires.
-L'héritier ? Henrietta tu es un ... homme ? Mais tu es enceinte ?
Henrietta me lança un vague regard, et souffla longuement.
-Tu ne t'en souviens pas ? Tu m'as connu avant ma transformation pourtant. J'ai toujours cru que notre vieille inimitié venait de là, du fait que ton père aimait quelqu'un qui est née dans un corps qui ne lui correspondait pas, un corps d'homme.
Je tâchai de me souvenir de ce que Merry m'avait expliqué, il y avait tellement longtemps de cela. Quel était le mot déjà ?
-Tu es... transexuelle c'est bien ça?
Un sourire éclaira le visage d'Henrietta, et elle lança un sorte de regard victorieux à Santeri. Lui semblait plutôt désemparé.
-C'est exactement ça, fit Henrietta.
Son sourire aurait pû éclairer Londres à travers le brouillard tellement elle resplendissait.
-Je vois. Mais comment peux-tu être... (j'eus un moment d'hésitation) enceinte ?
-C'est grâce aux progrès de la médicomagie, me dit Hermione.
-Mais, je croyais que la magie ne pouvait changer le vivant ?
-La magie, non. L'alchimie en revanche... me souffla Hermione avec un sourire en coin.
-De la magie moléculaire en quelques sortes, compris-je. Wow, c'est dément ! Mais du coup, il faut un réceptacle pour bloquer le sort. J'espère que tu as un réceptacle du moins, sinon le pauvre sorcier qui doit garder le sort actif depuis si longtemps, ne doit plus en pouvoir.
Henrietta rigola.
-Bien sûr que j'ai un réceptacle. (Elle me montra sa bague de mariée que mon père lui avait fait faire sur mesure) Tant qu'elle n'est pas brisée le sort est actif.
-Mais ça veut dire que si tu la casses, les jumeaux...
-C'est pour ça que j'évite tout contact avec l'extérieur habituellement.
J'hochais la tête un peu décontenancée. Cela faisait beaucoup tout à coup. Mais en même temps, cela ne faisait pas grand chose. Bien que cela expliquait certains comportements d'Henrietta (dont sa peur de ne pas savoir être mère), cela ne changeait rien du tout à la personne qu'elle était. C'était toujours Henrietta, avec les bons et les mauvais aspects que cela comprenait.
-Bon, c'est bien gentil de me mettre au courant de mes affaires de famille, quoique non, ce n'est pas vraiment gentil de prendre Henrietta de court comme cela, et de l'empêcher de m'en informer elle-même si elle le souhaitait, en temps voulu ; mais bon. Je crois que nous ne sommes pas là pour ça. Que voulez-vous donc savoir de plus sur moi ?
-Rien, j'ai tout ce qu'il me fallait. Je vous raccompagne, suivez-moi.
Je me retournais vers Hermione, surprise.
Elle haussa les épaules, et nous nous levâmes pour nous diriger vers la sortie. Je respirais bien plus paisiblement qu'à l'aller, et le bâtiment semblait encore plus majestueux, plus resplendissant, et surtout plus accueillant qu'à l'aller. Plusieurs personnes s'arrêtèrent pour nous laisser passer, et me regardèrent, assez surprises.
Je croisais le regard de Ron, et lui soufflait en rigolant :
-Je n'ai même pas eu à partir en courant.
-J'en suis presque déçu, je donnerais beaucoup pour voir la tête de Santeri en te voyant disparaître en courant. Et puis, je méritais au moins ça pour avoir sû retenir le trajet pour toi.
Je pouffais, sous le regard amusé d'Hermione.
-Bon, eh bien, Cassiopeia, c'est ici que nos chemins se séparent. Je t'avoue que j'attendais beaucoup de cette interview ; et que je suis content du résultat. A mon avis, l'article que je prévois de faire va te plaire. A bientôt.
Et sans plus de ménagement, il disparut dans les couloirs du journal, sans un mot pour Hermione, Ron ou Henrietta.
L'air frais du soir nous frappa quand j'ouvris la grande porte. Je scrutais les alentours, la rue toujours parcourue de passants qui raient et d'enfants qui couraient, piaillaient, se chamaillaient. De douces odeurs émanaient des restaurants. Je me retournais vers Henrietta. Ron et Hermione nous demandâmes si nous souhaitions les accompagner manger quelque chose, et je leur répondis qu'Henrietta et moi allions sûrement rentrer.
-Tu es sûre ? Tu adores la nuit ! fit Henrietta. Je peux rentrer seule ne t'en fais pas.
-Non, je veux rester avec toi.
Hermione et Ron échangèrent un regard. Ils nous saluèrent en me félicitant pour l'interview que j'avais selon eux bien réussie.
Comme nous étions venus avec la voiture d'Hermione, j'appelais un taxi tandis qu'Henrietta me regardait, ne semblant pas vraiment quoi dire ou faire. Elle semblait un peu anxieuse, et je me demandais si elle allait bien, seulement, moi non plus je n'osais pas parler.
Un taxi s'arrêta enfin, et j'aidais Henrietta à grimper. Puis je donnais les instructions au chauffeur et la voiture démarra.
Je regardais les étoiles, et les arbres défiler. Le jeu de lumière des lampadaires provoqué par la vitesse de la voiture me divertissa un moment : j'aimais bien le moment de transition quand nous passions un court instant dans l'ombre avant d'arriver dans la lumière du lampadaire suivant.
Henrietta poussa un long soupir, elle semblait sur le point de vomir, toute pâle et transpirante.
-Euh, tu vas bien ? finis-je par demander, la voix un peu enrouée.
-Oui. Cassie, écoute je suis désolée que tu aies eu à l'apprendre comme ça, mais je n'ai jamais eu le courage de te le dire, et je t'assure que je serais tout de même une bonne épouse pour ton père et-
-Henrietta. la coupais-je. Arrête ça tout de suite. Tu ne me dois rien, et Santeri est un abruti fini de me l'avoir révélé alors que tu n'étais pas prête à ce que je le sache. Je suis vraiment désolée, j'espère que tu n'es pas blessée, ni mal à l'aise, mais très honnêtement si ça peut t'aider pour moi cela n'a aucun importance. Je veux dire ça a du être difficile, tu as du te sentir mal et seule et je ne veux pas nier tous les combats que tu as du mener, surtout qu'en tant que Nott, tu as du subir toute sorte d'humiliations, notamment dans la presse je suppose. Mais pour moi, cela ne change rien à la personne que tu es. Le corps dans lequel tu vis n'a pas vraiment d'importance, tu es simplement celle que tu es. Cela ne change rien au fait que mon père t'aime, que tu es une mère super pour Regulus, et que même si j'ai pu souffrir, tu faisais de ton mieux avec moi. J'en suis sûre. Tu as fais de ton mieux avec les éléments que tu avais, dans ton contexte, avec ton histoire, ton éducation, tes propres sentiments et peurs. Je suppose qu'étant petite j'ai peut être du dire deux ou trois choses pas très gentille, surtout si je te connaissais avant ta transformation, et j'en suis infiniment désolée, je ne comprenais vraiment pas du tout ce qu'il se passait, pour moi tu as toujours été une femme (et techniquement, c'est un peu vrai). Et comme je te l'ai déjà dit, je n'ai jamais douté que tu ne sois pas une bonne personne pour mon père, une bonne épouse ou une bonne mère, on a juste eu un peu de mal au début.
-Tu as voulu te suicider à cause de moi, Cassiopeia. J'ai été une personne horrible.
-Ce n'est pas à cause de toi, tu étais juste une des millions de personnes qui me faisait penser que je n'étais pas assez bien pour ma famille. Et maintenant que j'en sais plus, je comprends bien que tu as juste renvoyer sur moi tes propres peurs. Tu as tellement idéalisé mon père que tu croyais que personne n'était assez bien pour être une Lestrange. Et d'ailleurs, l'obsession de mon père pour Bellatrix n'a pas dû aider. Franchement tu n'étais pas vraiment pire que les gens qui détestaient tout simplement notre famille et qui me rattachaient sans cesse à ma mère. Enfin bref, tout ça pour dire que vraiment, si tu es d'accord, je ne veux pas qu'il y ait de malaise entre nous. C'est comme ça, ça m'est égal. Vraiment.
-Mais j'étais l'adulte, j'étais sensée te protéger, pas m'assurer que tu te noies.
-Tu as fais des erreurs avec moi. Ok, tu n'es pas parfaite. C'est pas si grave. Long story short, I survived. Passons à autre chose maintenant.
-Sure ?
-Mais oui. Alors cette interview, tu penses que j'ai bien réussi ?
-Est-ce que tu as bien réussi ? Cassie tu as vu les gens nous regarder quand on sortait ? Personne ne ressort d'une interview avec Kennilworthy Santeri sans pleurer. Et toi tu te fais raccompagner ? Et tu demandes si tu as réussi ? Tu lui as sacrément tappé dans l'oeil ouais ! A mon avis, le tour est joué.
-Et tu crois que le fait qu'il m'aime bien à un rapport avec le fait que ce soit ton ex ?
Henrietta s'étouffa avec sa salive, tandis que je pouffais.
-Quoi ? Comment ? Je-
-J'ai bien vu comment il te regardait. Seul l'amour peut faire qu'une personne ait des yeux aussi déchirés quand il te regarde.
Henrietta me fixa longuement.
-C'était une autre époque. Quand j'étais encore... Henri.
-Je vois. D'ailleurs, je peux te poser une petite question ? Une dernière. (Ma belle-mère hocha la tête). Pourquoi n'avoir pas changé de prénom ? Je veux dire, tu as presque gardé le même.
-C'est... à cause de ma mère. Dans sa famille, tous les premiers nés s'appellent Henri depuis des générations. Vraiment, je te promets, si tu croises un Henri un jour, c'est possible que ce soit un de ma famille. Enfin bref, c'est tous des mecs depuis longtemps, c'est une sorte de légende dans la famille Nott. Et bref, quand j'ai voulu transitionner, ma mère était en train de mourir. C'était en quelque sorte sa dernière volonté. Mais j'ai eu de la chance, j'ai pu entendre ma mère m'appeler par mon prénom avant qu'elle ne meure. Certains n'ont jamais connu ça.
J'hochais la tête.
-Euh, finalement j'ai encore une question. (Henrietta pouffa) Si tu me connaissais déjà quand tu as transitionné, ça veut dire que Regulus...
-Oui, techniquement et... comment dire ça, biologiquement, je suis son père.
-Wow, prends ça dans la gueule Dark Vador, la réplique est mieux.
Nous explosâmes de rire à l'arrière du taxi, et je fus assez surprise que ma belle-mère ait la référence moldue. Henrietta ne l'exprima pas, mais je vis dans ses yeux un remerciement discret. Elle n'avait pas vraiment de raison de me remercier, mais je supposais que cela faisait longtemps qu'elle redoutait le jour où j'apprendrais la vérité.
Cela expliquait beaucoup de choses. Ce n'était pas forcément une bonne raison pour justifier ce que j'avais pu vivre vers mes 10-12 ans, mais c'était au moins une explication. Ca me suffisait amplement. Henrietta n'était pas quelqu'un de méchant, elle faisait de son mieux. Qui étais-je pour remettre cela en question ?
Les secrets de la famille Lestrange se révélaient peu à peu, et l'étrange mystère qui régnait sur mon nom semblait se fondre petit à petit autour de moi, dissolvant le brouillard qui flottait sur mon existence.
Je touchais enfin du doigt les arcanes obscurs des vies de mes proches, et tout semblait se relier vers un seul point : l'alchimie. La transition d'Henrietta, la naissance de Mya, le remède de Louis. Tout tournait autour de l'alchimie. Ma naissance était-elle aussi dûe à cette science impénétrable qui me passionnait obsessionnellement depuis toujours ? Ma vie n'était-elle qu'une question d'alchimie ?
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