Les Créations (session 2)


« Le tamari'i balance ses jambes et hume le sel apporté par la mer et la délicatesse portée par le tiaré.

Des enfants rient et jouent à quelque pas de lui. Tous sont ses cousins et tous tentent d'attraper les jolis poissons entre leurs pieds. L'un deux s'écrie en brandissant un perroquet :

- Il est gros et tout bleu, celui-là ! Si beau et azur que je le laisse repartir répandre l'émerveillement au travers du lagon.

Les autres s'extasient et lancent des « oh » admiratifs. L'enfant perché sur son cocotier couché meurt d'envie d'admirer la si belle couleur du poisson, mais il est différent de ses cousins, ses yeux explorent continuellement le ciel, roulent et s'émoustillent à la recherche des divinités qui habitent dans la voûte céleste : le crâne du géant qui forme le monde des cieux. Ses yeux rêveurs ne perçoivent pas l'univers comme les autres. Pour lui, il existe mille couleurs bleues ; il y a Moana, profonde et dense, fraiche et salée, elle gronde et remue fort et dans ces ondes chantent les géantes aux longues ailes blanches, chassent les squales et dansent les dauphins ; il y a le tintement cristallin de Pape, l'eau des montagnes qui se teinte d'humeur végétale et de roche volcanique, elle creuse la montagne et abreuve les plaines, dans ses longs bras, nagent les anguilles aux yeux magiques ; il y a Ra'i qui recouvre l'intérieur du crâne du géant, sur lequel s'accrochent les étoiles et la lune, et où perce le soleil, il chauffe Tai roto où éclate sa radiance contre la peau de l'enfant, où voguent les va'a. L'enfant ne voient pas comme les autres, Nimanu est une onde, un chant antique, un cadeau de Hiro ; Nimanu est une famille d'amour et de vie. Mais Nimanu est aussi la mort qui vous plonge profondément au-delà du ciel, au-delà de l'océan, dans le grand vide où le créateur, comme l'enfant, est aveugle ; où le bleu est omniprésent : une eau épaisse et glacée, comme le son d'une conque qui s'éternise à jamais.

Le tamari'i sourit. Qu'il était beau ce perroquet bleu. »

Yiigdrasil (@Yiigrdasil)


« Je me souviens du blanc qui emplissait mes pensées quand elles étaient trop douloureuses, ce blanc qui colorait mon visage d'enfant au bord du malaise, ce blanc qui vidait de toutes ses couleurs vitales celui de mon petit frère. Je n'ai pas oublié la lividité de ma mère sous les insultes proférées par mon père. On dit que le rouge est signe de grosse colère, mais lui était blanc-gris dans sa fureur.

Il y avait le blanc étincelant de la lune que j'observais avec des petites taches plus sombres que j'attribuais à une bouche et des yeux, le blanc du lait de mon petit-déjeuner que ma mère colorait, les dents de lait de mon petit frère tout immaculées, le short blanc qu'il avait taché en se roulant dans l'herbe, le blanc qui m'amenait au bord du précipice avant de perdre conscience, le blanc des pansements nombreux qui recouvraient mes blessures d'enfant intrépide.

Pourquoi vous parler du blanc ? Parce que comme vous l'aurez compris cette couleur était associée à une terrible peur bleue, des ecchymoses bleues sur le corps de ma mère, mon petit frère et le mien après les violences physiques que nous subissions de la part de celui que nous devions appeler « papa ». »

Calicef (@Calicef)


« Je me suis posée cette question au milieu de tout un tas d'autres lorsque mon ophtalmo m'a expliqué que je perdais la vue.

Une réelle panique concernant les choses de la vie car chaque couleur s'associe à une odeur, un souvenir, un ressenti personnel.

Le bleu pour moi, représente un ciel d'été. Et avec lui la chaleur du soleil. Il peut aussi dans mon esprit être associé à la méditerranée ou l'atlantique, même si l'eau est transparente.

Par mon expérience professionnelle, il est signe d'une souffrance physique, ou d'une forte peur de certains enfants accueillis chez moi. »

Mayou82 (@mayou82)


« Le bleu, c'est le froid.

Mais le bleu, c'est aussi la couleur du ciel dans une carte postale. L'endroit où on rêverait d'aller, où les nuages se font la malle.

Le bleu, c'est la mer, la plage, la liberté. Une couleur dont il ne faut pas trop abuser. C'est les yeux, parfois, quand ils sont clairs. Ceux qui nous absorbent quand on a mille choses à faire.

Le bleu, c'est quand la vie nous désarme. La rupture, le chagrin, le deuil, sous un torrent de larmes.

Le bleu, c'est un peu tout à la fois. C'était même la couleur des rois. »

Anonyme (profil supprimé)


« Le bleu, qu'est-ce que le bleu ?

Plonge tes mains dans une bassine d'eau. Tu peux sentir la fraîcheur, la limpidité. C'est la couleur bleue que tu sens couler entre tes doigts. Elle va du bleu clair, presque transparente d'un filet d'eau qui s'écoule, au bleu profond de l'océan. Comment est-ce possible, toute cette gamme de bleu, me demandes-tu. Prends le chiffre 1 et le chiffre 2. Entre les deux, il y a 1,1 , 1,2 , 1,3... Voilà, tu as compris la notion des nuances.

Le bleu, c'est aussi l'odeur qui emplit tes narines lorsque tu te balades le long de la mer, une odeur d'embruns, de sel, de fruits de mer, de poisson. Voilà l'odeur du bleu.

Le bleu , c'est aussi le son que fait une rivière en s'écoulant doucement et en chantonnant entre les pierres. C'est aussi le son qui roule entre les vagues ou qui tombe d'une cascade.

Le bleu, c'est aussi le goût du bleuet, de la vitelotte ou de la myrtille. C'est une saveur basique, inverse de l'acide. Tu peux aussi trouver la couleur bleue dans le carpaccio de homard ou la peau du poisson.

Enfin, le bleu, c'est la couleur du calme qui envahit ton cœur lorsque tu te détends. C'est aussi la couleur qui coule dans tes veines quand tu t'allonges dans ton lit et que le sommeil te surprend. Le bleu, c'est la couleur de la sérénité.

Le bleu, c'est aussi la couleur de tes yeux magnifiques. »

VALEM77 (@VALEM77)


« Le bleu est la couleur de mes rêves. La couleur du ciel et de la liberté, une couleur un peu salmigondiesque qui glisse et s'écoule, protéiforme par excellence, tout s'y accroche et rien ne lui survie, solide inconstance, divinité métaphysique, je vois le bleu dans la mort et dans la naissance, dans Vers la flamme par synesthésie, chez Oboukhov Messiaen Wyschnegradsky, le bleu est du regard l'essence, onde chatôyante ; et la couleur n'existe pas vraiment, nos sens illusionnent pour nous faire voir dans la réalité profonde des délires moins fuligineux, où l'on croit perdre pied en touchant la chaleur. Dies Irae bleu de Prusse et renouveau magnifié bleu ciel, chant cyan au trombone bleuje de bourges. Ne me crois pas quand je suis franc, car le bleu est un nuage sur ciel blanc, il faut tuer le sens du mot pour parvenir à le cerner, tu le ressentiras bientôt quand tu auras assez cherché. Le bleu se boit, semble sable ablationné. Le bleu se poètise et sa cendre la prosodie attise. Le bleu est l'univers infermé, un Basquiat sur papier, bleu c'est Verlaine et nocturnal serpent qui danse. Bleu c'est charnel et immense. Ceci est la couleur de mes rêves. »

Swannarchie (@Swannarchie)


« Si je devais te raconter le bleu, je commencerai par te prévenir de ses nuances infinies comme le ciel, qui se jouent de l'œil, changent sans cesse pour rester insaisissables. Car si le bleu ciel est propice aux démonstrations à cœurs ouverts, le bleu nuit profite aux amants secrets.

S'il était une sensation, il serait celle du roulis froid de l'océan qui joue en faisant mine de te rejeter sur la plage de St-Malo.

S'il était un son, il serait la musique liquide, craquante et gémissante des glaciers pendant la fonte.

S'il était matérialisé, il serait le glaçon fondant sur le corps aimé au cœur de l'été.

Je pourrais encore te parler des bleus à l'âme, mais ceux-là, je sais que tu connais, puisque c'est entre mes bras que tu choisis de les faire fondre comme neige au soleil. »

DjangosMum (@DjangosMum)


« Bleu, comme la robe de soie dont se pare le ciel.

Bleu, comme le dos rond de la mer.

Bleu, comme les draps agités du lit d'une rivière.

Bleu, comme les yeux émerveillés d'un enfant qui s'éveille.

Bleu, presque noir, comme les profondes nuits d'hiver.

Bleu saphir, bleu turquoise, bleu sodalite, bleu lapis lazuli... bleu, comme toutes ces pierres qui roulent sous tes doigts.

Bleu.

Le bleu est infini, le bleu est horizon.

Le bleu est eau de pluie, de mer ; eau de rivière, de fleuve ; eau de larmes.

Le bleu... Savais-tu que les grecs ne possèdent pas de mot pour décrire cette couleur ?

Parce que le bleu ne se décrit pas : il se sent, il s'imagine, il se vit.

Le bleu est la couleur du monde que l'on habite...

La Planète Bleue. »

RomyAlexandre (@RomyAlexandre)


« Le bleu, c'est la couleur d'un absent que j'implorais à un dieu inexistant et formaté. La figure que je cherchais dans les poussières du grenier, le coin d'un océan céleste qui tarde toujours à arriver. C'est le reste de mes jours, où le bleu s'est fait d'acier, c'est la couleur de mon sang déversé, quand j'implorai à un géniteur défiguré et délirant de cesser son emprise de prison, de me ramener à la maison, où m'attendrait un nouveau type de saphir, celui de la mère protectrice, de la douce étreinte de la chaleur du foyer, là où je trouverai la fin des privations du père, la nourriture, la sécurité, la tendresse des mains, l'affection. Puis les topazes bleues se sont vidées de leur feux : pas de réconfort, pas de mots-pansements, juste des nouvelles formes de lames aiguisées. Le bleu, c'est la couleur de la désillusion révélatrice, les ciels qui n'ont pas de bras pour vous cueillir. Le métal de la langue de la génitrice, quand je l'implorai de cesser de me rappeler de qui je descendais, ce que je serai, mon statut d'être sans ressources, sans but, sans avenir. Le froid, seul dans les allées, les ravages couturés à la va-vite qui reposaient près de mon estomac vide, les morsures sur mes jointures accrochées aux espoirs de vie décrépis. Je suis mon héritage, et le bleu sera toujours mien dans les suppliques à mes créateurs, dans les quelques personnes que j'ai croisé sans lustrer leurs attaches, dans les cercles qui dévoilent mes racines de manière impudique, les étés langoureux aux azurs dégoulinants qui tardent toujours à se terminer, un rappel de l'impossible, de l'immuable, ainsi que les mers inchangées, impatientes sur ma langue chargée par la médiocrité.

Le bleu, c'est la couleur que je n'aurai jamais voulu voir tacher mes yeux. »

NP05_42 (@NP05_42)


« Bleu ? La couleur préférée de ma tante Germaine. »

AdrianMestre75 (@AdrianMestre75)


« Essaye donc, jeune ami dont les sons sont couleurs, de dessiner une vague, comme l'onde de nos phrases. Pense donc à la mouette, non pas muette, qui s'envole et chante. Pense aux oiseaux dont la symphonie te comble de bonheur. Que dirais-tu de peindre ton monde, celui des pauses et des rires? Je te parle du ciel je t'expose à la mer, et ce bleu a mille nuances! Connais-tu l'azur, des nobles blasons ? Reconnais-tu la marine? Ou encore le cyan, le turquoise , le bleu roi?

Nous autres voyants avons une palette et une Iris. Mais toi petit aveugle tu es notre pupille, notre longue-vue là où nous plongeons aux mirages. Le bleu que toi connais est tellement plus beau que je te demande de nous le décrire.

Être fleur-bleue n'est pas si compliqué. »

Heltrym (@heltrym)


« Je suis Tirésias, maudit par Héra qui causa ma cécité et me condamna à l'abysse et sa rusticité.

Depuis belle lurette, j'attends la fin fatale, assis dans l'imperturbable zone hadale.

- Tirésias !

Est-ce un leurre ? Je quitte ma posture solidifiée et bouge la tête dans un sens puis dans l'autre.

Quelle absurdité ! Même un clairvoyant ne peut voir dans cette obscurité. Alors, je fais appel à mon ouïe pour intercepter le moindre bruit.

Face au silence, je m'enquis en me demandant si ma solitude n'a pas eu raison de ma raison !

- Il y a quelqu'un ?

- Suis moi Tirésias !

Si c'est folie, elle est la bienvenue. Mon corps se remue, décolle du sol et se dresse comme un tournesol, prêt à aller jusqu'au bout de la connerie.

-Depuis que tu es englouti dans l'hermétisme de ces profondeurs dont l'opacité ne laisse passer la moindre lueur, tu ne vois que nuit. Je suis là pour te sauver.

L'étrange voix me tient compagnie en me décrivant petit à petit par où passe mon ascension.

Loin de la zone ébène, j'arrive à un étage accessible à quelques rayons qui le teintent de bleu foncé, telle une nuit parsemée d'étoiles qui scintillent. Et Mélancolie me saisit.

Je continue à progresser et mer s'éclaircit en une teinte marine qui diffuse sa chaleur dans mes veines bleutés.

Puis j'atteins des eaux qui font penser à une mine de lapis-lazuli, l'outremer. Je rêve déjà de la clarté diurne. L'espoir regagne mon tréfonds quand je parviens enfin là où la lumière transperce profondément la translucidité des eaux limpides.

Ma tête surgit à l'air. Je rétrécie mes yeux devant l'éclaboussement solaire. Devant mon regard flotte un spectre lumineux, dans sa dispersion de couleurs, je vois un arc-en-ciel en toute splendeur. Je refixe le fluide océanique, le tableau spectral qu'il me reflète, n'était autre qu'un mariage entre azur et celeste.

Mon illumination éclate au jour et reconnait le don de prophétie, envoyé par Zeus en guise d'excuse, pour guider mes pas, jusqu'à l'au-delà. »

Delilahmood (@Delilahmood)


« Le bleu cadavérique des lèvres d'une morte


Noyée dans les profondeurs marines

Rongée par le sel et la vermine


Le bleu de l'angoisse existentielle

Quand nos yeux interrogent le ciel


Du paradis céleste ils ont fermé les portes


Là derrière se reposent les âmes

Les vivant demeurent ici bas

Résistent à la tentation de la lame

Qui pèse sur un cœur qui bat


Le chant bleu d'Orphée

Résonne dans la terre creuse

Exalte les cris des fées

Et les lamentations bilieuses


Nous ne reverrons plus Eurydice

Les larmes à nos yeux

Perles salée et bleues

Inondent de cécité les délices


Que les aveugles se consolent

Tous nous serons dévorés par le sol

Là où le fruit se gâte et pourrit

Fermente le renouveau et le nourrit


Le bleu moisissure

Le bleu des blessures


Le bleu de l'œil

Le bleu du deuil


Pardonne mon pessimisme et ma folie


Le bleu vit et meurt

Et comme toutes les couleurs


Finit dans le noir néant de la mélancolie »

Windir1184 (@Windir1184)


« Mon ami, je ne vais pas te décrire la couleur bleue.

Je vais te la faire sentir au travers des autres sens à ta disposition.

Laisse le papillon Morpho Peleides te guider !

D'un coup d'aile magique je te transporte sur mon dos par delà les frontières de l'imagination.

Un petit plouf dans les eaux chaudes de Cancun où leurs transparences sur le sable blanc donne cette teinte incroyable adoptée par les raies et les tortues.

Elles te chuchoteront à l'oreille le goût de cette onde paisible...

D'un saut nous nous retrouvons au sommet du Canigou la tête dans un ciel si pur qu'il semble décliner le prisme sur une longueur d'onde oscillant de 462 à 500 nm.

Le battement d'aile suivant nous gagnons le moyen-âge au pays de l'or bleu, pays de cocagne.

Respire l'odeur de cette fleur de pastel qui donnait une teinte si particulière aux tissus portés par les Occitans.

Looping avant et tu te prélasses à Marrakech dans le jardin du peintre Jacques Majorelle.

Caresse donc la façade peinte d'un bleu si particulier. Ne sens tu point son crépi vibrer d'un frisson à 750 Khz ?

Pour finir branchons l'électrophone et faisons chanter une galette de vinyle de Robert Johnson. Ce blues man Américain, hélas membre du club des 27 faisait pleurer sa guitare avec les fameuses " bluenotes " dans les années 30. »

Piochons (@piochons)


« Elle n'était pas aveugle, pour sûr, mais ignorait tout des couleurs. Les couleurs, pour elle, n'existaient autrement qu'avec un C majuscule, et étaient une promesse lointaine qu'il restait à tenir.

Son monde était fait de Blanc, et de rien d'autre.

Alors quand on lui a parlé de Bleu, on a dû trouver des mots qui pouvaient lui parler.

« Vois-tu la tristesse ? La morne solitude d'une journée sans rencontre, les larmes coulées sous lesquelles aucune épaule ne viendra t'épancher ? Les espoirs d'hier déçus par les trahisons du lendemain, les peines et les pertes pour lesquelles personne ne peut te réconforter ?

Vois-tu le calme ? Le silence absolu de ces plaines de neige infinies, le souffle d'une méditation uniquement troublée par les grelottements ? Le bien-être de se retrouver blotti dans les bras de la confiance, les remous figés dans le temps et la glace d'un océan à jamais immobile ?

Vois-tu le Froid ? Le tressaillement imperceptible de ta peau sous sa caresse, la douleur de ses crocs qui te percent ? Les courbes impossibles d'un verglas que nul n'a foulé, l'appel irrésistible d'un sol couvert par sa fourrure ?

Elle eut l'air de comprendre. Curieuse et avide, elle demanda à ce que l'on décrive d'autres Couleurs. La rage et l'amour du rouge, les rires et la lumière du jaune, la générosité et l'abondance du vert...

Un jour, elle put venir dans notre monde, et elle put enfin contempler les Couleurs si chères à ses yeux.

Quand elle vit ce que nous en faisions, elle pleura. Et ça n'étaient pas des larmes de joie. »

SPmechant12 (@SPmechant12)


« L'âme, avant d'être prisonnière du corps-tombeau, voyageait au coeur du monde intelligible. Elle connut la Justice, le Beau, le Bon, le Vertueux, le Vrai... Tant d'idées évanescentes dans le monde sensible.

Toi, l'ami aux yeux voilés, tu es à même de te souvenir de cette vie que nous avons tous oublié, mais que nous cherchons à connaître ou à nous ressouvenir.

Revêts les idées les plus nobles d'une couleur, et le Bleu se présentera à toi. C'est ce bleu qui a vêtu les étendues éthérées, que l'on retrouve sur les surfaces miroitantes. Ce bleu qui drape le manteau de la Vierge et des Rois.

Ainsi, le bleu est la couleur de la noblesse sous toutes ses déclinaisons.

Et si notre corps-tombeau nous empêchait de voir des millions de nuances, indépendantes du monde visible ? Peut-être les vois-tu, ces couleurs inconnues ? »

Marlowe-Laidi (@Marlowe-Laidi)


« Léon n'avait jamais vu les couleurs. On lui avait dit que le ciel était bleu, que la mer aussi, et cela lui paraissait étrange, mais au fond, il s'en fichait. C'était d'ailleurs un défi que beaucoup se lançaient lorsqu'ils faisaient sa connaissance : on tentait de lui expliquer les couleurs par les odeurs, le toucher ou même les longueurs d'ondes, mais très vite, on abandonnait devant l'impossibilité de la tâche. Chacun vivait dans son monde et c'était très bien comme ça. C'est pourquoi lorsqu'Annita lui avait demandé de choisir une couleur pour repeindre leur chambre à coucher, il avait rigolé.

Pourtant, elle était très sérieuse. Alors, pour éviter une dispute inutile, Léon avait dit : « Pourquoi pas le bleu ? » Après tout, si le ciel et la mer étaient de cette couleur, cela ne pouvait pas être un mauvais choix. Mais Annita ne s'était pas arrêtée là :

— Quelle teinte ?

— Qu'est-ce que ça peut faire ? grommela Léon.

— C'est moi qui ai choisi la couleur des lampes, celle du canapé et de la table à manger. Je voudrai une couleur qui soit à toi.

Léon réfléchit un instant et, avec malice, il répondit :

— Je voudrai le même bleu que je ressens à l'âme quand tu es loin de moi.

Il s'était attendu à un petit coup sur l'épaule, à un souffle d'agacement ou même à un rire, mais elle prit la chose très au sérieux et se mit en tête de la trouver.

Plusieurs jours passèrent, et elle rentra un soir avec un pot métallique qu'elle lui mit dans les mains.

— La voilà, annonça-t-elle avec gravité. Mais on ne pourra pas l'utiliser.

— On ne pourra pas l'utiliser ?

— Non. Il faudra le garder fermé.

— Je ne comprends pas ?

— C'est une couleur magique, mon doux Léon, et elle sera invisible car je me trouve près de toi. Garde ce pot précieusement en pensant à cela. Si jamais tu la vois un jour, c'est que je ne serai plus là. Mais cela attendra, mon amour, car cette couleur est à nous et les murs de la chambre ne nous la volerons pas. »

MotPas (@MotPas)


« Entre dans ma maison, j'ai ouvert les fenêtres. Un vent doux souffle sur les mysotis qui repose dans un vase glacée.

Le printemps c'est invité dans ma piéce à vivre.

Ses parfums cobalt t'entoure.

Je te vois sourire, tu les devines ? Myrtilles, prunes..autres ?

Asseyons-nous mon ami. Cette saison chacun de nous deux la vivra en bleu. »

Alaefelin (@Alaefelin)


« Ecoute le chant de la mer, une pincée de sel sur les papilles, c'est ça, le bleu.

De l'eau aux chevilles, du sable qui s'échappe d'entre les doigts... Cette sensation agréable et frustrante, c'est ça, le bleu.

Un glaçon qui fond sur la langue, la porte du réfrigérateur qui claque... c'est aussi ça, le bleu. C'est tout. C'est rien. C'est l'infini. C'est le néant. En fait, c'est ce que tu veux. le bleu, c'est une variable sans substance. C'est l'intangible. C'est le réel.

Le bleu, aussi doux qu'une étoffe de soie, aussi élégant que l'accent dans la voix, aussi beau que des mots d'amour...

Un voyage.

Le bleu, comme une caresse des nuages, ce sont mes lèvres contre les tiennes. »

NaAmiral (@naAmiral)


« Putain, comment je vais bien pouvoir te décrire le bleu moi ? Honnetement ca fait vraiment chier d'être aveugle, c'est sacrément la merde... Te vexe pas hein, mais j'suis contente d'avoir encore mes yeux moi. Enfin, voila que je dois te faire voir un truc que tu verras jamais... Je vais essayer mais steuplé, sois indulgent.

Déjà, le bleu, c'est infini, on dit le bleu mais la vérité c'est que y'en a des dizaines. T'imagines, une même couleur mais qui a des dizaines de nuances différentes. Suivant si elle est claire, foncée, plus proche du vert, de la mer ou encore du violet. Alors le bleu, c'est aussi dur à décrire que de t'expliquer les nuances de mon amour pour toi. Le bleu, si j'ferme les yeux, c'est l'odeur de la mer, le roulis des vagues qui s'échouent sur la plage, ou qui s'écrasent sur les rochers. Le bleu c'est les oiseaux dans le ciel, les nuages qui avancent, chassés par le vent. Le bleu, c'est l'océean et le ciel à la fois, c'est ce qu'il y a dans tes yeux, un alpha et un oméga, le début et la fin. C'est le premier plan, mais aussi l'arrière plan, en bas de l'image et aussi en haut. C'est une couleur qui peut être intense, couleur des étoiles, du de fin de journée où la fraicheur tombe, ca c'est le bleu nuit. Ca peut être très clair, couleur aube, un bleu si clair que tu le confonds encore avec le ciel et qu'il t'emmène vers un recommencement, le début d'une journée où tout est possible. Et puis il y a les bleus des rivières, moins étendus, plus concentrés, les bleus de la royauté, une couleur intense, pleine, qui prend tout l'espace et qui en impose, et puis le bleu c'est la Terre, c'est toi, c'est moi, c'est totues ses nuances qui nous composent, ce qu'on voit quand on regarde la Terre depuis la Lune, toujours mélangé au blanc le bleu, un patchwork de nuances qui t'expliquent tout, et qui veulent dire une seule chose : la vie. »

Omilaaa (@Omilaaa)


« Ils étaient deux, assis sur un banc. Une fille, un garçon. Une brune, un blond. Une qui voyait, un qui ne voyait pas. Kaëlle, Sven.

Les conversations des gens, tout autour d'eux, leur parvenaient par bribes.

- Mais si, tu devrais trouver facilement, on ne peut pas le rater, s'agaçait une dame. C'est un grand bâtiment bleu.

La phrase parvint aux oreilles de Sven.

- Dis, c'est comment, bleu ? demanda-t-il à Kaëlle.

Silence. La jeune fille, surprise par cette question à laquelle elle ne savait trop quoi répondre, regarda le visage impassible de son ami tourné vers elle. Elle rassembla les mots qui lui paraissaient les plus justes, hésita puis se lança.

- Bleu, ça peut être calme et profond, liquide et puissant comme la mer. Ça va avec l'écume, les algues et le sel.

Bleu, ça peut être électrique et attirant, vif et acidulé comme ces bonbons qu'on adorait quand on était petits. Ça va avec la joie, le sucre et les mains entrelacées.

Bleu, ça peut être triste et nostalgique, lancinant et morose comme la vieille porte d'un souvenir. Ça va avec les odeurs anciennes, les pluies oubliées et les fleurs fanées.

Bleu, ça peut être mystérieux et exotique, neuf et bruissant comme le ciel des vacances. Ça va avec les cigales, la chaleur et le parfum de la sève.

Bleu, ça peut être tout ça à la fois, ou décliné de différentes façons. Je pense que personne n'a la même définition de bleu.

Sven hocha la tête sans un mot. Il pouvait presque le voir, ce bleu, à force de l'imaginer en un éventail de senteurs, de sons et de sensations. Il sourit au bonheur d'être là, d'être bien sur ce banc. Kaëlle aussi devait sourire, et ses yeux étaient sûrement bleus. »

Chlamydophore (@Chlamydophore)


"L'AVEUGLE : Dis-moi, qu'est-ce que le bleu ?

L'AMIE : Eh bien, si je dois décrire cette couleur, la première image qui me vient à l'esprit est l'immensité du ciel. Elle a un côté hypnotique, tu sais ? Certains soirs d'été, j'aime me poser tranquillement dans mon jardin, et y perdre mon regard indéfiniment. Il m'arrive même assez souvent de prendre des photos du ciel, juste pour en capturer la teinte incroyable.

L'AVEUGLE : C'est mignon ce que tu racontes, mais ça m'aide pas vraiment à me projeter. Le ciel, le regard, une photo ? Tout ça est trop abstrait pour moi qui ne peut voir.

L'AMIE : Bon si tu préfères le concret, en voilà : la lumière bleue est une onde électromagnétique dont la longueur d'onde est comprise entre quatre cent cinquante et cinq cent nanomètres. Si on descend au niveau chimique, c'est l'onde libérée lorsqu'un électron du nuage électronique descend à un niveau d'energie qui, si mes calculs sont bons, vaut...

L'AVEUGLE : Arrête, tu me fais mal à la tête avec tes mots compliqués. Tu ne peux pas faire plus simple ?

L'AMIE : C'est toi qu'es pas drôleuh. Ah, une anecdote m'est revenue, je crois que tu vas préférer ça. J'étais petite, et il y avait une fête, ça devait être une kermesse ou quelque chose dans ce goût là. Je me rappelle qu'une personne distribuait des plumes bigarrées, il y avait tout un arc-en-ciel là-dedans. Et au milieu, je suis tombée sur une plume du bleu le plus intense que j'ai jamais croisé. Il était si profond, le regarder c'était comme plonger dans les tréfonds de la galaxie. À ce moment-là, une pensée m'a frappée : j'avais rencontré ma couleur préférée. Ha ha, avec le recul, je me dis que c'est presque comme si j'en étais tombée amoureuse.

L'AVEUGLE : Un vrai coup de foudre, hein ? Donc si je comprends bien, pour toi le bleu c'est vaste et hypnotique comme l'espace. Bon je pense que je vais m'en contenter."

bergamotine (bergamotine)

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