Il faut savoir garder espoir

Du noir, uniquement du noir. Puis une sensation qui enfle, qui prend de l'espace : la douleur. Une douleur indescriptible qui monte qui... Qui !! Mes yeux s'ouvrent alors que je pousse un cris strident. Je ne vois que des couleurs vives, du rouge, du jaune... Des flash de lumière... J'entends des bruits de tous côtés. Mais surtout une douleur terrible. Une douleur qui semble provenir de ma jambe. Heureusement mes yeux commencent à aller mieux et ma vision se stabilise suffisamment pour constater l'horreur qui m'entoure. Des gens qui courent, la plupart ensanglanté, essayant de transporter corps d'un proche ou possessions précieuses. Plus loin, un long panache de fumé de noir s'échappe d'une énorme carcasse grise tintée du rouge des flammes qui s'en élèvent. La mémoire me revient doucement, malgré la douleur qui continue à me marteler le crâne. J'avais pris l'avion pour me rendre à l'enterrement de mon frère. C'est  la seul famille qu'il me reste et je lui avais promis qu'on se reverrait une dernière fois. Et durant le trajet, nous avions appris la nouvelle de l'explosion... Et de ses conséquences ... C'était devenus la chaos. Les gens hurlaient et couraient dans tous les sens. Suivit d'une escalade de panique et de violence. Et finalement la perte de contrôle de l'avion et le crash... Une longue chute vers la mort. Enfin, pas pour moi pour le coup. C'est ainsi, perdu dans mes pensées, que je ne remarque pas tout de suite la femme qui me fait signe. Elle crie des choses que je ne comprends pas, mais je hoche tout de même la tête. Elle me sourit et lève son pouce en l'air avant de repartir en courant.

Le temps s'écoule lentement... De moins en moins de personnes passent devant moi. Et ma tête commence à s'alourdir de plus en plus. Je décide de bouger un peu pour me tenir éveillée. Difficilement, je prends appuis sur mes mains et me traine vers un arbre proche. Après plusieurs minutes de souffrances et de sueurs, ou des heures je ne serais dire, j'arrive finalement à doucement m'adosser contre un bout de végétation. Je me pose donc, regardant le paysage de blanc et noir sans vraiment le voir.
Au bout d'un court instant la douleur me rappelle à la réalité, ramenant en même temps mes autres sens à la vie. L'odeur de la chaire brulée se mélange à celle du sang et de la fumée. Sur ma langue une goutte, mélange de sang et de sueur, me laisse un goût métallique et salée. Une forme flou passe devant moi et ma vision se trouble de nouveau. Le monde devient flou, puis noir, tout noir.

Ce qui me réveille cette fois si n'est pas la douleur, mais le froid. Je reviens donc doucement, de ce que je pensais être mon dernier sommeil, par un contact sur ma joue. Un petit touché froid, et mouillé. Mes yeux s'ouvrent lentement, me permettant de constater qu'il commence à neiger. Je me décide à en savoir plus et ose jeter un coup d'œil à ma jambe. Le spectacle qui s'offre à moi me remplit d'effroi. Là où se tenais ma jambe, se dresse maintenant un amas de chaire, d'os et de fer, que je n'aurais jamais pu imaginer, même dans mes pire cauchemars. Je détourne bien vite le regard, devant ce qu'il reste de mon membre, et m'attelle à chercher un moyen de m'en sortir. Déjà, il fait nuit et seul les quelques rares foyer en provenance de l'avion émettent encore de la lumière. Ensuite, je dois trouver un endroit plus chaud et protégé du vent afin d'attendre les secours. Le souvenir de la dame me revient en mémoire. Quelqu'un sait ou je suis, ils m'enverront sûrement du monde. Je dois juste tenir quelque temps.
J'essaye de bouger un peu, mais je n'en ai définitivement pas la force. Alors je suis bien contraint de rester ici pour le moment. De plus je constate que je commence à avoir faim et soif. Et aussi que je n'ai jamais été autant épuisé de ma vie. Mais je dois garder espoirs ! Alors je regarde autour de moi à la recherche d'un quelconque objet utile. J'e n'en suis qu'à quelque seconde d'exploration que je remarque dans la neige un petit groupe de bâton rouge. Je me penche frénétiquement et, après quelque essais infructueux dû à mes doigts glacés, en attrape un. Je l'examine en vitesse et la joie monte en moi alors que mon espoir se confirme ! Une fusée de détresse ! Je suis sauvée ! Il doit y en avoir 4 ou 5 ! je n'ai plus qu'à les allumer une par une, les secours finiront par me trouver ainsi !

Le psshh finale retentit faiblement. Je me saisis de la dernière fusée qu'il me reste, mais pour le moment aucun secours à l'horizon. Mes fusées n'ont attirées que des loups. Je peux voir leur yeux à travers les arbres. Ils me fixent et préparent un plan pour m'attaquer. Bonne idée que de les avoir réintroduits... Non ! Je ne dois pas perde espoir. Je décide plutôt de lister les points positifs actuels : plus de douleur à la jambe, plus de sensation de faim et de soif, je ne sens même plus le froid. Conclusion : je vais pouvoir tenir encore longtemps. Parfait ! Ne pas abandonner c'est la solution. Par contre, ma vison souffre peut-être un peu elle, et je n'entends plus grand chose, mais je tiens bon. La dernière fusée sera la bonne.

Ils ne sont pas venus non plus pour la dernière. Mais je garde espoir. Il le faut. Je fixe les loups qui se sont rapprochés depuis peu. Ils me regardent eux aussi. Il faut que les secours arrivent au plus vite. Le temps passe, des heures, des minutes, des jours, des secondes, des millénaires. Je tiens bon face aux prédateurs, mais il fait trop noir et je ne distingue même plus leurs yeux. Je commence à sombrer dans un sommeil profond. Autant me laisser emporter. J'ai toujours eu du mal à bien dormir, il ne faudrait pas rater une telle occasion. Je n'aurais qu'à reprendre l'attente demain. Je ferme les yeux doucement... Quand soudainement un bruit se fait entendre ! Un bruit de pas dans la neige ! Il ne peut indiquer qu'une chose : les secours sont enfin là. Je les entends hurler dans ma direction ! Ils arrivent !! Apparait alors devant moi un homme vêtus de rouge qui m'agrippe le bras. C'est mon frère je le reconnais ! On se retrouve enfin comme promis. Je saisis sa main et me relève. La lumière m'éblouit alors que nous partons tous les deux. Il s'agirait de ne pas être en retards ! Nos parents nous attendent depuis déjà si longtemps.

Nathan Chagnon

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