Les giboulées de Mars - Deuxième partie


  A la pose de midi, vous pensez sortir profiter du beau temps en allant manger au restaurant, mais au moment ou vous jetez un coup d'oeil dehors, vous remarquez avec horreur que le ciel radieux du début de journée a bien changé : désormais, il fait beaucoup moins clair, et de sombres nuages zèbrent le ciel de leur noirceur. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la pluie commence à tomber. Une légère bruine, en premier lieu, c'est par la suite un véritable déluge qui s'abat sur la nature. Vous vous inquiétez de rentrer entière à la fin de la journée, et vous regrettez soudain votre parapluie, lequel vous avez traité avec si peu d'égard ce matin. Vous vous inquiétez également de ce que à quoi vous ressemblerez en entrant dans la bouche de métro, et même en rentrant chez vous. Car il faut le dire, vous savez pertinemment que vous serez rincée, et par conséquent, mal à l'aise de ressembler à un rat mouillé.

  Vous finissez donc par vous attabler à la cantine, avec vos collègues de service. Les coquillettes au beurre et la viande de provenance inconnue ne vous tentent pas vraiment, mais voua avez faim, donc vous attrapez votre fourchettes et commencez à grailler. Le temps passe, et vous passez un bon moment. Vos doutes de la fin de matinée s'envolent doucement, et le beau temps revient en même temps que votre détente personnelle.

  Vers 15 heures, vous décidez de sortir avec votre collègue et amie dans un parc à proximité du taf, les pruniers sont en fleur en ce moment c'est chouette. Vous avez emporté avec vous de petits gâteux au chocolats que vous affectionnez tant toutes les deux, ainsi que des boissons rafraîchissantes et une jolie nappe à carreaux.

  Le ciel est au beau fixe, la température parfaite pour un casse-croute, et de plus vous profitez des oiseaux qui babillent et des canards que vous apercevez sur le plan d'eau en diagonale de vous. Vous décidez de vous installer sous un saule pleureur, vous asseyez sur un coussin fleuri et laissez votre imagination partir à la dérive de vos inspirations. Des images de romantisme et de secrets vous viennent, et vous vous perdez un petit moment dans cette pensée, puis vous revenez à la réalité. Vous avez plus d'une heure pour vous, lais au bout d'une vingtaine de minutes, votre amie doit partir. Vous vous rendez pile devant le lac, vous asseyez sur un banc et sortez de votre sac un livre dont vous vouliez avancer la lecture depuis un petit moment mais, faute de temps, vous ne vous étiez plus plongée dedans. Vous profitez de ce moment précieux, dont vous aviez bien besoin, vous vous en rendez enfin compte.

  Mais le temps passe vite, bien trop vite. Ainsi, quand les premières gouttes commencent à tomber, vous n'y prêtez guère attention. Blottie contre le ton du saule, qui vous protège sommairement de la légère pluie, vous remarquez les tâches d'eau provoquées par ce début d'averse sur les page 265-266 de votre livre. Vous jetez un coup d'oeil à votre montre, vissée sur votre poignet gauche. Malheur ! Il est cinq heures et demie passées ! Vous êtes en retard pour votre présentation très importante, qui a lieu à 18 heures précises, sur la possible réutilisation des matières premières abandonnées dans la chaine de production d'une chaise HNOIDKZ Ikéa nouvelle génération. Le truc de la journée à ne pas louper... Le patron du patron de votre patron sera la. Le big boss sera présent, et vous vous étiez jurée de faire une excellente impression et de le subjuguer par votre verve et votre esprit, quite à obtenir une promotion dans le lot, en modifiant pour la dix-huitième fois votre power point, cette huit à 4 heures. Vous décidez de courir. Manque de bol, votre collant se prend dans une ronce. Et puisque vous êtes décidement très attentive, il vous faudra être arrivée devant la salle de présentation, en retard qui plus est, pour vous rendre compte que :

1, votre collant a filé bien gentiment sur toute votre jambe.

2, l'autre jambe ne se porte pas mieux ; une belle trace d'herbe s'étale du haut de votre cuisse à votre bas de genou.

3, votre brushing, auquel vous avez accordé tellement d'attention ce matin, est retombé et a frisé avec l'humidité : fini les cheveux d'actrice hollywoodienne.

4, votre mascara et le reste de votre maquillage a coulé, du à votre stress et à cette pluie assassine.

Et pour terminer, votre téléphone affiche 18:13. Et vous deviez passer la première de votre groupe.

  C'est donc folle d'enthousiasme et d'assurance que vous vous préparez à entrer dans la salle, quand une main attrape votre épaule. Vous vous retournez soudainement, et vous captez un regard que vous connaissez bien : c'est celui de Louis, un collègue qui est rentré en même temps que vous dans la boîte, quand vous étiez encore stagiaires. Vous vous êtes perdus de vue, comme vous étiez partis dans des secteurs différents. Mais, si vous devez bien le reconnaitre, vous avez toujours eu un petit faible pour lui. Ainsi, le fait que la première image qu'il ait de vous depuis deux ans soit vous, totalement déconfite et trempée, ne vous enchante guère. Vous vous saluez, et lui demandez pourquoi il vous a retenue ; vous ajoutez que vous êtes déjà suffisamment en retard pour vous permettre de prendre de ses nouvelles, même si la politesse l'exigerait de cette situation. Il se contente de fouiller sa poche de costume, et il en sort finalement un paquet de mouchoirs. Il vous le tend, et vous donne comme seule explication "Vous avez les yeux un peu noirs". Vous le saisissez, essuyez précautionneusement le dessous de vos yeux, et utilisez un autre mouchoir pour arranger un peu le reste de votre visage. Vous lui rendez ensuite son paquet, en chuchotant un "merci". Il sourit, puis enlève sa veste de costume. Il la passe avec soin autour de vos épaules, puis se retourne. "Pourquoi te retournes-tu ?" Vous lui demandez. "Tu devrais enlever tes collants, c'est un conseil. Je ne regarderais pas" assure Louis. Vous acquiescez, et vous mettez à l'oeuvre. Vous fourrez précipitamment vos collants fichus dans votre sac, lissez votre jupe et vos cheveux, lancez un merci reconnaissant à Louis en espérant secrètement qu'il oublie cet épisode désastreux.

  Vous inspirez un grand coup, et pénétrez dans la salle. Elle est baignée de soleil. Comme votre esprit. Vous vous avancez, et saluez l'assemblée. Vous adressez un sourire rayonnant à votre supérieur et au Big Boss en vous excusant pour ce malheureux contretemps. Vous faites profiter de ce doux sourire à Louis, qui vient de s'installer à deux chaises de la vôtre ; il répond à ce sourire par un pouce levé par le haut et une oeillade d'encouragement. Ça y est, vous êtes prête, et vous pouvez commencer.

  Quand vous sortez de la salle, vous êtes radieuse. La présentation s'est très bien passée, et le grand patron a même parlé de vous faire entrer dans une section principale de l'entreprise, à un poste beaucoup plus important.

  Quelqu'un vous interpelle, vous vous retournez. C'est Louis. "Félicitations pour ta promotion ! Enfin, je sais que c'est pas officiel, mais je sens que c'est pour dans très bientôt. J'ai hâte qu'on travaille ensemble, ça va être génial !" Il s'exclame, très content. Vous souriez. Vous aussi, vous avez hâte de travailler ensemble. Vous pourrez même vous rapprocher un peu, et peut-être avoir droit à plus ? Qui sait ce que l'avenir nous réserve... Vous enlevez sa veste, et la lui tendez. "Merci pour tout", vous lui dites.

  Il attrape sa veste sans grande conviction. "Elle t'allait bien, ma veste", il lance. "Comme le reste, d'ailleurs." Il ajoute. Vous le regardez, un peu confuse. Est-ce que vous avez bien entendu ? Vous décidez de prendre un risque. Après tout, vous avez plus 13 ans, il est temps de vous enhardir. "Merci", vous répondez. "Et... tu voudras bien sortir avec moi un de ces quatre ? On pourrait faire un ciné ou un resto...".

  Il reste impassible. Vous vous dites que c'est mort, que vous avez tout fichu en l'air. Puis il redresse la tête, et vous regarde droit dans les yeux. "Avec plaisir. Tu ne voudrais pas la garder ?" Demande t'il affectueusement en vous retendant sa veste. "Oui, ça me plairait bien, tout compte fait" vous répondez sur le même ton.

 Vous empoignez sa veste, et sa main attrape la vôtre. "Je peux te raccompagner ?" "Avec un grand plaisir" vous lui répondez avec un immense sourire. Vous entrelacez vos doigts aux siens, et vous vous éloignez de la salle, rayonnants.


  Vous voyez, vous y avez eu droit, à votre Happy End ! 

FIN

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Voilà ! La fin de cette petite nouvelle (petite, petite... 3000 mots quand même !). j'ai voulu la faire en simplicité, sans prise de tête. 

J'espère que la lecture vous aura plus, n'hésitez pas à laisser votre avis, qu'il soit bon ou mauvais, dans les commentaires ! Je ferais en sorte d'y répondre. 

A la prochaine, 

Restez connectés, 

Yokoko -  Follereveuse


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