❄️ 5 D é c e m b r e ❄️

La Chenille et le Papillon
baida17

Thème : Pas de thème

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0. Destin Promis

Tout est écrit quelque part dans des livres invisibles, tout est volonté de Dieu.

Décembre 2017

Je ne sais plus distinguer le jour de la nuit, le ciel semble en sommeil, la nature endormie. Je ne sens plus rien.
Je veux me redresser, me lever mais mes jambes ne bougent pas.
Je sais très bien où je suis, je le devine, je l'ai compris. J'ai fermé les yeux quelques instants et la chaleur m'a envahi.
Des bribes d'images me reviennent.
Des flocons volent, tournent dans l'air, tout est calme.
La neige commence à me recouvrir, je cligne des yeux pour la balayer de mes cils.
Je vois son visage au dessus du mien, je sens l'odeur de la cigarette. Ses doigts se posent sur mon visage. Mon cœur se serre. Je crois que c'est fini.

Par amour je suis morte pour lui.

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1. La chenille

A

Jamais il ne me regardera, jamais il ne fera attention, je ne suis qu'une chenille et lui un papillon.

Trois ans plus tôt

Je n'étais pas studieuse même si j'en donnais l'impression, toujours le nez dans mes cahiers, tout ça n'était qu'une illusion, je composais des poésies, je racontais ma vie, noyée par le flux de mes pensées, le cœur ailleurs, l'esprit avec lui.

Depuis quelques mois, je le croisais, je le voyais, secrètement je l'observais. J'ignorais ce qui me plaisait, si c'était le son de sa voix, son odeur quand furtivement il passait à côté de moi, j'ignorais tout de ces fourmillements dans mon cœur, de cette maladie qui poussait à l'intérieur, ce vide immense quand ses yeux ne me voyaient pas.

J'avais 15 ans. Je n'étais Rien. Il ne me connaissait pas.

Presque tous les jours après les cours je venais ici, sur le banc en face du bloc C, là où il habitait. Le quartier des mûriers, j'y ai grandi mais pas exactement ici, à environ 800m au bout de la rue dans une maison. Cette petite cité HLM était composée de quatre bâtiments et c'était plutôt calme.

J'avais fini les cours exceptionnellement à 15h et je n'avais aucune envie de rentrer . Quand je suis arrivée au square, ils étaient tous un peu plus loin sur le terrain. Malek et ses potes, ça parlait, ça fumait, ça rigolait. Puis ils ont commencé à jouer.
J'étais sur mon banc, je lisais. Ça faisait plus d'une heure que j'étais là face au soleil et je commençais à avoir soif. Je me suis levée et je suis partie en direction de l'épicerie pour me prendre une canette.
Au retour, j'ai croisé trois gamins qui faisaient du vélo sur le parking. Ils jouaient. Je n'ai pas tellement prêté attention à eux jusqu'à ce que j'entende crier et pleurer. Je me suis retournée et j'ai vu la petite fille parterre sous le vélo. Je me suis avancée vers elle pour voir ce qu'elle avait, menton et genou en sang mais plus de peur que de mal. Seulement elle ne cessait de pleurer et me demandait d'aller chercher son frère, elle me montra du doigt le terrain de foot et j'en déduis qu'il devait être avec les mecs entrain de jouer.
Je l'ai donc pris par la main.
Moi: Comment tu t'appelles ?
- Inès
Moi: C'est lequel ton frère?
- Il est là-bas avec le pantalon noir.

Je n'étais pas très sûre.

Moi: Celui avec le jogging noir et le t-shirt bleu?

- Nan, lui tout en noir.
- ...

Malek. Malek. Malek. C'était lui.

Il s'avança vers nous.

Lui : Salut.
- Salut
Lui: Bah alors princesse, t'es tombée?
-Oui, Malek, Nino il dit que je suis trop petite pour monter sur son vélo.
Lui : Il a sûrement raison, c'est pour ça que tu es tombée. Il est trop grand pour toi.

Il me regarda, me détailla, me fixa, son regard était intense. Mes yeux plongèrent dans les siens...

Lui: Merci de m'avoir ramené ma sœur.
- Normal
-Lui: C'est quoi ton nom?
- Alice
Lui: Moi c'est Malek.
-Lui : Inès monte à la maison, va voir mama, elle va te mettre des pansements.

- Merci encore pour ma sœur.

Sa main attrapa la mienne, ses yeux s'engouffrèrent dans les miens. Mon cœur tomba à ses pieds. C'est tout ce que l'on ignorait au moment même où cela se produisait. Tout ce qu'on laissait partir et tout ce qu'on retenait. Un mélange amer de remords et de regrets.

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2. Le papillon

M

" Si on obtient pas ce qu'on veut : on souffre. Et quand on obtient exactement ce qu'on veut on souffre quand même parce qu'on ne peut pas le retenir pour toujours. »

Comme souvent je suis allé chercher ma sœur Inès à l'école, ma sœur c'est une dingue dès qu'il y a la musique dans la voiture elle se met à bouger la tête et à chanter. Elle me tue.

Inès (en chantant) : Il m'a trahiiiiie moiii qui pensait l'avoir conquiiiis il m'a trahiiiiee

- vas-y c'est quoi cette chanson?!

Inès : Mais non s'il-te-plaît Malek c'est la chanson de Kenza Farah

- C'est de la merde ça ! C'est Kahina qui a encore laissé sa clé USB.

Inès : S'il-te-plaît laisse chanter Kenzaaa

- Ah vas-y tu soules

Inès : S'il-te-plaît Maleeekkk

- Ok mais arrête de gueuler, tu me tues les oreilles !!

Inès : D'accord. Il m'a trahiiiie moi qui lui aurait donné ma viiie, il m'a trahiiiie

Je la regardais dans le rétroviseur et comme toujours elle était à fond.

Inès: Hé Malek, on peut aller aux jeux ?

- Tu soûles sérieux, tu crois que j'ai que ça à faire, demande à Kahina.

Inès : Mais Kahina elle a jamais le temps avec ses devoirs.

- Ok mais pas longtemps et tu fais pas la dingue !

Inès : Ouiiii

On est arrivés au parc et ma sœur est partie comme une flèche vers les balançoires.
Au bout de 5 minutes j'en avais déjà assez, ça me soûlait d'être là avec tous ces gosses qui hurlaient de partout jusqu'au moment où je l'ai vue arriver.

Elle s'est posée sur un banc, elle a sorti un cahier et elle écrivait. J'avais envie d'aller la voir, lui parler mais pour dire quoi, j'étais pas inspiré. Ma sœur s'amusait comme une folle et, sans abuser, on entendait qu'elle.

- Vas-y Inès on rentre !!!

Inès : Nooooon pas encooooore!

Quand j'ai gueulé le nom de ma sœur, elle s'est retournée et les pages de son cahier ce sont envolées. Je me suis levé pour les ramasser.

En un battement d'aile comme à son habitude il partira, sans un geste, sans un regard il partira me rappelant l'absurdité de mon existence ...

Elle : Vas-y donne moi ça
- Déjà Salut Bonjour Merci, tiens tes feuilles je vais pas te l'ai bouffer

Elle : Merci.
- C'est toi qui a écrit ça ?
Elle : Quoi ? Tu as lu ?
- Nan 'fin vite fait quoi.
Elle: T'aurait pas du lire, ça se fait pas!
- Bah vas-y tu vas pas te vénères pour ça, j'ai lu trois mots.
Elle : J'aime pas c'est tout.
- Bah sinon ça va ? Tu fous quoi ici?
Elle : Bah rien je suis toujours ici
- Je t'ai jamais vue sérieux.
Elle : Normal.
- Normal quoi?
Elle : Normal c'est tout.
- T'habites dans quel bloc ?
Elle : J'habite pas ici, j'habite plus loin après...

Quand soudain ma sœur déboula..

Inès : Ah mais c'est ma copine de hier !!!
Elle : Salut, alors ça va mieux? On t'a mis des beaux pansements à ce que je vois.
Inès : Bah oui c'est ma maman...
- vas-y Inès va jouer, laisses nous parler.
Inès : D'accooord
- Ah vas-y ma sœur elle est relou.
Elle : Elle a quel âge?
- 6 bientôt 7, je te jure elle me tue.
Elle : Elle est marrante
- Bah H24 c'est une vraie plaie.
Elle : Je vais y aller, faut que je rentre.
- Déjà? Tu veux pas rester un peu ?
Elle : Nan je vais y aller.

Elle sourit et tout doucement elle s'éloigna, me laissant une sensation bizarre, un sentiment étrange. Quelque chose d'indescriptible.

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3. Chrysalide

A

Je n'ai rien connu jusqu'à lui qu'une existence incomplète. Mon cœur s'agite dans sa prison de soie. Il était trop tôt pour l'aimer, trop tard pour l'ignorer. Qu'allait-il faire de moi?

Après ce jour-là, combien de fois je l'ai croisé au quartier, parfois il me lançait un salam, un sourire, un regard parfois il m'ignorait, en faite depuis 3 semaines on s'était pas reparlés.

Je me disais que peut-être il avait une copine. Mais concrètement je ne l'avais jamais vu avec personne.

- Tu vas où comme ça ?

Je me suis retournée, je l'avais reconnu à sa voix, c'était lui.

Moi : Salut

Lui : Salut ça va ?

Mo i: Normal et toi?

Lui : Tu as fini de me guetter ?

Moi : Pardon ?!

Lui : Je sais pas on aurait dit que tu attendais quelqu'un.

Moi : Non personne.

Lui : Ouais c'est ça.

Moi : De toute façon c'est toi qui me guettes là !

Lui : Vas-y qu'est ce que tu me racontes ?

Moi : Bah oui tu attends que je bouge, pour te pointer !

Il s'est mis à rire, à glousser comme un con, qu'est-ce qu'il était mignon.

Lui : Tu te fais des films toi!

Moi : Bah ouais comme toi !

Il sourit.

Lui : Mais tu ne m'as pas répondu !

Moi : À quoi?

Lui : Tu vas où comme ça ?

Moi : Toi tu vas où comme ça ?

Il éclata de rire et moi aussi.

Lui : Tu réponds à une question par une autre question ?!

Moi : Bah oui quand j'ai pas envie de répondre !

Lui : Je voulais te proposer un truc mais laisse tomber.

Moi : Dis moi.

Lui : Faire connaissance.

Franchement je savais pas quoi dire, je me sentais conne, débile... J'ai marqué un temps d'arrêt et je suis restée silencieuse quelques secondes.

Lui : Bah laisse tomber, j'ai rien dit, tu me connais pas, je te connais pas et ça restera comme ça.

Moi : Tu me laisses pas le temps de répondre.

Lui : Bah réponds.

Il me foutait en l'air, il me retournait le cerveau, il me déstabilisait.

Moi : Oui.
Lui : Quand ?
Moi : Quand quoi?
Lui : Quand est-ce que je pourrais te revoir ?
Moi : Vendredi.
Lui : Demain?
Moi : Demain c'est jeudi.
Lui : Je sais que c'est jeudi, je veux te voir demain.
Moi : Pas possible.
Lui : Ok vendredi 16H ?!
Moi : Oui.
Lui : On se rejoint là-bas. (en me montrant le banc tout au fond)
Moi : Ok
Lui : Allez Salam
Moi : Salam

Jusqu'au jour même j'y ai pas cru, je me suis fais tous les films possible et surtout, le film où il ne venait pas.

Mais le vendredi, à 16h, il était déjà là.
Chaque pas que je faisais vers lui semblait me ralentir, comme ci j'allais jamais y arriver, comme si j'allais tomber mais il m'aperçut et s'avança.

- Vas-y viens, on bouge vite.

Moi : Y a quoi ?

Lui : Si ma mère me voit par la fenêtre, elle va me chopper.

Moi : Pourquoi ?

Lui : Parce que j'ai dis que je bossais jusqu'à 17h.

Moi : Fallait me donner rendez-vous ailleurs.

Lui : La prochaine fois ouais.

Dans ma tête ça a tilté '' la prochaine fois ".

Lui : Vas-y, on se pose là, tranquille.

On avait marché 3/4 minutes et on était arrivés.
On s'est donc assis et on a parlé de tout et de rien. Il m'a dit qu'il bossait avec son oncle dans un garage. En fait, tout allait bien tant qu'on parlait pas de moi. J'étais à l'aise, il me faisait rire. Mais forcément il a commencé à me poser des questions. Ce que je faisais, dans quel lycée j'étais...

Moi : Je vais aller au lycée Montaigne.

Lui : Mais t'es où pour l'instant?

Moi : Je suis en troisième.

Lui : Ban t'a quel âge? T'as redoublé?

Moi : Non je suis en troisième, j'ai 15 ans (oui bon dans 3 semaines).

Lui : Ah ouaiis mais moi je croyais que t'avais genre 17.

Moi : Et alors ça fait quoi ?

Lui : Bah rien.

Moi : Et toi, tu as quel âge ?

Lui : 19.

Pendant une heure on a parlé, rit comme un moment hors du temps. Puis il s'est levé, m'a dit qu'il devait rentrer et moi je suis resté figée. La réalité revenait trop vite, j'avais pas vu le temps passer.

Lui : Alice je vais te donner mon tel.

Moi : Vas-y .

Lui : O6 7* 43 ** 0*

Moi : Je te bipe.

Lui : C'est bon ton num s'affiche.

Il s'approcha pour me faire la bise, je m'approcha aussi et dans un mouvement incontrôlé, nos lèvres manquèrent de se toucher.

Lui : Bah vas-y, sautes moi dessus. (il rigolait)

Moi: Non c'est toi là.

Lui: Ouais c'est toujours moi quoi.

Sur ces derniers mots il s'éloigna, rigolant tout seul à sa connerie, son sourire magnifique aux lèvres. Ses lèvres.

Dans mes pensées tu t'étais engouffré vers mon cœur, tu te faufilais.

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4. L'effet papillon

M

Un jeu, c'est juste un jeu même si je me brûle les ailes, je partirai pas sans elle.

Quand tu kiffes quelqu'un, tu kiffes quelqu'un. T'essayes de chercher un peu de logique dans tout ça mais en fait y en n'a pas parce que le cœur est dépourvu de logique.

Fallait que je la zappe en fait. Alors je la calculais plus. Dix fois, j'ai voulu lui envoyer un message.
Dix fois, j'ai commencé à lui écrire pour tout effacé ensuite.

Peut-être deux semaines après, j'ai reçu un message d'elle. Au fond de moi j'attendais que ça et je souriais comme un con. J'étais content. J'étais refait.

Trois/ quatre fois je l'avais croisée, vue, aperçue et je l'avais esquivée. Elle était belle comme un diamant et je voulais pas l'abîmer alors je la contemplais de loin. Je la touchais avec les yeux, je la brisais dans mes pensées et comme ça elle souffrait pas... enfin je croyais.

***Alice***
Alors tu me connais plus?

Qu'est ce que je pouvais bien lui répondre? Je voulais pas lui mentir, je voulais pas l'emmener là où on irait jamais même si j'en avais envie.

Il était 20h à peu près, j'étais chez Samir, mon pote qui habite en ville. Je fumais à la fenêtre quand je l'ai vu passer.

- ALIIICE !!

Elle a levé la tête, je lui fis signe de la main.

- TU VAS OÙ ?

Elle hocha les épaules. Elle était belle, magnifique. Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ?

- Vas-y, ATTENDS MOI!

Et je suis descendu.

- Tu vas où comme ça ?
Elle : Salut, on se connaît ?
- Fais pas la meuf.
Elle : Tu as raison, je vais faire le mec, le mec qui prend une heure de mon temps et qui me calcule plus.
- Smehli
Elle : Quoi ?
- Ça veut dire désolé.
Elle : Te casses pas la tête.
- Faudra que tu apprennes l'arabe.
Elle : Faudra rien.
- Ok
Elle : C'est tout ce que tu as à dire ?
- Non tu vas où ?
Elle : Au Kebab.
- Comme ça toute seule ?
Elle : J'ai pas besoin qu'on me tienne la main.
- Mais moi j'aimerais bien tenir la tienne...

Elle a souri.

Elle : T'as qu'à venir.
- Je suis chez mon pote en fait.
Elle : Ok à plus.
- Nan mais attends deux secondes, je prends mes affaires.

- C'est bon on y va!

- Pourquoi tu m'as donné ton numéro si c'est pour pas répondre ?

- Je vais t'envoyer des messages tous les jours à partir de maintenant

Elle : Ah ouais ?

- Ouais.

Elle : Et quand tu me croiseras, tu m'esquiveras ?!

- Bah non.

Je savais qu'elle m'en voulait, que ça l'avait blessée. Et c'était justifié.
Alors sans trop réfléchir, je pris mon téléphone et lui envoya un message alors qu'elle était à mes côtés.

*** Pardon***

Puis un deuxième message

*** Boussah***

Elle regarda son tel avant de me fixer.

Elle : Boussah?
- Oui, un bisou.
Elle : T'es fou ?!
- Quoi ?
Elle : C'est à toi de me faire un bisou.
- D'accord mais seulement si tu me pardonnes.
Elle : D'accord.
- La phrase entière !
Elle : Je te pardonne.
- Bah voilà !! Approche !

Elle s'approcha, ses yeux fixés sur mes lèvres et je l'embrassa sur le front

- Mouaaaah ... Alors sayé on est plus fâchée ?!

Elle : Noon.

Je l'aurais bouffée, avalée, embrassée, dévorée tellement elle était toute Mashallah.

Chaque seconde à ses côtés, je me perdais.
Je me perdais dans ses yeux de fou, bleu vert transperçant, son innocence et sa mélancolie.

Après avoir mangé dans le parc, on a fait le chemin inverse pour rentrer. Je l'ai raccompagnée devant chez elle.

Je l'ai attrapée par l'épaule et je l'ai serrée contre moi.

Elle m'a embrassé dans le cou et on est restés quelques secondes comme ça. J'ai fixé son regard et j'ai pris son petit visage entre mes mains, mes lèvres attirées par les siennes... je l'ai embrassée au coin de la bouche avant d'embrasser fort son front.

Puis, je me suis envolé.

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5. Métamorphose

A

J'avais plus de place, j'avais plus d'air. Étouffée par les sentiments qui m'animaient. Je me débattais, prisonnière.

Je pensais Malek, je respirais Malek, je vivais Malek.

Sans cesse dans ma tête, ses mots, ses gestes tournaient en boucle.

Mon tel vibra. C'était un
message de Lui.

*** Salam ça va toi? ***

Je répondis :
*** Salam, oui et toi?***

Lui :

*** Je veux te voir ***

Alors on s'est rejoint sur la place deux heures plus tard.

Il m'attrapa par l'épaule, m'attira vers lui.
Ses lèvres avaient enfreint les règles en se posant sur les miennes, il était mon tout premier baiser. Douces et chaudes, délicates et pulpeuses elles dérapaient, attirées inéluctablement comme des aimants.

Deux années sont passées à une vitesse folle.

Flashback

Lui : Tu veux aller où Hbiba ?

Moi : Peu importe.

Lui : Allez vas-y c'est ton anniversaire, tu veux faire quoi?

Moi : Okay mmm, je veux aller à la mer.

Lui : Ahahaha j'en étais sûr. Vas-y prépare toi, je viens te chercher dans une heure.

Lui : Faut que je te ramène à quelle heure ?

Moi : Jamais.

Lui : Ah ouais jamais. On part tous les deux et fuck le monde ?

Moi : Oui fuck tout.

Lui : Allez sérieux à quelle heure ?

Moi: Max 21h.

Lui : Mais tu fais pas un repas avec tes parents ?

Moi : Non ça sera ce week-end quand mon père rentrera.

Lui : Heureusement que je suis là moi.

Moi: Ouiii.

On est arrivés à la plage et y avait une foule de monde.

Lui : Vas-y, on va ailleurs.

On a repris la voiture et on a roulé encore 30 minutes avant de trouver une place et d'atteindre une petite plage.

Lui : C'est pas mieux là ?

Moi: Siii.

Moi : T'es déjà tout bronzé bébé.

Lui : Normal je suis algérien.

Moi : T'es beau.

Lui : Qu'est ce tu dis toi ?! Allez arrête de mater. Tes yeux ils vont tomber.

Moi : Si je peux pas te regarder toi, je regarde qui ?

Lui : Non vas-y, regarde moi bien, regarde l'homme avec qui tu vas passer le reste de ta vie !

Moi : Ahahaha tu vas me marier ?!

Lui : Bah oui tu as cru quoi ? Que je passais mon temps avec toi pour finir avec une autre ?!

Je me suis perdue dans ses mots.

On s'est baignés toute la journée, on a joué comme des fous dans l'eau. Mon corps collé au sien, sa peau perlée d'eau, ce désir qui nous brûlait, cette attraction puissante. Je venais vers lui, il m'esquivait, il venait vers moi, je me retenais et nos lèvres se déposaient l'une sur l'autre.

Lui : Allez serre moi fort, plus fort.

Moi : Mais bébé je vais te casser en deux.

Lui : Mais non serre moi plus fort

Je riais à nos jeux débiles.

Le temps filait trop vite, il fallait déjà rentrer.

Lui : Viens Hbiba je te montre un truc.

Il prit ma main dans la sienne et m'entraîna sur la plage. Il se plaça derrière moi, devant la mer.

Lui : Regarde comme c'est beau.

Moi : Trop beau.

Lui : Bon anniversaire mon cœur.

Il me retourna vers lui, son visage en face le mien, ses lèvres s'approchant vers les miennes, il m'embrassa comme la première fois au coin de la bouche.

Lui : N'brick Hbiba, je t'aime.

Tu crois que des moments comme ça y en aura plein, en réalité chaque jour qui passe est un peu plus la fin. Tout change à chaque instant. En un battement d'aile tout est différent.

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6. Éphémère

M

Tout était parfait mais rien ne dure jamais.

Flashback

Ce jour là, j'ai fait d'elle la mienne, mais pas de la bonne façon.

On était seul, c'était nos un an, j'avais l'appart de Samir. Je savais que c'était mal mais dans le fond j'avais que de bonnes intentions.

J'étais venu la chercher, c'était un mercredi, elle finissait le lycée à 11h30. On a commandé pizza, mon pote Samir n'était pas là. J'avais ses clés, j'étais comme un gamin qui va serrer.

Ok j'avais tout calculer. Combien de temps on aurait pu tenir encore, quand nos corps, eux, ne répondaient plus de rien. Depuis des mois, on marchait sur le fil rouge, mes mains sur son corps, je l'apprenais par cœur.
Elle avait un charme fou et quand j'ai posé mes lèvres sur les siennes, le goût n'était plus le même, mon cœur tremblait contre le sien, mon corps ne répondait plus de rien.

Trois ans. C'est fou ce que le temps passe vite . J'avais tout eu. Franchis certaines limites et le destin m'a tout repris.

J'avais voulu faire les choses bien.

J'ai parlé d'elle à mes parents, je leur ai dis que c'était sérieux. Ma mère a dit Hamdolilah mon fils qui se marie. Toute la famille était en joie jusqu'à ce qu'elle me demande son nom, je lui répondit elle s'appelle Alice. Il y eu un froid, leur silence en disait long, j'ai essayé de les convaincre, je voulais leur consentement, ils ont dit non. Un algérien et une française, mon souhait était démesuré pour eux. C'était la famille ou la fille, il fallait faire un choix et j'ai choisi.

Je me suis dis pas grave avec le temps ça passera, j'ai jouer au con, trop de faux pas.
J'ai brisé chaque promesse, chaque projet, j'ai brisé son cœur et sur le coup je m'en foutais.
J'avais appris à la connaître, j'allais apprendre à l'oublier. Je vous jure que j'y croyais.
Je l'ai planté dans le décor. Je suis partie au bled, je lui ai rien dit.

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7. Petite mort

A

Il y a des lendemains qui n'existent pas, des moments qui disparaîtront à jamais parce que nous sommes plein de certitudes, innocemment doués pour s'en foutre de la logique, capable d'aimer sans réfléchir. Il était impossible cet amour, voué à l'échec, sans avenir, mais il était écrit, quelque part en tout petit à l'encre noire indélébile. Minuscule comme son cœur.

Il a dit qu'il m'appellerait alors moi je l'ai cru. Il m'a dit qu'il reviendrait alors je l'ai attendu.

Et les jours m'ont paru une éternité. Les heures me paraissaient sans fin. Quand je passais devant le quartier, y avait beau y avoir plein de gamins, c'était comme si tout était vide.

Il a appelé trois fois.

La première pour me dire qu'il était bien arrivé chez ses cousins que tout allait bien.
La deuxième pour me dire qu'il repoussait son retour...
La troisième pour m'annoncer qu'il ne rentrerait pas...

« Fais ta vie, me rappelles pas. Je reste à Oran je rentre pas »

Sa voix résonne dans ma tête. Elle était sans émotion.

Bien sûr que je l'ai rappelé mais il ne décrochait jamais.

J'ai débarqué chez lui mais tout était calme, il n'y avait personne. Je sonnais, je frappais personne ne m'ouvrait.

Mes bougies, je les ai jamais soufflé. Mes 18 ans je ne les ai jamais eus. Sans lui, tout s'est arrêté.

Je suis devenue folle, moi, la fille censée.

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8. L'envol

M

Piétiner une chenille c'est facile.

Elle, je la connaissais depuis l'enfance. C'était une voisine que mon oncle et ma tante ont adopté quand ses parents sont décédés. Elle, elle a les mêmes origines que les miennes.

J'ai dit oui, j'ai accepté. C'était un autre qui parlait. Je l'ai épousée.

C'était facile, j'étais loin, je vivais une autre vie. Mes parents étaient fiers, toute la famille était réuni, mon cœur voulait dire non mais j'ai dit oui.

Je pensais pas qu'en partant pour trois semaines, j'allais revenir 5 mois après. Marié.

24h seulement que j'étais revenu et mes pensées se bousculaient. Je suis descendu à ma voiture et je me suis assis dedans pour fumer. Je me sentais bizarre d'être là.

Quand j'en suis sorti, je l'ai vue se diriger vers moi. Voir son visage m'a bouleversé. J'ai baissé la tête, je l'ai esquivée. Mon corps voulait fuir, mon cœur rester.

- Malek.

Ses petites mains froides se sont posées sur mon visage, ses yeux cherchaient les miens.

Moi : Laisse-moi.

Elle : Malek, regarde moi.

J'ai levé les yeux pour y croiser les siens noyés par les larmes.

Moi : Alice, laisse-moi passer.

Elle : Pourquoi tu m'as fais ça ?

Moi : Je t'ai rien fais, je t'ai dit de continuer ta vie.

Elle : Alors, c'est vrai ce qu'on dit ?

Moi : Quoi ?

Elle : Tu t'es marié là-bas ?

Moi : Tu te fais du mal toute seule.

Fuir, l'esquiver, j'étais pas capable de mieux, la réalité venait me frapper.

J'ai appelé Samir pour qu'il vienne avec des câbles pour démarrer ma voiture.

Quand je suis redescendu, elle était toujours là, devant le hall.

Moi : Tu fous quoi là ? T'as pas de maison ?

Elle : T'as changé.

Moi : Tout à changé, vas-y bouge, reste pas là.

Elle : Dis-le-moi, regardes moi dans les yeux et dis-le-moi.

Moi : Quoi ?

Elle : Que tu m'aimes plus, que c'est fini.

Moi : C'est ça que tu veux ? Alors regarde-moi bien Alice, je t'aime pas, je t'ai jamais aimée, c'était juste un jeu.

Elle : Je te crois pas.

Moi : Pourquoi tu fais chier ?

Elle : T'es pas assez convaincant.

Moi : Vas-y rentre chez toi, il fait nuit.

Elle : Tu veux qu'il m'arrive quoi ? Tu m'as déjà fais le pire.

Moi : Vas-y fais ce que tu veux.

Je me suis éloigné, sa voix résonnait en moi. Pourquoi je fais ça..?

Ce que j'ai fait n'a pas de sens. Aucun. J'ai demandé un signe, ils l'ont mis sur mon chemin. Je pensais que ce serait facile qu'il suffisait de suivre leur volonté. Fallait il préférait la voix du cœur, celle qui me rappelle tous les jours... que j'ai fait une grosse erreur.

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9. Folie

A

Il m'a arraché les ailes, coupé en petite partie, j'étais redevenue chenille, moi le papillon de nuit.

J'ai caressé son visage, sa barbe, sa peau chaude et douce. J'ai attrapé sa main qui voulait me repousser. J'ai cherché son regard. J'attendais des réponses.

Il s'est faufilé entre le mensonge et la vérité.

Je lui ai envoyé un message, il n'a répondu que le lendemain.
On s'est rejoint au quartier.

Moi : Pourquoi tu t'es marié ?

Lui : Tu sais très bien.

Moi : Non je comprends rien.

Lui : J'étais sincère avec toi.

Moi : Je crois pas.

Lui : Crois comme tu veux.

Moi : Je pensais que tu étais un mec bien.

Lui : Bah tu t'es trompée.

Moi : T'as beau dire ce que tu veux, je te crois pas, je te connais Malek.

Lui : Viens plus traîner ici, va à la Fac, fais ta vie, ça sert à rien d'espérer. Je suis marié, ma femme sera là dans quelques mois...

Moi : C'est moi ta femme ! Tu as promis devant Dieu Malek ! Tu as dis qu'on serait toujours ensemble, que tu me laisserais jamais.

Il s'approcha et me laissa le serrer dans mes bras. C'était ma place, là où j'avais toujours été. C'était mon ancre, l'autre partie de moi.

Lui : Si je pouvais j'annulerais tout.

Il m'embrassa le front.

Lui : Prends soin de toi.

Il m'embrassa encore et sans que je puisse le retenir s'échappa.

Mon cœur était à terre, piétiné. Tout tournait, s'agitait, je savais plus quoi faire de mon corps qui tremblait dans sa folie. Mon cœur se serrait et j'aurais voulu l'arracher tellement la douleur était insupportable. Je ne comprenais pas, mon cerveau n'y parvenait pas, des bribes de phrases raisonnaient en moi, ce qu'il avait dit, ce qu'il avait fait.

Je voulais qu'il revienne, je voulais l'insulter, je voulais le serrer dans mes bras, je voulais le tuer, je voulais lui parler, je voulais l'oublier.

Le mal que ça fait est si peu descriptible, l'illogisme des pensées qui vagabondent, les émotions comme un ascenseur qui monte et qui descend. J'étouffais, je perdais toute raison.

J'ai essayé, je me suis efforcée. J'ai fait de mon mieux mais ça n'a pas suffit. Un an était passé, je me suis perdue dans ma folie, à croire qu'il reviendrait mais c'était elle qu'il avait choisi.

Une pensée, une simple image et la tristesse creusait mon visage.

Je m'approchai du bord...

« Je veux faire de toi ma femme, la plus heureuse des femmes. »

Mes larmes coulent. Tout est flou. Je me perds dans ces souvenirs, je m'égare dans sa voix.

« Alice, Omri, n'brick bezzaf. »

Mon cœur s'agite.
On dit qu'avec le temps, tout s'en va. Mais pour moi, plus le temps passe, plus je sombre un peu plus bas.

Je m'efforce, j'y mets toutes mes forces mais le plus souvent ça ne suffit pas.

« Allez Hbiba souris... naan ton sourire de tueuse là. »

Les souvenirs sont un sale mélange.
Ils me provoquent. Me fendent en deux. Je respire. J'inspire. J'implore le ciel mais la douleur est trop vive, la douleur ne passe pas.

Les yeux embués de larmes, je fixe le sol devant moi, tout est flou et surfait, rien à la surface, je suis seule face à moi même. Seule sur le toit du bloc C. Je sors la lame et son va-et-vient me soulage, le sang dégouline entre mes doigts..

Le voile du destin se lève sur moi, mon cœur n'a plus peur. Une sorte de sérénité m'envahit, je serre le sweat de Malek contre moi. Jusqu'à la mort on s'était promis, pour toute la vie on s'était dit.

La neige vole, tourne dans l'air, tout est calme.Un cœur rouge se dessine sur le sol blanc.

Mon cœur se serre puis se relâche, je crois que c'est fini. Par amour je suis morte pour lui.

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