❄️ 20 D é c e m b r e ❄️

Les retrouvailles de Noël
cel_nllh

Thème : Peu commun

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Mot de l'auteure : « Je remercie ILYMelancholia »

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Un 20 décembre, Matthew découvre, posé devant sa porte, un simple carnet en cuir. À l'intérieur, il y trouvera son histoire, ou plutôt leur histoire, écrite à l'encre noire. Quand il terminera de lire celle-ci, comment réagira-t-il face à la révélation de son ami d'enfance ?

*****

New York, une ville démesurée, une population qui court quotidiennement à travers les rues bondées, d'imposants buildings de plusieurs mètres de haut qui donnent la folie des grandeurs et un mal de cou insupportable à la fin de la journée pour les pauvres touristes. La neige est tombée cette nuit sur la ville, couvrant les trottoirs et les routes de ce manteau blanc somptueux qui brille sous le soleil de ce doux matin d'hiver. Le verglas est aussi présent, ce qui fait inévitablement glisser les passants.

Les yeux des bambins pétillent devant autant de flocons autour d'eux. Des batailles de boules de neige commencent et des rires éclatent, résonnant dans l'atmosphère si festive de cette fin d'année. De la joie apparaît sur les lèvres des enfants et dessine un sourire innocent sur leur visage. Ils s'amusent pleinement à faire de la luge ou à confectionner un bonhomme de neige pour impressionner leurs parents. Ceux-ci, quant à eux, débalayent à l'aide d'une pelle l'entrée et l'allée de leur maison.

Pour ma part, je n'habite pas en centre-ville, ce qui me permet de ne pas devoir supporter tous les bruits incessants, tous les buildings de bureau en face de moi et tous les autres inconvénients des grandes villes. Non, moi, je vis dans un appartement loin de toute cette agitation, dans un quartier assez calme.

J'arrive enfin devant le bâtiment après avoir terminé ma journée de travail épuisante. Je glisse mon badge dans la fente et entends le clic habituel qui me confirme que la porte est désormais déverrouillée. Je pénètre dans le hall d'entrée, apercevant pour la énième fois les nombreuses boites aux lettres qui recouvrent une partie du mur, rien de bien exceptionnel finalement. Je regarde mon courrier, n'y trouvant que des pubs de magasins de jouets. Je garde « Passion jouets », le magasin préféré de mon neveu, pour pouvoir y choisir son cadeau de Noël. Je salue la femme de ménage qui nettoie le sol avant de prendre les escaliers pour rejoindre le deuxième étage.

En arrivant face à ma porte, mon regard est attiré par un objet posé devant celle-ci. C'est un carnet marron en cuir. Je me penche doucement, intrigué, pour le voir de plus près. Je le détaille quelques secondes, hésitant, avant de finalement le capturer délicatement entre mes mains froides. Je souffle légèrement dans celle-ci pour les réchauffer un peu. Je retire l'élastique enroulé autour du calepin et ouvre celui-ci sur la première page. Je peux y lire juste deux mots écrits à l'encre noire : « Pour Matthew ». Je tourne doucement le fin papier pour découvrir la seconde page.

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14 Octobre 2002

Ce matin, je n'étais pas tout seul dans mon coin, à observer les autres jouer au football dans la cour de récréation depuis ma place fétiche sur les escaliers du préau. Non, aujourd'hui, un garçon aux cheveux bouclés et aux yeux incroyablement verts est venu vers moi.

Je m'appelle Matthew et j'ai 8 ans. Et toi, c'est comment ton prénom ?

Il avait une petite voix toute frêle. Je lui ai donc répondu que je m'appelais Jace et que j'avais 10 ans. Il s'est ensuite assis à mes côtés et m'a demandé de devenir son ami. J'ai souri pour la première fois depuis bien longtemps et j'ai évidemment accepté. Il m'a pris par la main et nous avons joué au football ensemble jusqu'à la fin de la récréation.

À la fin de l'école, j'ai dit à ma maman que j'avais un copain. Elle m'a regardé, le sourire aux lèvres, et m'a fait un bisou sur le front.

Je suis fière de toi, a-t-elle murmuré.

Ensuite, elle m'a offert une glace au chocolat.

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18 Octobre 2002

Aujourd'hui, Matthew m'a demandé de devenir son meilleur ami et je lui ai dit oui en lui faisant un câlin qu'il m'a rendu. Je suis si heureux. J'aime jouer au football avec lui. Nous ne nous séparerons jamais, nous nous sommes même fait la promesse du petit doigt. Mais dans 2 jours, c'est les vacances. Je suis content, mais je suis aussi triste parce que je ne vais plus voir Matthew.

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2 Septembre 2010

Je suis enfin au lycée. C'est la rentrée et je stresse un peu. J'ai hâte de découvrir si les gens de ma classe sont sympas, si les professeurs le sont aussi et si mon emploi du temps va être bien pour l'année.

J'attends devant le bâtiment que les portes ouvrent quand je croise ses yeux verts, ses prunelles émeraude qui m'avaient tant manqué. Le sourire aux lèvres, je m'approche de lui.

La grille principale s'ouvre au même moment et il pénètre dans l'enceinte du lycée sans même me prêter attention. Je suis réellement triste qu'il m'évite de cette façon. J'entre à mon tour, essayant de retenir les larmes qui menacent de couler sur mes joues. Je prends connaissance des listes de classes accrochées à un tableau tout près de la vie scolaire. Je parcours les noms des élèves des yeux et trouve enfin le mien. Je me rends compte que Matthew est également dans ma classe, ça aurait dû me faire plaisir, mais non, pas après ce qu'il vient de se passer.

Je reviens à la réalité quand j'entends la voix d'un garçon avec un accent irlandais, qui parle fort à côté de moi. Je m'aperçois à ce moment-là que je pleure. J'essuie mes joues à l'aide de mon pull, mais le garçon blond aux yeux bleus a quand même surpris mes larmes. Il s'approche de moi et me fait face.

Pourquoi es-tu si triste ? me demande-t-il.

Pour rien...

Je m'appelle Nile Mulligan et toi ?

Jace Carry.

Nous sommes dans la même classe.

Voilà ma première rencontre avec Nile. J'ai su immédiatement que nous deviendrions de très bons amis. J'ai découvert ma classe et mon professeur principal, monsieur Ayn. J'ai mangé à la cantine avec Nile. Nous étions déjà inséparables. Je l'ai présenté à ma mère qui l'a aimé tout de suite. En même temps, qui peut résister à sa tête d'ange. Voilà comment s'est passée ma première journée de lycée.

*****

J'apporte la tasse de thé fumante à mes lèvres et en bois une gorgée. Le liquide chaud descend le long de mon œsophage, me réchauffant peu à peu. Il fait particulièrement froid aujourd'hui à New York. Je suis désormais assis sur mon canapé avec le carnet de Jace, mon ami d'enfance, entre les mains. Comment celui-ci a-t-il pu atterrir chez moi ? J'oublie rapidement mon interrogation quand je me souviens qu'il a toujours été plein de ressources et qu'il a dû facilement trouver mon adresse. Je n'imaginais pas l'avoir fait autant souffrir ce jour-là. Je voulais simplement le fuir parce que ça me faisait trop mal de l'aimer à ce point... Mais je n'ai jamais pu l'oublier malgré tous mes efforts... Me retrouver face aux pensées de Jace me donne une claque en pleine figure. Je suis un monstre... Je reprends ma petite lecture et tourne la page.

*****

14 Octobre 2010

J'ai discuté avec Matthew aujourd'hui, mais nous n'avons fait que nous quereller finalement.

Je me retrouve désormais recroquevillé sur mon lit. Les larmes dévalent sur mes joues et je renifle bruyamment. Nile m'apporte un mouchoir. Je le prends sans réussir à calmer mes sanglots pour autant. Il me caresse lentement le dos en me murmurant de ne pas m'inquiéter.

Il m'assure qu'il est là pour moi et me supplie d'arrêter de pleurer.

- Je peux savoir maintenant pourquoi tu t'es disputé avec Matthew ? me demande-t-il finalement.

J'ai encore les larmes aux yeux, mais je tente tant bien que mal de lui expliquer ce qu'il s'est passé cet après-midi.

J'ai voulu aller voir Matthew pour essayer de comprendre pourquoi il m'évitait. J'étais au courant qu'il s'entraînait sur le terrain de football du lycée. Je me suis donc assis dans les gradins, l'observant jongler parfaitement avec le ballon comme un professionnel. Je suis ensuite allé le rejoindre dans les vestiaires du club du lycée. Je l'ai collé contre le mur pour qu'il ne puisse pas s'enfuir et j'ai posé mes mains sur la paroi derrière lui, de chaque côté de sa taille. J'ai vu dans ses yeux qu'il était surpris, mais je n'ai rien dit. Il a soutenu mon regard quelques secondes avant de baisser la tête vers le sol. Je l'ai obligé à me faire face en glissant mes doigts sous son menton et en relevant son visage sans même avoir à forcer. Nous nous sommes défiés du regard plusieurs minutes, nos deux corps étaient tellement proches. Je suis revenu à la réalité quand j'ai entendu sa voix.

Je peux savoir ce que tu fais ? m'a-t-il demandé.

Pourquoi tu m'ignores Matthew ? Pourquoi ?

J'ai eu la vague impression qu'il réfléchissait à la réponse qu'il allait me donner, comme s'il craignait ma réaction.

Je...

Il a cessé de parler quelques secondes alors qu'un léger petit souffle franchissait ses lèvres. Il m'a fixé de ses prunelles émeraude et j'ai eu comme la sensation d'être la plus belle merveille du monde à ses yeux. Pourtant, c'était loin d'être le cas...

Je suis désolé... prononce-t-il finalement.

Mais tu es désolé de quoi Matthew ? Tu m'évites et tu ne me donnes aucune explication.

Nous nous étions fait une promesse, souviens-toi. Je ne sais plus comment m'y prendre pour attirer ton attention, pour que tu me parles.

Il a murmuré quelque chose que je n'ai pas compris, puis il a fui.

*****

Je me souviens encore de ce que j'ai murmuré ce jour-là : « Je t'aime Jace, mais je sais que ce n'est pas le cas pour toi, c'est plus qu'évident. »

Je souffle en réorientant mon visage vers l'extérieur, admirant ce spectacle d'hiver. La neige qui tombe toujours, les vitres qui s'embuent et le froid qui se fait ressentir dehors sous les blousons me rappellent irrémédiablement la période magique de Noël.

Les larmes aux yeux et une tasse de chocolat chaud où flottent quelques chamallows entre mes mains, je m'apprête à lire la dernière page de ce carnet. Je ne veux pas qu'il me dise que c'est fini, que notre histoire s'arrête là, qu'il m'a oublié...

*****

Matthew,

Ce sont les derniers mots que j'écris avant que s'achève ce carnet. Tu ne réalises pas à quel point tu as pu te montrer cruel envers moi. Pourtant, je sais que tu traites les gens que tu portes dans ton cœur comme des bijoux précieux habituellement. Je suis désolé de ne pas avoir compris tout de suite que tu commençais vraiment à tomber amoureux de moi. Je suis navré d'avoir été aussi aveugle et de t'avoir laissé me fuir. Je n'avais pas remarqué la façon dont tu posais le regard sur moi et je t'ai laissé partir, brisant nos deux cœurs. Je voulais te le dire bien avant ce soir, mais j'avais sûrement peur de ne pas mériter quelqu'un comme toi.

Des personnes collent un mot sur le frigo avant de quitter leur domicile, d'autres rédigent tout un roman d'amour sur des feuilles volantes, d'autres s'enfuient sans rien laisser d'autre que leur silence. Moi, j'ai écrit notre histoire pendant des années sur ce carnet, pour te dire à quel point tu comptes pour moi. Je refuse de te regarder partir une nouvelle fois parce que je t'aime. Je n'ai jamais pu t'oublier ou même imaginer ma vie sans toi. Pardonne-moi d'avoir attendu aussi longtemps. Sache que moi je te pardonne, parce que j'ai enfin compris que tu es toute ma vie.

Je t'aime !

Jace

*****

Je referme le carnet en laissant mes larmes couler librement. Toutes ces années, j'ai essayé de l'oublier, sans succès. Et aujourd'hui, il refait surface dans ma vie avec ce carnet en m'avouant ses sentiments. Je me sens lâche de ne pas avoir su lui dire tout ça le premier.

Encore une fois, il s'est montré le plus courageux de nous deux. Je pose ce trésor sur ma table en séchant mes larmes. Une sonnerie familière résonne dans tout l'appartement. Je me lève de mon fauteuil et me dirige vers la porte. Je la déverrouille et l'ouvre sans réfléchir à qui peut se trouver derrière.

Je tombe immédiatement sur ces prunelles bleues qui m'ont toujours ébloui depuis le premier jour. Jace... Il est venu jusqu'ici... Ou plutôt, il n'est jamais reparti après avoir abandonné ce carnet devant ma porte. Nous nous observons quelques instants, sans vraiment y croire, avant qu'un magnifique sourire se dessine sur ses lèvres. Je lui rends avec sincérité et comble les quelques mètres qui nous séparent pour le serrer dans mes bras, enfin. J'enfouis mon nez dans son cou, retrouvant son odeur enivrante qui m'apaise immédiatement. Je me détache de lui quelques secondes pour plonger de nouveau dans ses iris azurés.

– Je t'aime aussi, murmuré-je, scellant ma déclaration par un baiser.

Nous ne nous quitterons plus jamais.

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