❄️ 12 D é c e m b r e ❄️
Shine With You
ILYMelancholia
Thème : Art
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« Dans la solitude, les goûts deviennent facilement des passions. »
Mary Sarah Newton
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En ce mois de décembre, je savoure de voir Londres sous une couche de poudreuse blanche. Cette année, ce sera le premier Noël que je fête seule. Mes parents résident aux États-Unis depuis maintenant six ans. Ils ont eu la brillante idée d'ouvrir un restaurant typiquement français le long de la plage de Miami et leur projet a parfaitement fonctionné. Je suis donc habituée à vivre sans eux. Mais à Paris, j'avais quand même des amis et je sortais célébrer la fin d'année avec eux. Désormais, je me retrouve seule et ça m'affecte un peu.
J'ai emménagé dans la capitale en septembre pour mon travail et j'enseigne désormais la langue française dans un collège du Kew. La seule personne avec qui j'ai sympathisé, c'est Matthews, mon professeur de guitare. Il est marié et à deux filles, Laura et Mélissa, qui ont respectivement dix et quinze ans. Je leur donne parfois des cours particuliers et elles m'appellent quand elles ne comprennent pas quelque chose. Matthews m'a même invitée à plusieurs reprises à manger chez lui pour me remercier. Sa femme, Carla, se montre toujours adorable avec moi.
Je viens justement de me mettre en route pour assister à mon dernier cours de guitare de l'année. J'ai constamment été fascinée par ce son que de simples cordes peuvent produire. Je prends des leçons depuis mon arrivée à Londres, même si j'avais déjà étudié les secrets de cet instrument pendant plusieurs années quand j'étais adolescente. J'ai eu envie de reprendre ce que j'avais abandonné lors de mon entrée à l'Université. Matthews est un excellent professeur et j'ai énormément progressé en seulement trois mois. J'adore jouer des titres comme High Hopes de Kodaline, Hotel California des Eagles ou encore Under The Bridge des Red Hot Chili Peppers. Je suis férue de musique rock, mais j'apprécie également les sonorités un peu plus blues.
J'avance donc avec précaution sur le trottoir jonché de neige pour rejoindre le Morley College London. Je n'aime pas trop marcher dans cette poudreuse blanche pour être honnête. Je me suis bien trop souvent retrouvée sur les fesses à cause d'elle. Je ne suis pas maladroite en général, mais je suis d'une nature très speed. Je sprinte tellement entre le collège, les sorties culturelles et les cours de guitare, que j'ai tendance à tout le temps me dépêcher et quand le sol est recouvert de givre, courir en bottes à talons n'est pas vraiment recommandé.
J'arrive finalement sans encombre à Morley et entre dans le bâtiment que je connais maintenant par cœur. Plusieurs disciplines y sont inculquées en semaine, mais le week-end, certains enseignants prennent le temps de proposer des leçons particulières. Avec les cours, c'est plus facile pour moi de venir le samedi et je préfère travailler en individuel. Je monte au premier étage et rejoins ma salle habituelle. Je pose ma guitare, qui est bien à l'abri dans sa housse, contre le mur et m'assieds sur la chaise installée dans le couloir pour patienter.
Je n'ai distingué que quatre autres professeurs qui donnent des cours le week-end : Harold, qui s'occupe de la batterie, Lenny et Luke qui enseignent le piano, et Nolan, un second guitariste qui a rejoint l'équipe il y a peu, mais qui est un excellent musicien d'après Matthews. Il dispose surtout d'un physique très avantageux. Je le croise chaque samedi et il m'offre toujours un sourire à tomber. Il possède un regard océan qui détient le pouvoir de me déstabiliser. Je ne sais rien de lui à part son prénom, mais je dois reconnaître qu'il ne me laisse pas indifférente. Peut-être qu'un jour, j'oserai aller lui parler, même si je me dis qu'un garçon aussi séduisant doit forcément avoir quelqu'un dans sa vie.
La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées. Je le récupère dans mon sac à main et le déverrouille pour pouvoir accéder à mes messages. Je reste surprise quand je vois le nom du destinataire. Matthews ? J'ouvre le SMS et lis celui-ci avec attention.
Salut Éva ! Je suis désolé, mais je ne pourrai pas assurer le cours d'aujourd'hui. Je me trouve à l'hôpital avec Laura qui doit se faire opérer d'urgence de l'appendicite. Mais ne t'en fais pas, j'ai demandé à un collègue de me remplacer. Je voulais juste te prévenir pour que tu ne sois pas trop surprise. Bonne soirée et passe d'excellentes fêtes.
La pauvre, se retrouver à l'hôpital à peine deux jours avant le réveillon... J'espère que tout se passera bien pour elle. Je glisse mon doigt sur « répondre » et tape un message avant de l'envoyer. Je me demande bien qui est ce fameux collègue. Je remets mon téléphone à sa place initiale et soupire en regardant ma montre. Comme toujours, je suis en avance.
J'entends des bruits de pas et tourne la tête pour scruter le couloir. J'aperçois une silhouette au loin et reconnais presque immédiatement le beau brun qui arrive toujours à me faire sourire. Une lueur de lucidité me percute de plein fouet, ce n'est quand même pas lui qui... Je déglutis nerveusement en le voyant se rapprocher. Je ne vais jamais réussir à me concentrer si c'est lui qui remplace Matthews. Je baisse les yeux et souffle calmement pour essayer de me remettre les idées en place.
- Bonsoir Éva !
Je relève la tête et tombe sur deux prunelles bleutées qui me dévisagent. Donc, à priori, c'est bien lui le fameux remplaçant et ça ne m'arrange absolument pas. Bien que... cela pourrait être une bonne occasion de faire sa connaissance. Je lui offre finalement un sourire en me levant de mon siège.
- Bonsoir ! dis-je simplement.
Il me tend sa main et je lui serre en frissonnant malgré moi à la sensation de sa peau douce et chaude contre la mienne.
- Je suis Nolan, le collègue de Matthews. Il m'a demandé de le remplacer pour votre dernier cours.
- Oui, il vient juste de me prévenir. C'est vraiment gentil de votre part.
- Quand je peux le dépanner, c'est toujours avec plaisir. Allez-y, entrez !
Je m'exécute en pénétrant dans cette salle que je connais par cœur. Je retire mon blouson matelassé que j'accroche au porte-manteau qui se trouve dans un coin de la pièce. Je pose mon sac à main au même endroit avant d'extirper soigneusement ma guitare de sa housse. Je me retourne enfin et me dirige vers les deux chaises qui se font face. Nolan a récupéré l'un des instruments qui se situent au fond de la salle et est déjà assis, vérifiant que celui-ci est bien accordé. Je ne peux pas m'empêcher de l'observer et de le trouver terriblement attirant. Quelques mèches de ses cheveux châtain foncé tombent sur son front et il se mordille la lèvre sous la concentration. Je secoue la tête en essayant de reprendre un minimum de contrôle. Je m'installe face à lui et m'assure à mon tour que ma guitare est opérationnelle.
- Wow ! C'est une Fender Newporter !
Je relève les yeux vers mon professeur de la soirée et surprends ses prunelles étonnées devant ma guitare. Il est effectivement un véritable connaisseur dans son domaine. Je sais que ce modèle coûte une fortune, mais pour ma défense, on me l'a offerte.
- C'était celle de mon père, il me l'a donnée quand j'étais encore adolescente, lui expliqué-je en souriant.
- Je rêverais d'avoir une aussi bonne guitare. Tu... vous avez de la chance.
- Arrêtons avec les « vous ». J'ai l'impression de prendre dix ans, grimacé-je.
- Je suis d'accord avec toi, approuve-t-il en riant.
Son rire est à tomber et je sens mon cœur fondre.
- Tu connais « Dancing On My Own » de Calum Scott ? me demande-t-il.
- Je connais la chanson, mais pas la tablature.
- Tu veux qu'on travaille dessus ?
- Très bonne idée.
Il m'offre un nouveau sourire et je baisse la tête pour essayer de calmer la douce chaleur qui irradie ma peau et plus particulièrement mes joues. Pourquoi je me montre aussi vulnérable face à lui ? Ce n'est absolument pas dans mes habitudes. Il commence à jouer les premières notes et je scrute scrupuleusement le mouvement de ses doigts pour les reproduire à la perfection. J'avoue, j'ai réellement envie de l'impressionner. J'apprends petit à petit à gratter cette magnifique chanson tout en admirant à la dérobée le jeune homme qui se tient devant moi. Nos regards se croisent par moment et je m'y noie avec délice.
Après une bonne heure à assimiler le moindre accord, il décide de me laisser jouer seule. Je redoute de ne pas me montrer à la hauteur, mais j'essaie malgré tout de me détendre en respirant calmement. Je retrouve bizarrement l'appréhension que je ressentais quand je passais un examen important. Je comprends tellement mes petits collégiens qui angoissent devant un simple contrôle. D'autant plus que la langue française ne s'avère pas évidente à apprendre, elle me parait même plus dure que l'anglais.
Je laisse finalement mes doigts glisser sur les cordes et essaye d'être la plus juste possible. Nolan se lève et se place derrière moi, me faisant stopper tout mouvement. Il se penche légèrement et pose ses mains sur les miennes. Mon cœur s'emballe sans que je puisse le contrôler et mes joues s'enflamment instantanément.
- Place plutôt tes doigts comme ça, ça t'évitera de frôler les cordes d'à côté, murmure-t-il à mon oreille.
Je le laisse ajuster la position de mes doigts en déglutissant difficilement. Cette proximité me trouble réellement. Je sais très bien qu'il se montre juste professionnel, mais sa peau sur la mienne réveille mes sens. Son souffle dans mon cou me procure mille et un frissons qui se faufilent dans mes veines. Sa voix légèrement rauque me susurre des mots que je ne capte même plus. Son doux parfum semble totalement aphrodisiaque. Je me retrouve littéralement déconnectée de la réalité. En même temps, ça fait trois ans que le célibat est devenu mon seul compagnon. Mes hormones commencent peut-être à en avoir assez.
Quand il se détache de moi, je me sens horriblement bête, car je n'ai absolument rien écouté de ce qu'il m'a dit... J'essaie de retrouver un minimum de contenance avant de reprendre mon exercice calmement. Je souris en m'apercevant que son conseil m'est réellement utile. Mes doigts glissent sur les cordes avec plus d'aisance et les muscles de mon poignet sont beaucoup moins tendus. Matthews avait raison, Nolan est un excellent professeur. Je continue à pincer les accords alors que celui-ci récupère sa place en face de moi. Nous échangeons un sourire et il commence à fredonner les paroles. Je suis étonnée par sa voix, réellement médusée, il chante terriblement bien.
Quand je termine le morceau, il m'applaudit en souriant et je ne peux pas m'empêcher de rire en levant les yeux au ciel. Ce dernier cours aura été le plus enrichissant et le plus agréable de l'année. Je jette un regard à ma montre et me mets debout en m'étirant. Nolan fait de même et part reposer la guitare à sa place initiale pendant que je glisse la mienne dans sa housse. Je revêts mon blouson et récupère mon sac à main avant de me tourner de nouveau vers le beau brun.
- Merci pour le cours, dis-je simplement en souriant.
- Tu es une élève parfaite, c'était réellement agréable.
Je m'empourpre de nouveau et rage intérieurement de me montrer aussi faible devant lui. Je m'apprête à partir, mais il me retient par le poignet, m'envoyant une douce décharge électrique qui irradie mon épiderme. Je lui fais face, l'interrogeant du regard.
- Je peux t'offrir un café ? me demande-t-il en me fixant de ses prunelles azuréennes.
- Euh... Je... Oui, pourquoi pas, balbutié-je devant cette situation totalement inédite.
Il m'offre un sourire radieux que je lui rends volontiers. Nous sortons de la salle et descendons au rez-de-chaussée pour rejoindre l'accueil où se trouve un distributeur de boissons et de sucreries ainsi que quelques fauteuils et quelques tables. Nolan se stoppe devant la machine à café et y glisse une pièce avant de me regarder.
- Je te prends quoi ? me questionne-t-il.
- Un cappuccino noisette, s'il te plaît.
- Installe-toi à une table, je te rejoins.
Je lui offre un sourire pour simple réponse et m'avance vers celle du fond. J'abandonne ma guitare et mon sac sur le siège adossé à la fenêtre avant de retirer mon blouson que je place au même endroit. Je m'installe sur le fauteuil parallèle à la baie vitrée et observe le paysage. Pourquoi Nolan m'invite-t-il à boire un café ? Je n'arrive pas vraiment à lire en lui et ça me frustre réellement. Je suis coupée dans mes réflexions quand celui-ci pose un gobelet fumant sur la table devant moi.
- Mademoiselle est servie, s'exclame-t-il en s'installant en face de moi.
- Merci, prononcé-je en souriant malgré moi.
- Tu vis à Londres depuis longtemps ? me demande-t-il en posant un paquet d'Oreo à côté de son gobelet.
- J'ai emménagé début septembre. Et toi ?
- Comme toi. De quel pays viens-tu ? J'ai l'impression de déceler un accent français, mais j'ai peur de me tromper.
- Non, tu as raison. Je suis originaire de Paris, j'ai toujours habité dans la capitale, mais je suis franco-espagnole en réalité.
Ma mère est natif de Barcelone et y a vécu jusqu'à ses 16 ans. Elle est ensuite montée sur Paris avec ses parents. Elle y a réalisé des études de commerces et a rencontré mon père, un vrai titi parisien, sur les bancs de l'Université. Depuis, ils ne se sont plus jamais quittés. Je ne les vois malheureusement pas assez souvent à mon goût. Entre mon travail et la distance, ce n'est pas évident de trouver un créneau pour leur rendre visite et avec le restaurant c'est quasiment impossible pour eux de venir à Londres. Heureusement que d'autres moyens de communication existent de notre temps. Croyez-moi, c'est bien la première fois que je considère mon mobile comme indispensable.
Pour me montrer honnête, je désire réellement vivre une relation aussi fusionnelle que celle de mes parents. Je rêve de trouver quelqu'un qui me ressemble, qui partage mes passions, qui me complète et qui me rend tout simplement heureuse. Un homme qui aime la musique, le cinéma, l'art, la nature et qui m'emmènerait visiter les plus belles villes du monde. Je m'intéresse beaucoup aux nombreuses cultures du globe, aux différents dialectes et aux magnifiques panoramas qui transforment notre terre en un paradis. Plusieurs pays m'attirent plus que les autres : l'Écosse, l'Irlande, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Les décors y sont si somptueux et les paysages tellement pittoresques.
- Très joli mélange en tout cas, assure-t-il en haussant les sourcils.
- Merci, balbutié-je en rougissant de nouveau.
J'ai hérité des cheveux ébène et du caractère enflammé de ma mère. Quant à mon père, il m'a légué ses yeux verts et son teint de porcelaine. Je ne suis pas très grande, mais je compense en portant des talons. D'ailleurs, je me suis rendu compte tout à l'heure que Nolan semble légèrement plus petit que moi, ce qui veut dire qu'il doit être de ma taille si j'enlève mes chaussures. Je me demande bien d'où il vient... Il a les cheveux châtains foncés, les yeux bleus clairs, son teint ne rappelle pas les pays chauds et je ne trouve pas de signe distinctif qui pourrait m'aider à deviner. Ses intonations sonnent différemment de l'accent anglais. Je peux toujours lui poser la question, après tout.
- Et toi, d'où viens-tu ?
- Je suis né à Mullingar, j'ai vécu à Dublin et mes parents vivent désormais au Canada.
Mon sourire s'étire inévitablement devant sa réponse. Il est Irlandais ! Ce n'est pas une jolie coïncidence, ça ?
- J'adore l'Irlande, c'est l'un de mes pays préférés pour tout te dire, lui avoué-je.
- Nous étions faits pour nous rencontrer, affirme-t-il en me faisant un clin d'œil.
Je rougis de nouveau et commence à déceler une petite part de séduction dans ses attitudes. Je dois dire que ça ne me dérange absolument pas, bien au contraire.
- Et que fais-tu dans la vie ? se renseigne-t-il en buvant une gorgée de son café.
- J'enseigne le français au Westminster College, l'informé-je en faisant de même.
- Je crois que nous allons nous trouver beaucoup de points communs, assure-t-il en souriant.
- C'est fort possible, acquiescé-je.
Nous continuons à discuter pendant un long moment, parlant de notre métier, de nos familles, de nos loisirs. Plus je passe de temps avec lui, plus je m'aperçois qu'il ressemble étrangement à l'homme que je cherche inconsciemment. Il est beau, intelligent, cultivé, passionné. C'est un musicien, il aime voyager, assister à des concerts, aller au cinéma, arpenter les musées, profiter de la nature et partir à l'aventure. J'ai l'impression de discuter avec mon double masculin. Je crois que je l'apprécie de plus en plus.
- Tu as prévu quelque chose pour le réveillon ? m'interroge-t-il en prenant un Oreo et en me tendant le paquet.
- Non pas vraiment. Mes parents ne peuvent pas venir et je ne peux pas me rendre aux États-Unis. Et puis, je n'ai pas encore de réelles connaissances à Londres, donc ce sera Noël sur mon canapé devant un bêtisier, soupiré-je en me saisissant d'un biscuit et en mordant dedans.
Un sourire se dessine sur ses lèvres et sa main se pose doucement sur la mienne, me faisant perdre tous mes moyens. Ses yeux plongent dans les miens et me transportent littéralement dans un autre monde.
- Accepterais-tu de partager un repas avec moi, dans un joli restaurant de Londres, pour que nous vivions notre solitude ensemble et que nous fêtions ce réveillon comme il se doit ?
Ma bouche s'ouvre et se referme sous la surprise. Je rêve ou il vient de me proposer un rendez-vous ? Il ne m'invite pas juste parce qu'il est seul, si ? Je suis littéralement désarçonnée, totalement déroutée que je ne sais même pas quoi répondre. J'aimerais vraiment passer encore du temps avec lui, sa compagnie est tellement apaisante. Et puis, je n'ai absolument rien à perdre, j'ai peut-être tout à y gagner.
- J'accepte avec plaisir Nolan.
Un sourire étire de nouveau ses lèvres et les miennes y répondent instinctivement. Nous continuons de discuter, sans qu'il lâche ma main pour autant, et je savoure la sensation de sa peau douce contre la mienne en me perdant dans l'océan de son regard.
Nous finissons par nous retrouver dehors quand l'immeuble ferme ses portes. Nous échangeons nos numéros et il me propose de venir me chercher directement chez moi le 24 décembre à 20 heures. J'accepte en lui donnant mon adresse et il pose un doux baiser sur ma joue avant que nous ne repartions chacun de notre côté. Je marche sur les routes enneigées qui me ramènent à mon appartement, le cœur léger et un sourire radieux plaqué sur les lèvres.
*****
Il est 19 h 30 et je commence à stresser. Je suis déjà prête alors que Nolan n'arrive pas avant une demi-heure. C'est la première fois que je fais autant attention à mon apparence. Je porte un jean slim bleu ciel, un haut blanc en satin avec de longues manches faites de dentelles et des bottes en cuir assorties à mon pantalon. Je voulais mettre une robe, mais je ne sais pas ce que Nolan a prévu, ni où il m'emmène. J'ai donc opté pour une tenue habillée, mais pratique. Je me suis maquillée légèrement et j'ai bouclé mes cheveux. Ils tombent désormais en jolies vagues jusqu'au milieu de mon dos. Je souris en glissant le paquet cadeau bleu dans mon sac à main. C'est quand même le réveillon de Noël, alors je suis allée acheter une petite bricole pour Nolan hier. Je ne pouvais pas vraiment faire autrement. J'espère juste que ça lui plaira.
Je suis sortie de mes réflexions par la sonnette qui résonne dans mon appartement. Je souffle un bon coup et me dirige vers la porte pour ouvrir. Je tombe nez à nez avec ces prunelles céruléennes que j'aime tant. Nolan m'offre un sourire éblouissant en me saluant d'un « bonsoir ». Il me tend un joli bouquet de roses rouges et je m'empourpre instantanément devant ce geste si adorable. Je le laisse pénétrer dans mon logis et referme derrière moi. Je m'empresse d'aller mettre les fleurs dans l'eau avant de revenir vers l'entrée. Je pose un baiser sur sa joue en le remerciant et me délecte de son délicieux parfum qui se faufile dans mes narines. Je détaille sa tenue discrètement et le trouve encore plus séduisant que d'habitude. Il porte un jean noir, une chemise blanche et une veste assortie à son pantalon. Il est tellement sexy... Je récupère mon blouson et mon écharpe avant de terminer de m'habiller. J'attrape mon sac à main et me tourne enfin vers lui.
- Tu es vraiment magnifique Éva, me complimente-t-il, les yeux pétillants.
- Merci Nolan, je te trouve très beau aussi, avoué-je à mon tour en rougissant.
Nous nous sourions puis sortons de mon appartement. Il m'indique que le restaurant se trouve à plus ou moins dix minutes d'ici et me demande si je préfère y aller en voiture ou à pied. J'opte pour la marche et nous déambulons dans les rues de Londres côte à côte, longeant le Archbishop's Park, passant à proximité du Florence Nightingale Museum avant de rejoindre la route menant au Westminster Bridge. Nous prenons ensuite à droite pour pénétrer à l'intérieur du County Hall dont la façade est éclairée de bleu. Le fameux rond-point face à l'entrée s'est lui aussi paré de couleurs dorées et d'un sapin qui scintille à son sommet. Il y a beaucoup de monde, comme toujours à Londres. Je talonne Nolan en silence, admirant les décorations de Noël qui illuminent les restaurants.
Nolan s'arrête devant l'un d'entre eux, le Gillray's Steakhouse. Je peux déjà voir de l'extérieur que celui-ci semble très chic. Il glisse sa main dans la mienne, me surprenant et me faisant de nouveau rougir avant de me guider à l'intérieur du restaurant. Un homme nous accueille et Nolan lui dit qu'il a une réservation au nom de Healy. C'est d'ailleurs la première fois que j'entends son nom de famille et un sourire prend place sur mes lèvres. Le réceptionniste nous fait signe de le suivre et nous emmène jusqu'à une table. Je retire mon blouson et mon écharpe que je pose sur le dossier de ma chaise et m'installe alors que Nolan me tire galamment celle-ci.
Je regarde autour de moi et trouve cet endroit magnifique. J'ai l'impression de revenir dans les années 1800 et de me remémorer les boudoirs de ce temps-là. Les murs sont recouverts de merisier. Quelques toiles blanches représentant des personnages issues des années napoléoniennes y sont accrochées. Le mobilier demeure conforme à ce siècle-là : des fauteuils en cuirs, certains jaunes vifs et d'autres noirs, des lustres aux formes atypiques et des tables en marbres et en chênes. Je reste littéralement sous le charme.
Je tourne mon regard vers Nolan qui s'est installé dans le fauteuil noir face à moi et souris en observant le décor qui s'offre à mes yeux. La fenêtre derrière lui donne une vue imprenable sur la Tamise, le pont de Westminster et le Big Ben. Les illuminations se reflètent sur l'eau du fleuve, créant des formes inconnues à la surface. Mon sourire s'agrandit un peu plus et je me mords la lèvre en fixant l'homme séduisant en face de moi. Il pose sa main sur la mienne et je sens de nouveau mes joues s'enflammer. Nous demeurons quelques instants à nous observer avant que le serveur ne vienne prendre notre commande.
Je passe une soirée merveilleuse en sa compagnie, nous discutons en mangeant des plats succulents et je me sens terriblement bien avec lui. Ma timidité commence progressivement à disparaitre et je savoure chaque seconde de ce moment magique. Je lui offre son cadeau juste avant le dessert et je suis agréablement surprise quand il me tend une boîte carrée entourée d'un joli nœud rouge en retour. Heureusement que j'ai eu l'idée de lui acheter quelque chose, sinon je me serais retrouvée affreusement gênée. Je le laisse ouvrir son paquet en observant sa réaction. Il lève les yeux vers moi et un sourire sincère se dessine sur ses lèvres en découvrant la sangle de guitare et les médiators aux couleurs de l'Irlande. Il me remercie chaleureusement en se levant pour venir poser un baiser sur ma joue, ce qui a le don de me faire rougir de nouveau.
Il me fait signe de déballer le mien et je m'exécute avec appréhension. Je retire délicatement le nœud et ouvre l'écrin rouge en velours en me mordant la lèvre inférieure. Je reste un peu stupéfaite en découvrant un bracelet multirang en cuir bleu avec des breloques en argent. Sur le premier cordon se trouve un pendentif en forme de guitare, sur le second est accroché un médiator sur lequel les chiffres 22-12-18 sont gravés, le troisième est juste un morceau de cuir tressé et le dernier est composé d'un trèfle à quatre feuilles. Je relève mes yeux vers lui en souriant. Je lui tends mon poignet et le laisse attacher le bijou autour de celui-ci. Je me lève à mon tour et m'approche de lui avant de déposer un baiser sur sa joue en lui murmurant un « merci », la gorge serrée. Je ne sais pas quoi penser de ce cadeau. Je ne réalise pas vraiment ce qu'il a voulu me faire comprendre à travers celui-ci. Je retourne m'asseoir en essayant de mettre ce détail de côté et continue de profiter de cette soirée en sa compagnie.
Une fois notre repas terminé, Nolan me propose d'aller jusqu'au London Eye. En ce soir de Noël, la célèbre grande roue reste exceptionnellement ouverte toute la nuit. Comme nous n'avons encore jamais eu l'occasion de tester cette fameuse attraction, cette pensée me plait énormément. Nous sortons du restaurant après que Nolan ait insisté pour payer, avançant comme excuse que c'était son idée. Nous reprenons la Queen's Walk, longeant la Tamise. Je sens de nouveau la main du brun s'emparer de la mienne. Je tourne mon regard quelques secondes vers lui et lui offre un sourire tendre qu'il me rend instantanément.
Le London Eye se dresse devant nous et je sens soudainement la peur monter en moi. Penser que je pourrais me retrouver au sommet de cette gigantesque roue m'impressionne véritablement. Je déglutis difficilement, mais me sermonne mentalement en me disant que c'est une expérience à faire au moins une fois dans sa vie. Et puis, la présence de Nolan me rassure aussitôt. Nous patientons dans la file d'attente sans jamais nous lâcher la main une seule seconde. Son contact m'apaise réellement. Il sort son téléphone de sa poche et se rapproche de moi en tendant celui-ci devant nous. Je souris en posant pour ce selfie improvisé.
Quand notre tour arrive enfin de rejoindre l'une des sphères transparentes, mon cœur s'accélère. Je monte en resserrant ma prise sur la main de Nolan. Nous nous installons à l'écart des autres personnes et je fixe le fleuve qui s'étend devant nous en déglutissant difficilement.
- Éva, tu te sens bien ? m'interroge Nolan en glissant sa main libre sur ma joue et en plongeant ses prunelles azuréennes dans les miennes.
- Oui... C'est juste... J'ai un peu peur, avoué-je en enfouissant mon visage dans son cou.
Je perçois son rire alors que ses deux bras s'enroulent autour de ma taille et me serrent un peu plus contre lui. La roue commence à tourner et je relève ma tête pour observer le paysage sans pour autant me reculer de l'étreinte protectrice de l'Irlandais. Ses lèvres se posent à plusieurs reprises sur ma tempe et je sens des papillons envahir mon ventre à chaque contact de ses lippes sur ma peau.
- Pour être honnête avec toi, je cherchais comment faire pour t'aborder depuis la première fois où je t'ai croisée dans les couloirs de Morley, murmure-t-il.
Sa confession me fait relever la tête vers lui et je le dévisage quelques instants en essayant d'assimiler ce qu'il vient de me dire.
- Chaque fois que j'arrivais près de toi avec l'intention de te parler, je croisais ton regard et je me sentais soudainement démuni et vulnérable. Tu m'intimidais tellement que j'ai vite abandonné l'idée de t'approcher et que je me suis contenté de t'admirer de loin.
Je plonge dans ses prunelles océans, tentant d'y déchiffrer les réels sentiments qu'il cache depuis des mois.
- Éva, tu me plais, énormément et...
Il souffle et ferme les yeux alors que sa mâchoire se contracte. Je me rends compte à ce moment précis des efforts qu'il réalise pour m'avouer tout ça et mon sourire s'agrandit de nouveau. Je pose mon doigt sur ses lippes au moment où il s'apprête à reprendre la parole. Je n'hésite pas une seule seconde et mes lèvres se fondent sur les siennes avec une infinie douceur. Notre baiser est empli de tendresse, délicat, presque aussi léger qu'une plume. Nos visages se séparent quelques instants et nous tournons la tête en même temps pour observer le vide sous nos pieds alors que les douze coups de minuits résonnent depuis le Big Ben.
Mon cœur se retrouve enveloppé d'amour quand je sens les doigts de Nolan se frayer un chemin jusqu'à ma nuque. Je réoriente mon attention sur lui, sur l'homme qui a su me séduire dès le premier regard. Nos sourires illumineraient presque la sphère de verre autour de nous. Il dépose de nouveau ses lèvres contre les miennes et je me laisse envahir par les milliers de papillons qui dansent au creux de mon estomac. Mes bras s'enroulent autour de son cou et il resserre sa prise autour de ma taille, son corps se pressant contre le mien. Plus rien n'existe autour de nous, nous sommes dans notre bulle, au sommet des nuages. Ce Noël en solitaire sonnera finalement comme le début d'une belle histoire d'amour entre deux cœurs esseulés.
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