Un arc-en-ciel dans le cœur (partie 2)

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Donc voici la suite du chapitre précédent (juste, info inutile, je viens de me rendre compte du double sens du titre, pour moi, au début c'était simplement pour faire une continuité avec la première partie)

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Je restai dans cet état durant un long moment, appuyée contre la porte, laissant mes larmes couler et mon esprit divaguer, perdue entre la réalité et mon imaginaire. À côté de moi, dans mon sac où je l'avais laissé, je pouvais entendre mon téléphone vibrer à intervalles réguliers mais je ne voulais pas l'allumer et voir ses messages. Et si elle me disait que j'étais un monstre ? Et si elle me déclarait qu'elle ne voulait plus jamais me voir ? Et si, et si, ... mon esprit se perdait en conjectures et je ne faisais rien pour l'arrêter.

Lassée par ces pensées qui tournaient en boucle et que je voulais faire taire au moins quelques minutes pour pouvoir me reposer, je finis par me relever, peut-être au bout de dix minutes, peut-être au bout d'une heure, je l'ignore, et, après avoir éteint complètement mon téléphone, sans même prendre le temps de le regarder et de lire la myriade de messages que m'avait envoyés Alex, inquiète à propos de ce qu'elle avait pu m'écrire, je me dirigeai vers mon bureau d'une démarche mécanique, m'assis sur ma chaise roulante et regardai dans le vide pendant encore quelques minutes avant de sortir mes cours de mon sac pour me mettre à mes devoirs malgré mon envie de me rouler en boule sous ma couette au fond de mon lit et d'y rester jusqu'à la fin de l'année. Mais je ne pouvais pas me laisser aller ainsi, alors je fis à la place mes exercices de mathématiques.

Une petite heure plus tard, mes parents m'appelèrent pour le dîner et je descendis manger avec eux puis remontai dans ma chambre à la fin du repas, et me couchai aussitôt, laissant les ombres de la nuit s'emparer de mon cerveau et faire revivre mes peurs exacerbées à l'extrême. Cette nuit fut loin d'être reposante et ce fut épuisée, des cernes monstres sous mes yeux, que je me rendis au collège, l'âme inquiète, le téléphone toujours éteint au fond de mon sac sous une fine bruine qui n'avait pas cessé depuis hier. Mon cœur battait de plus en plus furieusement au fur et à mesure que je me rapprochais du portail comme pour m'inciter à rebrousser chemin mais je m'efforçais de l'ignorer.

Une fois arrivée devant, je sortis mon carnet de correspondance avant de m'arrêter brusquement. Elle était là, à quelques mètres de moi, entrant dans le collège. Elle ne m'avait pas vue, je pouvais toujours faire demi-tour mais, au contraire, m'armant de tout mon courage, je m'avançais à sa suite et, après une profonde inspiration, l'interpellai. Elle se tourna vers moi et me détailla du regard, un profond soulagement se lisant dans ses yeux fatigués ; elle ne devait pas avoir plus dormi que moi.

« Lya..., commença-t-elle, tu ne répondais pas à mes messages, tu ne les lisais même pas... j'ai cru que tu ne voulais plus me parler... Je suis vraiment désolée, je n'aurai pas dû, enfin, je savais que..., s'embrouilla-t-elle.

— Non, c'est de ma faute, je n'aurai pas dû t'ignorer comme ça, lui répondis-je effarée ne comprenant pourquoi elle s'excusait, je suis vraiment désolée, je croyais que tu ne voudrais plus me parler, j'ai fait n'importe quoi, je ne voulais pas, s'il te plaît, tu veux bien rester mon amie ? Je ne sais pas ce qui s'est passé hier, je n'ai pas réfléchi, promis ça n'arrivera plus mais s'il te plaît, reste mon amie ! » la suppliai-je.

Ce n'est qu'à la fin de ma tirade que je repris mon souffle et que je relevai la tête pour la regarder, pleine d'anxiété à l'idée que sa réponse soit négative. Alex répéta lentement mon dernier mot et il me sembla distinguer une lueur de déception dans ses yeux mais cela dura moins d'une seconde et je me convaincs d'avoir rêvé.

« Tu me demandes si je veux bien rester ton amie ? ! Mais Lya, je ne peux pas faire autrement, tu pourrais me traiter de la pire des manières que je reviendrai quand même, tu es ma meilleure amie et même plus que ça, sans toi je suis vide, sans toi je ne suis rien. Hier soir, j'étais paniquée à l'idée d'avoir fait une erreur qui puisse coûter notre amitié ! Alors non Lya, tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça ! Et si tu étais restée au lieu de fuir tu aurais su que, peut-être, j'aurai eu envie que ça se reproduise, si tu en as envie aussi ! »

Elle lâcha sa réplique d'un ton cinglant puis, se rendant compte de ce qu'elle avait dit, elle mit brusquement sa main devant sa bouche comme pour rattraper ses mots mais c'était trop tard alors elle se détourna et partit à vive allure sans me laisser le temps de lui répondre, me laissant médusée dans le hall. Autour de moi, les autres élèves continuaient à discuter sans savoir que juste à côté d'eux, une personne était bouleversée, ce qui m'arrangeait bien.

Ce qu'Alex venait de m'avouer me laissait pantoise ; comment pouvait-elle imaginer deux filles ensemble ? C'était contre-nature, mes parents me l'avaient déjà répété un nombre incalculable de fois, l'aimer c'est être un monstre.

Peut-être avais-je mal entendu mais je n'y croyais pas, sinon pourquoi aurait-elle fui ? Et puis, je n'avais pas rêvé la lueur bravache dans son regard quand elle me l'avait affirmé, si ? Ou alors, je l'avais cassée ? Devrais-je rester seule jusqu'à la fin de mes jours pour ne pas que les autres absorbent de ma bizarrerie ? Car c'était moi le problème, du début à la fin, je le savais, mes parents me l'avaient dit et redit. Depuis, j'avais appris à me taire pour les rendre heureux mais je savais que j'étais toujours dysfonctionnelle. Oui, ils m'avaient enseigné comment mentir mais pas comment guérir.

Et pourtant, pourquoi était-ce mal d'aimer ? Si cela faisait mon bonheur, où était le problème ? Et surtout, si Alex considérait que c'était normal, cela devait l'être puisque je ne l'avais jamais vue avoir tort.

Un son strident vibra soudain au creux de mon oreille et je maudis pour une énième fois depuis le début de l'année cette sonnerie en me dirigeant vers ma salle de classe sans savoir quoi faire ou que dire à Alex.

Arrivée, je m'installai à ma place, à côté d'elle, lui faisant un sourire timide sans rien lui dire, mes pensées tournoyant trop vite dans mon esprit pour que je les mette en ordre et que je lui exprime mes sentiments. Elle sembla le comprendre car elle se contenta de me rendre mon sourire et me laissa de l'espace durant tout le reste de la journée en me tenant compagnie sans revenir sur le sujet mais elle semblait encore troublée, tout comme moi, ce qui limitait nos discussions.

Nous rentrâmes à la fin des cours comme à chaque fois ensemble, chacune sous notre propre parapluie, avançant au même rythme dans un silence lourd. Ce n'est que lorsque nous arrivâmes devant chez elle, là où pas plus tard qu'hier ses lèvres avaient rencontré les miennes, que je ressentis le besoin impérieux de prendre la parole, de ne pas la laisser partir ainsi.

« Alex... » lâchai-je avant de me taire incapable de formuler à haute voix ce que je souhaitais dire mais elle me regarda d'un regard doux et confiant alors je me lançai :

« Je ne comprends pas... ce que je ressens, ce que je pense, ce n'est pas normal, c'est mal, ils me l'ont affirmé mais je ne parviens pas à saisir pourquoi. Pourquoi, demandai-je la voix tremblante, c'est mal c'est sensations ? Pourquoi je ne devrais pas avoir envie que ça se reproduise ? Et pourquoi toi aussi tu en as envie ? Tu es si... parfaite que tu ne devrais pas être cassée comme moi alors... où est le problème dans l'histoire ? Pourquoi dois-je douter de mes parents, pourquoi m'auraient-ils menti, pourquoi... » ma voix se brisa avant mes derniers mots que je n'osais exprimer « pourquoi je t'aime ».

« Mais pourquoi serait-ce mal ? Ces pensées, ces sensations ne devraient pas avoir à l'être alors elles ne le sont sûrement pas mais ça ne veut pas dire que tes parents t'ont menti. Enfin pas consciemment, parfois, on pense savoir parce qu'on ne s'est jamais posé la question, intéressé au sujet, peut-être que c'est le cas. » Elle se rapprocha lentement de moi tandis que ses mots faisaient leur chemin dans mon esprit.

« Et tu sais, continua-t-elle en se rapprochant, ce n'est pas grave si tu ne comprends pas tout, parfois il faut arrêter de réfléchir la vie pour la vivre, il y a toujours eu et il y aura toujours des mystères, des questions sans réponses, mais ça fait partie du monde et on vit très bien avec. »

Elle était maintenant à quelques centimètres de moi, ses yeux en face des miens, en attente d'un assentiment que je lui donnai silencieusement, les joues en feu, mon cœur battant plus vite que jamais. Je la laissai s'approcher avec douceur de mes lèvres, profitant cette fois-ci pleinement de l'instant, sans crainte pour le futur puisque j'étais avec elle, me sentant vivante, dans mon entièreté, pour la première fois depuis longtemps. Lorsque nos bouches s'effleurèrent enfin, retrouvant enfin leur juste place, je sentis mon cœur se réchauffer, rayonner de bonheur pour chasser la pluie qui s'y était établie il y a des années de cela.

Et tandis que je relevai la tête, je pus voir le soleil poindre dans le ciel aux côtés de la pluie pour éclairer d'une lueur irisée le ciel. 

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