Son cœur dans un carnet
✍︎ Bonjour à toi cher•e lecteur•ice voyageant dans les méandres de mon imagination. Pour bien commencer l'année, j'ai décidé d'écrire une histoire qui finit bien.
Pas du tout, vous commencez à me connaitre, ça va être déprimant comme (presque) toujours, pour les TW, ils sont dans le résumé pour ne pas divulgacher.
Dans un coin de la cour du collège, on peut voir la silhouette d'une jeune fille accroupie contre le mur de la cantine. Dans une poche, contre son cœur, se trouve un carnet. Dans ce carnet, se trouve le cœur de la jeune fille, tous les mots qu'elle rêve de crier au monde, tous ses maux transformés en poèmes. Ce carnet, c'est sa porte de sortie quand le monde devient trop cruel, une personne à qui se confier. Dans la poche droite du manteau, se trouve un stylo qu'elle est prête à dégainer pour rajouter ou modifier un vers à la moindre illumination.
Vêtue d'un pull informe et d'une doudoune, elle semble vouloir s'effacer, se fondre dans le mur. D'ailleurs, bien que son corps est présent, son esprit est parti plus loin, à la recherche d'un nouveau vers. Soudain, son visage s'éclaire, elle sort rapidement son stylo et son carnet, écrit, rature, modifie, pour que ce soit parfait.
Trop concentrée dans son travail, elle ne remarque pas leur arrivée. De toute façon, ça n'aurait sûrement rien changé, ils ont un objectif, elle, ses larmes et ils l'atteindront.
Leur ombre imposante la surplombe et la fait relever les yeux. Toute lueur présente dans ses yeux s'éteint, elle se referme, elle n'est pas prête à ce que ça recommence. Malheureusement pour elle, eux le veulent. Pourquoi se passeraient-ils de leur spectacle quotidien ? Alors ils se lancent avec plaisir dans le combat, affrontant l'ennemi déjà à terre, sans moyen de défense.
«Alors Truitonne, tu écris ?
-Elle sait écrire celle-là ?
-Elle croit peut-être avoir du talent.
-Allez montre nous ! »
Les cris et les rires fusent, chaque phrase attaque Solène en plein cœur sans qu'elle ne puisse rien rétorquer. Les mots tournent furieusement dans son esprit mais aucun son ne passe la barrière de ses lèvres. Ses doigts blanchi sont crispés autour de son carnet comme si sa vie ne tenait qu'à ça.
«Allez donne le nous, relance un garçon, c'est pas comme si tu écrivais des choses intéressantes dedans de toute façon.»
Solène hurle non mais seulement à l'intérieur, à l'extérieur, rien n'y fait, elle ne parvint pas à laisser sortir le moindre son. Alors ils lui arrachent son cahier, ils lui arrachent ses rêves, ils rient et se moquent. Devant elle, ne se tiennent plus des êtres humains mais des bêtes, leurs rires sont ceux des hyènes, ils ont autant de bonheur devant elle que le prédateur qui voit sa proie coincée, dans l'incapacité de s'enfuir. Mais les animaux, eux, blessent physiquement alors que cette bande, l'attaque verbalement pour lui briser le cœur. D'ailleurs, il est déjà en paillettes, mais ce n'est pas suffisant pour eux alors ils continuent. Le plus grand d'entre eux, Jules, brandit son carnet et se remet à parler
«Je vous aurais bien lu ce qu'a écrit le thon dans son carnet mais malheureusement elle écrit tellement mal que je ne peux pas la relire» Un éclat de rire collectif le conforte dans sa position mais il n'a pas fini, non, son jeu vient à peine de commencer. «De toute façon, ce n'est pas comme si vous ratiez quelque chose, vu son intelligence, je doute qu'elle soit capable d'écrire des choses intéressantes.» Il feuillette rapidement le carnet et en arrache un page
«Qui veut un poème de Truitonne, lance-t-il, il est gratuit ! Allez, qui veut ? Personne ? Je vous comprends, ils sont tellement nuls qu'ils peuvent seulement servir d'allume-feu.»
Puis, il déchire lentement la feuille devant les yeux blessés de Solène en disant « Voilà tout ce que tu mérites » Puis il lance le carnet au pieds de Solène et repart en jetant les deux morceaux de papier par terre, suivi par ses autres amis.
Tremblante, Solène se redresse lentement, récupère son carnet et ses moitiés de papier et tente de les recoller avec du scotch.
Pourquoi tant de violence ?
Et pourquoi, alors qu'ils me font peur,
Et qu'ils on brulé mon cœur,
Je reste murée dans le silence
Sans jamais rien leur rétorquer
Mais malheureusement ne rien leur dire,
Ne fait que les encourager
Et ça devient de pire en pire.
Elle a toujours eu le droit à des remarques sur son surpoids et s'y était à peu près habituée mais depuis le début de l'année ça avait empiré, alors qu'avant ce n'étais que quelques phrases ponctuelles, maintenant, ces phrases rythment son quotidien. Quoi qu'elle fasse, un des membre de cette bande est là, pour lui rappeler qu'elle est trop grosse et qu'elle ne correspond pas au critères de beauté imposés par la société.
Elle en a perdu l'appétit sans perdre de poids, ses notes sont en chute libre car elle ne parvient plus à se concentrer en cours, chaque matin, elle se réveille avec une boule au ventre, effrayée à l'idée de retourner au collège. Mais personne ne le voit.
Et pourtant, ce surpoids ne provient pas d'une mauvaise hygiène de vie mais d'une insuffisance rénale mais ça ils ne le savent pas, il n'ont jamais pris le temps de lui demander.
*¨*
Pendant le reste de la journée, Solène n'écoutait pas vraiment mais put tout de même entendre en cours d'histoire Adrien dire à son voisin d'une voix assez forte pour qu'elle l'entende «Heureusement que Solène ne vivait pas pendant la guerre, sinon on n'aurait rien eu à manger avec les restrictions alimentaires ». Elle put aussi voir à la cantine, Fabien prendre son dessert en lui expliquant que c'est pour son bien et que de toute façon elle n'en a pas besoin car elle a des réserves. Puis, en anglais, Jade a reculé sa table en lui disant «J'ai reculé le plus possible, tu peux passer ? » avec un sourire hypocrite sur le visage. Enfin, en français, tandis qu'ils travaillaient sur un poème d'Apollinaire Jules s'est retourné et lui a lancé «Tu vois, lui, contrairement à toi, lui, il sait écrire.» Bref, une journée ordinaire.
Enfin, à la fin de la journée, elle quitte son état comateux pouvant enfin rentrer chez elle. Elle s'enferme tout de suite dans sa chambre avec pour seule compagnie ses pensées tournant dans sa tête. Des larmes dévalent le long de ses joues, elle a trop subi, elle ne sait plus, elle se demande s'ils n'ont pas raison, elle se dit qu'au fond ça ne change rien.
Elle finit par ressortir son carnet pour retravailler un poème car c'est son seul moyen de fuir le monde, elle barre, retravaille, réécrit, le peaufine, puis, une fois qu'elle en est satisfaite, range avec attention sa trousse et ses stylos. Elle se lève et se dirige avec un sourire triste vers la salle de bain, attrape une boite de médicament, en sort cinq comprimés et retourne dans sa chambre. Là, elle s'assoit sur son lit, avale les cinq gélules et s'allonge pour s'endormir dans un sommeil sans rêves.
Posé bien en évidence sur son bureau, son carnet contient ses mots d'adieu.
Je voudrais tant qu'ils m'oublient
Qu'ils me laissent enfin en paix
Qu'ils me laissent m'en aller
Et qu'ils m'effacent de leurs vies.
Je n'en peux plus, je ne veux plus les voir
Car chaque jour ils me font souffrir,
Chaque jour, de moi, ils se mettent à rire
Je vous souhaite bienvenue à la foire !
Parmi les hyènes aux rires affreux
Les prédateurs, fiers de tenir leur proie
Et enfin, en attraction principale,
Moi, grosse truie aux traits disgracieux.
Ils ont détruit toute estime de moi
À toujours me dire que je suis grosse,
À toujours me dire que je suis moche,
Mais qu'ai-je donc fait pour mériter ça ?
Peut-être que j'ai tort et eux raison
Que je suis réellement laide et bête
Mais tout ce que je veux c'est que ça s'arrête
Et pour ça, je ne vois qu'une solution...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top