Un nom.
Puis un deuxième.
Et encore un autre.

Il est vingt heures et toujours plus de noms différents et inconnus défilent devant les yeux fatigués de Jonathan.

Tant de noms qu'il ne connait pas. Tous appartenant à des personnes que Jonathan n'a jamais vu. Ou même entendu ! Il sait juste que ces gens appartiennent à la haute société.

Plus les minutes passent, plus les portes-noms sont déposés sur la grande table.

Une table traditionnellement décorée de doré et de rouge. Au centre de cette table repose déjà le typique plat de dinde fumante, soigneusement recouvert d'une cloche en verre.

Et cette dinde, Jonathan sait pertinemment que sa mère a passé plus d'une heure à la préparer. Une heure pour une simple dinde que des riches vont dévorer en 20 minutes... Pauvre bête.

Il y a aussi les grands verres à vin et à eau. Les deux assiettes empilées devant chaque chaises. Les deux fourchettes et les deux couteaux, ainsi que deux cuillères placées au dessus des assiettes. Et, toujours sur la table, de petites décorations basique sont éparpillées partout.

A vingt-quatre ans, Jonathan est las de toutes ces manières idiotes et inutiles. Et également de vivre encore chez ses parents, eux qui sont toujours tirés à quatre épingles, de supporter leurs manières de riches et leurs tables parfaitement dressée.

Il veut s'enfuir.
Loin de tout ça.

Mais il n'a pas le courage de le dire à ses parents. Car pour lui, ils veulent un avenir brillant, cliché parfait des familles riches.

Jonathan a toujours vécu ainsi : un avenir tout tracé pour lui et devant lui.

Cependant, depuis un peu plus d'une année, ses habitudes changent. Et il en est fier. Il apprend de nouvelles choses de la vies, et des valeurs fondamentales pour son futur. Il en est certain.

Et ce soir, il s'apprête à faire une chose inconcevable pour ses parents.

Inconcevable pour toutes les bourgeois inconnus invités en ce réveillon de Noël.

Vingt et une heure quinze.

La totalité des invités est enfin arrivée. Jonathan peut arrêter de faire la bise à des personnes étranges et étrangères à sa vie.

Il s'assoit à sa place et commence à manger en silence. Jonathan ne dit rien mais du plus profond de son âme, il trépigne d'impatience.

L'attente de ce moment, de cet instant précis est insoutenable. Il a même du mal à tenir en place! Si bien que ses parents lui lancent de furtifs mais agressifs regards noirs pour qu'il se comporte bien.

Mais Jonathan ne s'en préoccupe pas. Il est impatient. La bombe qu'il s'apprête à lâcher ne va pas ravir sa "famille" aujourd'hui présente, et il le sait.

Mais pour une fois, il s'en fiche totalement. Pour une fois que son bonheur est réel et complet, autant ne pas s'en priver.

Alors même si il risque de perdre tous liens avec ses parents, il n'a pas peur. Loin de là !

Pendant le repas, Jonathan se contente de répondre simplement aux questions qui lui sont posées et il n'entame aucune conversation sérieuse.

Jonathan a trop peur de perdre son courage, durement obtenu.

Vingt-trois heure trente.

Vient l'heure du dessert. Jonathan angoisse. Sa gorge est nouée. Un gros nœud prend toute la place dans son estomac.

Il sait qu'il va lâcher sa bombe d'une minute à l'autre. Et il a peur. Mais il ne veut certainement pas perdre son courage.

C'est un vif cou de sonnette qui sort Jonathan de ses pensées.

- J'y vais ! se précipite-t-il de dire en se levant.

Toutes les personnes tournent leurs regards vers lui, choquées de sa réaction.

Jonathan cours vers la porte. Il traverse rapidement le couloir d'entrée et se précipite sur la porte. Il l'ouvre à la volée et reprend enfin de l'air lorsqu'il voit Tom devant lui. Les deux jeunes hommes se sourient.

Jonathan fait rentrer Tom et le guide jusqu'à la salle à manger.

Les regards se tournent de nouveau vers Jonathan. Mais cette fois, il converge de lui jusqu'à Tom, puis revienne sur lui. Et il finisse par s'arrêter sur Tom.

Ce dernier a effectivement un air louche. Il est vêtu très chaudement. Soit un gros manteau noir avec une capuche surmontée d'une grosse fourrure, une immense et épaisse écharpe rouge. Un bonnet noir et blanc sur la tête et des mitaines noire sur les mains.

- Je crois que le moment est enfin arrivé. Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire et va casser vos codes de "bonne conduite", dit Jonathan en exagérant sur les mots "bonne conduite".

Les personnes attablées soupirent. Jonathan a toujours connu ça : le désintérêt total à ce qu'il dit. Alors il ne se laisse pas atteindre et continu sur sa lancée.

- Je vous présente Tom, première règle enfreinte pour vous, avec qui je sors depuis un an maintenant. Et il n'est ni avocat, ni chirurgien. Il est serveur dans une brasserie.

Tout le monde ouvre sa bouche en grand. Les personnes tenant leurs couverts les lâchent. Ceux ayant du vin la bouche s'étouffe presque avec.

Jonathan lève les yeux au ciel. Il s'attendait à cette réaction. Comment des bourgeois auraient pu accepter ça ?! Le jeune homme soupire et reprend son petit discours.

- Et ensemble, nous avons beaucoup réfléchis. Et donc viens ensuite la deuxième règle que j'enfreins. Je part vivre avec Tom. Nous avons trouvé un appartement en ville. Je pars ce soir.

- Quoi ?! s'exclame les parents de Jonathan.

- Il est hors de question que tu gâches ta vie ! cri le père de Jonathan.

Ce dernier soupire et prend la main de Tom. Il ferme les yeux quelques secondes et reprend un peu de courage. Il ouvre les yeux et fixe ses parents.

- Je refuse de vous écoutez. Bonne soirée.

Jonathan emmène Tom dans l'entrée et s'habille chaudement.

Ensemble, ils sortent de la maison et cours vers la voiture de Tom. Ils y montent et Tom roule jusqu'en ville. Il se gare devant un immeuble. Les deux amoureux montent au troisième étage et ouvrent la porte d'un petit appartement. Ils enlèvent leurs vêtements chauds.

- Merci ! s'exclame Jonathan en prenant Tom dans ses bras. Je suis enfin tranquille, loin d'eux et près de toi.

Tom se jette sur Jonathan et l'embrasse.

- Joyeux Noël !

***

Ce conte a été écrit par EveJeanne et illustré par eashim! Tout le mérite de ce travail leurs revient. N'hésitez pas en commentaire à leurs donner votre avis.

À demain pour une nouvelle histoire :)