Le dernier noël.
L'hiver, Noël, ou peu importe ce que vous fêter, cette période est véritablement magique. Alors, piochant dans mes souvenirs, de contes que ma mère me lisait les soirées d'hiver, de nuits enneigées avec un être cher où je m'amusais à conter des histoires d'amour se passant à Noël et pour finir, de dessins animés spéciaux pour cette période, je vous invite, au coin du feu, à lire mon histoire aux airs tristes sous le chaleur écrasante et aux notes joyeuses,sous un ciel blanc duquel tombent des flocons pour la plus grande joie des grands et des petits. Attention, histoire wtf !
***
Le mois de juillet était déjà bien entamé. La chaleur était déjà installée dans les rues de Paris, où la pollution était pire qu'à l'accoutumée. Julie sortait de son petit travail d'été dans une petite librairie coincée entre deux ruelles dans le cinquième arrondissement. Comme tous les jours, elle disait « au revoir » d'un revers de la main à son patron, attrapait son sac à main et sortait évitant les touristes pressés de s'engouffrer dans le quartier Latin. La jeune blonde aux yeux gris rêvassait tout le long du chemin, passant à côté de la Mosquée et des squelettes de baleines ou d'animaux empaillés. Le jardin des plantes, aussi glauque que certains puissent le décrire –notamment la grande galerie de l'évolution ou l'un des musées dont les trésors étaient des dinosaures ou des cadavres de chats à trois têtes-était certainement l'endroit favori de Julie. Mais elle ne pouvait pas traîner. Elle avait à faire.
Elle devait se rendre dans le quatorzième : Julie devait donc se rendre à l'arrêt Saint Marcel-Jeanne d'Arc à midi dix-huit précisément puis, prendre la ligne de bus 91 avant de descendre à l'arrêt observatoire Port Royal qui la déposait juste devant l'hôpital.
Pourquoi l'hôpital direz-vous? Thomas, son petit ami était hospitalisé depuis quelques mois déjà, un cancer. Lorsque la jeune fille arrivait, chaque jour, devant la porte de cet endroit qui sentait le désinfectant à en faire une overdose, elle se devait de ravaler ses larmes et sembler présentable pour Thomas.
Puis, elle entrait d'un pas confiant, évitant les regards des uns et des autres. Non pas qu'elle était honteuse, elle n'avait juste pas envie de voir les gens malades. Ça la rendait elle-même malade, mais de tristesse, même d'apercevoir ces gens lui donnait envie de pleurer. Elle était certainement trop sensible.
Au troisième étage, elle se présenta devant la porte où dormait son petit ami. Elle entra, il était allongé, endormi, on aurait dit que la mort était déjà venue l'emporter dans l'autre monde. Elle renifla.
« C'est injuste, pensa-t-elle.»
Elle alla, les jambes tremblantes, s'asseoir sur le fauteuil qui se tenait à ses côtés.
La jeune blonde l'observa longuement. Il avait un long nez, typique des Français disait-on.Sous ses paupières de beaux yeux verts enfoncés la faisait frissonner d'un seul regard. C'était peut-être ces yeux qu'il avaient fait fondre, ou bien son sourire : de petites lèvres incroyablement douces et tendres. À moins que cela soit ses cheveux, ceux qui étaient d'un brun chocolat, tous les jours en batailles et jamais coiffés.
En réalité, elle l'aimait en entier, elle ne pouvait pas séparer tout ce qui l'avait séduite. Sa personne,son visage, sa gentillesse, sa douceur. Un gentil garçon, taquin et intelligent. C'était rare lui disaient ses amies.
Peut-être, mais tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle l'aimait.
«Julie ? une faible voix roque la sortie de ses pensées.
- Thomas, je suis là. »
Elle se pencha vers lui et passa sa main dans ses cheveux.
« Les médecins, ont dit qu'à moins d'un miracle...
- Ne dis rien, mon amour, ne dis rien. »
Tous les deux, les yeux dans les yeux, il semblait que nous n'ayons point besoin de communiquer pour comprendre les pensées de l'autre. Un simple geste : un doigt posé sur la joue, une main glissée dans l'autre, un regard pénétrant, un soupire exaspérant. Si jeune et pourtant...
« Qu'aimerais-tu absolument voir ou avoir que tu n'as pas déjà, Thomas ? demanda doucement la jeune femme.
- J'ai déjà tout ce que je souhaite, répondit-il dans un sourire.
- Il y a bien quelque chose que tu veux !
- Toi ? il la tira des forces qui lui restaient pour la faire basculer près de lui sur son lit.
- Tu m'as déjà, toute entière.
- Et tu es le plus beau cadeau que la vie est pu m'offrir. Thomas déposa ses lèvres sur celles de Julie, tendrement, lentement, comme si elle était celle qui réussissait à le maintenir en vie. »
Julie lui donna un sourire illuminant tel des étoiles un ciel d'été.
« Je sais qu'il y a quelque chose que tu veux, insista Julie. »
Le garçon prit le temps de réfléchir.
« Il y a peut-être quelque chose,déclara-t-il.
- C'est vrai ?! elle frappa dans ses mains, les babines retroussées laissant apparaître ses dents légèrement avancées.
- Je veux... passer un dernier Noël, un dernier hiver avec toi : voir la neige, sentir le vin chaud et se goinfrer de pain d'épice et tous les autres gâteaux de noël ! Je veux, il prit une grande respiration, tenir jusque-là. »
Le sourire de Julie commença à s'effacer, comme si quelqu'un avait passé un coup de gomme sur un dessin qui semblait pourtant parfait.
Une infirmière entra.
« Excusez-moi, l'heure des visites est terminée, vous pouvez revenir à un autre moment. »
Julie ne dit rien et tourna les talons, laissant un baisé d'au revoir sur les lèvres de son amant.
« Julie, l'appela-t-il, Julie s'il te plaît, continue de sourire, on fêtera Noël encore une fois. »
Ne pouvant retenir ses larmes, elle s'en alla, laissant la chambre blanche dans un silence glaçant.
La jeune femme sortie de l'antre glaçant de la vie et de la mort. Elle marcha, encore et encore, sans but. Enfin si, elle en avait un : sous ce soleil de plomb, trouver un moyen de passer un dernier Noël, sous la neige,avec celui qu'elle aimait.
Elle rentra chez elle, ferma ses volets et s'endormi, laissant couler sur son oreiller une pluie fine et délicate. Quelques minutes, ou quelques heures, après s'être endormie, Julie fût réveillée par quelque chose, ou quelqu'un, dans son salon. Ses parents n'étant pas présents avant le lendemain, cela ne pouvait pas être eux. Elle se leva et ouvrit doucement la porte grinçante.
Elle se faufila, le cœur battant à tout rompre dans le couloir qui menait au séjour.
Là, au milieu de la pièce, dos à elle et face à la fenêtre se tenait son fauteuil favori brodé de dentelles noires et blanches. Une lumière argentée semblait jaillir de là.
Lentement, sur la pointe des pieds, elle s'approcha de son fauteuil, au passage elle attrapa une bouteille d'eau qui traînait sur la table qui se trouvait juste à côté d'elle.
« Qui êtes-vous ?! hurla-t-elle »
Le fauteuil se tourna lentement.
Là, assis confortablement, un vieil homme dont le visage était décoré d'une barbe blanche, un sourire malicieux couvrant son visage se présenta à la jeune femme.
« BonsoirJulie.
- Qui êtes-vous? répétât-elle plus calmement.
- Je suis... il marqua une pause, Le Père Noël ! déclara-t-il de sa grosse voix rieuse. »
Julie lâcha la bouteille par terre et regarda l'homme d'un air surpris.
« Vous... Vous vous foutez de ma gueule ? Qu'est-ce que vous faites chez moi ? Comment êtes-vous entré ?!
- C'est la magie de Noël ! Hohoho !
- Non, non, arrêtez deux minutes là, je vais appeler la police ! »
Le Père Noël se leva.
« Ne voulais-tu pas amener Noël à ton tendre Thomas ? demanda-t-il d'une voix douce et forte.
- Comment, elle recula d'un pas, comment savez-vous cela ?
- Car c'était ton souhait, et Le Père Noël entend tous les souhaits !
- Mais nous ne sommes pas à Noël, n'est-ce pas le soir du vingt-quatre où les miracles s'accomplissent ?
- Que crois-tu que je fais le reste de l'année à part me préparer ? Je viens en aide aux gens ! Et je mange, accessoirement. D'ailleurs, j'ai tenté un peu de sport et un régime, qu'en penses-tu ? »
Il tourna sur lui-même, faisant voler sa bedaine.
« Mmh, vous avez surement un peu maigri ! Julie sourit, légèrement apaisée.
- Bon, cessons donc de papoter, nous avons du pain sur la planche !
- Que... »
Le Père Noël ouvrit la fenêtre et tendit sa main vers la jeune fille.
« Tu viens ? »
Julie hésita, elles'approcha de la fenêtre. Là, dans le ciel juste en face d'elle se tenait le moyen de locomotion du Père Noël ! Des rennes étaient en train d'attendre sagement.
L'homme barbu attrapa la blondinette qui poussa un petit cri de surprise, appela ses animaux et posa Julie dans le traîneau avant d'y grimper.
« Tu es prête ?
- Ai-je vraiment le choix ?
- Oui.
- Alors je suis prête ! »
Et tous les deux s'envolèrent vers le ciel, traversant Paris invisible parmi les oiseaux et le soleil. L'air soufflait sur leurs visages. En un claquement de doigt, Julie n'avait toujours pas compris comment c'était possible, ils se retrouvèrent en Laponie, au cercle arctique. Le Père Noël lui dit simplement que c'était de la magie, de la magie de Noël, avec lui, Noël c'était tous les jours.
Ils entrèrent dans la chaumière.
« Les lutins ne sont pas là ? demanda innocemment la jeune fille.
- Oh non ! Ils doivent se dorer la pilule à Ibiza, ils sont en congés jusqu'en août ! »
Décidément, cette journée était assez étrange.
« Assieds-toi Julie » il lui montra une chaise devant une longue table tandis qu'il en profita pour s'asseoir au coin d'un feu qui ne semblait pas faiblir, elle s'exécuta en silence.
« Qu'allons-nous faire pour... amener Noël en été ?
- Tout simplement, tu vas m'envoyer une lettre, me demandant cela.
- Mais, je vous ai devant moi !
- Le Père Noël lis les mots. Expliqua-t-il. Les mots, Julie, sont l'espoir du monde,sous leurs robes d'encre parfois se cachent des âneries, parfois se cachent les défauts des Hommes voulant montrer leur intelligence à travers de longues phrases. Mais, Julie, les mots sont des armes puissantes, des moments encrés, des phrases retrouvées, des peines soulagées des souhaits exaucés. Grâce aux mots, je peux sonder les âmes. Grâce aux mots, je donne à chaque enfant, chaque adulte, un peu d'espoir et de rêve même si tous, ne croient plus en moi. »
Julie ne répliqua rien. Devant elle, la magie opérant, se trouvait un magnifique stylo plume couleur de neige et une feuille blanche. Elle décapuchonna son outil de travail, pris une grande inspiration et commença ce qu'elle n'avait pas fait depuis plusieurs années.
« Cher Père Noël,
Je t'écris aujourd'hui car j'ai un souhait dont j'aimerai te faire part. Cela semble extrêmement étrange qu'une jeune adulte t'écrives, mais, j'ai une demande très spécifique à te faire. En ce mois de juillet, où la chaleur est le principal sujet des journaux, je viens à toi pour te demander d'offrir un Noël en été à mon petit ami : Thomas. Un peu de neige, un sapin, de l'amour et des comptines de Noël.
Voilà.
J'espère que cette lettre parviendra en temps et en heure. Enfin, tu es juste devant moi, donc j'imagine que oui. Sauf si tu me demandes de la poster dans ce cas tu te fou de ma gueule.
Pardon, je m'emporte.
Merci pour ta bienveillance,
Julie.
PS : j'ai étés age cette année. »
L'encre bleue qui coulait de son stylo plume lui avait recouvert les doigts. Une tâche sur son indexe droit, une sur la première phalange de son majeur, sa main s'était recouverte petit à petit d'un bleu aussi froid quel'hiver, aussi sombre que les yeux de Thomas, aussi profond que des souvenirs oubliés, elle ferma les yeux bercée par la douceur extrême de l'hiver.
Une vibration lui fit rouvrir ceux-ci. Elle était de nouveau dans sa chambre, plus précisément dans son lit. Intriguée, elle attrapa son téléphone.Un message était apparu sur l'écran de la part de son petit copain.
« Viensvite ! »
Sans prendre le temps de réfléchir, ni de penser à ce qu'elle venait de vivre,elle enfila ses chaussures et sorti de sa maison. Le ciel qui, il y a quelques heures était encore ensoleillé, avait laissé place à une blancheur extrême. Sans attendra, elle se rendit à l'hôpital,grimpa quatre à quatre les marches pour arriver dans la chambre de Thomas.
Là, juste en face de lui se trouver un gigantesque sapin décoré de part et d'autre,au pied, des paquets cadeaux attendaient.
« Julie ? cria Thomas, je viens de me réveiller ! Comment as-tu ... »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, que du ciel tombèrent des miracles blancs.Julie se faufila entre le lit et le sapin, ouvrit la fenêtre et tendit la main : les flocons étaient bien réels en plein mois de juillet. Le médecin de Thomas entra dans la pièce.
« Qu'est-ce que... il jeta un coup d'œil à Julie. Thomas, je ne sais quel miracle est ceci mais... Vous êtes en voie de guérison d'après les tests de ce début d'après-midi ! »
Les deux adolescents se regardèrent et Julie se jeta sur lui, les larmes dégoulinantes sur les draps.
« Tu m'as apporté un Noël en été, tu m'as apporté un miracle de Noël,tu es mon miracle, mon amour. Chuchota Thomas »
La jeune femme entendit, à travers la fenêtre ouverte, une voix qu'elle reconnaîtrait entre toute : « Hohoho » le tout ponctué de clochettes dont la sonorité ne pouvait la tromper.
« Merci, Père Noël. »
***
Ce conte a été écrit par Akikoakeno et l'illustration a été faite par AiriRevie! Tout le mérite de ce travail leurs revient. N'hésitez pas à leurs dire ce que vous en avez pensé, et à demain pour une nouveau conte!
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