Joyeux Noël, père Noël!

Maman m'avait amené à la gare.

La jolie musique des trains sifflait a mes oreilles, et j'avais appris à l'école que certains partaient sur les rails de fer pour visiter d'autres horizons, et les autres revenaient se reposer dans leur maison.

Maman me tirait par la main et j'avais du mal à la suivre, mon petit sac balotant contre ma cuisse gauche. Elle allait tellement vite qu'elle faillit trébucher contre un pavé du carrelage mal fixé. La grosse valise rouge qu'elle avait dans l'autre main se retournait souvent, ce qui lui faisait pousser des longs soupirs d'agacement.

Je savais qu'elle n'avait pas envie de s'en aller, et de laisser papa, mais les marques bleues qu'il laissait sur sa peau commençaient à laisser des marques et à peser sous ses yeux. Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait que cela cesse. N'aimait elle pas la couleur bleue ? Je sentis soudain une douce odeur qui s'insinua dans mes narines. Mon ventre se mit a gargouiller.

Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ?

Je tirais alors doucement sur sa manche pour qu'elle se rappelle de mon existence.

- Maman ! Maman maman maman maman maman.

- Quoi ?!?!

Elle me jeta un regard énervé, ce qui me fit sourire. Je l'aimais ma maman.

- Je peux avoir un chocolat chaud ?

Elle ne s'y attendais pas, la surprise se peint sur ses traits. Puis elle se mit à sourire parce qu'elle était comme ça ma maman.

- Oui oui bien-sûr! Qui n'en voudrait pas avec cette froideur à faire pâlir un squelette !

Quelques minutes plus tard, un chocolat chaud fumant se trouvait entre mes doigts fins. On s'approcha du panneau d'affichage des trains, pour savoir vers lequel on devrait se diriger. La réponse nous apparu en quelques secondes. Quai numéro 5.

Elle lâcha ma main et posa notre valise sur le sol. Je pus alors me mettre a admirer le beau sapin de noël qui se trouvait dans le hall. Il était gigantesque, et touchait presque le plafond en verre qui recouvrait la gare. Les lumières qui l'illuminaient ressemblaient à des milliards de petites étoiles scintillantes. J'aimais la sensation que cela me procurait.

L'étoile toute en haut du sapin était énorme, et ressemblait étrangement à celle que nous avions a la maison quand on faisait le sapin avec papa. Je me retournais et dit

- Maman !

Mais elle n'était plus la. Je la cherchais du regard mais la foule qui s'était intensifiée me bouscula, indifférente. Je me mis à crier son prénom mais je ne la trouvais toujours pas. Des frissons parcoururent mon corps, elle était introuvable.

Soudain, je me fis éjecter de la foule. Je tombais sur les fesses a côté d'un banc en fer. Je parvins tout de même à faire en sorte que mon chocolat chaud reste à peu près intact. Mon sac, lui, n'eut pas cette chance. La fermeture éclair éclata au moment où il toucha le sol et mes jouets s'éparpillèrent un peu partout.

Je me relevai et me mis à ramasser méticuleusement mes affaires, une a une.

- Tu devrais abandonner petite, tu n'arriveras jamais a tous les récupérer.

Je levais les yeux et croisai ceux d'un vieux monsieur ridé, et dont le temps avait éreinté le visage. Il portait des guenilles et ce qui devait ressembler a un sweet shirt bleu.

Il avait une grande barbe blanche qui lui arrivait à peu près au niveau de la cage thoracique et des cheveux blancs sortaient de sa capuche. Il était bedonnant, et assis en tailleurs derrière un chapeau dans lequel reposaient quelques centimes d'euro. Je m'assis juste à côté de lui, il me surplombait d'au moins une tête.

- T'es le père noël ?

Ça le fit rire.

- Eh ! Rigole pas, cette question est super importante ! On a des affaires a régler toi et moi.

Il me regarda, un léger sourire aux lèvres.

- Et toi, où est ta maman ?

Je n'aurais jamais imaginé que le père noël ait une voix rocailleuse et aussi désagréable à entendre.

- Réponds à ma question d'abord.

- D'accord, d'accord.

J'attendais avec impatience sa réponse.

- Non, je suis pas le père noël.

- Je te crois pas !

- Ah bon ? Et pourquoi diable ne me crois-tu pas?

- Parce que... parce que... parce que je te crois pas. Tu sais c'est simple dans la vie. Soit tu crois les gens soit tu les crois pas. Ben moi je te crois pas. Point final.

Il rigola. Encore.

- Alors maintenant, il faut que je parle d'affaires sérieuses.

- Ah oui? Et de quoi ?

Il pouffa.

- L'année dernière, je ne sais pas si tu te souviens, avec tous les enfants dont tu dois t'occuper, ...

- Je suis pas le père noël.

- Mais j'avais demandé une seule chose.

- Je ne suis pas le père noël.

- Je voulais que tu m'apporte le Bonheur, pour que je puisse l'offrir à ma maman.

- C'est pourtant simple répète après moi. Je. Ne. Suis. Pas. Le. Père. Noël !!!

Il commençait à m'agacer le petit monsieur.

- Tais toi ! C'est moi qui parle.

- Rahhhhh !

- Je reprends. Sauf que le matin de noël, en ouvrant les cadeaux, il n'y avait de bonheur nulle part. Ni dans le feu de cheminée, ni dans le sapin, ni dans le repas gargantuesque que nous avons mangé Après, et encore moins dans les yeux de ma maman.

- Le monde n'est pas une usine à exaucer les vœux.

- Mais toi, tu as bien une usine à jouets !

- Peut être bien que le père noël n'a pas pu t'envoyer le Bonheur. Peut être même que son usine a été détruite qui sait...

- Je trouve ça très présomptueux de ta part de parler de toi à la deuxième personne du singulier.

- Qu'est ce que tu en sais ? Comment peux tu croire que moi, qui me retrouve à faire la manche dans une gare, puisse être, ou ait pu être dans une vie antérieure, le père noël ? Désolé de te décevoir. Je ne suis pas lui et il n'est pas moi.

- T'es pas droooleeee ! T'as pas l'esprit de noël.

- Je suis trop vieux pour noël. Les grandes personnes n'ont pas le temps pour noël

- Si, vous avez tous le temps. Votre seul problème c'est que vous ne le prenez pas. Vous êtes tous autant que vous êtes des rabats joie.

Il me regarda fixement quelques secondes puis reprit :

- Tu vois les lumières qui illuminent ce lieu ?

- Oui, comme chaque personne ici...

Il marqua a nouveau une pause.

- Maintenant, regarde les personnes qui passent ici. Elles sont...

- Indifférentes. Elles sont indifférentes le coupait je. C'est triste.

- Voilà a quoi ressemble l'esprit de noël de nos jours. Tout le monde y est indifférent.

- Et personne ne fait rien ?

- Si, ce sont des gens comme toi qui changent les choses.

Ce fut ce moment là que ma mère choisit pour arriver. Elle avait un air paniqué. Quand elle me vit, elle eût encore plus peur. Elle s'approcha de moi en furie.

- Qu'est ce que vous faites avec ma fille ! Petit pervers ! Ne vous avisez même pas de la toucher.

- Maman !

Elle attrapa ma main et me tira vers elle, me forçant à me lever et à laisser mon ami.

- Mais maman ! C'est le père noël !!!

- N'importe quoi ! Dépêche toi, on va rater le train.

Il fallait que je l'arrête, j'avais perdu le grand père de vue.

- Maman. Maman. Maman.

- Quoi ?!?!

- Arrête toi. C'est mon ami. Il n'a plus l'esprit de noël alors je vais le lui donner. Je te promet que l'on ne va pas rater le train, mais s'il te plait, laisse moi y aller.

Elle lâcha ma main et je partis voir le père noël. Il était toujours à la même place, je m'agenouillais a côté de lui. Il me jeta un regard étonné. Je lui tendis alors mon chocolat chaud et il mit quelques secondes avant de comprendre que c'était pour lui. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux.

- Joyeux noël, père noël.

***
Ce conte a été écrit par ecliptique et illustré par cosmots. Tout le mérite de ce travail leurs revient! N'hésitez pas à leurs dire en commentaire ce que vous en avez pensé!

Et à demain pour un nouveau compte, nous sommes à J-2 😊

NdA: Cosmots ayant un problème de santé n'a pas pu faire le dessin à temps, il sera ajouté plus tard 😊

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