Et si Noël valait plus que ça?

L'arôme sucré flottait dans les airs, valsant avec les rires enjoués des quelques personnes déjà arrivées. C'était le réveillon, la soirée la plus attendue de l'année. La famille Perron avait tout préparé, les cadeaux à la tonne et le menu le plus sophistiqué pour plaire à tous.

De gros flocons tombaient du ciel pour le plaisir de chacun, pendant que la mère apportait des assiettes supplémentaires sur la table. Il ne manquait que la sœur et le frère de M. Perron, cependant l'atmosphère était déjà bien levée.

Cette année, c'était James et Caroline qui recevaient. Ils ne l'avaient pas choisi, mais la grande famille suivait une rotation, et l'obligation s'était arrêtée sur eux. Le couple n'avait qu'un seul enfant, un petit garçon d'onze ans nommé Matthew. Peut-être auraient-ils préféré une petite fille toute placide, mais le grand hasard de la vie ne leur a pas donné.

Le père de Caroline mît un disque de Noël dans la radio, histoire d'amplifier l'ambiance. Quant à fêter, fêtons comme des vrais, dit-il. Matthew fit son entrée dans la cuisine, volant quelques petits plats à tire-d'aile. Il courut autour de la table et disparu dans une autre pièce. C'était presque comme si personne ne l'avait vu. Le jeune gamin avait toujours été assez agité, même qu'il se comportait comme un enfant plus jeune que lui. Il aurait pu avoir une once de maturité, mais non, ce n'était pas encore né.

En plus d'être énergumène, le garçon se comportait d'une manière extrêmement égoïste. On aurait pu blâmer son âge, mais parfois, ça en faisait peur. Il voyait l'argent comme une matière infinie, même si ses parents n'étaient pas sur le seuil de pauvreté. Il y avait une limite à tout, et dès que Noël se pointait le nez, Matthew sortait son énorme liste de souhaits, désirant tous les nouveaux gadgets extrêmement coûteux. Sa liste tenait sur une page recto verso, ne tenant pas du tout compte du total d'argent accumulé.

Les années précédentes, Caroline et James avaient essayé de répondre à ses besoins les plus chers, mais cette année, ils n'avaient pas eu le budget pour tout acheter. Ils avaient fait leur possible, et c'était déjà bien, mais ils durent acheter quelques présents moins chers.

Deux semaines auparavant, les géniteurs de Matthew se mirent à la tâche de tout emballer. Ils prirent soin de faire cela après vingt-deux heures, pour éviter que leur fils ne voit quoi que ce soit. L'opération échoua. Le petit se faufila hors de sa chambre et glissa ses pupilles dans la mince craque de porte de la chambre des maîtres. Ce qu'il vit le fâcha au plus haut point. Ses parents n'emballaient pas ce qu'il avait souhaité. C'était des présents de la classes des pauvres comme il disait, et il fut très offusqué de voir que ses parents ne s'occupaient pas de lui comme il le fallait. C'était Noël quand même. Sa rage augmenta, et du haut de ses onze ans il eut la brillante idée de faire mal à ses vieux à son tour. Je vais m'enfuir et leurs cadeaux ils les reprendront, chuchota-t-il. Matthew avait beau faire le savant, il n'avait pas totalement préparé son plan d'évasion. C'était un dessin flou dans son esprit, malgré que son désir réussissait à faire apparaître quelques morceaux du casse-tête. Il repassa une autre fois dans la cuisine. Il fit un contact visuel avec sa mère, qui lui renvoya un sourire. Ses yeux lui propulsaient des éclairs, mais elle ne fit que se taire. Le petit descendit au sous-sol, où aucun invité ne s'y trouvait. Il avait en tête l'image de la porte dérisoire au bout du couloir. C'était simple, il ne lui restait plus qu'à la franchir pour créer un désastre. C'est ce qu'il fit.

Il ne s'écoula pas longtemps avant que Caroline Perron remarque l'absence de son fils tant enjoué. Elle s'affola, mais ne glissa pas le mot à la famille. Elle monta les escaliers en trombe pour rejoindre son mari à l'étage, criant les quelques mots qui arrivaient à s'échapper de sa bouche.

- James ! James ! Matthew est parti, je ne le trouve plus, dis, dis-moi que tu l'as vu, nom de Dieu!

James se gratta la nuque pendant que l'angoisse se dessina sur son visage frêle.

- Merde ! cria-t-il.

- Appelle la police ! renchérit-il.

Caroline redescendit à la cuisine et s'emparant du combiné tandis que James fit interruption à l'extérieur. Il faisait un froid glacial, de la fine neige tombait du ciel. Il cria le prénom de son fils, en vain, il n'obtint aucune réponse.

Les invités ne remarquèrent rien, ils continuèrent à parler comme dans un vrai poulailler. Le corps de Matthew se crispait à chaque fois qu'il faisait un pas de plus. Il n'était pas bien loin en réalité, mais son habillement ne lui permettait pas de s'avancer plus loin. Il ne portait qu'une mince couche de polar, et le mercure chutait sous zéro. Il marchait tranquillement dans les rues adjacentes, capturant de ses yeux la neige tombant.

Ce ne fut que quelques jours plus tard que Matthew réalisa l'ampleur de son acte. Alors qu'il fut retrouvé par les autorités quelque temps après son départ, ses parents se mirent d'accord pour lui faire une séance d'explications. Ces derniers savaient très bien la raison de sa fugue improvisée et ils étaient à bout de son caractère matérialiste. Il y avait bien plus que du matériel, surtout à Noël. Ses parents lui montrèrent que la famille par exemple, ou encore l'appartenance et le partage étaient de belles valeurs à prioriser durant le temps des Fêtes. Matthew hocha la tête, essayant d'assimiler le plus d'informations possibles. Peut-être bien que ce Noël modifia sa vision de la vie de bien des manières. Et maintenant jamais au grand jamais, il n'allait repartir pour une raison quelconque.

***

Ce conte a été écrit par emma7871 et illustré par yazaelle! Tout le mérite de ce travail leurs revient, alors n'hésitez pas dans les commentaires à leurs dire ce que vous en avez pensé :D

A demain pour un nouveau conte!

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