Et elle?
N'avez-vous jamais eu ce surplus d'émotions?
Une boule dans le fond de la gorge? C'est impossible à enlever ou même à exprimer... c'est juste là.
C'est mon émotion perpétuelle ses temps-ci.
7h AM - Boule à la gorge
8h AM - Envie de vomir
10h AM - Incapable de se concentrer sur ses devoirs
12h - Jouer avec la nourriture, parce qu'avaler quelque chose est impossible
14h PM - Avoir envie de pleurer
18h PM - Affamé sans avoir envie de manger
22h PM - Espérer que l'eau de la douche effacera les larmes et les cicatrices
00h - Boire
3h AM - Boule à la gorge
Chaque jour, c'est la même chose. Parfois, je vais travailler, mais mettre un faux sourire sur mon visage est épuisant, drainant. Je tourne en rond, je me lamente, pleure et hurle sur mon sort.
J'ai horreur de pleurer.
Horreur de m'arrêter pour réfléchir.
Horreur de me dire que personne ne peut comprendre.
Horreur de me voir devenir cette larve.
Horreur de devenir quelque chose que je ne suis pas.
Je n'aime pas m'arrêter et me dire que c'est la fin du monde, que rien ne va jamais aller mieux, mais pourtant j'ai l'impression de pédaler dans le vide. Aucun jour ne change, tout est morne et terne.
Depuis qu'elle est partie.
Je ne sais pas si, d'où elle est, elle peut ressentir ma douleur, voire même qu'elle souffre autant que moi. Tout ce que je sais, c'est qu'elle n'est plus là.
Mais pour moi, la douleur est intense et intemporelle.
On me fait dire que l'on comprend. Que je l'ai fait souffert. Qu'elle ne me respectait pas. Qu'elle était un problème. Que nous deux nous n'étions tout simplement pas compatible. Qu'elle était partie avec un autre. Que je n'aurais jamais dû faire ça.
Des histoires, j'en ai entendu. Des tonnes.
Je n'aime pas les histoires, cela mène à rien.
C'est elle que je veux. Je n'en veux pas de ses histoires, ni de la pitié des gens, ni des crises et des larmes. Je la veux dans mes bras, sur mon corps, ses lèvres contre les miennes. Je la veux à côté de moi, à endurer toutes mes sautes d'humeur, mes problèmes, mes joies et mes peines.
Mais non.
Elle est partie.
Je suis incapable d'entrer dans ma chambre. Son odeur embaume la pièce, alors je préfère dormir sur mon canapé. De tout façon, c'est confortable, un canapé.
Tout allait bien pourtant.
Enfin, tout allait mieux.
On s'était disputé sur une pacotille, un détail... je ne me rappelle plus.
J'étais soûl cette soirée là, comme toutes les autres soirées avant ça. J'étais avec mes amis, coincés dans un chalet dans le fin fond des bois. Elle m'avait appelé, furieuse.
Puis, plus rien.
Le lendemain, elle avait prise ses sacs et était partie, laissant un mot sur la table comme quoi c'était fini. Je l'ai appelé encore et encore, essayant de la rejoindre et l'atteindre d'une manière ou d'une autre... mais non. La boite vocale.
De toute façon, je suis habitué, c'est toujours la boite vocale maintenant.
J'ai tourné en rond dans mon salon pendant des heures en essayant de trouver une solution, une manière de régler le problème.
Je n'ai rien trouvé.
Nous n'étions sûrement plus compatibles.
Alors, retour à ma routine:
7h AM - Boule à la gorge
8h AM - Envie de vomir
10h AM - Incapable de se concentrer sur ses devoirs
12h - Jouer avec la nourriture, parce qu'avaler quelque chose est impossible
14h PM - Avoir envie de pleurer
18h PM - Affamé sans avoir envie de manger
22h PM - Espérer que l'eau de la douche effacera les larmes et les cicatrices
00h - Boire
3h AM - Boule à la gorge
Je m'y habituerais, à cette routine.
Les semaines passent, les saisons aussi.
Je n'ai absolument aucune nouvelle d'elle, à part quelques courtes apparitions sur les réseaux sociaux de ses amis.
Moi?
Je m'y suis habitué, à cette routine. J'ai réussi à rentrer mes entraînements et mes soirées entre amis. Même peut-être une fille que j'ai rencontré dans une soirée.
Cette fille n'est pas elle, mais j'arrive à penser à autre chose, sourire même. Cela faisait longtemps.
Je vois beaucoup de mon entourage. Eux qui ne semblaient pas comprendre sont pourtant tous là à me supporter et m'aider.
Ils sont là, eux. Pas comme elle.
Mais... Je n'y peux rien si tard le soirée j'ai envie de verser des larmes, de l'appeler pour m'excuser, de souhaiter que tout revienne comme avant...
Verser des larmes chez un homme, c'est certes taboo, mais à quel point réaliste! Nous sommes humains aussi, et un être humain, ça vit des émotions.
Je regarde toujours mon téléphone pour revoir son nom apparaître sur mon écran, espérant qu'elle m'ait laissé un message, mais rien n'y fait. Alors, dans ses moments, il faut avancer.
Se lever de son lit.
Aller s'entraîner.
Voir ses amis.
Sortir.
Rencontrer une nouvelle fille...
J'ai recommencé mes activités. Je pense encore à elle, mais moins qu'avant. Elle me manque c'est sûr, mais je vivrai avec son absence.
Je montais la pente, tout recommençait à aller pour le mieux. Tout a basculé un soir où je jouais aux jeux vidéos avec mes amis.
La bouche pleine à craquer de popcorn, les bières jonchant dans mon salon et entouré de mes meilleurs amis, c'était parti pour une soirée d'enfer. Il y a des filles magnifiques et des gens que je n'avais jamais rencontré, mais la soirée allait être super quand même. J'étais complètement torché.
D'un coup, en pleine bataille avec mes amis, mon téléphone sonne. Grognements venant de la part de mes amis, je roule des yeux et prend mon téléphone sans lâcher la télévision des yeux et la manette dans l'autre main. Je réponds sans réellement prendre la peine de lire le nom sur le téléphone.
J'entends un souffle.
« Allô? Maxime à l'appareil », dis-je visiblement toujours occupé à essayer de détruire Renaud à Warzone.
Un second souffle.
Je fronce des sourcils. C'est quoi cette mauvaise blague?
« Allô...? », répète-je
Finalement, la personne à l'autre bout du fil répète mon prénom d'une voix tremblante.
« Maxime, est-ce que je peux te parler? »
Je fige soudainement sous les yeux de mes amis qui tuent mon personnage à l'écran. J'entends des ricanements et des cris de victoire, mais je suis trop occupé par la voix au téléphone.
Ce n'était clairement plus sa boîte vocale.
Elle. C'était elle.
Après des mois d'attente. Après mes lamentations, mes pleurs, ma colère, ma rage.
Après avoir réussi, enfin, à passer à autre chose.
C'était elle.
Et je n'étais plus certain si je la voulais de nouveau dans ma vie.
Tout me revient alors en un coup: les bons moments, les blagues, la nostalgie, les émotions, la rupture, mon état post-rupture...
Ma main se met à trembler et mes amis me regardent sans comprendre.
« C'est elle », souffle-je.
Je me lève et change de pièce, complètement abasourdi. Quand soudainement, sa voix résonne de nouveau au téléphone :
« Maxime... Tu me manques... », souffle-t-elle
Silence venant de ma part. Je m'enferme dans une chambre quelconque toujours perturbé par son appel.
Quelques secondes plus tard, elle recommence soudainement à parler, sa douce voix me racontant sa douleur, ses émotions. Des petits coups résonnent alors sur la porte de la chambre et une personne ouvre délicatement la porte.
« Chéri? Ça va? », me demande ma nouvelle fréquentation.
C'était elle qui m'avait fait ouvrir les yeux qu'il y avait d'autres filles dans ce monde que celle au téléphone en ce moment.
« On discute plus tard, ok? », répondis-je, complètement perdu.
J'entends soudainement au travers du téléphone quelque chose comme aller prendre un café. Je dis oui sans trop y réfléchir.
Des jours passent.
On m'a conseillé de ne pas y aller. Elle va te blesser, m'a-t-on dit. Mais cette fille, c'était toute ma vie. J'ai aimé pour elle, j'ai pleuré pour elle, j'ai été là pour elle et je l'ai perdue quand même.
Pourquoi maintenant?
Pourquoi être partie si c'était pour mieux revenir?
Pourquoi?
Pourquoi?
Pourquoi?
Je ne sais pas si un jour mes réponses seront répondues un jour, mais une chose est désormais sûr : ce n'est plus sa boîte vocale au téléphone.
Écrite le 4 novembre 2020
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