Miku évita soigneusement le regard de l'assistante sociale quand Fukase la poussa pratiquement dans la pièce ou celle-ci se trouvait, avant d'en ressortir et de revenir en tenant un Len au visage assombrit par les épaules. La lycéenne essuya le sang qui coulait de sa bouche et repensa au pansement qu'elle avait à présent sur le nez avant que constater que l'assistante sociale les Alternativement : elle puis Len, avant de finalement clamer d'un ton très calme :

"Bonjour. Je suis Mlle Azumi. Je ne vous demandez pas pourquoi vous n'êtes pas en cours ... et selon Fukase, vous avez de gros problème. Je suis là pour les écouter, puis les régler."

Elle avait l'air gentille. Mais Miku savait que ce n'était pas parce qu'elle avait l'air gentille qu'elle l'était réellement. Le lycée entier disait que Sayuri avait l'air adorable. Sayuri n'est PAS adorable.

Mlle Azumi patienta quelques minutes. Ni elle ni Len ne pipaient mot. Puis, l'assistante sociale regarda Fukase et lui dit :

"T'es vraiment sûr de ce que tu dis ?

- Oui mam'zelle . Mais je veux qu'ils le disent eux-mêmes. C'est important. Vraiment."

Miku baissa la tête. Fukase les regarda :

"Vous deux...je connais toujours pas vos prénom, mais soit. Faut vraiment le dire, ce genre de choses ... C'est vraiment important."

Puis Fukase regarda Len, et lui dit :

"Si tu ne le dis pas pour toi, dis-le pour ta sœur."

Cela eu un effet immédiat : Len réagit et convint :

"D'accord ... C'est vrai que je ne peux plus la laisser subir ça."

Mlle Azumi le regarda avec compassion, puis lui dit :

"Ne t'inquiète pas. Si tu veux que je ne fasse rien, je ne ferai rien. Dis-moi au moins ce qu'il se passe. Fukase a raison."

Il soupira sous les yeux de Miku qui le regardait intensément.

Ainsi, le collégien raconta tout à l'assistante sociale qui ne l'interrompit pas une seule fois, et écoutait très attentivement. Quand Len eu terminé, l'air abattu, Mlle Azumi lui confirma certaines de ses interrogations :

"Je confirme, c'est de la maltraitance psychologique. Mais surtout, tu ne dois pas t'en vouloir, d'accord ? Tu n'a peut-être pas pris les bonne décisions, mais tu était sous pression. Surtout, ne t'en veux pas."

Len opina du chef, et soupira encore, mais de soulagement cette fois. Puis, Mlle Azumi se tourna vers Miku et lui dit :

"Et toi, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Rien."

Mentit Miku de son ton le plus convaincant. Fukase la fusilla du regard et lui lança :

"Tu mens bien, mais j'ai vu ce qu'il se passe. Tu dois aussi en parler. Au moins à ta famille ..."

Miku le regarda d'un air sombre en lui disant :

"Mes parents ne sont jamais là, je les inquièterai pour rien. Et je n'ai plus de frère. Alors non, pas la famille. Et si je les ignore, ça finira bien par s'arrêter ?"

L'assistante sociale lui dit :

"Je suis désolée pour ton frère, et je dois te dire que, peut-importe ton problème, il ne faut pas l'ignorer."

La lycéenne à couettes lui sourit d'un air triste :

"C'est pourtant la seule solution."

C'est à ce moment là que Len est intervenu, d'un air grave :

"ça avait l'air de vachement marcher. Et pas d'être la première fois, ni la dernière. Réponds franchement, ça dure depuis combien de temps ?

"5 ans. Mais c'est physique depuis seulement 2 ans."

Le silence se fit. Puis Mlle Azumi intervint :

"C'est du harcèlement, n'est-ce pas ?"

Miku ne peut s'empêcher de répondre :

"Ouais. Enfin, je crois. Même si y a pas de doutes possible ... Mais je gère, aucun problème.

- Et elles sont passées où, tes vraies intentions ?"

Cette question venait de Fukase, qui avait l'air amer. Miku lui sourit :

"Quelque part, je suppose."

Mlle Azumi lui demanda alors :

"Raconte tout depuis le début. Je ne dirais rien, si c'est ce que tu souhaite. Mais je sais que tu as besoin d'en parler. Et il faut que tu en parles. C'est pas en ignorant ce que tu subis que tout ira mieux, au contraire.

- ça a commencé en 6ème, j'ai jamais su pourquoi. Les gens me détestaient sans me connaître. Et comme Kyosuke n'était pas encore là... C'était dur. Les insultes, les rabaissements... c'était H24. J'avais du mal à le supporter. je songeait à me faire mal, des fois. Mais mon frère était là pour me remonter le moral, même si je ne lui ait jamais rien dit. En 5ème, il y avait Kyosuke, et je suis entrée dans le club de Musique, géré par Luka, donc c'était mieux mais ça ne s'est pas arrêté. Puis, quand j'étais en 4ème, mon frère est mort. Évidemment, j'avais du mal à l'encaisser, mais ce n'était rien par rapport à ce qu'il s'est passé après... Les principales personnes qui lançaient des rumeurs sur moi, m'insultaient, me rabaissaient et tout le bordel m'ont suivies après les cours et..."

Elle fit une pose, sa voix tremblait un peu. Elle se rappelait trop de ce moment. Les hurlement, les coups, la douleur, Sayuri qui lui hurlait qu'elle devait se rappeler de son nom et que c'était de sa faute si Mikuo était mort. Elle savait que non mais... elle avait commencé à y croire. Au lieu de tout dire, elle dit juste un petit :

"Elles m'ont frappées. Tout le temps. Encore et encore. Chaque fois que j'était seule, elles me tombaient dessus. En parallèle, je donnait toute ma personne au club de musique, et Luka n'avait jamais été si sympa. Elle aussi, elle a souffert de la mort de mon frère... ils étaient en couple, avant. En 3ème, Mimori est venue dans le club. ça allait beaucoup mieux, mais c'était la dernière année de Luka ici. Et cette année, ça recommence, mais sans Luka ... je dois gérer seule le club. Et en plus je perds un nouveau membre à cause d'elle encore..."

Elle constata que Len, Fukase et l'assistante la regardaient d'un air grave. Fukase fit :

"Tu sais quoi, Miss Rolling Girl ? Ben t'as pas à subir ça. On va la défoncer cette fille. Et en plus vu qu'elle a poussé Rin...ça fait une double enculée !"

Miku ne put s'empêcher de sourire à la dernière phrase de Fukase. Oui, elle l'aimait définitivement bien, ce type. Mlle Azumi réagit très différament, par contre :

"Attendez...cette fille a poussé Rin ? La fille qui est tombée du 2ème étage à cause de la vitre trop fragile ?

- Oui, je l'ai vue faire. C'est pas quelque chose qui s'oublie facilement.

- Alors c'est bien plus grave que prévu... Comment s'appelle cette fille ? Tu t'es obstinée à taire son nom, mais il est très important que tu le dises. à côté de ça, harceler une personne c'est pas grave... c'est sérieux !

- Je ne le dirai pas."

Trancha Miku. Elle ne voulait pas que Sayuri trouve une autre raison de s'en prendre à elle... ou pire : à Len et Fukase, qui n'avaient rien fait.

"Miss Rolling Girl, si tu dis rien j'irai fouiller dans les photos de classe des secondes et je trouverai comment elle s'appelle."

évidemment, c'était Fukase qui avait dit ça. Il était le seul à l'appeler "Miss Rolling Girl" et sa voix ne ressemblait à aucune de celles que Miku connaissait. Si ça se trouvait, peut-être même qu'il chantait bien. Mais pour le moment, ça n'avait pas d'importance.

"Allez, dis-le. C'est important."

Fit Len.

"Très bien. Cette fille, c'est Sayuri Asakawa."