Juste rien

Quelque chose.

Des cheveux courts, peut-être une robe.

Du mascara ou une chemise d'homme.

On se regarde longuement dans le miroir, à fixer son reflet, y cherchant dans cette image de pupilles noires, nos plus profonds secrets.

Mais, diable ! mascarade que de devoir,
Pour le simple fait de l'avoir
Chercher à rentrer quelque part.

Certains y trouvent leur intérêt, en se considérant tel ou telle, lui ou elle, eux ou nous, même.

Tout rose ou tout bleu, parfois entre les deux, de temps à autre aucun d'eux.

Car comment l'expliquer sans s'y référer ?

Revenir aux principes mêmes de l'enveloppe charnelle, s'appuyer sur des bases réelles, pour assumer être quelque chose.

Quelque chose de plus compréhensible que rien.

Je le suis, je ne le suis pas. Tu prends des lettres, un drapeau, et tu t'en vas.

Mais comment expliquer l'absence d'être ?

Comment, pour vouloir m'y pencher, exprimer l'envie de ne pas être un quelque chose ?

De balayer les noms, les pronoms et les drapeaux, passer outre les mailles, les boîtes et les innombrables peaux que l'on se met constamment sur le dos ?

Et si je vous disais, chers toustes, que j'étais humain.

Pas homme, femme, les deux ou aucun, mais juste un être humain.

Des mots se précipiteraient dans votre bouche.

Vous m'expliqueriez, par a+b, que cette sensation a un nom, que je figure dans vos listes, vaste domaine de compréhension.

Cherchez donc.

Mais non, vous dis-je.

Ne m'appelez pas non-binaire, gender-less ou agenré.

Appelez-moi vivant, humain et conscient.

Quelle tragédie, que de ne pouvoir qu'user de mots, fragiles et frêles, pour poser ce sentiment.

La constitution physique ne permet pas, du moins d'après mon avis sur cela, de ne paraître rien.

De ne pas être quelque chose

Que l'on ait les attributs d'origine, que l'on ne les change, les biaise et les mélange, cela reste flagrant.

Les boîtes attendent toujours, la catégorie se languit.

Ne pas être femme ni homme, tout ou aucun, requiert bien plus qu'une coupe de cheveux, des vêtements particuliers ou des opérations.

Si l'on supprime une chose, on dira que vous être l'autre.

C'est donc pour cela que je vous parle ici.

Que vous sachiez que, parfois, vous n'avez pas besoin de chercher indéfiniment quelque chose.

Si vous en avez besoin, si la poigne viscérale qui tort vos entrailles vous guide vers ce qu'il vous convient, tant mieux.

Mais pour les autres, ceux qui ne se sentent pas eux, ni quelque chose, ne faites que rester humain.

Et c'est ici que s'achève ma pensée en prose.

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