Chapitre 4 - Cocktails et boule de poils

- "Mais décris-le moi bon sang ! Il ressemble à quoi ton prince charmant ?"

J'avais décidé d'appeler mon amie Julie pour aller boire un verre sur Bastille le lendemain soir. Oui, j'ai téléphoné par moi-même ! On se rencontre toujours dans le même bar, pas trop loin de nos boulots respectifs, et les cocktails sont plutôt bons. Vous l'avez bien compris, je ne suis pas la plus fille la plus sociale du monde et les sorties comme celle-ci se font rares. Mais Julie a cette capacité rare de me mettre à l'aise malgré sa forte personnalité. Sauf dans les situations comme ce soir.

- "Mais... tu rougis ? Il est vraiment si beau que ça ?"

Je lui fais la description détaillée de Jean et lui raconte le premier soir ou nous nous sommes percutés. Ça l'a fait bien rire, d'une part parce que c'est effectivement cocasse, mais aussi parce qu'elle est contente pour moi. Rare sont les fois ou je suis le sujet de la conversation.

- "Mais c'est pas ça le pire ! Il m'a offert une béquille !

- Une... quoi ?"

J'éclate de rire. Je rayonne et ce n'est pas entièrement à cause des deux cocktails que j'ai ingurgité. L'évocation de la petite lettre lui fait lever un sourcil et son visage s'étire pour faire place à sa dentition parfaite.

- "Parlons peu, parlons bien : tu vas le revoir ?

- Je... c'est... compliqué.

- Compliqué ? Il habite en face de chez toi !

- Je..."

Elle n'a pas tort. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que je me suis retrouvé le matin-même devant sa porte à ne pas savoir quoi faire. J'ai finalement pris l'ascenseur en me maudissant pendant tout le trajet. Je lève mes yeux vers ma chère Julie et lui pose la question qui me trotte dans l'esprit depuis 2 jours :

- "Tu penses pas qu'il pourrait déjà être en couple et qu'il est juste gentil avec moi ?

- Est-ce qu'un homme s'embêterait à te faire cadeau d'une béquille si c'était juste amical ? Ne te fais pas non plus trop d'illusions pour le moment, va pas te brûler tes p'tites ailes, on sait jamais. Mais il va falloir que tu ailles gratter un peu et que tu nous sortes des détails sur lui !

- Mais c'est pas évident pour moi, j'ai pas ta facilité à parler ! Je vais quand même pas sonner à sa porte et lui sortir un "bonjour, c'est la voisine, on boit un verre ?". Tout ce que je vais faire c'est beuguer devant lui.

- En tout cas, il a fait un premier geste. Ça m'étonnerait fort qu'il en fasse un deuxième, c'est à toi de jouer maintenant."

Heureusement pour moi, ce n'est ni lui, ni moi qui avons fait le premier geste. C'est une troisième personne qui nous a réuni à nouveau le soir-même, sous la plus inattendue des formes.

Je lis un livre avec en fond sonore un vinyle de Led Zeppelin quand j'entends des petits grattements à la porte. Je n'y prêtes tout d'abord pas attention, mais les bruits sont de plus en plus insistant. J'ouvre la porte et ne vois rien du tout. Par contre, une fois les yeux baissés :
- "Ooooh petit chou, mais qu'est-ce que tu fais là ?"

C'est un chaton qui joue avec mon paillasson. Tout noir, les yeux d'un jaune orangé éblouissant, il doit facilement tenir dans mes mains. Je l'attrape et le prends dans mes bras.
C'est la que je remarque que la porte du voisin est légèrement ouverte. Je panique. Ça doit être le sien !
- "Charlie ? T'es ou Charlie ? Ah mais tu es partis embêter Emma ! Bonsoir, Emma !"
Est-ce l'alcool qui fait que je me sens plus apte à discuter ? Ou peut-être cette adorable boule de poils ?
- "Bonsoir Jean. C'est le tiens ?
- Oui, je l'ai depuis peu, il me tient compagnie. J'ai toujours voulu en avoir un, et c'était l'occasion."
Je lui tends le p'tit Charlie dont je suis déjà fan et il se blottit dans ses bras.
-" Tu sais que tu chantes très bien ?
- Tu m'as entendu ? Je... Je suis désolé, je pensais pas les murs aussi fin que ça...
Encore une fois, mes joues rosirent.
- Ne t'excuse surtout pas pour ça, c'était très agréable, au contraire. Surtout qu'on a l'air d'avoir les mêmes goûts, tu sais que cette canaille de chat à son nom en hommage au chanteur Charlie Winston ?
- J'aime... beaucoup Charlie Winston.
- Excellent ! En tout cas lui t'aime beaucoup, déjà."
Je lui caresse doucement la tête. Il est vraiment adorable, et si petit.
Et là, Jean me regarde dans les yeux de façons tellement intense que je crois fondre sur place.
- "Ça te dirait un café un soir ?" 


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