- 1.3 -

 — T'es vraiment une malade. L'intox c'est pas bien chérie.

Le ton moralisateur que Jared utilise ne me plaît pas beaucoup. Je lui donne une petite tape sur l'épaule puis lui chuchote quelques mots à l'oreille.

— Et qui te dit que c'est de l'intox, chéri ? Je vais me casser d'ici. J'en ai marre de ne pas vivre ma vie. Je vis celle de Claudia, celle de ma mère mais pas la mienne.

— T'es mineure, t'auras aucun droit donc oublie cette idée, elles ne voudront jamais.

— Doutes-tu de mes capacités à me faire entendre ?

Il me sourit puis lève sa flasque en signe de non-réponse puis la porte à sa bouche. Je m'en empare et la vide dans l'un des nombreux pots de fleurs présent.

— Aller ça suffit maintenant. Plus qu'à attendre les gros titre demain matin et dans quelques jours à moi la vie réelle.

Jared s'approche de moi et pose ses lèvres à mon coup. Dégoûtée par son acte je le repousse légèrement.

— Sofia... J'ai envie de toi.

— T'es surtout bourré. Aller viens je vais t'allonger quelque part. On va bien trouver un endroit calme.

Nous remontons tous les deux, tant bien que mal, au lieu où se trouve la réception. Après un léger repérage des membres de sa familles, nous nous faufilons à toute vitesse vers l'une des portes, qui je le sais, donne sur un grand bureau où il a des canapés. Nous venons souvent ici pour fumer quelques pétards, mais maintenant ce n'est vraiment pas un moment approprié pour le faire aux vues de l'état de mon ami.

Malheureusement, pensant avoir été discrète je tourne à peine la tête que j'aperçois Claudia prostrée dans l'encolure de la porte.

— Je n'en reviens pas que tu m'aie fait un coup pareil !

— Quel coup ?

— Enfin Sofia ! Grandis un peu, je t'avais branché sur quelqu'un qui pourrait faire évoluer ta carrière. Tu souhaite rester toute ta vie dans un monde édulcoré comme toutes ces campagnes que tu fais ? Tu n'est bientôt plus une enfant, tu dois paraître plus femme désormais. C'était une belle opportunité, pourquoi l'as-tu refusé ?

— C'est parce que son fils est le larbin de maman. Sinon pourquoi s'intéresserait-il à moi ? Je n'aime pas bien que les gens s'intéresse à moi par intérêt.

— Mais c'est le réalité du monde dans lequel tu vis. Ma chérie, tu es vraiment pleine de désillusions, ça fait peine à voir. Je veux que tu grandisse et que tu le montre aux autres. Vas rectifier le tire avec Carl.

— Non.

Je refuse sa proposition, ou plutôt devrais-je dire son ordre, dans le plus grand des calme. Ses yeux virent au rouge et je sens que son ton va monter d'une seconde à l'autre, mais quelque chose l'interpelle. Une notification sur son téléphone. Il me semble que c'est un message. Elle le lit puis me dévisage avant de tourner les talons et de s'en aller, sans un mot.

Quelques secondes plus tard, elle revient en compagnie de ma mère ainsi que de celle de Jared qui semble rouge de honte que sa mère ait compris qu'il avait bu. Tout deux sortent de la pièce et Claudia s'empresse de fermer la porte derrière eux. Encore quelques secondes de silence et là, elle explose.

— Petite saute ! Tu t'es cru plus maligne et que ça ne se saurait pas ? Ou du moins que tu aurais peut-être pu préparer le terrain en attendant demain matin ?

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Impassible, mais sachant très bien de quoi elle parle, je la regarde, puis regarde ma mère prenant sa tête entre ses mains, désespérée par la situation.

— Tu le sais que j'ai des contacts Sofia, alors pourquoi tu as cru que ça passerait ? A oui ! J'oubliais, tu n'est qu'une gamine égocentrique pourrie gâté qui ne réfléchie jamais à la conséquence de ses actes !

Ma mère sursaute à l'entente de cette phrase puis se lève et donne une gifle à sa sœur. Waouh, si j'avais su qu'il allait se passer une telle scène j'aurai emmené du pop-corn.

— Claudia ! Je t'interdis de parler de ma fille comme ça. C'est peut-être ta nièce mais tu n'as pas ton mot à dire sur son éducation ! Je sais que ce qu'elle a fait est inadmissible mais nous allons trouver une solution. N'est-ce pas chérie ?

Elle se tourne vers moi et me regarde droit dans les yeux. Son regard est glacial, tout autant que la façon dont elle a prononcé le mot « chérie ». Je sais pertinemment qu'il n'y aura aucune négociation possible à ce sujet et cela m'embête fortement.

— Nous rentrons, reprend ma mère avant de m'empoigner le bras avec rage.

Nous sortons toutes deux dans la plus grande des discrétions, abandonnant Claudia ainsi que toutou numéro je ne sais plus combien et bien sûr notre regretté Carlinou Clauss. Je sens que le voyage du retour va être très long.

Autant pour moi, il n'y a pas de voyage de retour. Elle me mène directement dans le hall d'entrée puis s'arrête avant de m'observer droit dans les yeux.

— Qu'est-ce que c'est que ce caprice encore ? C'est parce que nous n'avons pas eu notre journée mère-fille ? Tu veux me le faire payer ? Très bien, demain nous irons au spa. Qu'en dis-tu ?

— Tu n'es pas fâché ?

— Puisque c'est pour me faire réagir, non. Ce n'est pas vrai ce projet, n'est-ce pas ?

— Peut-être que si.

Impassible je la regarde dorénavant bien droit dans les yeux. C'est à ce moment là qu'elle comprend, ou bien ne comprends plus à qui elle a affaire en face d'elle. Ma mère n'a jamais voulu me mêler au vrai monde. A chaque fois que je lui parlais de faire quelque chose en rapport avec celui-ci elle me trouvait une tonne d'arguments, parfois valables, parfois pas du tout, mais elle a toujours eu le dernier mot, pour toutes les situations.

— Le lycée Sofia ? Véritablement ?

— Et pourquoi pas maman ? J'en ai marre de faire la poupée... Je veux vivre une vraie vie d'adolescente ! Tu n'en a jamais rêvé toi ?

— J'ai failli l'avoir. Mais mamie Lucie m'a déscolarisé assez vite. J'ai été jusqu'au collège et ensuite c'était les cours à la maison. Je sais ce qu'est ce monde et il ne te plaira pas, c'est pour ça que je te protège.

Décidément, ma mère ne vous fait-elle pas penser à Gothel dans Raiponce ? Je l'écoute encore un moment m'exposer ses arguments puis je reprends les miens de plus bel.

— Je suis grande.

— Ce n'est pas ce que tu viens de nous prouver, me coupe-t-elle.

— J'ai besoin de cette expérience pour grandir, si tu préfère. Je ressens le besoin de connaître cette vie. J'ai peur de louper ma jeunesse. Tu comprends ça ?

— Bien sûr mais ce n'est pas une raison.

— Que dois-je faire pour avoir ta bénédiction ?

— Ce n'est pas négociable Sofia. C'est non et tu le sais. De plus tu as encore des contrats en cours.

— J'aimerai faire une pause. Cela doit être possible. Je suis mineure, je peux faire jouer mes droits. Qui empêcherait une mineure d'intégrer le système scolaire ?

Et bam ça c'est un argument de béton. Ma mère me regarde avec un soupçon de tristesse dans les yeux. Elle se rend compte qu'elle a peut-être eu tort de me priver de ça.

— Je peux y réfléchir ?

— Avec plaisir maman, on en parlera demain au spa ?

Je la gratifie d'un grand sourire avant de remontrer à l'étage pour retrouver Jared. Malheureusement, le croisant sortir du lieu de réception avant d'y entrer je me rend compte que lui et sa famille sont sur le point de partir. Sa mère me regarde d'un mauvais œil. Comme si c'était moi qui l'avait encouragé à boire. Ce n'est pas ma faute si leur fils n'est pas ce qu'il leur montre. Malgré ça, Jared croise mon regard et se lèche doucement les lèvre. Quel gros pervers celui là !

A l'intérieur, Claudia est encore entrain de faire de la lèche à Carlinou. Sérieusement, je ne veux pas collaborer avec sa marque de cosmétiques. Pourquoi s'entête-t-elle ? Oh non... J'ai compris. Apparemment elle n'est pas intéressé que par les femmes, je m'étais trompée. L'a-t-elle rencontré grâce à ma mère avec le fils ou est-ce l'inverse ? Enfin, ce ne sont pas mes affaires.

Bien décidée à mettre ma meilleure amie au courant de mon incroyable coup d'éclat qui pourrait possiblement marcher, je pianote sur mon téléphone afin de trouver son nom dans mes contacts.

/A Yaëlle : Prépare toi, demain c'est dans tous les journaux. Enfin, ceux qui s'intéressent aux caprices d'adolescents.

/De Yaëlle : De quoi tu parles ? Qu'est-ce que tu as encore fait ?

/A Yaëlle : Tu verras bien... 

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