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Pour le moment, tous ces flashs sont pour moi, mais dans quelques secondes, quand la chevelure dorée de ma mère apparaîtra dans leur champ de vision, vous pouvez dire bye bye à la petite Queen bee et bonjour à la grande Claudia Greten-Von Aswen.

Je me force à sourire derrière mes lunettes de soleil Dolce & Gabbana puis avance en direction de l'entrée de l'aéroport. Ma mère m'apercevant au loin me fait un grand signe de la main puis porte déjà son attention sur quelqu'un d'autre que moi. C'est un blague ? Encore un nouveau mec ? C'est pas vrai... Elle change tout les trois mois ! Quand elle est partie faire sa promotion c'était aux bras d'un autre... Franchement les Greten sont des sacrées coureuses de jupons, je vous le dit !

Le voyage dans le taxi se passe sans un mot pour ma part car Claudia et ma mère sont bien trop occupées à débriefer des personnes à aborder durant notre brunch. Le nouveau joujou de ma mère lui semble concentré à observer l'écran de son téléphone. Je décide d'en faire de même. Celui-ci vient d'ailleurs de s'allumer en m'indiquant la notification d'un nouveau message.

/De Yaëlle : Courage ma belle !

Elle est adorable mais ce n'est pas du courage qu'il va me falloir, c'est juste un haut parleur et une sirène de pompier pour capter l'attention de ma mère. Tout le gratin d'Hollywood est présent lorsque nous arrivons. Évidemment ils sont tous au petit soin avec ma mère en la félicitant à de multiples reprises pour la sortie de son nouveau film qui fait un malheur. Va-t-elle enfin être nominé aux Academy Awards cette année ?

Bien heureusement, je ne suis pas la seule « jeune » présente à ce brunch. Comme à chaque fois, dans ce genre d'événement, je retrouve plus ou moins les mêmes têtes. Des fils et filles d'acteurs, réalisateurs, business-man et j'en passe. Je n'ai sympathisé qu'avec quelques-uns. Les autres ne m'ont jamais inspiré confiance. Ils puent l'hypocrisie et je ne supporte pas ça. Apercevant Jared se diriger vers moi je lui fait un signe de main amical.

— Alors, encore ravie d'être parmi nous à ce que je vois ?

Je décèle son ironie à des kilomètre. Il est vrai que je ne suis jamais enchantée à l'idée de manger des petites douceurs (qui me sont quasiment toutes interdites) jusqu'à trois heures de l'après midi. Surtout quand j'avais prévu de passer du temps avec ma mère.

— Et toi toujours aussi perspicace à ce que je vois.

— Aller, je t'offre quelque chose à boire ?

— Du courage liquide ? Avec plaisir !

Comme à chaque fois, étant mineurs, nous n'avons pas le droit de boire de l'alcool, mais Jared se débrouille toujours pour apporter sa petite flasque à l'intérieur de son magnifique costard trois pièces. Son sourire angélique laisse croire aux gens qu'il est la bienveillance et la pureté incarnée mais croyez moi, il en est tout le contraire. Et ce qui m'a plu c'est qu'il n'a pas essayé de le cacher avec moi. Contrairement aux autres adolescents présents, eux s'inventent une personnalité en face de vous et vous démonte une fois que vous avez le dos tourné. Je ne trouve pas cela très saint alors je ne m'approche pas de ce genre de personne. Non pas que Jared soit saint d'esprit mais au moins il me divertie. C'est un peu mon sauveur dans ce genre de situation lourdingue infligée par nos familles.

Nous sommes très vite rejoint par Bethany. Bethany c'est sa cousine et c'est toujours un plaisir de la côtoyer. C'est une boule de bonne humeur, sans être méchante aux vues de ses rondeurs. Croyez-moi ou non mais je serai presque jalouse d'elle. Elle peut se permettre de manger tout ce qu'elle veut. Moi avec ma carrière de mannequin je suis obligée de faire attention à tout ce que je mange et si je fais le moindre petit écart c'est deux heure à la salle de sport et Dieu sait que j'ai horreur d'aller à la salle de sport... Une fois les embrassades faites avec sa cousine, Jared se dépêche de capter à nouveau mon attention.

— Ça te dit de t'éclipser un petit moment ? Rien que tous les deux ?

— Pourquoi faire ? Je ne joue pas à ce petit jeu là je te rappelle.

— Toujours pas ?!

Semblant outré par ma révélation il me dévisage de la tête au pied avant de se mordre la lèvre.

— Quel gâchis...

— Idiot, passe moi plutôt à boire, je commence à avoir soif.

Après deux petites gorgées, je grimace en sentant le liquide me brûler la gorge. Décidément, le scotch ce n'est pas mon truc. Si Claudia savait que je buvais elle ne me convierait plus jamais à ce genre d'événement et m'enfermerait à double tour en ne me laissant sortir que pour travailler parce que, n'abusons pas, je lui ramène quand même pas mal d'argent.

J'observe du coin de l'œil ma mère agrippée au bras de son toutou. Tout cela sonne tellement... Faux. Jared se tourne alors dans la direction où porte mon regard.

— Carla a encore fait une victime à ce que je vois.

— M'en parle pas. Je devais lui annoncer quelque chose mais apparemment elle aussi...

— Annoncer quoi ?

— Tu te promets que tu ne te moque pas ?

— Promis !

— Je veux aller au lycée.

Et à l'entente de ces mots, comme je le craignais, il explose de rire. Bethany, gênée de sa réaction me regard avec plein de compassion.

— Je suis sérieuse ! J'ai envie d'une vie normale. D'une petite cours à mes pieds. Pas toi ?

— Faire des devoirs tous les soirs ? Non merci. Enfin Sofia, t'es pas sérieuse, tu n'es pas de ce monde là.

— Yaëlle si, et j'ai envie de passer une année aux côté de ma meilleure amie.

— Hum... La jolie espagnole... Ça peut se comprendre. J'ai le droit de venir ?

— Certainement pas !

Il explose de rire à nouveau et me caresse la joue avant de se diriger vers le buffet. Je le regarde lui à présent, et plus ma mère. Il a peut-être raison, je ne suis pas de ce monde là mais ce serait quand même dément comme expérience ! Et puis ce n'est que le temps d'un an. Ce n'est vraiment rien un an sur toute une vie.

Ma vision est vite perturbée par l'apparition soudaine de Claudia.

— Sofia chérie, tu peux venir avec moi ? J'ai quelqu'un a te présenter.

Je lui souris et la suis. De toute façon ai-je le choix ? Non.

— Voici monsieur Clauss, c'est le directeur du département cosmétique de Lily's Cosmetics, je lui ai montré quelques photos de toi et il est sous le charme. Tu devrais discuter avec lui.

Mon Dieu. Lily's Cosmetics c'est tout sauf ce que je représente. J'ai déjà vu quelques produit en avant première et comment vous dire. C'est vieillot et fade et sans intérêt. Pas étonnant qu'ils ne percent pas. Je ne pense pas que représenter cette marque me ferait une bonne pub. Pourquoi Claudia m'a-t-elle orienté sur lui. Je ne comprends pas.

Le vieil homme me gratifie d'un sourire bienveillant avant de commencer les présentations.

— Mon nom est Carl Clauss, enchanté mademoiselle Von Aswen. Il s'avère que mon fils ici présent est l'ami de votre mère. Lui ayant parlé de votre activité de mannequin il n'a pu s'empresser de m'orienter sur votre visage et puis votre manager m'a gracieusement montré votre book, je suis sous le charme.

— Je... Merci beaucoup mais je ne pense pas que je reflète l'esprit de Lily's Cosmetics. C'est plus adulte et je ne suis qu'une enfant à côté de cet esprit.

— Effectivement mais nous avons pour projet de sortir une nouvelle gamme plus accessible. Pour tous les âges. Et c'est pour ça que nous avons besoin de vous. Vous allez être le nouveau souffle de Lily's Cosmetics.

Et merde. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce mec soit le père du nouveau petit copain de ma mère. A cause de lui je ne vais pas pouvoir refuser car ma mère aime faire plaisir à ses joujoux du moments. C'est un peu une sugar mummy depuis qu'elle a divorcé.

— Je suis au regret de vous annoncer que cela ne pourra pas se faire, excusez-moi.

Je me dirige vers la sortie. C'en est trop. J'en ai marre de ne pas pouvoir faire ce que je veux de ma vie. Je dévale les escaliers à toute vitesse, suivie de près par Jared qui semblait avoir remarqué ma petite fuite. Une fois arrivée en bas du bâtiment une horde de paparazzi activent leurs flashs et c'est parti pour une séance photo. Je n'avais pas vraiment envie de ça mais puisqu'ils sont là, une idée me vint en tête. Je m'approche de Jared puis lui explique mon plan.

— Ouh la la, j'adore votre façon de faire très chère. C'est beau, c'est grand, c'est classe. C'est Sofia Von Aswen. Fonce ma jolie.

D'un pas décidé je m'approche de la section journaliste se trouvant au beau milieux des dizaines de photographes. Je prends une grande inspiration et me lance.

— Vous voulez un scoop ? Je vais vous un donner un. La petite princesse de ces marques va tenter l'expérience d'un monde un peu plus brut. Le votre mes amis. A la rentrée prochaine vous aurez l'honneur d'accueillir Sofia Von Aswen à Miami pour passer une année dans l'un de ses lycées. Qu'en dites-vous ?

Et c'est avec mon plus beau sourire que je tape ma meilleure pose avant de faire un clin d'œil à Jared mort de rire et chancelant un peu plus loin. L'alcool ne le réussi pas décidément. 

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