39 - Seuls

Avertissement: scène explicite. 

Si ce n'est pas pour vous, vous pouvez vous rendre à la partie suivante, après les astérisques.

__________________________________________     

     Pas question qu'il s'arrête. J'ai pris ma décision. Je veux lui appartenir, au moins pour cette nuit. Nous ne savons pas ce que demain nous réserve. Je pourrais être morte bientôt ; ou lui.

    – Continue, chuchoté-je avec détermination.

    Son regard vert a viré au noir tant ses pupilles sont dilatées de passion.

    – Tess... Je veux te faire l'amour, te montrer à quel point tu comptes pour moi.

    Sa voix fervente me transperce. Je deviens languissante, sans force. Mon corps palpite. Je vais être possédée par un homme qui me désire, qui sait ce qu'il fait, qui m'a envoûtée corps et âme. Je réponds :

    – C'est ce que je veux.

    Max s'empare à nouveau de ma bouche et sa langue l'explore intégralement. Une de ses mains se perd dans ma chevelure alors qu'il se plaque contre moi.

    Je suis sur mon territoire, me rappelé-je, alors c'est moi qui l'entraîne dans ma chambre. Il ferme la porte et revient rapidement vers moi. Il me déshabille avec des gestes impatients. Il m'arrache presque ma blouse et l'envoie au loin. Mon pantalon glisse sur le sol. Je me débarrasse de mes chaussures d'un coup de pied. Je rougis devant l'intensité de son regard sur mon corps dénudé.

    – Tu es tellement belle.

    Je ne peux pas approuver, je détiens une liste de complexes désespérément longue. Max défait mon soutien-gorge avec agilité et caresse immédiatement mes seins, que j'ai toujours trouvés trop menus. Mais sous ses doigts, ils durcissent et se tendent. Son pouce joue avec le mamelon, dont je découvre la sensibilité. Il ne me reste qu'un sous-vêtement, mon dernier rempart. Je réalise alors que lui est encore habillé quand ses vêtements glissent sur ma peau nue. Je le repousse et je lui ôte sa veste qui tombe sur le sol, puis je déboutonne sa chemise. Mes mains explorent son torse et ses épaules. Et je contemple son tatouage de dragon, qui va de son épaule à la base du cou. Je suis du doigt les lignes.

    Il me regarde et semble fasciné, ou même inquiet de ma réaction. Je dépose un baiser sur le tatouage. Je lui ai pardonné. J'espère le convaincre comme ça.

    Je desserre sa ceinture. Il m'interrompt et me repousse doucement vers le lit. Il ôte lui-même ses chaussures, son pantalon et son boxer.

    Quand il me rejoint sur le lit, je lui souris avec admiration.

    – Tu es irrésistible.

    Je parle avec sincérité. Il me rend mon sourire. Un sentiment de tendresse et de compréhension passe entre nous. Nous avons été partenaires bien avant d'être nus l'un devant l'autre.

    Pas complètement nue, dans mon cas. Max y remédie en ôtant mon slip, avec lenteur, le long de mes jambes. Son corps contre le mien me submerge de sensations délicieuses. Ses mains caressent mon ventre et descendent jusqu'à mon pubis. Il me frôle, et je réalise que je suis terriblement moite. Un son de gorge, très rauque, m'échappe.

    – J'ai envie de toi depuis tellement longtemps, soupire-t-il.

    Le ton de sa voix me prouve sa sincérité. Je me souviens des regards brûlants qu'il me lançait.

    Deux doigts me pénètrent, un par un. J'ondule les hanches, mon ventre se crispe, je ne peux m'empêcher de bouger. Il est habile et patient. Je suis proche...

    – Max, je...

    Je n'arrive plus à parler, je ferme les yeux et une vague de volupté me recouvre entièrement. Je me contracte autour de ses doigts et je crie son nom.

    Je rouvre les yeux quand j'ai repris mes esprits et ma respiration. Max me considère avec un visage qui brûle de passion.

    – Tu es si belle dans mes bras, Tess.

    Je me redresse pour l'embrasser. Je suis encore étourdie du plaisir qu'il m'a donné. Je le caresse et j'atteins enfin son érection, dure et impatiente. Étrangement, moi qui suis si prude, si réservée, je n'ai pas peur. Je le veux en moi. Max gémit alors que je le touche.

   – J'ai envie de toi, dis-je. Maintenant.

    Son visage se crispe dans une expression ardente. Sans me quitter des yeux, il s'enfonce lentement en moi. Il est doux, attentif à mes réactions. Je lui appartiens. Il me possède complètement.

    Il se retire, pour mieux revenir, avec vigueur. Il m'arrache des cris de plaisir. Mon corps va à sa rencontre, mes hanches répondent aux siennes. Une nouvelle vague de plaisir monte en moi, inexorablement.

    Max crie mon nom, renverse la tête en arrière. Son orgasme me frappe et je le rejoins dans l'extase. Nos souffles se mêlent. Nous sommes pantelants tous les deux. Je n'ai jamais ressenti un sentiment de plénitude pareille.

    Nous restons longtemps dans les bras l'un de l'autre. Je m'arrache à lui à regret et je vais dans la salle de bains pendant une interminable minute. Quand je reviens, il me reprend tout de suite dans ses bras. Je me sens en sécurité, protégée.

    Il m'embrasse, me caresse, comme s'il ne pouvait se rassasier de moi. Il me chuchote à l'oreille:

    – Je sauverai Ariane, je te sauverai. Je t'en fais la promesse.

    – Je te crois.

    Il m'embrasse avec un bonheur visible. Je frôle sa joue, ainsi que la cicatrice qu'il arbore sous l'œil.

    – D'où vient-elle ?

    – Un coup de couteau. J'ai eu de la chance.

    Je frémis rétrospectivement.

    – Tout ce que je fais, je le fais pour toi, déclare-t-il. Cela fait bien longtemps que je n'agis pour moi, pour ma propre vengeance. Je n'agis plus que pour toi.

    Je lui donne à mon tour un baiser passionné. Mon cœur est gonflé de joie.

    – Dors, ma Tess, mon ange.

    Je sombre presque immédiatement.

* * * * *

    Au petit matin, Max me réveille d'un baiser.

    Je lui souris. Le soleil se lève. Il est temps de passer à l'action.

    Je revêts un pantalon souple, un pull de coton, une paire de bottes hautes et plates.

    Alors que j'attache ma chevelure comme une guerrière prête à l'action, Max, ouvre son téléphone et me le tend.

    – Nos deux adversaires.

    Plusieurs photos, prises sur le vif et sans doute en cachette, montrent deux hommes en pleine conversation. L'un est Serrone, je le reconnais immédiatement. Ils arborent tous les deux un visage marqué par les rides et le soleil. Ils sont dangereux et sans scrupules, de toute évidence.

    – Tu te souviens de Serrone et de ses cheveux grisonnants, énonce Max.

    – C'est stressant, d'être un criminel.

    Max rit et pointe le second personnage, plus jeune, plus brun.

    – Celui-là est Serge Berettini, son bras droit. Ils travaillent ensemble depuis dix ans.

    Je concentre mon attention sur Berettini. Celui qui était présent lors du braquage de l'agence, lui qui avait si froidement ordonné : « tue-la ». Il a l'air d'un homme ordinaire, pas d'un monstre, si on laisse de côté son visage buriné et son expression inquiétante.

    – Il a beaucoup de sang sur les mains ? demandé-je sans pouvoir détourner le regard de la photo.

    Le ton de Max est empreint de fatalisme.

    – Quand il était jeune, sûrement. Maintenant, il donne les ordres aux exécutants. Pareil pour Serrone.

    – Il se sert de gens comme toi.

    Je me redresse, déterminée. Max me prend par les épaules.

    – Je sais que j'ai causé énormément de mal. J'ai peu de considération pour la vie des autres. Je vais utiliser ça pour sauver ta sœur. Je te le promets.

    Je pose un baiser, léger comme un souffle, sur ses lèvres.

    – Je compte sur toi.

    Son regard est plus intense que jamais.

    Il doit contacter quelqu'un. Je le laisse s'éloigner et je passe quelques communications de mon côté, à la recherche d'Ariane. Mais personne ne l'a vue, ni ne lui a parlé depuis hier matin. Je suis sûre que la police ne bougera pas si je l'appelle au secours. On me répondrait qu'Ariane est majeure, qu'il est beaucoup trop tôt pour s'inquiéter d'une étudiante qui passe sans doute du temps avec son amoureux, « revenez dans une semaine ». Et je ne veux pas mentionner la mafia : on me renverra directement vers l'inspecteur Mallard.

    Max m'enjoint de le suivre et nous roulons vers le Nord. Je sens mon stress monter en reconnaissant un des lieux les plus tristement célèbres des quartiers nord, la cité Bellevue. Après avoir découvert la maison de Serrone au Sud, le contraste est encore plus criant. Ces barres d'immeubles sont désespérantes à regarder, particulièrement quand on sait ce qui s'y trame. Les trafics font du quotidien un enfer, entre la violence et l'insécurité qui pèsent sur les habitants désarmés. Ces derniers voient leurs enfants sombrer dans l'usage des stupéfiants, la participation aux gangs, les guerres internes. Les jeunes gens ont une espérance de vie limitée, ils le savent, et cela semble les laisser indifférents. Pendant quelques années, ils ont beaucoup d'argent puis ils quittent ce monde dans un feu d'artifice. Cela paraît leur convenir.

    Max se gare au pied d'un immeuble et descend. Il me fait signe d'attendre. Heureusement, il reste dans mon champ de vision. Je me félicite que Max ait un véhicule si banal, car je ne veux vraiment pas attirer l'attention. Max patiente un moment, que je trouve interminable, puis il va à la rencontre d'un jeune homme qui approche. Ils discutent longuement. Il s'agit sans doute d'un de ses contacts, car Max a des indics, comme s'il était dans la police. Peut-être est-ce avec lui qu'il recherche le mystérieux chef du clan DZ.

    Max met fin à sa conversation et revient vers moi. Son visage est grave. Mon cœur se serre.

    – Je suis désolé, dit-il sans ambages. Serrone détient Ariane, ce n'est pas du bluff.

    Je me sens devenir glacée, mais je m'attendais à cette nouvelle. Ce n'est pas le genre d'Ariane de disparaître vingt-quatre heures sans prévenir. C'est de ma faute. Je me suis approchée trop près du brasier, et c'est Ariane qui a été atteinte par les flammes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top