38 - De lourdes conséquences

  Je constate que Max est pâle et je deviens livide moi-même.

– Quoi ? Non, d'abord, je veux que tu me ramènes chez moi !

Je pense qu'il va protester, mais il hoche la tête.

– On part tout de suite.

Lucile apparaît alors, et c'est le moment de lui faire nos adieux. Je la prends impulsivement dans mes bras.

– Merci pour tout, merci pour ton accueil.

– Avec plaisir, ma chérie. Tu reviens quand tu veux.

Puis Lucile se tourne vers son fils.

– Quand te reverrai-je ?

– Je ne sais pas, maman.

– Fais bien attention à toi.

– C'est promis.

Ils s'étreignent. L'expression de Lucile me convainc qu'elle a des soupçons sur ses activités. Elle n'est pas dupe, comme je l'ai cru. Max, en revanche, semble ne rien deviner.

– À bientôt, maman. Quand je pourrais poser des RTT, je passerais te voir.

Lucile le regarde s'éloigner comme si elle se disait que c'était la dernière fois. J'ai un élan d'affection et de compassion pour elle. Cette femme a beaucoup souffert, souffre encore, et pourtant elle a le cœur sur la main.

Alors que Max marche vers sa voiture, Lucile me retient par le bras.

– Écoute, j'ai bien compris que vous n'êtes pas ensemble, mais je sais aussi qu'il y a quelque chose de fort entre vous. Tu as de l'influence sur lui ? Tu l'empêcheras de faire des choses trop graves ?

J'ai envie de ramper sous terre.

– Lucile... Je ne sais pas si je pourrai.

Après un geste d'impuissance, elle retourne vers sa maison.

Je monte dans la voiture de Max et j'exige :

– Parle-moi.

– Serrone m'a fait parvenir un message, par l'intermédiaire de Flavia. Il dit qu'il sait tout et qu'il détient Ariane.

Mon cœur s'arrête. Je ressens une telle douleur que ma respiration cesse aussi.

Max me jette un coup d'œil.

– Ce n'est peut-être que du bluff. Ce serait bien son style de mentir. Je dois vérifier.

– Et si c'est vrai ?

– Alors nous lui reprendrons ta sœur.

Comment peut-il affirmer ça aussi calmement ?

J'ai la sensation de me noyer dans l'angoisse et de ne pas pouvoir remonter à la surface. Je regarde droit devant moi, sur la route qu'éclairent partiellement les phares de la voiture, et je me tords les mains.

– Max, j'ai besoin de toi, dis-je à voix très basse.

– Je suis là.

Nous regagnons Marseille vers onze heures du soir. Je me précipite dans mon appartement. Il est vide, ce qui me déçoit sans me surprendre.

Max est à côté de moi, pensif, le visage crispé.

– Demain matin, je cherche des infos, annonce-t-il. J'ai encore des contacts dans son cercle. Je ne suis pas convaincu à cent pour cent que Serrone tient Ariane.

– Tu ne peux pas faire ça maintenant ?

– Impossible. La nuit, c'est le moment où se fait le plus gros du travail. Tous ceux de l'équipe sont sur le pied de guerre. Demain, on agit. Je te le promets, Tess.

Je hoche la tête, la gorge serrée. Je lui raconte la trahison de Mallard et je lui dis que Serrone, ou du moins Berettini, connaît son vrai nom.

Max s'assombrit.

– Voilà des nouvelles fâcheuses sur tous les fronts.

Sa réaction me panique encore davantage. Je me sens impuissante et même incapable de réfléchir. Je ne peux pas perdre Ariane, ce n'est pas envisageable. Je serais seule et désespérée.

– Mallard avait toutes les preuves contre Serrone, c'est bien ça ? demande Max.

– Oui, mais pas que lui. Maître Orsini possède une copie de tout.

Le visage de Max s'éclaire un peu.

– Bien joué, Tess ! 

  Je viens m'appuyer contre le mur du salon. Je ne tiens plus debout. Serrone a appris le double jeu de Max grâce à Mallard, donc grâce à moi. Quel poids à porter...

Max me rejoint. Il prend mon visage entre ses mains. Il a déjà fait ce geste, ce soir-là devant l'entrepôt portuaire, quand nous nous sommes rapprochés. Avant que tout ne vacille.

Cette fois encore, il murmure à mon oreille.

– Je suis là. Je peux t'aider.

Il dépose de légers baisers dans mes cheveux, près de la tempe où ils ondulent sans contrôle. Je garde les yeux ouverts. Je sens contre ma joue le visage de Max, son souffle contre moi. J'entends les battements d'un cœur, sans comprendre si c'est le mien ou celui de Max.

Max alors m'effleure les lèvres.

Je le repousse d'une main, et je plante mon regard dans le sien.

– Est-ce que c'est la condition, Max ?

Il a un sursaut, il semble reprendre pied dans la réalité.

– Que veux-tu dire ?

– Est-ce que c'est la condition pour m'aider à retrouver Ariane ? Que je me laisse faire ?

J'entends ma voix, froide et dure comme le métal. Ma défiance a repris le dessus. Je suis si perdue, je ne sais plus quoi penser à cet instant.

Max me fixe avec incrédulité. Il recule de plusieurs pas, le visage fermé.

– J'ai promis de tout faire pour toi. Sans contrepartie.

Il s'éloigne de moi et gagne la baie vitrée. Il regarde dehors, en inspirant profondément.

Je sors de mon trouble égoïste et je réalise que je l'ai terriblement blessé. En un éclair, je revois les moments que j'ai passés avec lui, ce qu'il est devenu pour moi.

Alors je marche jusqu'à lui, je tends la main vers son épaule. Lorsqu'il se retourne, je me hisse sur la pointe des pieds et je presse mes lèvres sur les siennes. Je veux qu'il me pardonne ma méfiance mesquine. Je suis en réalité attachée à lui. Attirée irrésistiblement, aussi.

Après une seconde d'étonnement, il répond à mon baiser. Rapidement, sa bouche devient exigeante contre la mienne.

Pendant qu'il m'embrasse, ses mains remontent le long de mon dos. Il touche mes cheveux puis incline ma tête en arrière. Je place mes paumes sur son torse et je sens la chaleur qui émane de lui à travers sa chemise.

Nous n'avons échangé qu'un baiser et déjà mon désir s'élève, comme la première fois où il m'a caressée. Chaque cellule de mon corps est en alerte et me souffle que Max me veut plus que tout. J'ouvre les yeux et nos regards se croisent. Le sien reflète une envie si ardente que mes jambes se mettent à trembler. Ses mains enserrent alors ma taille et me plaquent contre lui. Son excitation me brûle.

Ma bouche cède à sa prière, et nos langues se caressent dans un baiser plus dévorant. Me sentant plus brave, je remonte les doigts jusque dans ses cheveux que je veux ébouriffer depuis longtemps.

Il écarte ma blouse et touche enfin ma peau. Ce contact m'électrise. Il se détache de moi, j'entends sa respiration précipitée et je réalise que j'ai de nouveau fermé les yeux.

– Si nous continuons comme ça, Tess, je ne vais pas seulement t'embrasser. Je ne serai pas capable de m’arrêter...

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