Abi n'aurait su dire ce qui la détourna de ses pensées. Peut-être cette sensation ténue que quelqu'un l'observait. Lorsqu'elle leva les yeux, elle ne vit rien tout d'abord. Devant elle, il y avait la même forêt, les mêmes chênes dont les branches craquaient régulièrement dans le vent. Sous ses pieds, la terre humide couverte de glands. Elle s'était demandée si ce genre de fruit était comestible, mais après avoir goûté, elle avait tout recraché en grimaçant. Le goût affreux, amer et terreux, lui était resté en bouche pendant plusieurs heures.

Ce fut le grondement qui l'incita à se retourner. Ce n'était pas un grognement agressif, plutôt une plainte sourde, étouffée.

Abi regarda le chien sans être sûre de ce qu'elle devait ressentir. Elle hésitait entre la stupeur et l'émerveillement.

Elle n'avait pas vu d'animal depuis des semaines. Si, les corbeaux. Ces putains de bestioles qui bouffaient les corps en décomposition.

Cette créature était la plus laide qu'elle ait jamais vu, à mi chemin entre une carpette, et... un rat. Quoiqu'il était plus grand qu'un rat. Son poil marron, vraisemblablement bouclé à l'origine, était emmêlé et crasseux. Une de ses oreilles tenait droite sur sa tête alors que l'autre retombait à moitié, lui donnant un air malheureux.

Ouais, en même temps, tout le monde était malheureux ces temps-ci...

Abi regarda la bestiole, hésitant à la conduite à tenir. Son ventre gargouilla lui rappelant qu'un chien, ça se mangeait. Dans certains pays. Mais on allait pas chipoter.

Elle braqua son arme vers lui.