3. La cérémonie de répartition, ou l'art de passer inaperçu

Entrainée par le groupe des premières années, je montai de grands escaliers de pierre en haut desquels nous attendait McGonagall, avec sa longue robe de velours verte et son chapeau de sorcière.

-Bienvenue à Poudlard.

J'eus un petit pincement au cœur en entendant ces mots... C'était comme si elle les disait spécialement pour moi ! Et tout naturellement, je lui avais répondu :

-Merci !

Tout le monde se retourna vers moi, et me rendant compte que je venais de crier, je me fis aussi petite que possible, enfonçant ma tête dans mes épaules. La professeur me dévisagea, se disant certainement qu'elle venait de trouver l'abrutie de service, puis répondit :

-C'est cela... Bien. Dans quelques instants vous franchirez ces portes et vous vous joindrez aux autres. Mais avant que vous preniez place, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Elles ont pour noms Gryffondor, Pouffsouffle, Serdaigle, et Serpentard...

Pendant que McGonagall faisait son petit speech à l'intention des nouveaux élèves, je jetai un coup d'œil au garçon à côté de moi. Il avait l'air un peu paumé, une expression étourdie placardée sur son visage bouffi, et dégageant le même charisme qu'une courgette.

-Neville ?

Il se tourna vers moi, un peu étonné, affichant une petite bouille trop mignonne :

-Oui ?

Je me mordis les lèvres pour m'empêcher de sourire comme une idiote, puis regardai droit devant moi d'un air détaché en pointant un doigt en direction des pieds de McGonagall :

-Non rien. Ton crapaud est là.

-Trevor !

Apercevant le-dit Trevor, Neville se précipita pour le récupérer, avant de ne relever timidement les yeux vers la professeur et de bredouiller un petit :

-Pardon...

Il se dépêcha de retourner derrière, la tête baissée, me chuchotant au passage un petit "merci" qui eu pour effet d'élargir encore plus mon sourie niais.

McGonagall, quelque peu déstabilisée par ce soudain élan d'affection, tenta de reprendre contenance. Bruuuu... N'avait-on jamais vu élève si émotif face à un crapaud ? Et si irrespectueux envers un professeur ? Ahhhhh la jeunesse, c'est plus c'que c'était...
La professeur reprit, d'une voix neutre :

-La cérémonie de la répartition va bientôt commencer.

Puis elle disparut dans la Grande Salle, laissant seuls et sans surveillance une bande de premières années en grande partie immature. Et ce qui devais arriver arriva... Quelques instants seulement après le départ de la vieille sorcière, une voix snobe et nasillarde brisa le silence :

-C'était donc vrai, ce que j'ai entendu dans le train. Harry Potter est élève à Poudlard.

Ahhh, ce cher Drago... Un personnage ma foi fort intéressant. Mais bordel qu'est-ce qu'il pouvait être détestable dans les premiers films...!!!

Tous les élèves murmurèrent entre eux le nom du Garçon-Qui-Avait-Survécu. Neville se tourna vers moi, complètement ahuri, articulant un "Harry Potter...!", comme s'il croyait m'apprendre quelque chose.
Et sur le coup, je ne trouvai rien de mieux à faire que de hausser les sourcils en surjouant l'étonnement :

-C'est fou hein ?

Drago, lui, continuait au calme sa tirade, en désignant les deux larbins qu'il traînait partout :

-Lui c'est Crabbe, et lui Goyle. Moi je m'appelle Malefoy. Drago Malefoy.

-Et moi je m'appelle Bond. James Bond, pouffai-je à mi-voix, en imitant le blondinet.

Hélas, le jeune Malefoy avait du m'entendre, puisqu'il se tourna vers moi en me jetant regard assassin :

- Qu'est ce que t'as, toi ?

Oups... Je tentai de me retenir du mieux que je pouvais. Ce n'était vraiment, mais alors vraiment pas le moment de sourire !

-Moi ?

-Ouais, toi !

Il me toisa de haut en bas avec cette condescendance dont lui seul avait le secret, puis il reporta son attention sur Harry et Ron. J'en profitai pour lui faire mon plus beau bras d'honneur en lui tirant la langue. Non mais pour qui il se prenait l'autre petit péteux ?

Alors qu'Harry rembarrait le blondinet si cher à nos cœurs, McGonagall arriva derrière un Drago un chouïa furax et tapota son parchemin sur l'épaule du jeune homme qui se décala en fusillant Harry du regard.

-Tout est prêt maintenant, suivez-moi.

Les deux immenses portes s'ouvrirent, dévoilant la Grande Salle baignée dans une douce lueur dorée. Notre petit groupe y entra, sous les regards des élèves et des professeurs. Je m'émerveillais et tournais la tête dans tous les sens, ne pouvant détacher ce sourire débile de mon visage. Je me sentais comme une enfant dans une boutique de bonbons, voulant absolument toucher à tout ! Je l'aurais d'ailleurs fait si tout le monde n'avait pas eu les yeux braqués sur nous...

Devant moi résonna la voix d'Hermione, qui déballait son savoir sur un certain plafond magique. Je levai la tête et ... AAAARGH !!! Tant de magnificence ! Je ne pouvais lâcher des yeux la splendide voûte étoilée parsemée de bougies volantes. C'était tout bonnement la plus belle chose que j'avais jamais vu. Hélas, vous savez ce qu'il en coûte quand on ne regarde pas où on met les pieds... Je n'avais même pas fait une dizaine de mètres que je marchai encore une fois sur ma robe et je m'étalai de tout mon long par terre dans un gémissement ridicule. Alice à terre ! Je répète, Alice à terre ! Je me tortillais au sol telle une truite, essayant de me dépêtrer de ma robe de sorcier trop grande. Et croyez vous qu'il y en aurait eu un pour m'aider à me relever ? Que nenni ! Ils me laissaient à mon agonie sur le carrelage.

Finalement, je cessai de me débattre, me contentant simplement de rester allongée sur le ventre, me voyant déjà finir mes jours ici. Mais alors que tout espoir semblait perdu, quelqu'un m'aida à me relever, me portant à moitié pour me remettre sur mes deux pieds. Je n'avais pas tout de suite vu de qui il s'agissait, mais j'avais grandement envie de savoir qui était ce galant jeune homme, ce mystérieux sauveur, ce chevalier des âmes en détresse, ce défenseur des causes perdues ! Je me retournai alors pour lui faire face et mon cœur manqua un battement.

Face à moi se tenait un garçon au sourire franc et adorable, qui arborait fièrement les couleurs de Pouffsouffle.

-Tu devrais raccourcir ta robe.

-P...Probablement.... Mer...Merci Cédric...

-Avec plaisir.

Puis il retourna s'asseoir à sa table sous les regards admiratifs de quelques soupirantes.

.... Diantre ! Sauvée par Cédric Diggory ! ...

C'est seulement à ce moment que je me rendis compte que je n'étais pas censée connaître son prénom... Je chassai cette pensée d'un revers de main et, les joues en feu, je suivis les premières années jusqu'à l'estrade où se trouvait la table des professeurs. Au milieu avait été installé un tabouret avec dessus un chapeau bizarre, comme l'avait qualifié Neville que j'avais rejoint. En entendant cette offense, je tournai subitement la tête vers lui, tentant de maîtriser mes pulsions meurtrières. Encore un mot Neville, UN MOT, et je ...!

-Qui voudrait d'un chapeau comme ça ? Il est tout fripé !

Mais c'est pas vrai ! Il avait réitéré ! J'étais à deux doigts de lui sauter à la gorge en hurlant "C'est le CHOIXPEAU ! Respecte-le !" quand la voix de McGonagall résonna dans la salle :

-Bien, avant que nous commencions, le professeur Dumbledore souhaiterait vous dire quelques mots.

Dumbledore se leva alors, et je dus me retenir de ne pas me jeter à terre pour m'incliner devant cet être supérieur.

-Bien. Je vais vous énoncer quelques points du règlement intérieur...

Pendant que Dumbledore énumérait calmement tous les dangers que renfermait l'école (à commencer par la Forêt Interdite remplie de monstres tueurs), je regardais un à un les professeurs assis à la grande table, me répétant mentalement leur nom d'une voix gazouillante, comme une bonne élève qui récitait sa leçon.

"Flitwiiiick, Hagriiiiid, Chouraaaaave, Bibiiiiine,..."

Mais quand ce fut au tour de Quirrell, mon sourire s'effaça. Je lui jetai un regard méprisant, et quelque peu effrayé aussi. En même temps, quand on savait que ce type se trimballait avec la tête de Voldemort sous son turban... Brrr...! Rien que d'y penser, j'en frémis.

Dumbledore, de son côté, continuait tranquillement sa liste des choses interdites et dangereuses :

-... d'autre part, notre concierge, Monsieur Rusard, m'a chargé de vous rappeler que l'accès au couloir du troisième étage de l'aile droite est également interdit, à moins que vous ne teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances...

Je pouffai. "Mourir dans d'atroces souffrances"... C'était peu dire...!
Mais l'évocation du troisième étage me fit soudain me souvenir de ce qu'il s'y cachait. Immédiatement, je regardai Rogue en repensant à la pierre philosophale. Avait-il déjà des doutes sur Quirrell ? Avait-il ne serait-ce qu'une infime idée de ce qui allait se passer ? Mais mon mouvement de tête avait dû attirer l'attention du professeur de potion, puisqu'il se tourna vers moi et croisa mon regard. Je m'empressai de baisser les yeux. Évitons d'éveiller les soupçons dès le début... surtout ceux de Rogue ! Il était déjà suffisamment intimidant, sans en plus devoir subir une pression psychologique parce que monsieur essayait de découvrir pourquoi je le regardais bizarrement... Priant pour qu'il ne m'ait pas vu, je lui jetai discrètement un regard en biais : il me fixait, les sourcils froncés. Et zut... Je tentai de paraître la plus détachée possible et me concentrai sur McGonagall qui regardait son parchemin :

-Quand j'appellerais votre nom, vous vous avancerez. Je placerais alors le Choixpeau sur votre tête, et vous serez répartis dans vos maisons.

Puis elle prit le Choixpeau pour le montrer à l'assemblée. Je laissai échapper un petit couinement étouffé, digne d'une cocotte minute. C'est que j'étais en état de mort cérébrale face à ce chapeau des plus orgastiques !  Neville me demanda si j'allais bien, à ne pas arrêter de glousser. Je m'excusai et tentai de faire moins de bruit, même si j'avais plutôt envie de danser sur les tables en m'écriant «Je suis à POUDLAAAAAAARD les gars !!! WOUHOOOUUU !!!».

McGonagall commença à appeler les élèves. Un à un, ils montèrent sur l'estrade et étaient répartis dans les différentes Maisons de Poudlard. Une main devant la bouche et la tête baissée, je tentais de dissimuler mon immense sourire, lâchant de temps à autres un petit gloussement façon pintade. Mais alors que le dernier élève était appelé, je me rendis compte que... j'étais désormais seule debout là au milieu...!

McGonagall baissa son parchemin sur lequel étaient inscrits les noms des premières années, et m'aperçut. Si il y avait bien une chose que je détestais, c'était être au centre de l'attention. Je sentis le stress monter en une bouffée de chaleur, et mes joues s'empourprèrent face à la réaction de la sorcière, qui semblait à la fois surprise et gênée. 

La professeure regarda sa liste, et me demanda mon nom.

-Euh... A-Alice Collins, répondis-je sur un ton mal assuré.

Elle vérifia son parchemin. Un silence de plomb planait dans la salle, peu à peu perturbé par les murmures qui commençaient à s'élever derrière moi... Eurrr... Plus gênant tu meurs... !

Une minute passa. Puis deux. Puis trois. Puis pleins d'autres encore. McGonagall commençait à trépigner nerveusement alors qu'elle entamait la cinquième relecture de son parchemin, qui s'avéra visiblement aussi infructueuse que les quatre précédentes au vu des rides qui plissaient son front.

Tu m'étonnes qu'elle ne me trouve pas dans sa fichue liste, je ne suis pas censée être là !

-Un problème, Minerva ?

La voix de Dumbledore retentit dans la salle et fit sortir la professeure en question de son intense tête-à-tête avec le parchemin. Elle releva le nez vers le directeur, une expression de contrariété marquant ses traits :

-Il semblerait que miss Collins ne figure pas sur la liste des premières années...

Ah, ma première emmerde. Et devant tout le monde en plus. C'est que j'étais gâtée !

Dumbledore me sonda de son regard perçant, puis demanda à mon égard :

-Avez-vous bien reçu votre lettre, miss ?

-Mmm Hmmm.... Je vois ce que vous voulez dire, en effet, et permettez moi de vous faire remarquer que c'est une question ma foi tout à fait intéressante, que l'on peut aborder sous différents aspects, vraisemblablement. Pour ma part, je dirais que, d'un certain point de vue que l'on pourrait qualifier de conjecturale, et en vue des nombreuses variations et concours de circonstances qui ont probablement joué sur les perceptions, la notion de lettre reste très vague, puisque la lettre ne représente-t-elle pas à la fois-

Dumbledore m'écoutait patauger lamentablement dans ma réflexion philosophique improvisée pour éviter la question, me détaillant de ses yeux rieurs, quand un bruyant soupir vint interrompre mon discours.

Qui ?! Qui était l'être odieux qui avait osé perturber ma séance d'initiation à la philosophie moldue ?! Dans ma grande délicatesse, je m'écriai en me tournant vers la salle :

-Dites-le si j'vous emmerde !

Un second soupir exaspéré, qui se rapprochait plus du grognement, retentit à ma droite. Quelle ne fut pas mon horreur en découvrant qu'il ne provenait de nul autre que Severus... Celui-ci se leva dans un raclement de chaise menaçant, et sa voix traînante brisa le silence qui s'était à nouveau installé :

-Ça suffit. Vous nous faites perdre notre temps, miss Collins... et cela n'a rien d'amusant, ajouta-t-il en voyant un début de sourire se former aux coins de mes lèvres. Alors venez en au fait : qu'est-ce que vous fichez là ?

-Oh bah je suis venue apprendre comment produire du fromage de chèvre, pardi !

J'avais balancé le premier truc qui m'était passé par la tête, et il faut bien avouer que c'était loin d'être une réplique lumineuse.

Comme l'on pouvait s'y attendre, le professeur ne le prit pas avec le sourire... Ses yeux plus sombres que jamais, et comme entouré par une aura de ténèbres, il crispa la mâchoire tandis qu'il devait certainement tenter de ne pas faire quoique ce soit qui se serait apparenté à une tentative de meurtre. Dur dur, d'être un professeur, et de devoir supporter ces cornichons d'élèves...

Pour ma part, je ne savais pas si je devais éclater de rire ou partir en courant. La seconde option me plaisait bien, mais Dumbledore se leva avant que je ne puisse établir ma stratégie de fuite, mettant par la même occasion fin au calvaire de McGonagall qui était restée debout sans pouvoir en caser une, façon piquet.

Le directeur fit un geste à Rusard pour lui demander de venir, ce que le concerné s'empressa de faire en courant tel un crabe boiteux, puis se tournant vers le Maitre des Potions, Dumbledore dit à son intention :

-Du calme Severus, rasseyez-vous. Monsieur Rusard, veuillez conduire Miss Collins jusqu'à mon bureau, je vous prie.

Bon bah c'était mort, tout échappatoire avait disparu. De toute façon je n'aurais pas pu aller bien loin, je me serais vautrée avant d'avoir atteint le couloir...
Je me tournai vers le concierge, qui me regardait avec son éternel dégoût envers les élèves. L'ambiance du trajet s'annonçait des plus agréables... 

Alors que je traversais la salle aux côtés de Rusard, toutes les têtes se retournaient sur mon passage. Je n'avais plus qu'une idée en tête : disparaître... Où était cette foutue cape d'indivisibilité quand on en avait besoin ?!

※-※-※

Nous avions déjà quitté la salle et fait quelques mètres quand j'entendis McGonagall taper sa cuillère contre son verre :

-...Votre attention s'il vous plait !...

Je m'arrêtai net dans le couloir et me retournai vers Rusard :

-Oh attendez ...!

Le concierge fit la moue, me prenant visiblement pour une attardée :

-Quoi encore ?

-Je veux voir ça !

Je me ruai vers la Grande Salle, levant ma robe pour ne pas trébucher, et passai la tête dans l'encadrement de la porte, impatiente de voir la suite.

De l'autre côté de la pièce, Dumbledore se leva lentement, surplombant tout le monde. Il attendit quelques secondes pour avoir l'attention des élèves, puis annonça d'une voix forte :

-Que le banquet.... commence !

Soudain, des centaines de plats apparurent sur toutes les tables, provoquant chez les élèves un sursaut de surprise aussitôt suivi par d'immenses sourires et des yeux émerveillés. Tout le monde sembla alors oublier le petit incident qui venait d'avoir lieu. Tout le monde excepté Rogue, qui ne m'avait pas lâché des yeux depuis que ma tête avait émergé du coin de la porte pour assister à ce spectacle... En bonne quiche que j'étais, je lui fis un coucou de la main et souris de toutes mes dents, ce qui me valut un regard foudroyant du professeur. Ah, je crois que j'ai mis le Sevy en rogne... Avec un rictus satisfait, je tournai les talons pour rejoindre Rusard. Le concierge leva les yeux au ciel et pesta dans sa barbe quelque chose en rapport avec les chaînes, me semble-t-il.

Mais comment aurais-je pu manquer ce passage mémorable ?!

Finalement je sentais que j'allais me plaire ici...!

※—※—※

Et bien voilà !
Le troisième chapitre !

Comme toujours, j'espère de vraiment que ça vous a plu, et j'attends vos retours avec impatience pour savoir ce que vous en pensez 😄

Merci !


Oui je sais j'avais pas l'inspi aujourd'hui pour le petit message en fin de chapitre, mais allez trouver l'inspi quand vous avez autant de capacités intellectuelles qu'un légume décrépit parce que vous avez passé une bonne nuit blanche des familles ! Vous verrez que c'est pas évident ! :)

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