Le moment fatidique se rapproche amis•es fangirls et fanboys... un peu de patience ;)

~•~

Darcy, installée à la table de la salle de repos, dos à la baie vitrée ouverte et sentant l'air marin venir lui chatouiller les narines, le soleil lui réchauffant le corps à travers son t-shirt oversized, était en train de plier son linge. Enfin, à proprement parlé, ce n'était pas son linge mais les vêtements qu'elle avait pu récupérer, et qui de toute manière ne serviraient à personne d'autre qu'elle désormais. Elle avait été bienheureuse d'avoir le bon sens de chercher un lave-linge, plutôt que de faire sa lessive à la main, après avoir failli tout mettre dans le lave-vaisselle et s'être rappelée qu'il y avait des draps propres entreposés dans une armoire du Rez-de-chaussée. Elle l'avait trouvé dans un local poussiéreux et si bien caché sous l'escalier qu'elle avait presque cru qu'il la mènerait à Narnia, et malgré ses panes fréquentes, l'appareil faisait le boulot. Darcy se faisant un peu plus chier chaque jour avait décidé de se mettre au pli, histoire de ramener l'ordre dans ses quelques affaires, et avait profité de l'absence de Loki pour s'installer dans le calme et s'occuper les mains. Son téléphone étant déchargé, elle n'avait pas pu mettre de musique (et de toute manière son stockage était trop limité pour qu'elle puisse avoir plus que quelques morceaux), et s'était contentée des lointains remous de l'océan, qui lui faisaient autant de bien qu'ils la rendaient moroses et lasse de son enfermement. En fait, elle était tellement absorbée par son activité qu'elle ne réagit pas, en percevant pourtant l'entrée dans la pièce d'une silhouette silencieuse, et manqua de transpercer le plafond lorsqu'un claquement sec retentit, la faisant sursauter et la tirant avec une violence inouïe de sa concentration quasi méditative.

Relevant des yeux ronds vers le livre ouvert que Loki venait de nonchalamment lui jeter devant sur la table, puis vers le lanceur en question, elle réprima une réplique extrêmement amère qui aurait eu vite fait de causer son assassinat.

« Ravie de te voir également » railla-t-elle, mais le Jotun ne sourcilla même pas et désigna l'ouvrage d'un coup de menton.

« C'est le livre que tu cherchais »

Le cerveau de la brune n'eut pas un long bout de chemin à faire avant de comprendre où il venait en venir, et une surprise spontanée éclaira tout son visage alors qu'elle baissait instinctivement les yeux sur les pages ivoirines et se penchait pour mieux voir.

« C'est un livre de cuisine ! Je savais bien que j'avais lu de l'anglais quelque part... »

Elle tira le volume vers elle, et parcourut les recettes des yeux.

« Mais dis-moi, c'était il y a une semaine ça »

Lentement, ses pupilles remontèrent pour se braquer sur lui, perplexes.

« Ça fait combien de temps que tu cherches ce bouquin ? »

Loki la fixa droit dans les yeux en retour, et hocha subrepticement les épaules. Darcy ne put s'empêcher de remarquer le contraste marquant de sa peau claire, baignée par la lumière du soleil, et de ses yeux pers, avec le noir profond de ses cheveux. Le silence entre eux s'éternisa, si bien que la jeune femme n'était plus tout à fait certaine qu'il ait entendu sa question. En réalité, Loki se préparait psychologiquement à demander la chose la plus ridicule du monde à cette Midgardienne inquisitrice, en enterrant son orgueil démesuré dans un coin de son esprit où il n'irait pas le déranger. Bizarrement, il ne put que l'enfermer avec la petite voix qui lui susurrait que Darcy portait ses étroites lunettes rouges, et qu'elles lui allaient bien.

« Je veux que tu cuisines »

Un ange passa. Darcy s'enfonça dans le dossier de sa chaise.

« Je te demande pardon ? »

Comme si cela était d'une difficulté insurmontable, Loki leva les yeux au ciel et lâcha un soupir. Il posa son index sur l'une des pages, et le regard de Darcy le suivit instinctivement.

« Je veux que tu cuisines ça »

Elle fronça les sourcils, tentant de réprimer le rire circonspect qu'elle sentait poindre.

« Tu voudrais que je te fasse une tarte tatin ? Mais pourquoi ? »

Perdant toute once de coopération, le Jotun se recula et croisa les bras, les traits tendus par une expression sévère. Il feignit de ne pas remarquer le sourire joueur ayant finement étiré les lèvres de Darcy, qui avait tout de suite compris qu'elle avait touché un point sensible.

« Tu me dois un service, je te signale. D'autant plus après l'humiliation que tu m'as fait subir en m'aspergeant avec ton ridicule canon miniature et fluorescent. Tu m'es d'autant plus redevable que j'ai épargnée ta misérable existence »

Aguicheuse sans s'en rendre compte, la jeune femme ne put réprimer son rire.

« C'est vrai que tu avais l'air diablement menaçant avec tes fringues détrempées. J'ai presque cru que des tentacules allaient sortir de ton brushing ! »

Loki plissa les paupières, un poil vexé de voir que sa tentative de faire ami-ami était un échec palpable — sans admettre qu'il cherchait un peu les embrouilles. Cela l'agaçait de voir que malgré tous les efforts qu'il mettait à l'œuvre, il n'en tirait rien parce qu'il était tombé sur une comique de première classe. Sans rien dire, il se contenta de ramasser le livre (en réalité il lui arracha des mains) et de se détourner pour partir, faussement furibond. Darcy, qui gloussait toujours, se pencha pour rattraper la manche de son pull, et l'arrêta.

« C'est bon te vexe pas, je vais te la faire ta tarte si t'y tiens vraiment »

Darcy était curieuse de savoir d'où lui sortait cette idée subite de vouloir manger de la tarte (elle était même surprise de voir qu'il savait ce qu'était une tarte, lui qui avait tiré une tronche de six pieds de long devant un bol de nuggets), et elle devait admettre que cela l'occuperait bien un moment. Elle n'était pas sa grand-mère, mais elle était plutôt bonne en pâtisserie, et presque certaine qu'ils avaient tous les ingrédients à disposition (surtout depuis qu'ils avaient trouvé l'accès au sous-sol où les stocks du laboratoire s'accompagnaient de stocks vivriers pour le moins conséquents (de ce que Jane lui avait expliqué, les scientifiques qui travaillaient dans ce labo venaient s'y installer pour plusieurs semaines d'études, à cause de l'éloignement de la ville et de la météo capricieuse, en particulier l'hiver). Et puis, quelque part, elle s'en voulait toujours de l'avoir blessé, et la vue de l'hématome bleuâtre sur son nez ne faisait que la renforcer dans son idée de se racheter. Et de faire sa commère. Elle n'était pas aveugle, il y avait cachalot sous gravillon.

« Je vais le faire, Loki. Pas la peine de bouder »

Ils se regardèrent un moment, et Loki consentit finalement à lui rendre le volume, non sans une grimace.

« Laisse moi finir de plier tout ça, on mange, et on cuisine cet après-midi »

Le Jotun hocha la tête.

« Bien. »

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Environ trois heures et demie plus tard, après que Darcy ait finit à la hâte de plier son linge, empêché Loki de faire exploser un plat de lasagnes au micro-onde et débarrassé entièrement la table de la salle de repos de son bordel accumulé, elle était absorbée dans la relecture complète de la recette (extraordinairement détaillée pour une tarte tatin) qu'elle s'apprêtait à faire. Tout était sorti, elle avait déjà préparée la pâte, et se disait que vu la galère inexprimable de son entreprise, elle allait tout aussi bien faire une simple tarte aux pommes que Loki ne verrait même pas la différence. Se saisissant d'un économe en plastique vert, elle repoussa le livre avec son coude et commença à éplucher les pommes, pestant contre Loki qui mettait cent ans à remonter du sous-sol où elle l'avait envoyé chercher de la cannelle et du sucre roux. Elle passa cinq bonnes minutes à travailler sur ses pelures sans le moindre signe du Jotun, et s'apprêtait à lui crier de se ramener illico presto lorsqu'il passa finalement le seuil de la pièce avec des pots plein les bras.

« Tout de même ! Je me suis demandée si tu t'étais pas perdu en chemin ! »

Loki lui adressa sourire cynique et posa sur la table la quantité monumentale de pots qu'il avait remonté, faisant froncer les sourcils à la jeune femme.

« Qu'est-ce que c'est que tout ça ? »

Loki haussa les épaules. Et Darcy comprit, ne pouvant s'empêcher de rire.

« Tu ne savais pas lequel était la cannelle alors tu les as tous pris ? Mais pourquoi tu ne les a pas senti ? »

Agacé, Loki, balaya sa question d'un revers de poignet.

« Toutes ces épices ont la même odeur à mes yeux, c'était déjà assez aimable de ma part d'aller les chercher »

Darcy tiqua.

« Je te signale que c'est toi qui l'a voulue, cette tarte ! »

La brune s'essuya les mains sur un torchon qui traînait derrière elle, et fit le tour de la table, mettant le sucre à part, et ramenant tous les pots, prenant le premier qui lui tombait sous la main et l'ouvrant.

« Pendant que je fais mon loto des saveurs tu n'as qu'à couper les pommes et les mettre dans le plat » elle lui désigna le plat à tarte où la pâte attendait, et la planche à découper.

Loki protesta pour la forme, mais consentit tout de même à participer aux tâches. Darcy, qui avait déjà écarté l'un des récipients qui contenait du curry (comment pouvait-on seulement confondre du curry avec de la cannelle ?), en huma un second, puis un troisième, ses yeux s'ouvrant plus grands à mesure qu'elle inspectait les trouvailles de Loki.

« Curry, cumin... »

Elle releva la tête avec une grimace.

« Gingembre ? »

En saisissant un autre.

« Paprika ! » s'égosilla-t-elle, à mi chemin entre l'hilarité et l'exaspération. « Merde Loki, tu m'as remonté toutes les épices du monde sauf la cannelle ! »

Le Jotun releva très lentement la tête et posa sur un elle un regard réfrigérant, le couteau suspendu au dessus de son quartier de pomme. Il la regarda soupirer de dépit et tous les refermer un à un, un sourire en coin, l'air de se moquer silencieusement de lui. Cela l'irritait, évidement, mais quelque part, il ne pouvait pas manifester cette irritation quand elle souriait de la sorte, c'eût été gâcher sa légèreté. Finalement, elle revint vers lui, feignant de ne pas remarquer qu'il la fixait, et commença à placer les tranches de pommes dans le plat à tarte.

« Laisse tomber, on va tout préparer et on descendra chercher ce qui me manque après »

Cela tenant davantage de l'ordre que de la suggestion, Loki ne répondit rien, et tous les deux se retrouvèrent, côte à côte, à préparer leur tarte dans le plus grand des silences. Cependant, et Darcy s'en rendait compte, depuis quelques temps, le calme qui régnait entre eux n'avait rien de tendu ni d'électrique, il en était même reposant, et chez l'un comme chez l'autre, cela diffusa un profond sentiment d'apaisement ; si bien d'ailleurs qu'ils n'osèrent pas briser cette sérénité subite d'une quelconque manière. Tous leurs gestes, comme synchronisés, se faisaient lentement et consciencieusement, jusqu'à la manière dont Loki coupait les pommes, à croire que le moindre bruit risquerait de provoquer une rupture. Leur atelier s'éternisa pendant un moment, et Darcy, absorbée par sa tâche, ne remarqua rien lorsque Loki eut finit de couper toutes les pommes, et qu'il se mit à la regarder faire. Il se prétextait qu'il ne faisait que regarder comment elle disposait les tranches dans le plat, mais la vérité, c'était qu'il regardait ses mains, étroitement fines, l'ondulation de ses phalanges. Elle avait de belles mains, une petite tache brune sur l'ongle de son index gauche et un minuscule grain de beauté entre deux autres de ses doigts. Intérieurement, Loki fronça les sourcils.

Pourquoi diable suis-je en train de regarder ses mains ?

Il secoua imperceptiblement la tête et détourna le regard alors que Darcy achevait de placer les pommes et saupoudrait le tout de sucre. Se rinçant les mains et se les essuyant négligemment sur un chiffon de cuisine, elle se retourna vers lui.

« Allez viens, on va chercher de la cannelle, et ramener tout ce que tu m'as remonté tout à l'heure »

Elle désigna les pots, et signifia bien à Loki qu'il devrait les porter en bas en allant l'attendre dans le couloir, enfilant au passage un pull, se campant le poing sur la hanche et retrouvant son éternel air mutin. Alors qu'ils descendaient les escaliers vers le sous-sol, Loki pesta contre les pots bringuebalants qui tentaient de se faire la malle, et Darcy se retourna vers lui brièvement.

« Qu'est-ce que tu marmonnes, Lutin Grognon ? »

« Quelle différence entre toutes ces poudres, franchement... vous les humains et vos manies de toujours n'en faire qu'à votre tête ! »

« Ça s'appelle de la gastronomie ! Et je te signale que l'humaine avec qui tu partages cet observatoire s'y connaît davantage en cuisine que toi : une tarte aux pommes sans cannelle est un blasphème. Et crois-moi, tu n'as pas envie de manger une tarte curry moulu-pommes »

Loki renifla avec mépris.

« on voit bien que tu n'as jamais mis les pieds à un banquet d'Asgard, votre gastronomie, à côté de nos mets, est vraiment pitoyable »

Darcy esquissa un sourire.

« Dixit l'expert en cuisine qui ne sait pas faire la différence entre cannelle et paprika ! »

« j'ai bien plus d'expérience en la matière que tu ne pourras jamais en acquérir »

Sur l'avant dernière marche, Darcy s'arrêta soudainement, et fit volte-face avec une telle rapidité que Loki manqua de lui tomber dessus et de faire valser dans les airs absolument tout ce qu'il tenait dans les mains. Malgré la luminosité assez faible, il distingua parfaitement la lueur de défi qui brillait au fond de ses deux prunelles azurées. Et comme toujours, cela fut loin de lui plaire.

« Peut-être aurais-je dû te laisser exprimer ta douance culinaire tout seul ? »

Loki fit la moue, ne le quittant pas des yeux, par esprit de contradiction. Mais Darcy reconnut la petite fossette contrariée qui se creusait entre ses deux sourcils chaque fois qu'elle était certaine d'effleurer de trop près les failles de sa carapace, et elle n'allait certainement pas laisser les occasions lui échapper. Ostensiblement, elle se haussa sur la pointe des pieds, et une intimité électrique rapprocha leurs deux visages.

« Il n'est pas seulement question de cuisine, n'est-ce pas ? » murmura la brune.

Cette fois Loki ne put s'empêcher de fuir son regard inquisiteur. À quoi bon, de toute manière ? C'était presque s'il devenait transparent.

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler » éluda-t-il avec froideur, en redressant le menton. Il la surplombait tellement que s'il l'avait voulu, il aurait pu lui jouer un sale tour et se tirer de sa situation. Mais la cage d'escalier était étroite, et elle bloquait le passage.

« De toute évidence »

Le Jotun eut l'insupportable impression que le temps avait ralenti sa course expressément pour se moquer de lui, qui malgré son apparente réticence, parvenait toujours d'une manière ou d'une autre à se retrouver entre les grosses pattes de Darcy. Il devenait trop tendre, se moqua sa conscience, avec son ricanement sardonique habituel. Et puis, comme excavée de nulle part, un mauvais souvenir se réveillant, alors qu'il posait les yeux sur le cou de la brune, et que son regard se faufilait quelques centimètres en dessous de son col, il y vit une tache, jaune, parsemée de violet, et l'idée qu'il avait eut dès son arrivée dans l'observatoire lui claqua à la figure. Il regarda l'hématome disparaissant et soigneusement caché sous les vêtements de Darcy, qu'elle avait choisi de cacher, et revit sa propre main se crisper sur ses épaules graciles à lui en broyer les os, à l'étrangler, se souvint de la colère terrassante qui l'avait saisi et comment il aurait été capable de la blesser davantage, dans l'instant, si elle avait prononcé une syllabe de trop. Il se rappela très bien du plan, en effet ; l'attirer consciencieusement dans ses filets, gagner sa confiance pour mieux la briser ensuite, travailler dans l'ombre de la bibliothèque à ces machinations là, la pousser si loin qu'elle finirait pas supplier et menacer de choses encore plus terribles ceux du dehors pour pouvoir échapper à l'enfer qu'il aurait fait peser sur elle, avec un plaisir impérieux. Qui savait ce qu'il aurait pu la mener à faire, à quels extrêmes il l'aurait conduite ? Aurait-elle été jusqu'à se blesser elle-même plutôt que le laisser faire...?

Loki ne chercha pas à se donner bonne conscience ; il avait déjà commis des actes pareils, et il l'aurait refait, sûrement un jour, il recommencerait, parce qu'il était incapable d'échapper à ses travers. Pourtant le goût acide du sang qui commençait à lui strier le palais n'avait rien à voir avec Darcy, ni avec le sort d'Odin, rien avoir avec le mal qu'il aurait voulu lui faire dans l'immédiat, et tout avec le dégoût profond qu'il s'inspirait. Une question naquit en son for intérieur — en vérité elle sommeillait déjà depuis quelques temps —, une question terrible, fatale, à laquelle il n'était pas sûr de vouloir faire face, car il en connaissait déjà probablement la réponse. Il oublia qu'ils étaient dans la cage d'escalier, il oublia les tintements de pots d'épices en verre qu'il bringuebalait, le bourdonnement désagréable des ampoules du sous-sol. Il n'y serait sûrement pas revenu de sitôt d'ailleurs, si Darcy, qui avait immédiatement senti que la tension entre eux n'avait subitement plus rien de sexuel, quelles obscures pensées devaient se bousculer dans la tête du Dieu. Si elle était honnête, un voile si sombre passa dans le regard, pourtant moqueur, de Loki, qu'il lui fit peur. La dernière fois qu'elle avait entrevu un regard pareil, elle avait eu la conviction viscérale qu'il allait la tuer.

Ils étouffèrent tous les deux. Et puis les ampoules claquèrent, et la lumière s'éteignit. Sauvée par le gong, Darcy sursauta, et se confondit en élucubrations absurdes, alors qu'elle se hâtait de descendre la dernière marche pour trouver et relancer le disjoncteur. Loki donna tout ce qu'il avait d'énergie pour se concentrer sur le babil de la jeune femme, et cela marcha, car lorsque la lumière revint, il trouva un sarcasme, auquel elle se fit un plaisir de répondre, et leurs joutes verbales habituelles semblèrent effacer complètement ce qu'il venait de se produire.

Comme si de rien n'était.