Cette espèce de conne m'a mis en rogne pour la journée. Et autant dire qu'il en faut, d'habitude, pour me pousser à bout. C'est moi qui ai tendance à pousser les gens dans leur dernier retranchement. Mais cette marque que je sens sur mon bras ne m'annonce rien de bon. Je suis rentré chez les gens que j'ai soumis à mon pouvoir, et ils vaguent à leur occupation comme si je n'était pas là. C'est bien entendu à ce moment précis que mon père vient me rendre une petite visite. Il apparaît, vêtu de sa cape noire habituelle, et de son sourire machiavélique.

- Bonjour, Gabriel. Comment vas tu ? Ta mission avance ?

- Oui, elle avance, et oui, je vais très bien.

- D'accord, alors explique moi ce que tu as fais pour détruire cette fille.

Je soupire, et, coude sur les genoux, lui explique ce que j'ai fais pour l'approcher en toute discrétion. Bien entendu, je ne parle pas de cette marque immonde qui est cachée sous mon pull.

- Bien, mon fils. Je suis fier de toi, tu agis comme je l'aurais fais à ta place.

- Merci père.

Il me serra dans ses bras, ce qui me surpris, et se figea. En se reculant, il me regarda d'un air étrange.

- Je te sens différent. Quelque chose à changé ?

- Tu te fais des idée. C'est ce monde des humains qui doit avoir une influence sur moi. Et puis, c'est pas comme si je m'amusais à toucher des anges, dis-je en riant. D'ailleurs, on se posait la question avec des amis : que se passe-t-il pour les démons qui entrent en contact physique avec ces êtres perfides ?

- Eh bien, cela fait longtemps que cela n'est pas arrivé. Mais à ce qu'on m'a dit, les deux êtres sont liés par de la magie très ancienne, ce qui relie leur âmes, et permet de ressentir les émotions, sentiments ... Bref, chacun des deux ressent ce que l'autre ressent. Le dernier démon à qui cela est arrivé était un jeune idiot, et il a fini par se donner la mort quand il a commencé à éprouver des sentiments pour l'être auquel il était attaché. Bref, un stupide démon. Mais bon, tu es bien trop malin pour que cela t'arrive, bien heureusement. Et je compte sur toit pour être le premier à détruire ton ange.

- Bien entendu, Papa. Tu me connais, je suis le meilleur dans tout ce que j'entreprend.

- Tu es mon fils, c'est plus que normal. Si tu échoue lors d'une mission aussi simple, je pourrais être tenté de te renier, dit-il en riant jaune.

Ok, pas de pression hein ? Il fini par me serrer dans ses bras, et s'en aller, en me rappelant que je devais me battre pour la mémoire de ma mère. Une fois qu'il fut parti, j'entrepris de réfléchir à un plan. Maintenant que j'avais approché ses amis, rien ne m'empêche de les monter contre elle. Mais ce serai trop évident. Et surtout, un détail important, bien que gênant, pourra m'aider dans ma tâche. Cette marque immonde me relie à elle, donc je peux connaître son état d'esprit. Mais si cela marche dans les deux sens, j'espère qu'elle ne comprendra pas ce qui lui arrive. Ma mission du jour a donc changée. Je pense me faire passé pour son ami, afin de mieux pouvoir l'approcher, et la détruire plus rapidement.

Je prend donc le chemin de sa maison, tout en profitant de la fraîcheur environnante due à la saison. C'est nouveau pour moi, le froid et la neige. Mon statut temporaire d'humain me rend sensible aux facteurs environnementaux et ça m'amuse de ressentir tout ça. Une fois devant chez elle, je sonne et sa mère vient m'ouvrir. Les cernes noires qui ornent ses yeux me montre que mon sortilège fonctionne parfaitement. Elle me fait entrer sans une question, et je remarque Rose, assise sur le canapé en position de foetus. Je ne peux pas passer à côté de ses yeux gonflés et rouge. Aussitôt, une vague de tristesse et mélancolie, mélangée à une colère naissante, me submerge.

- Je voulais venir m'excuser pour mon comportement de tout à l'heure, mais je vois que tu as d'autres problèmes à régler.

- T'es là pour apprécier la situation, hein ? cracha-t-elle

Son ton haineux me surprend et je reste sans voix durant quelques secondes.

- Non. Comme je viens de le dire, je suis venu pour toi. Et pourquoi voudrais-je profiter d'une situation dont je ne suis même pas responsable ?

- Regarde mes parents. Tu ne t'estime pas responsable de ça, peut être ?

D'accord, elle est méfiante et haineuse. Donc pour qu'elle s'ouvre un peu à moi, la seule façon est de montrer un peu de bonne foi. Aussi, je ferme les yeux et récite la formule de désenvoutement, qui semble agir en quelques secondes, puisque sa mère sort de son état de légume pour demander à sa fille pourquoi elle pleure. Rose regarde sa mère, puis moi, et fronce les sourcils. Elle rassure sa mère avec un sourire et me demande de la suivre dans sa chambre. Rapide la petite. J'aime ça.

- Bon, tu m'expliques ? Tu m'insultes ce matin, et tu viens faire un acte de bonne foi maintenant ? C'est quoi le piège ?

Ok, je m'attendais à ce qu'elle réagisse comme ça.

- D'accord mon ange, je t'explique, dis-je en m'asseyant sur son lit. Quand tu m'as touché tout à l'heure, une marque est apparue sur nos deux bras. Et après quelques renseignements, j'ai découvert que nous étions lié. Sauf qu'il existe un moyen pour retiré ce lien entre nous.

- Ouais, j'imagine que ça te rend malade d'être lié à un être comme moi, dit-elle en riant jaune.

- Disons que j'aime être libre, sans attache, ni contrainte. Alors pour se débarasser de ce lien, il faut que la haine entre nous disparaisse. 

- Tu veux dire que l'on devienne ami ? Tu plaisantes ? Il y a quelques jours encore, tu voulais me tuer.

- Ouais, c'est toujours le cas, répondis-je en levant les yeux aux ciel. Mais si tu meurs maintenant, mon sort sera le même que le tiens, donc je n'ai aucun avantage à te tuer maintenant.

- Je vois. Et tu n'as pas peur de t'attacher, justement ? demanda-t-elle avec un sourire malicieux, en s'asseyant à une distance raisonnable de moi.

- Aucun risque. Je ne me suis jamais attaché, et jamais ça ne m'arrivera.

- Tu veux qu'on pari, mon petit démon ? proposa-t-elle en se rapprochant de moi. Devenons ami, apprenons à nous connaître, et le premier qui tombe amoureux perd.

Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire devant cette proposition. Cette fille n'est peut-être pas aussi barbante que je me l'était imaginé.

- Tu as perdu d'avance, tu sais, répondis-je en la toisant avec amusement.

- Pour ce pari, tu devras bien entendu me laisser dormir comme il se doit, et respecter un peu ma vie privée. En échange, je ne parlerai pas ce notre petit jeu à mes amis, ce qui te permettra de garder ta couverture. Alors, tu joues ? demanda-t-elle en me tendant la main.

D'accord, cette fille est plus forte que je ne le pensais. Et je ressens, grâce à notre lien, qu'elle s'amuse beaucoup, et retrouve sa joie de vivre. Sa chute n'en sera que plus fatale. Et comme je suis un grand joueur, je ne peux refuser un jeu gagné d'avance. Aussi, je lui saisis la main, m'attendant à recevoir une décharge comme la première fois, mais elle n'arrive pas, semblant être remplacée par une vague de chaleur plutôt agréable.

- D'accord, défi accepté mon ange. Et maintenant que nous sommes amis, peux-tu me dire pourquoi tu pleurais tout à l'heure ?

- Oh ... C'est une raison stupide, et je m'y attendais. Regarde, dit-elle en me tendant son portable.

Une vague de déception et de mélancolie vient de la reprendre, alors je plonge mon regard sur son écran pour comprendre ce qui lui fait du mal à ce point. Sur la photo affichée, on y voit un brun, grand et musclé, en train de flirter avec une jolie rousse. Et à la vue triste de Rose, je comprend qu'elle est lié à ce garçon.

- C'est mon ... C'était mon petit ami. Mais comme tu le vois, il a préféré aller voir ailleurs, comme beaucoup de mec ne respectant pas les filles.

- Tu veux te venger ? proposai-je directement

- Moi ? Ce n'est pas dans ma nature ...

- C'est dans la mienne, tu sais, dis-je avec un clin d'oeil. Alors accepte mon aide. J'aime tourmenter les hommes.

- Sans rire, dit-elle en souriant. C'est d'accord, le démon. C'est quoi ton idée ?

Oh, des idées pour torturer son ex, j'en ai des tonnes. Mais pour la faire tomber, j'en ai une parfaite : mon mensonge sur le lien ayant fonctionné, en la faisant tomber amoureuse de moi, il me sera facile de la détruire en lui brisant le coeur. Je suis vraiment le meilleur. Et très vite, je gagnerai son âme.