Chapitre 5 : Clary

Un loup. Un putain d'énorme et monstrueux loup. Depuis quand il y en a dans les forêts, proche des habitations ?

Je cours depuis quelques minutes déjà, sans trop savoir où je vais, je l'avoue. Mais bordel, pourquoi ça tombe sur nous ? Je ne comprends toujours pas la réaction de Davy, en y repensant. Pourquoi est-il resté de glace, froid et calme, devant cette grosse bestiole pleine de crocs et de griffes ? En parlant d'elle, je crois l'entendre me courir après. En réalisant ça, je ne me fais aucune illusion sur le vainqueur de la course poursuite : elle a quatre pattes, j'en ai deux. On fait le calcul ou ça se passe comment ?

Je fini par m'arrêter brusquement. Courir ne me sert à rien, elle va finir par me rattraper. Que faire alors ? Hurler ? Non, ça ne ferai que ramener des gens et donc potentiellement plus de blessé. Lui foncer dessus ? Ouais, autant me pendre tout de suite, non ? Et me défendre ? Bon, je me fais pas d'illusion, bien sur, mais si j'arrive à lui faire peur, peut être qu'il va partir, non ?

Je ramasse donc une grosse branche relativement épaisse et lourde, semblable à un gourdin. Je pense que ça fera l'affaire. Enfin, je l'espère beauuuuucoup. Cachée derrière un arbre, je tend l'oreille pour savoir où en est la grosse bête. Deux minutes avant, j'entendais des pas lourds arriver vers moi à une allure rapide. Mais là, plus rien. Aucun bruit. D'ailleurs, même les oiseaux et le vent semblent retenir leur souffle. C'est mauvais signe, hein ?

Je tente tout de même de passer la tête sur le côté de l'arbre, et me fige d'un coup. Le loup est là, à m'observer d'un air tranquille, comme s'il pensait « de toute façon, je vais te bouffer alors autant prendre mon temps ». Attendez, depuis quand un loup à l'air tranquille justement ? Les vrais loups, dans les documentaires sur Arte, n'attendent pas que leurs proies sorte de leur pseudo cachette, mais leur saute dessus par surprise. Je n'ose plus faire un geste, craignant la réaction de la créature en face de moi. Mais que faire ? On va pas rester des heures à se regarder dans le blanc des yeux, ni jouer à « un, deux, trois, soleil ».

C'est alors que je le vois, de loin : un garçon, qui accours dans ma direction. C'est surement Davy. Mais c'est pas ses pauvres petits muscles qui vont battre ou faire peur au loup. D'ailleurs, ce dernier semble avoir entendu Davy approcher car il se met soudainement à grogner, en s'avançant lentement vers moi. Ma seule réaction est de pointer ma branche vers lui, telle une épée. Mais la bête semble déçu, exaspéré, et lève un sourcil. Attendez, depuis quand un loup à une réaction typiquement humaine ? C'est surement moi qui fait de l'anthropomorphisme, et du coup, qui interprète ses réactions comme une réaction humaine. Mais son comportement ne me semble pas si animal que les loups que j'ai vu à la télévision.

Je remarque de Davy se trouve maintenant à une trentaine de mètre de moi, et c'est à ce moment que le loup me saute dessus. Je tente bien sur de l'assommer avec ma branche mais d'un coup de patte, il l'envoie voler plus loin. D'accord, ma défense était minable, mais quand même. Je tente de me dégager mais le poids de l'animal m'empêche de faire le moindre mouvement, ayant les pattes de devant appuyées sur mes épaules.

C'est alors que, sans prévenir, alors que j'étais en train de prier les anges, dieux et autres divinités potentiellement présentes dans le coin de m'aider, qu'il décide de me mordre à la hanche. Je sens ses crocs s'enfoncer dans ma chair et la douleur ne tarde pas à suivre. Mais je serre les dents. Hurler ne fait que montrer ma peur et ma souffrance, et donc fait plaisir aux prédateurs. C'est en tout cas ce que j'ai retenu d'un article sur les psychopathes. Mais mes yeux coulent, laissant sortir la douleur. J'entend Davy arriver et hurler, mais je ne peux discerner ce qu'il dit. Toujours est-il que le loup semble soudainement prendre peur, et fini par s'enfuir, en me lacérant la peau au passage. Je vois trouble, surement à cause de la douleur. Et sens une personne s'accroupir à mes côtés.

- Clary, tiens le coup, ça va aller. Dis moi quelque chose.

Ah, au moins, il n'a pas poser la question stupide que posent tous les héros dans les films : « tu vas bien ? » « Bah écoute, je viens de me prendre une balle, je me vide actuellement de mon sang, et je pense qu'il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre, mais à part ça, tranquille ». J'ai toujours voulu qu'une victime réponde ça. Mais je me contente de prononcer quelques mots, l'histoire de le rassurer sur le fait que je suis toujours en vie et que je n'ai rien perdu de mon humour, même si la situation me semble critique.

- Quelque chose, répondis-je d'une voix rauque.

Il semble surpris, puis une ébauche de sourire apparait sur son visage tendre - Hum, attendez - sur son visage tout court.

- T'as rien perdu de ton humour, tâche de le garder. Je vais te ramener au point de départ.

- Je te signal qu'on est perdu ... soupirai-je

- TU es perdue. Moi, je connais cette forêt mieux que ma poche.

Et il décide de me prendre dans ses bras, telle une princesse. Bordel, j'aime pas ça. C'est tellement cliché, tellement fait pour les pauvres chochottes qui tombent dans les pommes en se cassant un ongle ... Mais il ne semble pas gêné par mon poids et prend un chemin que je ne reconnais pas. Bon, pour être honnête, je ne fais pas très attention, mon regard étant plongé sur la cime des arbres et son visage vu du dessous.

- C'est officiel : je déteste ce camp de vacance à la noix, déclarai-je pour essayer de détendre l'atmosphère.

Il semble surpris, mais se contente de sourire et de me rassurer.

- Ne t'en fais pas, une fois guérie, tu pourras en profiter au maximum.

Je ne fais aucun commentaire, la douleur de la morsure et de ma griffure me faisant trop mal pour parler. Et je fini par somnoler dans ses bras, ne pouvant rien faire d'autre, et essayant d'inhiber cette horrible sensation de douleur. C'est au bout de ce qui me parait une éternité qu'on arrive près des locaux.

Les animateurs semblent comprendre rapidement - Dieu merci- que quelque chose ne va pas. Davy me porte jusqu'à l'infirmerie, où il me dépose le plus délicatement du monde sur un lit, près de Rose, qui me regarde avec des yeux ronds.

- Merci. Par contre, juste pour informations, pour la prochaine fois où je me ferai attaquer : je déteste qu'on me traites comme une princesse. Je ne suis pas une de ses poufs sans cervelles qui attendent patiemment qu'un garçon voulant le fric de mon père, vienne affronter un dragon pour me faire des gosses par la suite.

Il me sourit et me caresse les cheveux.

- Oui, toi, tu serai plus du genre à tuer toi même le dragon, ou t'en faire un ami, pour retrouver ta liberté seule, demander ton fric, et aller le dépenser dans un autre royaume en buvant de la bière.

Je lui souris, mais cette fois, c'est un véritable sourire, franc et honnête. Il a peut être l'air gentil, mais il semble saisir la personnalité des personnes, du moins la mienne, ce qui n'est pas le cas de tout le monde - et même pas de mes propres parents. C'est à ce moment qu'une femme entre, et demande à Davy de sortir, le temps de soigner mes blessures. Il promet de revenir me voir et quitte la chambre. La réaction de l'infirmière est épique. J'aurais du prendre une photo, sérieusement. Elle retire mon sweat et mon tee shirt et semble sur le point de tomber dans les pommes en découvrant mes blessures.

- Doux Jésus, mais j'ignorai que les loups étaient de retour dans le coin.

Je ne répond pas, je n'en ais plus la force, mais grimace quand elle me désinfeste tout ça. Ce début au camp est particulièrement mouvementé. Beaucoup trop à mon goût, pour des pseudos vacances. Une fois mes blessures nettoyées et bandées, elle sort de l'infirmerie, me laissant seule avec Rose, ma seule véritable amie ici. Enfin non, je pense de Davy a gagner cette place en me ramenant de la forêt. Rose ne tarde pas à me poser des questions, même si elle se doute de ce qu'il s'est passé. Quand j'ai fini de lui raconter, elle fait deux remarques : une qui me fait sourire, et une qui m'intrigue.

- Moi, les racines d'un arbre, et toi un loup ? On commence bien, dis moi. Mais au fait, comment il a fait pour faire fuir le loup, Davy ?


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