Et voilà.
Aujourd'hui, je rentre en 4ème dans mon nouveau collège, ne connaissant personne, et totalement démoralisée, comme d'habitude .

Je serai sans amis, à l'écart de tout le monde,

Abandonnée.

Un silence complet règne dans la voiture. Pas un seul mot depuis le début du trajet. Je regarde par la fenêtre, l'air absente. Je vois deux jeunes filles sur le passage piéton, des lycéennes probablement, rigolant fort, un grand sourire affiché sur leur visage, se soutenant les coudes mutuellement. Un signe de leur grande complicité à mon avis.

Je dis alors tout bas, comme pour moi-même :

- Elles ont l'air de bien s'entendre et vivre une vie agréable.

Personne n'a prêté attention à ma remarque.
Pas même mon frère.

Je continue d'observer les jeunes lycéennes, traversant la route.

Au fond de moi-même, je les envie un peu. Et pas qu'un peu.

Je les envie terriblement.

Je voudrais avoir, moi aussi, une amie, fidèle et gentille avec qui je pourrais partager mes rires et mes moments de bonheur.

De rare bonheur oui....

Quelques minutes de long silence sont passées.

Je vois maintenant devant nous la façade de mon collège.

Je sens à ce moment-là comme une boule se former dans mon ventre, se compressant douloureusement.

Je me mords la lèvre, un signe fréquent de trac chez moi.

J'ai peur.

J'ai horriblement peur.

J'ai un mauvais pressentiment.

Comme toujours.

Je commence alors à taper du pied nerveusement. Je serre les poings, ancrant profondément mes ongles dans ma peau. Je continue ainsi jusqu'à ce que j'entends la voix basse et grave de mon père me dire :

- On est arrivés.

J'ouvre la porte d'un mouvement lent, me déplaçant ensuite vers le coffre pour prendre mon sac. Une fois l'avoir mis sur mon épaule, mon frère me dit d'une voix calme, souriant :

- Passe une bonne journée, Alié.

Je lui rends son sourire, en faisant un bref signe de la main, avant de suivre des yeux la voiture repartir.

Je suis seule à présent.
Je tremble légèrement.

Je me mets en marche vers la porte de l'établissement grande ouverte, jetant un bref coup d'œil à la surveillante qui reste à proximité, en lançant de joyeux "Bonjour" aux élèves. Lorsqu'elle s'est adressée à moi, j'ai hoché la tête pour la saluer également.

Je commence un nouveau cursus scolaire dès maintenant.
Je suis enfin retournée au collège.
Dans un nouveau collège.
Apeurée.
Seule.
Affreusement seule.
Ce sera une année de malheur.

Et dans un sourire nerveux et effrayé,  comme avant de monter sur scène, je me dis :

Que le cauchemar commence