Qui pourrait bien bosser le soir du 31 ?
Comme promis une seconde partie à ma connerie de Noël. Appelons-là la connerie du jour de l'An.
Bon, je dois avouer que je suis pas pleinement satisfaite. Menfin, ce sera à vous de me dire après tout !
PS : pour le coup je n'ai pas eu le temps de l'envoyer à mon correcteur. Les horreurs m'appartiennent donc ^^
31 décembre 20XX
V était de mauvais poil. Et quiconque pourvu ne serait-ce que d'une once d'instinct de survie savait que ça n'était pas une situation d'avenir.
Le barbu n'aimait décidément pas cette période de l'année. Pourtant le Réveillon avait été plutôt prometteur, se dit-il en repensant à ce petit intermède aussi inattendu que torride au centre commercial. Il avait d'ailleurs eu la ferme intention d'y retourner le lendemain... Mais une attaque-surprise de lessers sur une famille de civils en avait décidé autrement et Wrath avait convoqué tout le monde dans son bureau le 25 au soir pour définir de nouveaux itinéraires de patrouille.
Du coup, au lieu de creuser un peu plus les étranges pouvoirs qu'avait sur lui une certaine paire d'yeux noisette, V se retrouvait à se peler les couilles dans une ruelle crasseuse du quartier des docks. Devant lui, s'étendait à perte de vue une série d'entrepôts en briques rouges, aussi sinistres que des ruines maudites. Les bâtiments étaient encore auréolés de la crasse noire du charbon qui y avait transité pendant des décennies, et ce malgré l'épais manteau de neige qui recouvrait le paysage sans parvenir à lui conférer une quelconque pureté. Magie des flocons ou non, ce quartier envahi du silence pesant de la désertification demeurait toujours aussi glauque.
Pour couronner le tout, Rhage était de repos ce soir. V, privé de son équipier habituel, était donc talonné par deux des gamins. Et pas les plus faciles à gérer. L'asocial qu'était V aurait pensé qu'il apprécierait, pour une fois, d'être débarrassé du Terminator verbal qu'était Hollywood et qu'il pourrait savourer en paix le bruit de ses bottes de combat claquant sur le bitume glacé. Mais le silence tendu qui flottait entre Blaylock et Qhuin était à peine plus reposant que les incessants babillages du guerrier blond.
L'air piquant de cette nuit sans lune était saturé par les non-dits des deux jeunes mâles. Leurs pensées confuses s'enroulaient comme des rubans frénétiques, flottant autour de V au rythme des flocons qui n'avaient pas cessé de tomber depuis des heures. L'esprit extra-lucide du vampire barbu voyait se mettre en place les marionnettes d'un théâtre d'ombres traçant en creux cet étrange pas de deux que dansaient ses deux jeunes compagnons depuis des mois.
L'attirance du vampire rouquin pour son instable cousin n'était un secret pour personne au Manoir, pas même pour le principal intéressé qui ne savait que faire de cet attachement inattendu, lui qui n'avait connu que le rejet de toutes parts. Sans doute hésitait-il même à accorder à Blay ce qu'il pensait que l'autre voulait, simplement pour se convaincre que le gamin n'était pas différent des autres. Et que pourrait bien vouloir Blay d'un type comme lui si ce n'était du sexe, torride, bestial, sans conséquences et sans lendemain ? Qhuin ne devait même pas penser que son compagnon puisse attendre quoi que ce soit d'autre. Parce que, qui pourrait bien vouloir d'une erreur de la nature telle que lui ?
V étouffa un geste d'agacement. Parfois, il avait l'impression que ce gamin perdu qui s'était empressé de cacher ses failles derrière ses piercings et une façade de feinte confiance ne lui ressemblait que trop. Sauf que lui-même avait eu trois cents ans pour se faire une raison et comprendre que rien ne changeait jamais. S'il était intelligent, le môme s'en ferait une aussi. Ou bien, il finirait par comprendre que l'admiration qui brillait dans les yeux bleus de Blay n'avait rien à voir avec le sexe et il devrait décider de se laisser approcher. Ou non...
Ce petit con avait une telle soif de normalité qu'il serait bien foutu de tout faire foirer. Mais ce serait vouloir enlever ses tâches au léopard. V était bien convaincu que jamais le gamin ne réussirait à dépasser toute sa merde intérieure en courant après l'idéal bien lisse d'une Glyméra qui n'avait su que lui cracher à la face.
Mais ça n'était pas ses oignons et, au fond, il n'en avait rien à foutre. Il préférait continuer à voir ces deux gamins comme des fourmis sous sa loupe. Le Frère aux yeux de diamant n'aimait pas quand les choses devenaient personnelles.
En dépassant l'ancienne usine Chrysler, V fouilla la poche intérieure de sa veste pour en extraire sa blague à tabac et l'une de ses roulées. Il soupira intérieurement en s'abritant du vent pour l'allumer derrière sa main gantée. La soirée promettait d'être longue...
***
Les trois vampires patrouillaient maintenant depuis quatre heures, mais à cette saison l'aube était encore bien loin de pointer le bout de son nez. D'autant qu'ils avaient ratissé le quartier en vain. Pourtant les infos qu'il avait pêchées cet après-midi avaient l'air fiables. Tout cela ne lui disait rien qui vaille d'autant qu'un gros coup avait l'air de se préparer. Et, pourtant, tout se passait comme si ces faces de plâtre avaient décidé de déserter les rues pour la soirée. Spécialement pour le faire chier.
Dans la poche de son pantalon, son portable vibra. Il le sortit pour consulter le message. Rien non plus du côté des jumeaux. Ça commençait à lui courir sur le haricot...
Comme s'il avait lu ses pensées, la voix de Qhuin s'éleva alors qu'il se rangeait à ses côtés. Un petit nuage de givre se forma devant les lèvres du jeune vampire quand il parla.
— Peut-être que ces fils de putes font le Réveillon quelque part.
— Ouais, mais ils ont oublié de nous envoyer le carton d'invitation, ronchonna le barbu.
Qhuin lui adressa un regard reconnaissant, comme pour le remercier de ne pas avoir laissé sa tentative d'alléger l'atmosphère se prend un vent magistral.
Blay, quant à lui, n'avait pas desserré les dents. V pouvait percevoir le malaise du rouquin qui, malgré les mois d'entraînement, semblait toujours aussi tendu en sa présence. Et V ne comptait rien faire pour changer les choses. Il n'était pas leur nourrice, bordel ! Qu'est-ce qui avait pris à Wrath de lui coller les mômes dans les pattes ? Il aurait aussi bien pu se faire accompagner de Thor même si le mec n'était pas encore au mieux de sa forme.
— Et si on allait un peu plus vers le Sud ? proposa Qhuin en glissant ses mains dans les poches de sa veste en cuir. Je sais pas si on aura plus chaud, mais on n'a pas encore fait ce coin-là, conclut-il en jetant un coup d'œil interrogatif à V.
L'aîné des trois vampires grogna son assentiment et ils se mirent en route, pressant le pas pour essayer de se réchauffer un peu. Il ne leur fallut que quelques minutes pour atteindre les abords de leur périmètre de patrouille qui semblait toujours aussi désespérément désert.
— Bon, il ne fait pas plus chaud ici, tenta de plaisanter Qhuin qui ne récolta qu'un soupir agacé de la part du rouquin.
V ne répondit rien, mais tendit soudain l'oreille. Blay et Qhuin s'immobilisèrent en voyant que le barbu s'était figé dans une position d'observation. Les deux jeunes admirèrent la concentration de ce fauve en arrêt, le regard affûté et l'ouïe tendue, attendant simplement que sa proie fasse l'erreur de se dévoiler. Mais, ça ne fut pas nécessaire.
Tout à coup, un coup de feu claqua quelque part à leur droite. L'espace d'un battement de cœur, l'écho sec de la balle sembla se figer dans l'air glacé. Le son donna le signal qu'il attendait à Vishous. Les canines du gigantesque vampire se déployèrent tandis qu'il empoignait d'un mouvement aussi précis que gracieux les dagues noires croisées sur sa poitrine. Il s'élança droit devant lui, tout en puissance contenue, tandis que les deux jeunes vampires se précipitaient à sa suite, tendus dans l'attente de la confrontation à venir.
Le vent de sa course sifflait aux oreilles de V, mais il se força à concentrer son ouïe sur son environnement, glanant autant de détails que possible sur le combat qui les attendait. Ses bottes martelaient le pavé en rythme, formant un étrange canon, un peu discordant, avec les pas des deux mômes. À quelques dizaines de mètres devant lui, là où il avait perçu les premiers signes, il entendait nettement le déplacement de six individus. Un contre cinq, réalisa-t-il en analysant l'avancée mesurée du groupe et le pas un peu trébuchant d'un sixième en train de reculer.
Un nouveau coup de feu claqua dans la nuit et, cette fois, V put même percevoir le faible tressaillement lumineux venu de la cour intérieure d'une usine désaffectée. Quelque seconde après l'éclair, une voix ferme résonna jusqu'aux oreilles grandes ouvertes du vampire.
— Reste où tu es, connard. Pas un pas de plus.
Il ne fallut guère plus d'une seconde à V pour remettre ce timbre rauque et cette façon de bouffer les consonnes. Il aurait reconnu ces intonations au milieu d'une foule... On dirait que les Frères n'étaient pas les seuls à faire des heures sup le soir de la Saint-Sylvestre. Même les flics étaient de sortie. Et celui-ci avait un sacré don pour se fourrer dans les ennuis. Il aurait sans doute mieux fait de continuer à jouer les vigiles pour le coup.
V entendit les lessers se presser un peu plus dans la direction de Butch. Il n'avait pas intérêt à traîner s'il ne voulait pas retrouver son flic transformé en dinde aux marrons !
Le vampire ralentit à peine sa course pour faire signe à Blay et Qhuin de passer par l'escalier extérieur de l'usine. Les gamins n'auraient plus qu'à couper par l'intérieur du bâtiment pour prendre les morts-vivants à revers. V, quant à lui, comptait bien se jeter dans la mêlée. À deux contre cinq, le combat semblait déjà un peu mieux dimensionné. Les mômes lui jetèrent un regard surpris mais ne contestèrent pas sa décision. V les sentit bifurquer derrière lui pour rejoindre l'escalier métallique.
***
Butch était dans la merde. Dans une merde noire à vrai dire. De toute façon, il s'était méfié dès le départ de cet appel anonyme reçu quelques heures plus tôt pour leur signaler un macchabée dans l'ancienne conserverie sur les docks. Rien d'étonnant, le quartier était franchement pourri. Quelque chose dans ses tripes lui avait chanté qu'il ferait mieux d'attendre des renforts, d'autant que José était en congé ce soir. Mais, il se faisait tellement chier à tourner en rond au Poste qu'il avait préféré attraper son holster, ses clés de bagnole, et foncer comme un crétin qu'il était sur les lieux du crime.
Et voilà qu'il était bien avancé, une demi-heure plus tard. Arrivé sur place, il n'avait pas vu la moindre trace de corps. Par contre, il avait fait la connaissance de ces nouveaux amis. Pas vraiment la compagnie qu'il aurait choisie pour son Premier de l'an à vrai dire. Il ne savait pas vraiment ce que ces guignols étaient en train de trafiquer, mais il était rapidement devenu évident qu'il avait interrompu quelque chose. Le gang d'albinos – à moins que les mecs se soient lancés dans l'import de colorations capillaires frelatées, il ne voyait pas bien la raison de cette dépigmentation générale – l'avait accueilli un peu fraîchement. Les types étaient restés plantés là, sans bouger leurs culs et sans décrocher un mot tandis que Butch égrenait les sommations d'usage.
Jusqu'au moment où ces enfoirés avaient commencé à se regrouper en une étrange formation et à marcher vers lui, lentement, un pas après l'autre, sans jamais ralentir. Butch avait senti que cette avancée inexorable n'allait sûrement pas tourner à son avantage. Alors il ne leur avait pas laissé le temps de préciser s'ils venaient pour prendre le thé et avait sorti son arme. Ils n'avaient même pas cillé, se contentant de le fixer de leurs prunelles grises. Le flic avait tiré un coup de semonce en l'air, espérant les voir revenir à la raison, mais l'effet escompté n'avait pas été au rendez-vous. La petite troupe était maintenant à trois pas de lui.
Alors il braqua son arme sur le crâne de celui qu'il soupçonnait être le chef et tonna, d'une voix qu'il espérait dissuasive :
— — Reste où tu es, connard. Pas un pas de plus.
C'était décidément peine perdue. Et la situation n'allait pas aller en s'arrangeant s'il en croyait l'éclair métallique qui scintilla dans le faisceau de sa lampe torche lorsque les types s'équipèrent presque simultanément d'une série de lames courbes, toutes identiques. En dépit du caractère critique de la situation, Butch ne put s'empêcher d'éprouver une certaine fascination pour ce ballet morbide. Ces gars-là n'avaient pas grand-chose d'humain...
Le chef des albinos n'était plus qu'à deux pas de lui, levant sa lame, lorsque Butch se décida à presser la détente. Il devait se ménager de l'espace pour le moment où ils se décideraient tous à attaquer. Il ne s'agissait pas de se retrouver acculé, dos au mur et cerné comme un animal. Le coup partit et frappa Leader 1 en plein entre les deux yeux.
À cet instant, une voix qui ne lui était pas inconnue résonna tout autour de lui.
— Joli tir, Inspecteur.
Il aurait même pu croire qu'elle avait retenti directement dans sa tête. Mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Alors Butch fouilla les ténèbres environnantes à la recherche d'une réponse. Et tout ce qu'il vit, ce fut une gigantesque masse sombre, précise et létale, qui vint percuter de plein fouet ses agresseurs.
D'un coup de botte bien placé, la silhouette envoya rouler le type que Butch avait abattu loin de la mêlée avant de se dresser entre lui et les quatre albinos restants. La large stature se déplia et un long grondement, presque un feulement d'animal, s'éleva de cette large poitrine. Le flic vit les visages des albinos, demeurés parfaitement stoïques jusqu'ici, déformés sous le coup d'une rage mortelle, et de quelque chose qui ressemblait aussi à de la terreur, comme si de Cavalier pâle s'était soudain matérialisé devant eux.
Le groupe se tendit comme un seul homme, pliant les genoux, le torse vers l'avant, assurant leurs appuis avant de brandir leurs lames.
Avant que l'enfer ne se déchaîne à ses pieds, Butch eut le temps de brandir sa torche qui éclaira furtivement des mèches d'un noir d'encre et une tempe marquée d'un long tatouage runique.
— Toi, souffla-t-il, incrédule.
Mais V ne prit pas la peine de lui répondre tandis qu'un sourire qui n'avait rien à voir avec l'expression moqueuse dont l'Irlandais avait gardé le souvenir se dessinait sur les lèvres minces. Cette expression-là était carnassière, délibérément cruelle, un défi lancé à la face des albinos. Le flic n'eut pas le temps de s'attarder sur les subtilités de ce visage que le barbu se lançait dans la mêlée.
Butch ne remarqua les deux dagues noires qu'il maniait avec la dextérité d'un bretteur confirmé que lorsque le mec se mit à bouger. Il se déplaçait à une telle vitesse qu'il était presque impossible pour ses yeux de le suivre. Les bras puissants maniaient les lames noires avec dextérité. D'un large mouvement circulaire, il obligea les quatre enfoirés à reculer. Ceux-ci se mirent aussitôt à gronder comme des pitbulls et l'un d'eux se jeta sur le barbu, sa lame levée. D'un revers gracieux, ce dernier para aisément le coup avant d'envoyer le type rouler un peu plus loin d'un coup de botte en pleine poitrine.
Chacun des coups asséné par le barbu était précis et létal. Le flic voyait bien qu'il n'en était pas à sa première passe d'armes. Les albinos ne paraissaient pourtant pas être des perdreaux de l'année nous plus, et pourtant ils ne faisaient que se défendre contre les assauts de V. Ce dernier menait clairement cette valse macabre tandis que les trois albinos encore debout s'épuisaient à chercher une ouverture qui ne viendrait probablement que pour leurs funérailles. Butch avait sentit que V était dangereux, et ce dès le premier instant. Mais il n'aurait jamais pu imaginer à quel point.
Trop fasciné par le spectacle glorieux que lui offrait cette souple panthère, le flic ne remarqua pas les deux ombres qui se laissèrent glisser silencieusement d'une des fenêtres du premier étage.
***
Tranquillisé de voir qu'il était arrivé à temps pour que le flic soit encore entier, V concentra toute son attention sur les lessers encore debout. Celui que le flic avait ralenti d'un joli head shot ne mettrait pas bien longtemps à récupérer. Le vampire envoya une suggestion mentale aux deux gamins pour qu'ils en fassent leur affaire, de préférence là où Butch ne pourrait pas les voir.
D'un coup de botte bien placé, il envoya un second emplâtré rejoindre le premier. Si tout continuait à rouler comme ça, il n'aurait peut-être même pas à effacer la mémoire de l'humain. Comme prévu, il vit bientôt la large silhouette de Qhuin se laisser glisser en silence d'une fenêtre du premier, bientôt suivi par celle plus fine de Blay.
Quelques secondes plus tard, alors qu'il paraît un coup particulièrement vicieux d'un revers de dague, il entendit deux claquements secs, presque simultanés, signe que les gamins avaient bien fait leur boulot.
On en ferait peut-être quelque chose de ces deux-là.
Mais il n'avait pas été le seul à entendre le chant du cygne, et un des égorgeurs se détourna de lui, fouillant l'obscurité à la recherche d'une mauvaise surprise. Celle-ci ne tarda pas à se manifester lorsque Qhuin souleva de la pointe de sa dague la chemise d'un des morts-vivants, désormais plus mort que vivant, en lançant un regard goguenard au lesser. Ce dernier ne perdit pas un instant pour se ruer dans les ténèbres qui l'engloutirent bientôt. Il était dit qu'il n'en ressortirait pas de sitôt.
Vishous n'était plus aux prises qu'avec deux de ces enfoirés, le combat était quasi gagné d'avance. Il ne lui restait plus qu'à les repousser vers les mômes. L'un d'eux, sentant que la situation leur échappait définitivement, se jeta sur le vampire de toutes ses forces, espérant sans doute le renverser. De ses deux dagues, V forma une croix pour arrêter la larme courbe qui allait s'abattre sur son crâne. Il lutta un instant pour repousser son assaillant.
Le dernier lesser profita de ce moment de vulnérabilité pour lever son arme à son tour. Mais c'était sans compter Butch qui n'entendait pas jouer les figurants dans la bagarre. V entendit claquer les deux coups de feu avant d'avoir vu le flic bouger. Quand l'albinos tomba à la renverse, le vampire en profita pour jeter un coup d'œil à l'humain. Bien campé sur ses deux jambes, il n'avait pas hésité une seule seconde à plomber cet enfoiré.
Malheureusement, ou heureusement, l'inspecteur n'avait pas fait dans la dentelle et avait visé le mort-vivant en plein cœur. Celui-ci tituba, comme hébété de n'avoir rien vu venir, avant de s'effondrer à genoux pour disparaître dans un claquement sec.
— Bordel de merde, sursauta le flic avant de se figer, les yeux braqués sur cet étrange spectacle.
Le vampire jura entre ses dents.
Foutu pour foutu, pensa V avant de planter directement sa lame dans la cavité qui avait jadis abrité le cœur du lesser qui lui tenait encore tête. Il ne mit pas plus de temps que son comparse à rejoindre l'Omega, arrachant une seconde exclamation au flic désormais pétrifié.
***
Évaporé. Littéralement. Ces deux enfoirés d'albinos s'étaient évanouis sous ses yeux. Et ce au moment de rendre leur dernier soupir s'il ne se trompait pas. Mais qu'est-ce que c'était que ce bordel ?
Butch se tourna vers V, son renfort providentiel, mais celui-ci n'avait pas l'air de trouver toute cette histoire beaucoup plus déstabilisante que ça. Quand il croisa ses yeux, le mec lui adressa un drôle de regard. Butch scruta les pupilles de diamant à la recherche de réponses, mais elles demeuraient parfaitement impénétrables.
— V, qu'est-ce que... Tu vas m'expliquer, hein ? interrogea le flic d'une voix qu'il voulait ferme et autoritaire.
— Butch, commença le guerrier barbu en rangeant ses dagues dans un harnais qui se croisait sur sa large poitrine.
Mais il ne finit par sa phrase. Quelque part derrière eux, le flic sentit que quelque chose approchait et ce malgré les ténèbres. Des ombres mouvantes, il vit surgir deux solides gaillards, à peine moins impressionnants que V. Et aussi peu avenant, se dit-il en braquant son arme en direction du plus proche des deux, un roux aux yeux bleus qui tenait fermement une dague aussi noire que celle du barbu.
— Reste où tu es, ordonna Butch, menaçant, tout en relevant une seconde fois ce soir-là le cran de sécurité de son arme.
Le rouquin se figea en lançant un regard interrogatif à V qui se tenait toujours en face de lui. Le barbu esquissa un signe de tête et le rouquin leva les mains devant lui en signe de reddition. Il amorça même un mouvement pour s'agenouiller, avec l'intention nette de poser au sol son arme. Mais un long feulement se fit entendre juste à côté de lui, semblant s'échapper de la seconde silhouette.
Butch braqua son arme dans cette direction, mais la présence semblait avoir disparue, elle aussi évaporée en un instant. Le flic vit V esquisser un mouvement, mais il était déjà trop tard lorsqu'il sentit une forme se matérialiser juste à côté de lui. Un millième de seconde plus tard, une main à la puissance surhumaine lui arrachait son arme et l'envoyait voler loin de lui. Presque aussitôt, il sentit des doigts épais s'enrouler autour de sa gorge et le flic eut le réflexe d'aspirer autant d'air que possible dans ses poumons avant que la prise ne se referme.
Contre son oreille, résonna un long grognement, bas, rauque et animal, qui envoya un frisson de terreur dans l'échine du flic. Quelque chose clochait définitivement avec cet endroit, avec ces gens.
L'Irlandais levait les bras pour tenter de se dégager de l'étau de fer qui enserrait sa gorge lorsque celui-ci se dissipa comme par magie. Il en profita pour aspirer une grande goulée d'air avant de remarquer que V se tenait de nouveau devant lui, comme quelques minutes plus tôt lorsqu'il s'était interposé pour repousser les albinos. Un son étrange, assez semblable à celui qu'il avait entendu gronder contre son oreille, roulait à présent dans la poitrine du mec.
Quelques mètres plus loin, il vit un solide gaillard brun au visage bardé de piercings se relever péniblement. Pourtant, le mec ne perdit pas un instant avec de revenir à la charge en laissant échapper un feulement qui n'avait rien d'humain. Tout comme la vitesse et la force avec laquelle il se jeta sur V. Mais cela ne perturba pas le barbu qui envoya valser leur assaillant comme s'il n'était qu'un vulgaire insecte.
Quand le brun se releva à nouveau, avec la ferme intention de remettre ça, la voix de V claqua dans la nuit.
— Je te le déconseille, gamin.
— Qhuin, supplia le rouquin qui était resté figé les quelques secondes qu'avait duré ce nouvel accès de violence.
Plus que la menace contenue dans la voix du barbu, ce fut cette prière qui sembla décider le brun à revenir à de meilleures intentions. D'un revers de manche, il essuya le filet de sang qui maculait sa bouche, sans doute le résultat de sa rencontre avec le poing de V. Le rouquin s'approcha de lui et posa une main sur son bras, ses yeux ne quittant pas le visage qui porterait bientôt la marque du coup qu'il venait de recevoir. Le brun jeta un regard à son compagnon et sembla se calmer un peu avant de se tourner vers V.
— Il a menacé Blay, cracha-t-il, comme si cela expliquait tout, avant de faire un nouveau pas en avant.
— Recule, Qhuin, répondit le barbu, mortellement calme. Ne m'oblige pas à me répéter.
— Qu'est-ce que ça peut te foutre ! Ce n'est qu'un humain. En plus, il nous a vus, brailla le môme.
— Qhuin, boucle-là, ordonna le rouquin qui essayait de le retenir tout en lançant des regards paniqués en direction de V.
— Mais, non, laissez donc parler le môme, intervint soudain Butch qui comptait bien ne pas laisser filer ses explications. Parce que moi j'aimerais bien comprendre ce qui se passe ici.
Ce faisant, il se décala d'un pas pour planter son regard dans celui de son assaillant. Il remarqua alors que le mec avait les yeux vairons. Pas courant, mais ça lui donnait un certain style à ce petit con. Quand ce dernier entendit parler le flic, le fragile contrôle qu'il avait sur lui-même sembla se rompre et il chargea de nouveau. Pour être aussitôt intercepté par V.
Butch dut secouer la tête à deux reprises parce qu'il voyait se dérouler la scène aussi clairement qu'en plein jour. Son regard se fixa sur le barbu dont émergeait une étrange lumière blanche qui baignait maintenant toute la scène. L'éblouissante clarté semblait prendre racine dans sa main gantée actuellement dissimulée par un lourd gant de cuir, mais elle avait commencé à remonter le long de son bras pour venir illuminer une bonne partie de sa poitrine.
La main gantée était levée, immobilisée en pleine course à quelques centimètres à peine de la gorge du garçon qui avait freiné des quatre fers lorsqu'il avait vu le barbu lever le bras. Les yeux dépareillés voyageaient maintenant du visage de V à cet étrange appendice, le fixant avec une terreur non dissimulée.
— Je vais le dire une dernière fois, articula lentement V en détachant chaque syllabe, l'humain n'est pas une menace. Et il est sous ma protection.
La stupeur masqua un instant la peur dans les yeux du môme qui fixa Butch comme si c'était lui qui était capable de feuler comme un fauve et de se téléporter d'un bout à l'autre d'une cour... C'était bien la meilleure, pensa le flic. Pourtant, il prit bien garde à ne pas interrompre cet échange, comprenant instinctivement que quelque chose dont il ne saisissait pas la portée, encore une fois, était en train de se jouer devant lui.
Finalement, l'aura sauvage qui n'avait cessé d'habiter le jeune brun malgré la menace qui pesait sur lui reflua et il baissa la tête en signe de soumission.
— Oui, Frère Vishous.
Quelques secondes plus tard, V abaissait sa paume et la lueur qui embrasait son corps commença elle aussi à refluer.
Le rouquin se précipita alors vers le brun qui semblait étrangement vaincu.
— Qhuin, ça va ? s'inquiéta-t-il.
Celui-ci repoussa sèchement la main que son compagnon tendait vers lui.
— Fous-moi la paix, Blay.
L'autre recula comme s'il venait se prendre une gifle. Et vu le mastodonte, ça devait pas faire du bien une mandale de ce type-là !
V les regarda une seconde sans rien dire avant de reprendre la parole, commandant ses troupes comme si rien ne s'était passé :
— Récupérez les portefeuilles et leurs fringues avant de rentrer au Manoir. Dites à Thor et à son emplumé d'aller récupérer les urnes. Je m'occupe du reste.
C'était un ordre, du genre de ceux qui n'appellent aucune réplique. Butch ne s'y trompa pas. Les deux mômes semblèrent mettre leurs différends de côté et acquiescèrent, redevenant les soldats que le flic avait vu surgir des ombres. Ils se retournaient pour s'exécuter lorsque V se décida à ajouter quelque chose.
— Qhuin, interpella-t-il le brun qui lui fit de nouveau face avec une lueur d'incertitude dans le regard. La prochaine fois que tu contredis mes ordres en patrouille, tu rentres au Manoir les pieds devant. Je me suis bien fait comprendre ?
Le gamin acquiesça, bien conscient que le Frère barbu lui offrait là une seconde chance inespérée.
— Parfaitement, Frère Vishous.
— Allez, fils, au boulot, conclut V d'un ton toujours aussi glacial, et pourtant Butch aurait pu jurer que le mastodonte s'était radouci.
***
V était dans la merde. Dans une merde noire à vrai dire. Il regarda les gamins fouiller les tas de vêtements éparpillés un peu partout dans la cour avant de se fondre dans les ombres pour se dématérialiser. Butch n'avait pas non plus raté une miette du spectacle et il était bien certain qu'il n'allait pas tarder à être bombardé de questions. C'était déjà étonnant que le flic l'ait bouclée aussi longtemps. Pourtant, il attaqua par un angle auquel V ne s'attendait pas.
— Je suis étonné que tu n'aies pas corrigé le môme plus que ça. Pas vraiment ton genre de te laisser marcher sur les pieds.
Le vampire garda le silence un moment, réfléchissant à sa réponse.
— Devoir admettre qu'il a merdé en essayant de protéger son compagnon lui servira amplement de leçon. La prochaine fois, il réfléchira deux minutes avant d'agir.
— Tu veux dire qu'il m'a vraiment sauté sur le rable parce que j'avais braqué le rouquin ?
— C'est comme ça que ça marche chez nous, répondit V avec une drôle de petite moue avant de se tourner vers le flic qui recula d'un pas.
Mais très vite Butch sentit son épaule buter contre le mur. Quand il s'y appuya, V se pencha sur lui en aspirant son parfum et posa sa main gantée sur la brique froide, à quelques centimètres de l'oreille du flic avant de continuer sa phrase sur un ton badin.
— Nous protégeons ce qui nous appartient, dit-il en fixant Butch d'un regard ardent.
Il eut le plaisir de voir les joues du mec se tinter d'une légère rougeur qui ne devait rien au froid.
— Nous ? articula tout de même le flic. Les gens comme toi ?
V gronda quelque chose qui pouvait être un oui tout en se penchant un peu plus près, ouvrant grand les narines pour prendre une bouffée de l'odeur du flic. L'odeur de cuir et de camphre était beaucoup plus forte là où le col de sa veste formait un pli.
— Comme tes deux potes au supermarché l'autre jour ? interrogea le flic sans se décourager.
Pourtant le vampire pouvait le sentir frémir tandis que les battements de son cœur se faisaient moins réguliers.
— Nous menons notre guerre, Cop.
— Je ne savais pas que l'ONU avait débarqué à Calddie, ironisa Butch en déglutissant tandis que V logeait son nez glacé tout contre son cou, comme s'il voulait l'aspirer.
— C'est une guerre qui ne concerne pas les gens comme toi. Contente-toi d'attraper tes méchants, Cop. Ceux-là ce sont les miens.
— Des méchants qui disparaissaient en fumée quand on les tue.
Il était temps de distraire le flic, pensa V. Alors il remonta doucement sa main gauche le long du corps du flic et vint appuyer sa paume contre la joue tiède, caressant de son pouce la peau souple. Se dégageant du cou parfumé, il fixa les yeux noisette et commença à s'introduire avec précaution dans le cerveau du flic. Le mec s'agita sous l'intensité des prunelles translucides.
Dans son esprit, V ne rencontra qu'un joyeux bordel qui lui rendait très difficile l'opération de tri nécessaire pour effacer les souvenirs du mec relatifs à cette soirée. Il avait besoin que l'Irlandais se concentre sur quelque chose, qu'il se fixe pour que les idées arrêtent de tourbillonner dans sa tête.
Le vampire vit que Butch s'apprêtait à ajouter quelque chose et son regard accrocha les lèvres charnues du flic. Il fut heurté par l'intensité du souvenir qu'avait laissé en lui leur première rencontre lorsqu'il vint le frapper le plein fouet. L'odeur du flic, la douceur de ses lèvres, son goût unique, la texture de sa langue, ses dents le mordillant. Alors V ne résista pas plus longtemps et retourna à l'assaut de cette bouche tellement douée pour lui faire perdre la tête. Il l'effleura d'abord doucement, testant du bout de la langue le contour des lèvres fermes, avant de se reculer un instant pour contempler la confusion qu'il avait semée dans le regard noisette.
— V, c'est pas le moment. Je veux des rép...
Mais Vishous était bien décidé à ne pas le laisser terminer. Voracement, il se jeta sur la bouche du flic, ne lui laissant pas le loisir de se refuser. Le mec commença par se raidir avant de se détendre d'un coup, abandonnant sa résistance comme un sac d'ordures jeté au sol. L'adrénaline du combat qui courrait encore dans leurs veines rendit l'échange presque brutal, chacun cherchant avidement la preuve que l'autre était encore entier. Butch n'en revenait pas que V ce soit interposé pour lui, et le vampire n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui l'avait poussé à agir ainsi. Habité par un instinct de protection presque aussi féroce que celui de Qhuin, il avait bien cru que tout ça allait se finir par un drame. La bataille de deux mâles trop têtus pour admettre qu'ils feraient tout pour protéger leurs précieux compagnons.
Alors, comme pour punir l'Irlandais de lui faire perdre son précieux contrôle, V mordit à pleine bouche dans sa lèvre inférieure, faisant perler un peu de sang qu'il goûta aussitôt du bout de la langue. Comme la première fois, au centre commercial, la saveur du flic manqua à elle seule de le faire décoller. Butch frémit avant d'enrouler ses bras autour du cou du vampire qui en profita pour se coller plus étroitement contre le corps dur de l'humain. Étrangement, le baiser se fit plus lent, chacun laissant à l'autre la place de l'exploration.
V en profita pour chercher une nouvelle ouverture dans l'esprit du flic qu'il trouva cette fois complètement concentré sur lui et leur baiser, lui laissant le champ libre pour le reste. Aussi curieux soit-il des expériences qui avaient pu forger un homme tel que Butch, le barbu se garda bien de fouiller trop loin dans le passé. Il ne savait d'ailleurs pas bien ce qui le retenait.
Finalement il se retrouva face aux souvenirs frais de cette soirée et aussi devant le plus gros dilemme qu'il ait connu ces dernières années. La prudence lui dictait d'effacer jusqu'à la dernière seconde de cet étrange réveillon. Mais la langue du flic venue s'enrouler entre temps autour de la sienne lui chantait une tout autre chanson. Que se passerait-il si le flic oubliait cette seconde rencontre ? Auraient-ils une autre chance de se retrouver au hasard des chemins ? Pour une fois, une seule putain de fois, V aurait aimé pouvoir passer commande pour une vision. Mais son don avait, semble-t-il, bien décidé de la mettre en veilleuse.
Quand les paumes glacées du flic se posèrent sur sa nuque pour l'obliger à approfondir encore son baiser, le vampire sut qu'il était définitivement foutu. Il sonda l'esprit de l'Irlandais à la recherche des incohérences de la soirée, n'effaçant que les souvenirs des lessers partis en fumée et de la présence des gamins. Demain, Butch se souviendrait seulement d'une intervention qui aurait mal tourné et de l'arrivée d'un renfort aussi inattendu qu'inespéré. Et de ce brasier qui flambait entre eux à cet instant.
Une fois son œuvre accomplie, V se dégagea de la bouche accueillante sans pour autant relâcher son étreinte. Un peu essoufflé, Butch soutint son regard.
— Je fais pas ça d'habitude, tu sais, finit-il par avouer, un peu gêné.
— Te fourrer dans les ennuis ? plaisanta le vampire en passant son pouce sur un début de barbe rugueuse.
— Ha si, ça c'est ma spécialité, sourit le flic. Je voulais dire sauter sur les inconnus. Enfin les mecs en tout cas. C'est juste... Toi, tu me fais cet effet-là. Je comprends pas, avoua-t-il en secouant la tête, visiblement paumé.
— Moi non plus, Cop, répondit le vampire en frôlant le front de l'Irlandais du sien, l'espace d'une seconde avant de se dégager pour de bon en reculant de deux pas.
— Ça m'aide pas beaucoup, s'amusa un peu piteusement le flic.
— C'est tout ce que j'ai... répondit V en reculant, avec l'étrange impression de se perdre en route à chaque pas qui l'éloignait du flic
Au moment où il se retournait pour partir, Butch prononça son prénom. V se figea un instant avant de se retourner.
— Merci pour le coup de main. T'étais pas obligé de te mettre en danger pour moi.
V se retint de lui dire, qu'au contraire, il n'avait jamais eu le choix. Plus depuis leur rencontre en tout cas.
— Est-ce que je te reverrai ? ajouta le flic, une incertitude dans le regard.
— Je doute que ça soit une bonne idée, soupira le vampire en haussant un sourcil.
— J'ai jamais été doué pour les bonnes idées de toute façon, rétorqua Butch en haussant les épaules.
Et quand V se perdit dans la lueur de défi qui ourlait les yeux noisette, il sut qu'il était sur le point de faire une énorme connerie. Mais ça ne serait pas la première n'est-ce pas ? Il sortit un stylo ainsi qu'une boîte d'allumettes de sa poche sur laquelle il griffonna quelque chose avant de la jeter au flic.
— Au cas où tu n'arriverais pas à rester loin des emmerdes...
***
Butch étendit la main pour rattraper le petit objet que lui lançait le barbu. Il le regarda avec curiosité. Que voulait-il qu'il foute d'allumettes ? Enfin, c'est ce qu'il pensa jusqu'à ce qu'il trouve la série de chiffres tracée d'une écriture ferme et précise sur le dessus de la boîte. Un numéro de téléphone.
Le flic releva le nez pour ajouter quelque chose, mais son mystérieux compagnon avait disparu, comme évaporé au milieu des flocons de neige. Butch les regarda tourbillonner quelques instants, recouvrant à une vitesse alarmante les traces de leur passage. Puis il serra dans sa main la boîte d'allumettes qu'il tenait toujours, bien décidé à s'en servir dans un avenir proche. Juste histoire de ne rien oublier d'important...
Voilà, c'est fini les fêtes à la Confrérie ! Je vous en souhaite de très joyeuses en tout cas !!!
Bisous à tout le monde.
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