S'il est une existence ayant un sens, nous sommes bien loin de la trouver. Même l'Homme, plein de sentience, ne sait où il avance ; il tâtonne sur la scène de la Voie Lactée sans jamais trouver son chemin.

Les sciences ne sont qu'une chimère, la belle amère qu'est la connaissance. Au fond, que savons-nous ? Peu de choses. Nous nous savons carbone, c'est un fait. Mais les faits ne font que des vérités qui ne peuvent élucider le grand mystère de notre errance.

Jusqu'où pouvons-nous savoir ? Avec chaque chemin vient une fin, serait-ce là notre dessein ? Se laisser consumer par une fin latente dont l'attente nous fait se lamenter. Un pèlerinage ? Une balade jusqu'au lieu de repos, peut-être ; peut-être ! mais voilà que l'Homme s'égare auprès de ses bergers.

On s'éloigne de Mère Nature - bien sûr ! - car elle ne nous a jamais aimé. Pourquoi le devrait-elle ? Sa présence est aussi vaine que ses plaines et les animaux qui y paissent. Tout cela pèse. Néanmoins, on se farde de sapience et on se fait Atlas : allons, découvrons, inventons ! Jamais l'Homme ne se lasse de jouer son propre héros.

Nous ne voulions plus vivre : nous voulions exister ! Pour nous punir, l'Univers nous a doté d'une conscience. Et on pense se venger en le sondant, quelle ineptie ! Son inertie irrite ; immobile, il s'expand : il existe pour s'expandre.

Quand Darwin affirma que les êtres vivants sont en perpétuelle évolution, il leva le poing au ciel et s'écria : "Je t'ai bien eu, Univers !" et prit son silence comme résignation, sans savoir qu'avant même sa naissance il avait déjà perdu.

Car l'Homme, prisonnier du temps, doit découvrir et transmettre afin de perpétuer son inutile combat. Le présent sera le passé que le futur tiendra comme sacré : l'Histoire n'a de sens que pour l'humain, cultiste de l'horloge.

L'Univers existe, c'est bien là notre plus grande plaie ; car même dans ses confins les plus lointains, dans sa solitude la plus profonde, l'Univers, lui, ne sait rien.