Chapitre 4

À l'extérieur du stade, Kagami et sa mère étaient sur le point de partir lorsque Marinette et sa classe se précipitèrent vers elle. Marinette, en tant que porte-parole du groupe, demanda à la mère de Kagami :

« Excusez-moi, madame, mais mes amis et moi avons pensé qu'on pourrait fêter avec Kagami sa victoire ensemble. Est-ce que ça vous dérangerait... ?

Kagami ouvrit la bouche pour répondre, mais sa mère le fit à sa place :

« Désolée, mais Kagami et moi avons déjà prévu quelque chose. N'est-ce pas, Kagami ?

- Oui... mère.

- Donc, la discussion est close. »

Avant que Marinette n'ait eu le temps de réagir, la mère et la fille entrèrent dans leur voiture qui démarra aussitôt.

« Eh bien, ça n'en valait vraiment pas la peine, fit remarquer la collégienne aux cheveux sombres.

- Au moins, on a essayé, répondit Alya sur un ton optimiste. Dites, vous savez où est Adrien ?

- Je l'ai vu partir avec son père, répondit Nino. Et il n'avait pas l'air d'avoir la forme.

- C'est peut-être parce qu'il ne s'est pas senti à la hauteur, supposa Alina. »

Des cris attirèrent l'attention du petit groupe. La voiture des Tsurugi venait d'être saisie par une longue chaîne dont l'autre bout venait du sommet d'une pagode japonaise.

« D'où elle sort, cette pagode ? s'exclama Marinette.

- À mon avis, c'est signé le Scorpion, proposa Alya. Il a dû faire une nouvelle victime. Mais pourquoi s'en prendre à Kagami ? »

La voiture des Tsurugi fut emportée par la chaîne au sommet de la pagode. Puis une autre chaîne fut envoyée et captura l'un des escrimeurs. Face à cela, toute la classe de Marinette eut la même réaction : fuir.
Alya alla se réfugier derrière une voiture. Quand elle sentit son téléphone vibrer, elle le déverrouilla et tomba directement sur un reportage en direct.

« Il semblerait que le Scorpion ait encore une fois créé un nouveau super-vilain. Et celui-ci, d'après nos constatations, ne serait autre qu'Adrien Agreste. »

Une vidéo en direct apparut, montrant au sommet de la pagode un samouraï en armure verte entouré de cages contenant quelques escrimeurs.

« Bonjour, dit le super-vilain à la caméra. Je suis désormais Puraido, et j'ai maintenant une seconde chance pour me rattraper. Je vais défier tous les escrimeurs sur le terrain qui se trouve juste sous mes pieds, et j'espère ne pas perdre de nouveau. Bien entendu, mon père est là pour profiter de ce tournoi inédit. Et si Ladysnake et AndroBoy viennent m'affronter, le combat se fera en un duel d'escrime, et sur mon terrain, pas de triche possible. Alors, à tout à l'heure. »

Alina n'hésita pas un instant : elle jeta un rapide coup d'œil à Alix, et constata avec soulagement que cette dernière avait parfaitement compris. La jeune fille aux cheveux roses assura silencieusement à son amie qu'elle trouverait une excuse pour justifier son absence, aussi Alina s'éloigna-t-elle discrètement. Elle décida d'aller aux toilettes : à cette heure-ci, tous les collégiens étaient dans la cour. Quelques instants plus tard, c'est donc Ladysnake qui en sortit. La jeune fille se dépêcha de sortir de l'enceinte du collège car elle ne voulait pas se faire repérer, et éviter d'éveiller les soupçons. Heureusement pour elle, personne ne la remarqua.



AndroBoy attendait Ladysnake aux pieds de la pagode, l'air renfrogné. Lorsque sa coéquipière arriva, il détourna les yeux et se contenta d'avancer. Intriguée par ce comportement, Ladysnake l'interrogea :

« Qu'est-ce que tu as, aujourd'hui ?

- Je te retourne la question. Que faisais-tu hier soir ? »

Ladysnake ne comprit pas tout de suite ce-à-quoi son coéquipier faisait allusion, mais lorsque la révélation fit jour dans son cerveau, elle plaqua les mains contre sa bouche.

« Je suis désolée, j'avais complètement oublié notre rendez-vous hier !

- Ça va, pas la peine de t'excuser. Je pensais que ça nous serait utile, mais si tu estimais qu'il en était autrement, tu aurais pu me le dire ! Sais-tu seulement combien de temps je t'ai attendue ?

- Je suis vraiment désolée, je t'assure... On pourrait remettre ça à ce soir, s'il-te-plaît ?

- Deux heures ! Je t'ai attendue plus de deux heures ! Es-tu sûre de ne rien avoir de prévu, cette fois-ci ?

- Je te promets que je viendrai. Je suis vraiment désolée, j'avais complètement oublié. »

AndroBoy se contenta de hocher la tête, puis désigna la pagode.

« Bon, avant de prévoir des rendez-vous, je te propose un petit tournoi d'escrime, ça te dirait ?

- Ravie de voir que tu as retrouvé de l'entrain ! Le premier arrivé commence ! »

Les deux héros partirent en trombe, mais finalement arrivèrent en même temps. De toute manière, le super-vilain ne les aurait pas laissés choisir : il désigna d'office son premier concurrent, qui n'était autre qu'AndroBoy. Le jeune homme s'avança, accepta le sabre que lui tendait Puraido et salua son adversaire. Le tournoi commença. Même si AndroBoy était rapide et précis, jamais il n'égalerait la technique quasi-impeccable de Puraido. Aussi, il décida d'invoquer sa paralysie. Et au moment où la pointe de son arme toucha l'épaule de son adversaire, il en profita pour lui effleurer la main. Il informa ensuite Ladysnake qu'elle pouvait agir sans danger : leur ennemi était neutralisé. La jeune fille invoqua donc son Dokueki, recouvrit sa cible de venin et lui fit avaler d'une traite le venin régénérant. Les cages s'ouvrirent et disparurent dans un nuage de poussière, libérant par la même occasion les prisonniers.

« C'était facile, dis-donc ! s'exclama AndroBoy.

- C'est vrai, c'est l'un des combats les plus simples que l'on ait menés.

- Sinon, c'est toujours bon pour ce soir ?

- Oui, pas de souci ! Je serai là ! 22 heures à la Tour Eiffel, c'est bien ça ?

- Oui, enfin c'est ce que nous avions convenu, mais on peut changer si tu préfères...

- Non, c'est parfait ! A tout à l'heure ! »

Ladysnake projeta son lasso au loin et disparut quelques secondes plus tard dans la multitude de toits de Paris.



Le déjeuner au manoir Agreste se déroula dans un silence qui faisait ressentir de l'embarras. Adrien regardait son assiette sans lever les yeux vers son père qui mangeait son plat bouchée par bouchée.
Ce ne fut que vers la fin du repas qu'Adrien se mit à parler :

« Père... Je tiens à m'excuser pour ce qui s'est passé tout à l'heure. Vous savez...

- Je sais, Adrien. J'y étais.

- Je suis vraiment désolé. J'aurais pu contrôler mes émotions, mais je ne l'ai pas fait. Encore une fois, je vous ai déçu. »

À ces paroles, le grand styliste de Paris se leva brusquement.

« Écoute, Adrien : quoiqu'il arrive, quoique tu puisses penser, je suis et serai toujours fier de toi.

- Désolé, père. Je voudrais bien vous croire, mais quand je vous regarde, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. »

Gabriel ferma les yeux. Il aurait dû s'y attendre.

« Tu m'as demandé ce que j'ai ressenti quand tu m'as révélé que tu étais Chat Noir. Eh bien, voici ma réponse : j'ai ressenti de la fierté. Et cela, aucun père au monde ne peut l'oublier. »

C'était vrai. Quand Adrien lui avait révélé son secret, il avait ressenti de la fierté. Pourquoi cela plutôt que de la stupeur ? Peut-être parce qu'il avait inconsciemment compris que son fils était un grand héros prêt à tous les sacrifices pour protéger autrui. Si Émilie avait été là, elle aussi aurait été fière.
Pendant un instant, Gabriel se demanda si son fils savait qu'il était le Papillon. Après tout, cela expliquerait le débat houleux entre Chat Noir et les forces de l'ordre, débat à la suite duquel les policiers avaient malgré eux accepté de faire payer au Papillon une amende des plus astronomiques - au lieu d'un jugement dans un tribunal et d'une peine à la hauteur de ses crimes. Cela expliquerait aussi le ton étrange que prenait Adrien quand ce dernier parlait du Papillon.
Oui, cela expliquerait beaucoup de choses.



Pour Ondine, l'après-midi se déroula avec une extrême lenteur. Elle avait tellement hâte d'aller à la piscine ! Surtout qu'il y aurait Kim, ce garçon dont elle était encore amoureuse. Ah ! Elle se souvint du jour où il avait - enfin - compris qu'elle avait des sentiments pour lui. Ça avait été le plus beau jour de sa vie...

En parlant de Kim, il passait justement par là. Si elle allait lui faire coucou ? Malgré qu'il n'éprouvait rien pour la jeune fille, les deux collégiens avaient gardé une relation amicale très forte. Aussi Ondine traversa-t-elle la rue en lui faisant de grands signes de la main pour le rejoindre. Kim s'arrêta un instant pour attendre son amie, et tous deux continuèrent ensemble leur chemin vers la piscine. Ils discutaient de tout et de rien lorsque le téléphone d'Ondine vibra.

« Encore un akumatisé ! Ma parole, le Scorpion ne s'arrêtera-t-il donc jamais ? »

Lorsque Kim entendit les paroles de la jeune fille, il se raidit. Il devait trouver un moyen de se transformer, et vite ! Heureusement pour lui, l'occasion se présenta rapidement : la mère d'Ondine venait d'appeler sa fille qui devait rentrer chez-elle pour garder son petit frère. La collégienne se résolut donc à quitter son ami, à contrecœur. Dès l'instant où elle fut partie, Kim se cacha derrière un muret assez haut pour que personne ne le remarque et se transforma.



Lorsqu'AndroBoy rejoignit Ladysnake, cette dernière lui expliqua la situation en quelques mots. Devant eux se tenait Maître Tensai. AndroBoy, qui pensait avoir mal compris, pria sa coéquipière de répéter. Et pourtant, les mêmes mots sortirent de sa bouche. S'ils ne réussissaient pas à le purifier, le Scorpion aurait à sa disposition des informations très précieuses. Dangereuses, même. Car s'il mettait la main sur la Miracle Box, ou s'il localisait le repaire du Gardien, Paris ne serait plus sûre. Ils devaient absolument réussir. Plus que jamais. AndroBoy balaya rapidement son adversaire du regard : il portait une longue tunique verte et sa barbe avait poussé considérablement pour presque toucher le sol. Ce costume aux inspirations japonisantes était assez simple, mais le masque qui lui recouvrait le visage ainsi que sa canne étaient plus  élaborés : le masque rouge qui recouvrait ses yeux était orné de dorures, et sa canne était entourée d'un fil d'or. Le jeune super-héros demanda à sa partenaire la raison de l'akumatisation, mais celle-ci n'en savait rien. Soudain, AndroBoy remarqua un objet qu'il ne reconnut pas se diriger vers lui.

« Attention ! »

Les deux super-héros parvinrent à esquiver le ballon vert qui leur fonçait dessus. Le projectile rebondit plusieurs fois contre des murs avant d'être saisi par un être humanoïde vert à la tête de crapaud. À côté de lui se trouvait un autre être humanoïde, mais cette fois de couleur noire et à la tête d'araignée.

« Ladysnake ! AndroBoy ! Donnez-moi vos Miraculous, ou mes créatures s'occuperont de vous !

- Maître, vous n'êtes pas dans votre état normal. Il faut...

- Il n'y a plus de "maître" qui tienne ! Désormais, je suis l'Ermite des miracles ! »

Les deux créatures de l'akumatisé bondirent sur les deux héros qui parvinrent à esquiver leur attaque.

« Regarde : chacun de ces monstres porte un Miraculous, fit remarquer Ladysnake à son partenaire.

- Bien vu, ricana l'Ermite des miracles. Mon pouvoir me permet de créer des entités à partir de Miraculous et de Destructors. Soyez donc certains de ne pas remporter la victoire ! »

L'entité à la tête de crapaud poussa un gros coassement et leva les mains en l'air. Ladysnake et AndroBoy se préparèrent à une attaque de sa part, mais la créature à tête d'araignée leur porta un coup qui les envoya au sol. La créature-crapaud prononça d'une voix rauque à peine humaine :

« Gobage ! »

Une sphère verdâtre et lumineuse apparut entre la paume de ses mains et l'entité l'envoya sur les super-héros. Tous les deux furent entièrement absorbés par la sphère qui rétrécit avant de disparaître. L'akumatisé, se rendant compte de ce qui venait de se passer, hurla sur la créature à tête de grenouille :

« Imbécile ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de faire ? »

Il reçut pour toute réponse un coassement.



Lorsque Ladysnake ouvrit les yeux, elle se rendit compte qu'elle lévitait avec son partenaire dans un espace de couleur verte infiniment gigantesque. Inquiète pour AndroBoy, elle demanda :

« Est-ce que ça va ?

- Oui, à part que je suis en train de moins en moins aimer le vert.

- Il faudra pourtant s'y habituer, se fit entendre une voix masculine. »

Les deux héros se retournèrent en même temps et s'aperçurent de la présence d'un homme d'une quarantaine d'années. Il portait une blouse noire, une cape faite de plumes noire, un masque qui lui recouvrait la moitié du visage et une ceinture de laquelle pendait une arbalète.

« Qui êtes-vous ? articula Ladysnake.

- Je suis Black Raven, porteur du Destructor du Corbeau. Enchanté. »



Alix avait suivi le combat depuis son canapé, à la télévision, et lorsque qu'elle avait compris que sa meilleure amie et son partenaire étaient en mauvaise position, elle s'était rendue au cabinet de Maître Tensai. Lorsqu'elle fut arrivée devant la porte de bois, elle frappa et cria :

« Maître ! C'est une urgence ! Je suis la meilleure amie d'Alina, enfin non de Ladysnake, enfin... peu importe. AndroBoy et elle sont en très mauvaise posture, je dois absolument les aider ! »

Mais personne ne répondit. La jeune fille plaqua sa main contre son front : le Maître ne pouvait pas lui répondre puisqu'il était akumatisé ! Alix commençait à angoisser lorsque qu'un kwami semblable à un panda roux lui ouvrit la porte – le kwami du Maître –. Alix l'avait déjà rencontré, aussi se précipita-t-elle à l'intérieur sans qu'il ne lui ait rien dit.

« Feggi ! Il y a urgence, je dois récupérer le Miraculous de l'Araignée pour aider AndroBoy et Ladysnake !

- Seul un Maître peut accorder une telle demande, je suis désolé.

- Feggi ! Tu sais aussi bien que moi que le Maître ne pourra pas me l'accorder puisqu'il a été akumatisé ! Je t'en prie, laisse-moi le prendre !

- Bon... Très bien. Mais c'est à vous que reviendra la responsabilité de cet écart si le Maître l'apprend.

- Pas de souci, j'assumerai mes actes. Mais le temps presse, je ne peux pas discuter plus longtemps. »



Arachnogirl arriva toute essoufflée sur la place du Trocadéro. Elle devait trouver l'Ermite des Miracles le plus vite possible pour sauver Ladysnake et AndroBoy. Heureusement pour elle, ce dernier se montra rapidement : il lévitait à quelques dizaines de centimètres du sol, sa canne à la main. Il ne repéra pas la jeune fille tout de suite, mais dès que ce fut le cas, il pointa sa canne vers elle d'un air menaçant.

« Créatures ! Attrapez-la ! »

Les créatures portant les Miraculous du Crapaud et de l'Araignée foncèrent sur l'intéressée, enragées. Pourtant, lorsque le regard de l'humanoïde Araignée croisa celui de la jeune super-héroïne, ce dernier disparut dans une pluie de confettis. L'akumatisé, abasourdi, ramassa le Miraculous au sol et invoqua la créature une seconde fois. Pourtant, rien n'y faisait. Le Miraculous émettait une lumière rouge ainsi qu'un « bip » à chaque fois. L'Ermite des Miracles se tourna vers Arachnogirl, très contrarié.

« Toi ! C'est de ta faute ! Tu vas me le payer ! »

A ces mots, la jeune fille pâlit mais se ressaisit rapidement.

« C'est ce qu'on va voir, monsieur, c'est ce qu'on va voir ! »

Elle tourna les talons et projeta son fil collant au loin, lequel s'enroula autour d'un lampadaire. Une impulsion prise dans les jambes lui permit de s'élancer dans les airs, et de disparaître quelques minutes plus tard.



« Feggi ! J'ai besoin du Miraculous du Crapaud !

- Arachnogirl ? Je ne peux vraiment pas vous y autoriser, j'ai déjà pris un gros risque en vous laissant utiliser le Miraculous de l'Araignée.

- Dans ce cas, fais comme si je ne te laissais pas le choix. Tu n'auras cas dire que tu n'as pas pu m'en empêcher ! »

Sans attendre sa réponse, Alix courut vers la Miracle Box et se saisit du Miraculous du Crapaud, un élastique à cheveux. Elle sortit du cabinet aussi vite qu'elle était arrivée, ne laissant pas le temps au kwami de dire quoi que ce soit.


Quelques rues plus loin, Alix réfléchit. Elle ne pouvait pas porter le Miraculous du Crapaud en même temps que celui de l'Araignée, aussi devait-elle trouver quelqu'un de confiance. Quelqu'un qui comprendrait rapidement les bases du rôle de super-héros afin de pouvoir agir le plus vite possible. A moins que... Quelques mois auparavant, lorsque Ladybug et Chat Noir avait vaincu le Papillon, les deux-super-héros avaient disparu sans laisser de traces. Pourtant, un samedi après-midi, Marinette avait invité toutes ses amies – Alya, Rose, Juleka, Mylène et Alix – pour une annonce importante. Et quelle n'avait pas été la surprise des filles lorsque cette dernière leur avait avoué être Ladybug ! Evidemment, elle leur avait fait promettre de ne rien dire à qui que ce soit, mais... Cela n'avait pas d'importance. Marinette avait de l'expérience avec les Miraculous, ce qui convenait parfaitement à Alix : elle serait la porteuse idéale du Miraculous du Corbeau. La jeune fille aux cheveux roses se dirigea donc vers la boulangerie Dupain-Cheng, salua les parents de son amie et monta retrouver Marinette. Elle lui expliqua la situation en quelques minutes, et Marinette, bien qu'un peu abasourdie de devoir être à nouveau confrontée à un akumatisé, accepta de porter le Miraculous. C'est donc avec une coéquipière qu'Alix réapparut sur la place du Trocadéro, prête à libérer sa meilleure amie et son partenaire.



Suivant les conseils d'Arachnogirl, Amphibi chercha l'humanoïde portant le même Miraculous qu'elle du regard. Et lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de la bestiole, celle-ci disparut dans un nuage de fumée. Alors, des dizaines de bulles vertes se matérialisèrent dans le ciel. Puis, une à une, elles éclatèrent. De nombreux parisiens jusqu'à lors prisonniers tombèrent au sol, paniqués. Arachnogirl et Amphibi balayèrent la place du regard, espérant remarquer les deux super-héros. Soudain, Arachnogirl pointa du doigt deux silhouettes à quelques dizaines de mètres. Suivie d'Amphibi, elle s'approcha, mais poussa un cri de stupeur lorsqu'elle discerna une troisième silhouette, toute de noir vêtue.

« Oh, je vois que vous avez appelé vos copines pour venir vous sauver, dit l'homme à Ladysnake et AndroBoy. Mais ne vous faites pas d'illusions, vous ne faites pas le poids contre moi.

- Qui êtes-vous ? demanda Amphibi, jusque-là restée silencieuse.

- Je m'appelle Black Raven, enchanté. » Répondit-il avec un sourire qui transpirait l'hypocrisie.

Un cri de rage se fit entendre et, l'instant d'après, une canne frôla la tête de Black Raven. Celui-ci se retourna pour voir qui venait de le viser et se prit un coup de la part de l'Ermite des miracles, dont les yeux exprimaient un intense désir de vengeance.

« Encore toi ! Quand vas-tu cesser de me hanter ?

- Excusez-moi, demanda Black Raven d'un ton incroyablement calme, mais qui êtes-vous ? Il me semble qu'on se connaît, mais votre tête ne me dit rien.

- Et si je te dis que je suis Hǔo-hú ? Je doute que tu puisses m'oublier ! »

Le visage du porteur du Destructor du Corbeau afficha l'étonnement durant un bref instant avant de laisser place un sourire sadique.

« Oui, je m'en souviens. Même que tu étais avec cette fillette, la dernière fois que nous nous sommes vus. Comment elle s'appelait, déjà ? Sumpfkönigin, je crois. Comment va-t-elle ? Son état empire, j'imagine ? »

L'Ermite des miracles leva le bras droit et sa canne se téléporta immédiatement dans sa main. Le super-vilain brandit ensuite son arme et déclara violemment :

« Tu vas payer pour ce que tu as fait ! »

Alors que l'Ermite s'apprêtait à charger, le fouet de Ladysnake s'enroula autour de lui, l'empêchant de bouger. Ladysnake tenta de le raisonner :

« Écoutez, Maître Tensai, il faut reprendre vos esprits. Ce que vous faites ne mènera à rien, et...

- Comment oses-tu me dire ça, Ladysnake ?! Est-ce que tu sais au moins ce qui s'est passé, il y a de cela quelques années en Allemagne ?! Ce... cet homme sans pitié a utilisé à mauvais escient les pouvoirs de son Destructor. Ma fille et moi avons dû utiliser des Miraculous : celui du Crapaud pour elle, et celui du Panda roux pour moi. Au cours de la bataille, Black Raven a utilisé son Kakotychia, un pouvoir qui invoque la malchance, sur ma fille. Elle a pu utiliser son super-pouvoir pour capturer Black Raven, mais il était trop tard : le pouvoir de malchance a donné lui avait donné une maladie très grave. Et maintenant, elle est sur le point de mourir ! »

Mû par une colère noire, l'Ermite des miracles tira violemment sur le fouet, ce qui eut pour effet de faire trébucher Ladysnake. Il en profita pour se libérer et toucha du bout de sa canne le Miraculous du Serpent des mers. Une créature à tête de serpent de mer et armée d'un fouet se matérialisa aussitôt à ses côtés.

« Créature, attaque Black Raven et tous ces super-héros ! »

La créature siffla et visa avec son fouet Arachnogirl. Par chance, AndroBoy sut réagir rapidement et plaqua la porteuse du Miraculous de l'Araignée afin qu'elle évite le coup de fouet. Les deux super-héros au sol se regardèrent un instant les yeux dans les yeux, mais ils furent ramenés à la réalité par Amphibi :

« Eh, vous deux ! Votre petite romance peut attendre. Pour le moment, on doit s'occuper des super-vilains. »

AndroBoy et Arachnogirl se levèrent, assez gênés, et se préparèrent au combat avec leurs partenaires. Avec deux super-vilains aussi puissants l'un que l'autre, on pouvait être sûr qu'il y aurait du grabuge.



Pendant que les super-héros menaient une rude bataille, le professeur de théâtre prenait un chocolat chaud dans un café du quartier. Il trempa un biscuit dans sa boisson et le mangea en deux bouchées. En attendant que son chocolat brûlant refroidisse, il se mit à repenser au passé.
Le grand Jacob Cataldi. C'était comme ça qu'on l'appelait à l'époque de sa grande gloire. Il avait été connu pour ses fabuleuses interprétations de Molière, de Racine et même de Shakespeare ! Il avait également eu une vie de rêve avec sa femme Marie et son fils Alec. Mais...
Un jour, des personnes dépourvues de coeur avaient répandu dans tout Paris des critiques et des rumeurs mal fondées. Cela avait suffi pour ruiner sa réputation, et sa femme l'avait quitté avec leur fils. Même celui-ci l'avait renié ! Jacob Cataldi avait donc sombré dans les méandres du désespoir.
Une lueur d'espoir avait cependant fini par apparaître quand il avait fait la rencontre de ce vieil homme peu ordinaire. Ils avaient immédiatement sympathisé et l'ancienne légende du théâtre avait emmené chez lui son nouvel ami, qui lui avait fait des révélations étonnantes après quelques verres. C'était ainsi que Jacob avait fini par comprendre que l'un des bijoux de sa regrettée grand-mère était en réalité un Destructor, et les deux amis avaient décidé de travailler ensemble pour s'emparer des Miraculous, dont certains permettaient d'exaucer des vœux.
Le professeur de théâtre remarqua inconsciemment deux jeunes personnes qui sautaient de toit en toit. La première était une jeune fille d'une quinzaine d'années vêtue d'une longue robe légère rouge avec des motifs de dragons noirs brodés d'or et un masque rouge qui était agrémenté d'un motif de dragon occidental ; la seconde était un jeune homme plus âgé qui portait un costume d'Arlequin à carreaux noirs et violets et un masque intriguant de Venise parsemé de papillons argentés. L'un de ces deux individus tenait entre ses bras et avec précaution une étrange boîte.



Ladysnake attaqua à maintes reprises Black Raven qui parvint toutefois à riposter avec une grâce des plus insolentes. La super-héroïne, projetée au sol, regarda autour d'elle pour faire un bilan de la situation.
Arachnogirl et Amphibi faisaient face aux créatures invoquées par l'Ermite des miracles tandis qu'AndroBoy s'occupait du super-vilain en question en esquivant les coups de canne vifs. Pour ce qui était de Ladysnake elle-même, elle avait du mal à faire fléchir son adversaire. En conclusion : les choses n'évoluaient pas. Il était peut-être temps d'utiliser les superpouvoirs.

« Amphibi, prépare-toi à utiliser ton Gobage sur Black Raven ! Et s'il invoque son pouvoir, celui d'AndroBoy devrait normalement l'annuler ! Arachnogirl, occupe-toi de l'Ermite !

- Compris ! »

Arachnogirl utilisa son fil collant pour capturer les créatures avant de les projeter en direction de la Tour Eiffel. Elle se mit ensuite à attaquer l'akumatisé qui tentait de toucher son Miraculous pour faire apparaître d'autres créatures. Pendant ce temps, AndroBoy faisait pleuvoir avec sa fronde des boules collantes autour de Black Raven, qui l'attaqua avec son arbalète. Mais le porteur du Destructor du Corbeau ne fit pas attention au fouet qui s'enroula autour de ses chevilles et qui le fit trébucher. Amphibi comprit que c'était le bon moment : elle leva les mains au ciel et invoqua son super-pouvoir.

« Gobage ! »

Une gigantesque boule lumineuse apparut alors entre ses mains. Comprenant ce que cela signifiait, Black Raven s'adressa aux super-héros :

« Vous croyez vraiment avoir gagné ? Petits prétentieux, je vais vous donner une bonne leçon. »

Black Raven lança son arbalète sur Ladysnake. La super-héroïne, sous le choc de l'impact, lâcha son fouet et tomba au sol. Black Raven se releva et cria :

« Kakotychia ! »

Le Destructor du Corbeau se mit à briller avant de laisser apparaître dans une gerbe d'étincelles deux fléchettes qui lévitaient devant le super-vilain. Celui-ci les prit et éclata de rire, sûr de sa supériorité sur ses ennemis.

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