Chapitre 3
« Vous voulez de l'info, j'ai ce qu'il vous faut ! Un nouveau super-vilain attaque Paris... Visiblement, celui qui se fait appeler le Scorpion n'est pas en reste ! Nous retrouvons en duplex notre journaliste Clara Contard pour plus de précisions.
- Bonjour Nadja, bonjour à tous. Oui il semblerait que le Scorpion ait encore frappé puisqu'une petite fille veut transformer la ville en plateau de jeu de société. Nous nous trouvons dans de la rue Matignon, sa dernière cible ; effectivement, des cases sont apparues sur le goudron et les maisons sont à présent peintes en rouge, comme dans le Monopoly. Nous espérons que Ladysnake et AndroBoy vont bientôt intervenir, ou la situation pourrait vite dégénérer...
- Merci Clara pour ces informations. Merci d'avoir suivi ce flash info spécial ! N'oubliez pas notre grand jeu télé ce soir ''Qui est le chef ?''! »
Nino éteignit son portable, et Alya confessa :
« Je regrette l'époque où Ladybug et Chat Noir combattaient le Papillon... Bien sûr, c'est bien qu'il ait été vaincu, mais Ladybug et Chat Noir ont disparu en même temps que lui, c'est tellement dommage...
- Je suis sûr que Ladysnake et AndroBoy font un aussi bon travail, répondit Adrien, flatté malgré lui par les déclarations de son amie.
- Peut-être, mais ce ne sont plus Ladybug et Chat Noir. Et puis, toutes ces histoires de Destructors ou je ne sais quoi m'embrouillent, pas vous ?
- Je ne m'y suis jamais vraiment intéressé, avoua Nino.
- Dis, Alya, pourquoi tu ne crées pas un blog sur Ladysnake, comme le Ladyblog ?
- Et trahir Ladybug ? Jamais ! répondit cette dernière avec véhémence. »
Nino se mit soudainement à ricaner, et quelques secondes plus tard tous riaient à gorge déployée.
Ladysnake appelait AndroBoy pour la cinquième fois, mais ce dernier s'entêtait à ne pas vouloir décrocher.
« Bon sang, mais qu'est-ce qu'il fiche ? Ce n'est pas le moment de me laisser tomber. »
En effet, ce n'était pas le moment : la nouvelle super-vilaine, qui répondait au nom de Queen Game et qui avait l'apparence d'une fée, venait de transformer la tour Eiffel en pion d'échec. Queen Game éclata d'un grand rire diabolique.
« Ladysnake ! AndroBoy ! Venez jouer avec moi ! »
Bon, il était plus que temps d'intervenir.
Ladysnake empoigna son lasso et le lança sur l'akumatisée. Mais, à sa grande surprise, le lasso se transforma en un vulgaire yoyo.
« Eh oui, Ladysnake. Tout ce qui me touche ou que je touche se transforme en jouet. Nananère ! »
Sans prévenir, Queen Game se jeta sur Ladysnake, qui parvint heureusement à l'esquiver. Mais l'akumatisée revint à la charge plusieurs fois et, à chaque fois, la super-héroïne parvint à faire une esquive.
« Eh ! Tu triches, là !
- Désolée, mais il est temps d'en finir avec tes règles. »
Malheureusement, Queen Game, bien qu'étant encore une petite fille, pouvait avoir des idées brillantes dans la tête. Elle s'empara d'un lampadaire qui se transforma en boomerang et le lança sur Ladysnake qui le reçut de plein fouet. La super-héroïne, sous le choc de l'impact, tomba au sol. Queen Game fonça droit sur elle, prête à la transformer en poupée.
« Eh ! Laisse-la tranquille ! »
La super-vilaine reçut au visage une bille. Elle et Ladysnake tournèrent la tête vers la source du jet, qui n'était autre qu'Alix, secondée par Kagami, la jeune descendante d'une famille d'escrimeurs.
« Chouette, murmura Queen Game. Deux nouveaux futurs jouets. »
Ladysnake comprit ce que l'akumatisée avait en tête et se leva
péniblement pour l'en empêcher. Mais trop tard : Queen Game vola jusqu'aux deux collégiennes et parvint à les toucher. Alix fut alors transformée en poupée en tutu et Kagami en canard en plastique. La super-vilaine prit les deux jouets et éclata de rire. Mais lorsqu'une boule collante atterrit en plein milieu de son dos, ses ricanements se transformèrent en sanglots.
« Aïe ! Tu m'as fait mal ! Articula-t-elle entre deux hoquets.
- Ne l'écoute pas AndroBoy, elle fait semblant.
- Je sais. Ma sœur aussi fait des caprices pour obtenir ce qu'elle veut.
- Tu as une sœur ? Enfin bref, concentrons-nous si nous ne voulons pas nous faire toucher.
- Oui tu as raison. Attends une seconde ! Où est passée Queen Game ?
- Elle a dû s'enfuir !
- Regarde ! »
AndroBoy désigna un écran géant qui projetait l'image d'une Queen Game toute excitée.
« Tous ceux qui viendront jouer avec moi auront une récompense !
- Ne l'écoutez pas ! Cria AndroBoy. C'est un piège !
- Oui, n'y allez pas ! Elle va vous transformer en jouet !
- On doit se dépêcher ou bien cela pourrait devenir dangereux...
- Oui tu as raison, allons-y. »
Alors que Ladysnake commençait à avancer en marchant, puisqu'elle n'avait plus son lasso, AndroBoy la rattrapa et lui demanda :
« Dis-donc, tu ne veux toujours pas élaborer un plan ?
- Non ! Nous n'avons pas le temps !
- Bien sûr que si ! Mieux vaut être préparés. J'ai une idée, suis-moi. »
AndroBoy tourna à gauche et s'engagea dans une petite ruelle. Il continua sur une dizaine de mètres, pour arriver dans une boutique de déguisements.
« Si on se présente déguisés, elle ne sentira pas le piège et on pourra l'attaquer tranquillement. En plus, si tu fais en sorte qu'elle touche ton yoyo, il redeviendra lasso.
- Malin, commenta Ladysnake. Mais comment suis-je censée me rendre au studio télé à pied ?
- Accroche-toi à moi, je vais te porter. »
Quelques minutes plus tard, les deux héros arrivèrent au studio sous l'apparence d'une couple de personnes âgées. Quand ils y entrèrent, ils eurent directement la confirmation que Queen Game était bien passée par là : des dizaines de jouets en tout genre traînaient au sol. Ladysnake regarda autour d'elle et constata l'absence de l'akumatisée.
« Elle doit être sur le plateau de télévision. Prenons l'ascenseur, suggéra AndroBoy. »
Cinq minutes plus tard, les deux super-héros arrivèrent à pas de loup sur le plateau. À première vue, il n'y avait personne, à part un diable en boîte qui ressemblait étrangement à Nadja Chamack.
« Fais attention, murmura Ladysnake à son partenaire, elle peut nous tendre un piège.
- Mais on a un plan, non ? Du coup, techniquement, elle ne peut rien contre nous.
- Et ton plan, c'est de nous faire passer pour des vieillards et de l'attaquer avec mon yoyo pour qu'il redevienne un lasso. Mais ensuite ? Tu fais comment pour l'immobiliser ?
- Euh...»
Un bruit attira l'attention de Ladysnake. Il s'agissait d'un canard en plastique qui était tombé du plafond. Une minute... Ce canard, c'était Kagami, ce qui voulait donc dire...
« À couvert ! »
Ladysnake se jeta sur son coéquipier au moment où Queen Game fonçait droit sur eux. La super-vilaine, enragée d'avoir raté ses cibles, revint à la charge. Une nouvelle esquive des héros, et Queen Game se prit un projecteur qui se transforma en dé.
« Tu as remarqué ? demanda Ladysnake à AndroBoy. Chaque fois qu'elle touche un objet, le diamant à sa ceinture brille.
- Donc, si on détruit le diamant, tout reviendra à la normale et on pourra enfin neutraliser cette akumatisée de malheur.
- Ça vaut le coup d'essayer. »
AndroBoy attaqua Queen Game à plusieurs reprises avec les boules gluantes de sa fronde. La super-vilaine parvint à toutes les éviter, mais elle fut prise par surprise par le yoyo de Ladysnake qui brisa le diamant. Une lueur aveuglante éclaira la pièce, et l'instant d'après, les jouets reprirent leur aspect d'origine. Ladysnake, contente de retrouver son lasso, s'en servit pour ligoter Queen Game. Et AndroBoy, quant-à-lui, immobilisa l'akumatisée afin que sa partenaire puisse la purifier. Les deux héros avaient encore du temps avant la détransformation : Ladysnake n'avait pas utilisé son Dokueki, et AndroBoy avait invoqué sa Paralysie très tardivement. Aussi, ils décidèrent de prendre un peu de temps pour discuter et apprendre à se connaître.
« Du coup, tu es en troisième aussi, c'est ça ? interrogea Ladysnake.
- Oui, c'est ça. C'est quoi ta matière préférée ?
- Le sport ! Et toi ?
- Pareil, J'adore l'athlétisme !
- Je préfère la gymnastique, mais j'aime bien courir de temps en temps. C'est toujours agréable, et puis c'est bon pour la santé.
- Moi je préfère faire la course contre quelqu'un, c'est plus amusant. On peut se lancer des défis comme ça !
- Tiens, c'est marrant, tu ressembles énormément à l'un des garçons de ma classe. Je suis sûr que vous vous entendriez à merveille. Vous êtes tous les deux sportifs, tous les deux compétitifs et vous alimentez tous les deux les stéréotypes.
- Pardon ?
- Je te rappelle que la première fois qu'on s'est vus, la première chose que tu m'as dite après m'avoir saluée c'est que c'était aux filles de faire les plans. Je me trompe ?
- Non, c'est vrai. Mais bon, j'utilise déjà mes muscles, alors c'est à toi que revient la partie cerveau ! »
Ladysnake tapa gentiment l'épaule de son coéquipier et tous deux ricanèrent. Soudain, la montre d'AndroBoy sonna pour la quatrième fois : plus qu'une minute avant la détransformation.
« Bon, eh bien je vais y aller moi ! C'était sympa de parler tous les deux, on pourrait le refaire ? Demain par exemple !
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Rendez-vous au sommet de la Tour Eiffel demain soir à 22 heures. Si on apprend à se connaître, on aura une meilleure cohésion durant les combats.
- Oui, c'est vrai. Rendez-vous pris, alors ! A demain !
- Salut ! »
Dans le manoir Agreste, les trois amis venaient de finir leurs devoirs. Nino, qui fut le dernier à terminer malgré l'aide d'Alya, proposa un babyfoot. Mais, avant qu'Adrien n'ait le temps d'approuver cette idée, son père Gabriel entra dans la chambre. Sachant ce que cela signifiait en général, Adrien dit à ses amis :
« Je crois qu'il est temps pour vous deux d'y aller.
- Dommage... En tout cas, c'était sympa, mon pote. »
Nino et Alya s'apprêtaient à prendre leurs affaires quand le grand styliste de Paris les arrêta d'un geste.
« Adrien, si tu le désires, tes amis peuvent rester un peu plus longtemps. Mais ils doivent en informer leurs parents et ne pas rentrer chez eux trop tard. »
Adrien, en guise de remerciement, sourit à son père, qui lui sourit à son tour. Nathalie entra à ce moment-là dans la chambre et informa Gabriel qu'on venait de lui réserver une place pour le tournoi d'escrime. Le sourire d'Adrien s'élargit à cette nouvelle.
Une fois sorti de la chambre de son fils, Gabriel Agreste retourna dans son bureau et contempla le portrait de sa femme. Peu à peu, il remémora le temps où il était le Papillon.
Il se souvint des akumatisés qu'il avait créés, des combats qu'il avait menés contre Ladybug et Chat Noir, des moments où il avait failli réussir... et du moment où il a dû définitivement renoncer à son rôle de super-vilain.
C'était un jour du mois d'août, lorsqu'il avait réakumatisé le Magicien maléfique. Son super-vilain, devenu plus puissant, avait causé des ravages dans Paris et avait affronté Ladybug et Chat Noir, qui ne faisaient qu'esquiver les attaques. L'akumatisé avait réussi à les piéger dans une cage mais Chat Noir s'était libéré grâce à son Cataclysme, permettant aussi à sa coéquipière de s'échapper. Puis, grâce une stratégie que Gabriel savait à présent bien étudiée, les deux héros étaient parvenus à le neutraliser.
Le Papillon avait insisté pour garder son identité secrète, et avait promis de se rendre au poste de police le lendemain, afin d'assumer la peine qui lui serait infligée. Il assura aussi rendre son Miraculous au Gardien, dont il connaissait l'identité. Ladybug et Chat Noir, bien trop méfiants, l'avaient accompagné immédiatement au commissariat. Finalement, il ne reçut qu'une amende puisque tous les dommages causés avaient été réparés. Chat Noir et Ladybug l'avaient par la suite amené jusqu'au Gardien, où il avait pu rendre son Miraculous sans que les deux jeunes gens ne le découvrent. Le Gardien avait finalement utilisé le Miraculous du Cheval pour permettre à Gabriel de se téléporter chez-lui, et lorsqu'il fut revenu, il annonça aux héros qui attendaient toujours dehors qu'enfin, le Papillon avait été vaincu.
Oui, ç'avait été un coup de maître de la part de ses adversaires. Et puis, qui aurait cru qu'après tout ce que le Papillon leur avait fait endurer, ils accepteraient de le laisser garder son identité secrète ? Une chose est sûre, certainement pas Gabriel. Il avait largement sous-estimé les protecteurs de Paris : jugés « gamins sans expérience » au début, il savait à présent que tous deux étaient courageux et savaient faire preuve d'une extrême maturité. Et de bonté aussi. Et d'intelligence. Bref, plus il y repensait, plus il se rendait compte qu'il les avait rabaissés à tort.
AndroBoy sautait de toit en toit pour rejoindre la Tour Eiffel. Une fois au sommet, il se détransforma, redevenant ainsi Kim, et donna à son kwami Ekkay un bâton de réglisse. À cette heure tardive, il n'y avait personne ; aussi le jeune collégien en profita-t-il pour admirer la vue sur la ville qu'il protégeait avec sa partenaire.
« C'est vraiment cool, la vie de super-héros ! Enfin, bien sûr, j'en ai déjà été un avant. Est-ce que je te l'ai déjà dit, Ekkay ?
- Oui, des dizaines fois. Tu m'as même dit que tu t'appelais le Roi Singe.
- Franchement, je ne suis pas mécontent. En plus, ma coéquipière est super !
- Normal, puisque c'est une super-héroïne.
- Au début, j'ai cru que c'était Alix. Mais vu qu'elle a été transformée en jouet alors qu'il y avait Ladysnake, elles ne peuvent pas être la même personne.
- Tu ne cherches quand même pas à connaître l'identité secrète de ta partenaire ?
- Non, je constate juste que Ladysnake ne peut être ni Alix, ni Kagami. Si t'avais vu leur tête quand elles ont repris leur apparence normale ! Alix n'en revenait pas d'avoir été transformée en poupée en tutu. »
Ekkay termina son bâton de réglisse et confessa à son porteur :
« Écoute, je n'ai rien contre le rendez-vous de demain avec Ladysnake, mais je pense qu'il vaudrait mieux que vous soyez tous les deux à l'affût.
- T'inquiète, tout ira bien. Bon, il est temps de rentrer. »
Le lendemain matin, dans un collège parisien, le professeur de théâtre qui avait été akumatisé en Dramaturge venait de clore la séance.
« Et n'oubliez pas : révisez bien vos répliques pour la prochaine fois. »
Une fois tous ses élèves partis, le professeur entra dans les coulisses et monta à l'étage. Il y était à peine arrivé lorsqu'une silhouette se découpa dans l'obscurité. Le professeur proféra un juron.
« Ça ne va pas de me faire une peur pareille ? J'ai cru que tu étais un flic !
- Allons, allons. Pourquoi est-ce qu'un policier viendrait ici ?
- Et si on finit par découvrir le rapport entre moi et toi ? Ou plutôt, entre moi et le Scorpion ? »
L'autre homme ne put s'empêcher de sourire à cette remarque.
« Ne t'en fais pas, je vais brouiller les pistes. Il ne reste plus qu'à trouver le bouc émissaire idéal. »
Le jour suivant, Adrien arriva au tournoi d'escrime avec dix minutes d'avance, et se dirigea vers les vestiaires afin d'enfiler sa tenue. Lorsqu'il revint dans la cour, un bon nombre de spectateurs étaient déjà installés. Il se mit en place, et au coup de sifflet, salua son adversaire puis attendit que ce dernier ait fait de même pour commencer le combat. Son concurrent était rapide et vif : il parait tous ses coups, et l'avait manqué de justesse trois fois déjà. A chaque fois qu'Adrien participait à un tournoi d'escrime, il retrouvait un peu l'exaltation qui l'habitait lorsqu'il était super-héros. Parfois, son rôle lui manquait. Mais la seconde d'après, lorsqu'il repensait à tout ce qu'il avait risqué - sa vie, celle de Ladybug et celle des Parisiens en général -, il se disait que peut-être n'était-ce pas plus mal. Bien sûr, être Chat Noir avait aussi ses bons côtés : rien n'égalerait jamais le sentiment de liberté qu'il éprouvait en courant sur les toits ou encore la fierté qui l'emplissait lorsque sa coéquipière et lui vainquaient un akumatisé, c'était certain. Mais à présent qu'il voyait Ladysnake et AndroBoy, il réalisait à quel point cette responsabilité était lourde à porter. Avoir le destin d'une ville toute entière sur ses épaules, ce n'était pas rien ! Adrien sentit le fleuret de son adversaire se courber au contact de son ventre. Il s'était laissé distraire, et venait de perdre. Jamais encore il n'avait perdu un combat, et encore moins alors que son père le regardait. Quelle honte ! La stupéfaction et la colère qui avaient traversé le regard de Gabriel en disaient long sur ce qu'il avait pensé de la prestation de son fils. Adrien, gêné, salua son attaquant et se pressa pour regagner le vestiaire. Il se changea hâtivement et rejoint son père, le regard fuyant.
« Adrien, tu t'es laissé distraire !
- Je le sais Père, je suis désolé.
- Tâche de rester concentré la prochaine fois. Allez viens, rentrons.
- Oui Père. »
Adrien ne s'attendait pas à pareille réaction. Pourtant, depuis qu'il avait avoué à son père sa véritable identité, ce dernier semblait moins sévère. Ou peut-être moins protecteur. Le collégien avait tenté d'aborder une nouvelle fois le sujet avec son géniteur, mais celui-ci avait à chaque fois détourné la conversation avec talent. Cependant, Adrien ne s'avouait pas vaincu. S'il y avait bien une leçon qu'il avait tirée de ses aventures, c'est qu'il ne fallait jamais baisser les bras. Il décida donc de confronter son père une nouvelle fois, lors du dîner :
« Père ?
- Qu'y a-t-il ?
- A quoi avez-vous pensé lorsque je vous ai avoué être Chat Noir ?
- Je...
- S'il-vous-plaît Père !
- Je... Je me suis senti coupable.
- Mais enfin, coupable de quoi ?
- De... de n'avoir rien remarqué. De ne pas avoir été capable de te protéger. De t'avoir mis en danger.
- Mais rien de tout ça n'était votre faute, voyons ! C'est le Papillon qui transformait tous ces innocents en super-vilains.
- Il... Je... Je dois travailler sur ma nouvelle collection, bonne nuit Adrien. »
Gabriel se leva et sortit précipitamment de la salle à manger. Il était fréquent qu'il quitte la table en plein milieu du repas, aussi Adrien ne s'en formalisa-t-il pas.
Tout en regardant à la télé les gagnants du tournoi d'escrime, le Scorpion se laissa transporter par ses souvenirs lointains.
Il se rappela le jour où des hommes étaient venus chez ses parents pour emmener son frère Wang dans leur temple. Il était allé chercher du bois ce jour-là, et n'avait appris la nouvelle que bien plus tard. Il avait alors accouru au temple et avait frappé les portes de toutes ses forces jusqu'à ce qu'on lui ouvre. Il avait alors supplié l'homme à la porte de laisser Wang rentrer chez sa famille, que les moines n'avaient pas le droit de lui retirer son frère. L'homme lui avait répondu que c'était impossible avant de refermer la porte, ignorant ses supplications. Mais lui, bien qu'étant très jeune, n'avait jamais oublié le visage de l'homme qui lui avait refusé de retrouver Wang Fu.
Il se souvint du jour où il avait retrouvé un Destructor, celui de la Biche, qui permettait à son porteur de vivre plus longtemps et de guérir de ses blessures. Il s'était alors transformé et était retourné au temple, décidé à revoir son frère. Mais quand il avait constaté la disparition du temple, son cœur s'était brisé. Il n'avait cependant pas perdu espoir. Chaque jour, chaque mois, chaque siècle qu'il avait pu vivre grâce au Destructor de la Biche, il s'était mis à la recherche de son frère ou d'un moine du temple disparu.
Malheureusement, il perdit son bijou. Petit-à-petit, les souffrances et la vieillesse des années passées le rattrapèrent. Son dernier espoir était le Destructor du Scorpion qu'il avait retrouvé.
Et, un matin, il avait enfin reconnu quelqu'un au milieu d'une foule de Parisiens : le moine qui lui avait interdit de revoir son frère. Malgré qu'il l'ait perdu de vue, il avait la conviction que son homme était encore à Paris. Il s'était donc réfugié dans un théâtre et avait proposé une collaboration à un professeur qui rêvait de retrouver sa gloire passée.
Les souvenirs du Scorpion s'interrompirent lorsqu'il sentit un frisson lui parcourir le dos. Un de ses scorpions venait de faire une nouvelle victime.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top