CHAPITRE 8 : Harry Styles.
La date du premier jugement est arrivée ce matin. Dans deux mois, Louis sera jugé. C'est Niall qui a déposé la lettre sur mon bureau. Il n'a rien dit et s'est juste contenté de m'expliquer les affaires que j'allais défendre aujourd'hui. Ça va un peu mieux entre nous. On évite juste de parler des sujets qui fâchent. Il a nous a même invité avec Peter a venir manger chez lui pour la baby shower de Lily. Sachant qu'il est encore chez ses parents, je vais sûrement devoir ici aller seul.
« Le doyen de fac de Westminster a accepté de nous recevoir. M'informe Dua en arrivant presque en sautillant dans mon bureau.
- Vraiment ? Comment tu as fait ?
- J'ai usé de mon charme. Elle me dit avec un sourire en coin. Non je plaisante, je lui aie dit que j'étais sollicitor et que je travaillais sur une enquête sur l'un de ses professeurs.
- Mais sa secrétaire ne voulait pas que tu le vois !
- J'ai réussi à avoir la ligne de son bureau pour l'appeler personnellement. Au début, il a refusé de un entretien. Soit disant qu'il n'avait pas le droit de nous donner le dossier administratif de Louis. Le secret professionnel, blabla. Enfin bref, j'ai quand même réussi à le convaincre en lui disant qu'une enquête avait été ouverte contre Tomlinson et qu'il devait coopérer pour ne pas être accusé de complicité. Et on a un rendez vous avec lui, cette semaine. »
Dua a toujours été hyper débrouillarde. Prête à tout, elle a l'esprit de compétition mais elle est aussi dotée d'une grande ruse. Elle aurait presque pu passer le concours pour rentrer dans un des quatre Inn de Londres pour devenir barrister. Cette fille est plus intelligente qu'on ne peut le penser en la voyant. Très jolie et fine, elle sait jouer de ses charmes. Elle me fait beaucoup penser à Eleanor, la meilleure amie de Louis. Elles pourraient s'entendre toutes les deux.
« Tu es parfaite, Dua. Dis, cet après midi, ça ne te dérange pas d'aller avec Niall au tribunal ? Je dois voir Elizabeth pour avoir son témoignage.
- Elle devait venir jeudi après midi ?
- Non mais je lui ai demandé de venir plutôt. Le procès est dans deux mois et nous allons devoir trouver un maximum de preuves contre Monsieur Tomlinson avant le procès. Et le témoignage d'Elizabeth est primordial pour l'enquête.»
Elle hoche la tête et s'apprête quand je la vois s'arrêter sur le pas de la porte et me demande timidement :
« Tu es sûr que tout va bien ? Je veux dire...ce n'est pas trop compliqué pour toi ? De collecter des preuves contre lui ?
- Non ça va, ne t'en fais pas. Je lui fait un pâle sourire, censé la rassurer. Aller va voir les affaires que Niall a cet après midi.»
Elle n'est pas convaincue par ce que je viens de lui dire mais elle ne dit rien. Elle se doute bien que tout ne va pas bien. Que c'est le bordel monstre dans ma vie et que ces carnets me retournent complètement l'esprit. J'ai tellement envie de commencer par la fin mais étrangement, je ne le fait pas. J'ai envie de tout connaître de l'homme qui est à la fois quelque chose de connu et de mystérieux. Dans ces carnets, il a écrit sa vie, ses pensées, son enfance, ses peines, ses désirs et c'est pour cela qu'il me les a donnés. Il sait que je vais trouver des choses qui sont utiles pour moi, et une forme de soulagement pour lui. Mes proches évitent de me demander comment je vais et je les remercie de ne pas le faire parce que je serais moi même incapable de le dire.
Elizabeth passe la porte de mon bureau vers 14h30 quand Niall et Dua sont partis. Par mesure de précaution, son père a fait venir avec elle, deux gardes du corps. Cristal a failli s'étouffer quand elle a vu des armoires à glace avec des lunettes arriver dans le cabinet. Je l'ai entendu pousser un petit cri de surprise depuis mon bureau. Elle a dû se croire dans Men In Black. De toute façon, un rien lui fait peur. Cela amuse beaucoup Niall qui adore lui flanquer la trouille.
Je fais installer Elizabeth dans mon bureau. Elle n'a pas l'air rassurée mais elle finit par s'asseoir, sur la défensive. Hier, j'ai reçu une photocopie de l'expertise médico-psychologique d'Elizabeth. Le psychologue a bien détecté un traumatisme grave avec des séquelles psychologiques énormes. Il est marqué dans le rapport qu'Elizabeth montrait déjà avant des signes de crises de paniques fréquentes mais depuis son agression ces crises de paniques ont triplées.
«Tu as repris la faculté depuis ? J'engage la conversation.
- Oui, j'y vais uniquement l'après midi. Le matin, j'ai des cours particuliers. Mes parents ne veulent pas que j'y aille seule.
- C'est déjà bien que tu aies décidé de reprendre un rythme de vie normal. Si je t'ai demandé de venir aujourd'hui, c'est pour avoir à nouveau ton témoignage. Je la vois encore une fois se crisper. J'aimerais aussi savoir précisément ce qu'il s'est passé le jour où ton professeur t'a agressé.
- Tout a commencé il y a plusieurs mois maintenant. A la mi-février. J'avais Monsieur Tomlinson seulement depuis le début du deuxième semestre. J'avais lu beaucoup de ses travaux sur la famille. J'entendais dans les couloirs que c'était un très bon professeur et qu'il était accessible en cas de problème avec le cours. Je reconnais que j'avais des difficultés dans sa matière et les devoirs que nous avions à faire en travaux dirigés me posaient des problèmes de compréhension. Il s'occupait d'un petit groupe de travaux dirigés et j'en faisais partie. Un soir, je suis allée le voir. Il m'avait aidé à le comprendre et avait demandé quelques informations à mon sujet. J'ai répondu brièvement et je suis partie. Durant le reste des cours, il venait souvent m'aider pour les TD. Au début, je trouvais que c'était gentil de sa part d'aider les étudiants en difficulté. Puis petit à petit, ses mains sont devenues plus baladeuses, ses paroles doucereuses. J'ai tenté de m'échapper et de le repousser mais rien n'y faisait. Un jour, j'ai reçu le message d'un inconnu et après un échange de quelques messages, j'ai compris que c'était lui. Il m'envoyait beaucoup de messages parfois pour me parler des cours, parfois pour me demander...d'autres choses.
- D'autres choses comme ?
- Des informations sur moi. Où je vivais, ce que j'aimais faire. Puis, les questions sont devenues plus ciblées. Il..il me demandait si j'avais quelqu'un dans ma vie, si j'étais seule le soir chez moi, si..si j'avais envie de le revoir. J'avais coupé tout contact avec lui en ne répondant plus à ses messages, mais ça continuait. J'ai eu un moment de répit quand il est parti deux semaines en France pour des conférences. Puis il est revenu et tout a vraiment dérapé le soir du 6 avril. C'était un peu avant les partiels. Il avait demandé à me voir à la fin du cours. Il m'avait demandé pourquoi je ne répondais plus à ses messages, pourquoi je l'ignorais. A ce moment là, il a agrippé mon bras en essayant de me retenir en me disant que ça allait mal se passer si je continuais à être aussi insolente. J'ai réussi à m'enfuir et c'est là que j'ai porté plainte. »
Elle finit sa tirade, le visage rougit et les yeux remplis de larmes qui perlent aux coins de ses yeux. Elle reprend son souffle et serre contre elle, son sac à mains comme pour se protéger. J'essaie de ne pas être déstabilisé et continue mes questions :
« Vous avez encore conservé les messages qu'il vous a envoyé ?
- Ils sont sur mon ordinateur et mon portable mais c'est la police qui les a pour l'instant.»
J'essaie d'expliquer à Elizabeth comment va se dérouler le procès et les peines que pourraient encourir son agresseur. Il aura surement une peine de prison mais la durée de son séjour là bas, risquerait de varier en fonction des juges. Elle reste muette un moment et me demande :
« Est ce que je vais me retrouver face à lui ? Est ce que je vais devoir lui parler ?
- Vous êtes le témoin clé de cette affaire, donc j'ai bien peur que oui. Autre chose, ne vous laissez pas intimider par l'avocat de votre agresseur. Il a des méthodes un peu...brute. Il sera amené à vous poser aussi des questions sur votre témoignage, donc restez calme et dîtes tout ce que vous m'avez dit tout à l'heure.
- Merci de me défendre monsieur Styles.
- Tout va bien se passer, Elizabeth. »
Elle semble un peu plus rassurée que tout à l'heure quand elle est arrivée. Je lui propose un café qu'elle refuse et elle décide de partir. En partant, je vois Cristal en train de discuter avec l'un des gardes du corps de ma cliente. Le courant a l'air de bien passé parce que je l'entends glousser et ses pommettes sont rougies.
« Cristal, j'aimerais beaucoup que vous me cherchiez le nom du poste de police qui a pris la déposition de plainte d'Elizabeth Pemberton.
- Tout de suite monsieur. »
Je vais ensuite accompagner Elizabeth jusqu'à la voiture qui l'attend devant la porte. Cristal arrive à mon niveau et fait des grands gestes de la main.
« Ils étaient vraiment gentils ces gardes corps. Elle me dit quand la voiture s'éloigne. Et très beaux. Ils étaient très classes.
- Vous savez que vous êtes mariée ?
- Je sais apprécier les bonnes choses, monsieur Styles. Et puis, ce n'était pas vraiment pour moi que je regardais mais pour vous. »
Je manque de m'étouffer quand elle me dit ça. Je la regarde avec des gros yeux et dis :
« J'ai déjà quelqu'un vous savez.
- Oui l'écossais qui vous apportait des énormes bouquets de fleurs. En plus, j'y étais allergique et il me demandait tout le temps de vous les emmener dans votre bureau. Je peux vous dire que dès que je le voyais arriver, je prenais deux antihistaminiques. L'horreur ! Rien ne vous interdit un interlude avec quelqu'un d'autre... Elle ajoute avec un sourire en coin.
- Donc je devrais tromper mon conjoint ?! Mais qu'est ce que vous avez bu aujourd'hui ?
- Je plaisante, calmez vous. Votre chéri est très bien mais dites lui d'arrêter les bouquets de fleurs et de prendre plutôt des chocolats.
- Au travail Cristal ! Je crie depuis mon bureau, amusé. »
C'est un appartement vide que je trouve encore une fois en rentrant le soir. Les lumières de la ville éclairent mon appartement. Parfois, j'aime resté dans le noir complet pour admirer depuis la baie vitrée Londres de nuit. C'est apaisant. Je finis par m'installer à mon bureau et regarder mes prochaines affaires. J'ai pris un peu de retard dans mon boulot à cause de l'affaire Pemberton-Tomlinson. Même si je sais que Dua et Niall arrivent à tenir le rythme, je ne dois pas non plus manquer à mes devoirs. Après bien trois heures de lectures des nombreuses affaires que Cristal m'a déposé avant de partir, je décide de faire une pause. Installé dans mon canapé, je prends le carnet de Louis que j'ai commencé à lire l'autre soir.
Les pages défilent devant mes yeux et je m'arrête plus spécialement au 20 février.
20 février 2010 :
Il était là devant ma porte d'appartement, les cheveux trempés et une boîte dans les mains. Nous nous étions regarder un moment sans rien et il avait fini par parler :
« Salut, ça va ? Devant mon manque de réponse, il continua. Je suis venu te rendre tes habits et un petit cadeau pour te remercier pour la dernière fois. »
Il avait fini de parler avec le même sourire que les femmes au foyer dans les films américains. Celles qui ont des robes roses bonbons et des bigoudis dans les cheveux qui viennent toquer aux portes de leurs nouveaux voisins avec un gâteaux ou des affreux cupcakes. Ma mère adorait regarder beaucoup de ces séries à la con (que je regardais aussi en cachette bien sûr).
« Louis écoute je-
- Tu devrais rentrer, mes voisins vont se demander ce que tu fous devant ma porte. »
Le bouclé retrouva soudainement le sourire et rentra dans mon appartement. Comme d'habitude,tout était en bordel. Je n'étais pas un grand fan de rangement et mes feuilles de TD traînaient partout. Harry tenta de se frayer un chemin au milieu de mon bordel et s'assied finalement sur mon bureau. Je le vois regarder partout. Il ne se souvenait sûrement pas de quand je l'avais ramené chez moi, à sa demande. Il était beaucoup trop alcoolisé.
« C'est sympa chez toi.
- Pourquoi tu es venu ?
- Parce que je voulais te remercier. Il se mit à jouer nerveusement avec ses bracelets. Je suis parti un peu comme un sauvage la dernière fois sans te remercier comme il faut.
- Ne t'en fais pas, c'est normal. Tu étais vraiment mal... C'était le moins que je puisse faire.
- Tiens c'est pour toi. Il me tendit un petit paquet un peu cabossé, sûrement à cause du voyage en train . »
De peur que ça soit une bombe, je déchirais prudemment le papier et découvre avec surprise, un coffret de plusieurs petits cahiers tous rouges rangés dans un ordre bien précise. Lorsque je découvris le nom de l'auteur, je restais sans voix un moment.
« C'est un recueil des livres de Georg Simmel ?
- Pas tout à fait, c'est ses idées principales regroupées dans plusieurs livres. Il appartenait à mon oncle. Il adorait la philo et quand il est décédé, ma tante a vendu ses affaires. Je..j'espère que ça pourrait t'être utile.
Je regardais encore et encore les bouquins. Harry venait vraiment de me ramener des livres qui de sociologie sur un auteur que je lisais pour ma thèse. Merde mais comment il avait su ? A ce moment là, j'étais tiraillé entre lui sauter dans les bras et lui demander s'il n'était pas totalement fou.
« Comment tu savais pour mes études ?
- Ta sœur. Cher m'a dit que tu étais en sociologie. Ce ne sont que des citations et quelques extraits de ces livres. Si ça ne te plaît pas...
- Merci beaucoup Harry. »
Heureux que ça me plaise, il me répondit avec le même sourire timide que tout à l'heure. Il était mignon. Je regardais les rougeurs sur son visage, ses deux petites fossettes, ses lèvres d'un rouge mordu et ses cheveux bouclés qui retombaient sur son visage pâle. Je n'avais pas remarqué tous ces petits détails quand il était en train de vomir dans la bassine.
« Tes parents n'ont rien dit pour la dernière fois ?
-Ma mère était folle de rage. Elle m'a punie de sortie jusqu'à la fin du mois. J'aurais dû la prévenir mais je n'étais pas vraiment en état de le faire...
- Je ne te le fais pas dire.»
Le matin après l'avoir amené ici, il avait fini avec une gueule de bois affreuse et un sommeil digne d'une princesse. Il s'est quand même réveillé en milieu d'après midi. Il était tellement honteux qu'à peine levé, il est parti comme un voleur. Harry reste l'après midi avec moi. Il était un peu timide au début, mais il s'est mis à l'aise au fur et à mesure. Échange après échange, j'en ai appris plus sur lui. Il vient d'un coin paumé entre Liverpool et Manchester, il a une sœur plus âgée que lui et il va avoir son A-Level dans l'année.
« Comment tu as connu ma sœur ? Je lui demande.
-Elle sortait avec un de mes amis et on a gardé contact après qu'elle se soit séparée de lui.
- Voilà pourquoi tu étais à cette fête. »
Apparemment, lui rappeler cette soirée le fait rougir de honte. Moi, ça me faisait rire alors je continuais. Je ne l'avouerai sûrement jamais mais j'ai passé une bonne après midi avec lui et j'étais content qu'il soit revenu. Vers 17h, je l'ai raccompagné à gare pour qu'il reprenne son train.
« C'est gentil de m'avoir accueilli.
-Tu pensais que j'allais te laisser sur le pas de la porte avec tes livres ?
- Pourquoi pas ! On ne se connait pas beaucoup. Harry se mit à rougir.
- Connaissait pas beaucoup. Je le corrige. Avec toutes les informations que tu m'as donné sur toi, je pourrais cambrioler ta maison et draguer ta sœur de 19 ans.
Harry se figea un instant et m'étudia un moment, ne sachant pas si je plaisantais ou pas. Je rajoutais avec une petite tape dans le dos :
« Ça va détends toi, je plaisante. Je ne vais pas draguer ta sœur.
-Elle est déjà prise de toute façon.
- On peut toujours marquer un but quand il y a un gardien.
- Louis ! Il fit un air faussement offusqué.
- Ok j'arrête.
- Vas y, tu vas rater ton train.
- C'était sympa de te voir. On pourrait se revoir un de ces jours...? Il demanda timidement. »
Evidemment. J'avais bien envie de le connaître un peu plus.
- Quand tu ne seras plus puni de téléphone, envoies moi un message.
Il prit le papier et le plia soigneusement avant de le ranger dans sa poche et s'en alla rejoindre son train. Un dernier signe de la main et il avait dans la foule, en me laissant, un faible sourire sur les lèvres.

Un chapitre qui nous apporte quelques éléments en plus sur ce qu'il s'est passé entre Louis et Elizabeth. Qu'en pensez-vous ?
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