CHAPITRE 6 : Harry Styles.

Nous arrivons chez ma mère le dimanche midi avec un quart d'heure de retard. Peter est arrivé tard hier soir de Paris et nous n'avons pas entendu le réveil ce matin. Lorsque nous arrivons, nous sommes accueillis par ma mère qui clopine vers nous avec sa jambe dans le plâtre.

« Vous êtes encore en retard ! Elle nous gronde avant même de nous dire bonjour.

- Harry met BEAUCOUP de temps à se réveiller le matin. Plaisante Peter en saluant chaleureusement ma mère.

- Ça ne m'étonne même pas. Un vrai bébé. Quand il était bébé, on était obligé de le réveiller plusieurs parce que rien ne le réveillait.

- Hey, je suis là. »


Elle rit et vient me prendre dans ses bras. Un mois que je ne l'ai pas vu et elle m'a affreusement manqué même si nous nous appelons souvent. James, un de mes cousins, arrive en courant avec ses béquilles qu'elle a sûrement balourdées pour venir nous voir. Je secoue la tête avec un sourire. Elle est incorrigible !


« Anne, tes béquilles. Il braille.

- Il ne peut pas me laisser tranquille, infirmier de pacotille. Elle marmonne avant de lui répondre avec le sourire. Merci James, tu es un amour. »


James nous serre la main et propose à ma mère de la ramener. Elle l'envoie bouler gentiment et il repart vers les invités sans rien ajouter. Le pauvre, elle doit lui mener la vie dure. James est infirmier et il s'occupe de ma mère depuis qu'elle a la jambe dans le plâtre. Même si elle a Paul, elle accapare toute l'attention. Les venues de James permettent à Paul de se reposer un peu parce qu'Anne Styles en béquilles, c'est plus éprouvant que d'avoir dix enfants à garder. Elle ne tient pas en place.


« Tu pourrais être un peu plus gentille avec James, il est là pour t'aider. Je lui fais remarquer pendant que nous traversons le jardin.

- J'en ai marre que l'on s'occupe de moi, je ne suis pas handicapée.

- Tu as quand même passée deux semaines en fauteuil roulant, maman. On t'aide et en plus tu fais la difficile. »


Elle soupire et se tourne vers Peter pour pouvoir le rallier à sa cause. Je la connais. Quand elle sait que tout le monde a raison, elle va demander du soutien à mon cher petit ami, comme elle sait qu'il ne veut pas froisser sa belle maman et faire bonne figure, il va être d'accord avec elle. Avant qu'elle n'ouvre la bouche, je la coupe.


« N'essaie même pas de demander un semblant de soutien à Pete, il est d'accord avec moi. Tu n'es pas en état de gambader comme un cabri avec une jambe dans le plâtre.

- Vous élevez des enfants, vous les éduqués et voilà comment vos enfants vous traitent. Elle dit avec un ton dramatique. »


Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel et de sourire. Insupportable je vous dit. Nous saluons tous les invités présents. Il y a beaucoup de personnes de ma famille dont des cousins, cousines que je n'ai pas revus depuis au moins dix ans. J'en profite pour présenter Peter a un peu tout le monde, comme beaucoup ne le connaissent pas encore. Cela fait un an et demi que je suis avec lui mais je suis longtemps resté à l'écart de Redditch et de ma famille. Dans un coin du jardin, je vois ma sœur en pleine discussion avec une tante. Je cours vers elle pour la serrer dans mes bras.

» Si tu pouvais éviter de m'étouffer, ça serait pas mal. Je me détache d'elle et lui fait un bisou sur la joue.

- Tu m'as manqué, toi aussi. C'est comment l'Espagne ?

- C'est super, vous devriez venir un de ses jours. Elle nous propose à Peter et moi. Barcelone est une ville pleine de surprise et il y a beaucoup de choses à faire. »

Gemma commence à nous parler de ses études et de Barcelone. Depuis 6 mois, elle étudie là bas dans l'optique de devenir professeur d'espagnol à la fac. Passionnée de la civilisation hispanique, elle a décidé de faire une petite pause d'un an entre son master et son doctorat pour aller en Espagne.


« Tu ne nous pas ramené un espagnol ? Je la taquine.

- Je ne suis pas là bas pour draguer, contrairement à toi. Elle désigne Peter qui rit. Tu pars deux semaines en voyage en Écosse et tu nous ramène un copain.

- Tu es bien contente d'avoir un beau frère aussi adorable, alors arrête de te plaindre ! »

Peter et Gemma se mettent à rire de bon cœur. Ils s'entendent bien tous les deux et heureusement. Comme pour ma mère, elle a eu du mal quand je me suis séparé de Louis. J'avais peur qu'elles soient un peu réticentes quand j'ai ramené Peter pour la première fois, mais le courant est très vite passé. De toute façon, qui déteste Peter sérieusement ? Il a tout ce que voudrait une belle mère pour son fils.

Nous nous dirigeons vers le buffet pour nous servir des verres de champagne. La table est jolie décorée avec des motifs fleuris et des bouquets de fleurs sur les tables. Même si le temps n'est pas génial, nous pouvons profiter de dehors. Nous avons la chance d'avoir un grand jardin dans ma maison d'enfance. C'est toujours avec une pointe de nostalgie que je regarde cette maison où j'ai grandi. Elle n'est pas très grande, mais elle est jolie et nous avons un grand jardin. Au divorce de mes parents, mon père a laissé la maison à ma mère et il est parti au nord de Liverpool se trouver quelque chose d'un peu plus petit. A l'arrivée de Paul, tout a changé. En tant que paysagiste, il a arrangé toute la maison. L'année dernière, ma mère a même reçu le prix de la maison la plus fleurie du quartier. Une petite fierté pour elle, qu'elle n'hésite pas à montrer.

Après un apéritif bien chargé en petits fours, nous partons à la grande table installée au fond du jardin où tout est prêt pour le repas. Avant de commencer, Paul fait un long discours à ma mère pour son anniversaire, qui nous émeut tous. Ils sont ensemble depuis bientôt 10 ans et il a été à ses côtés dans les pires comme dans les meilleurs moments. J'ai toujours envié leur relation. C'est un couple qui a toujours été là l'un pour l'autre et qui continue de s'aimer après 10 ans de mariage. De nos jours, c'est rare encore plus quand on est avocat. C'est étrange parce qu'on se dit que ce genre de relations sont comme des diamants, elles sont rares. Ce n'est pas tous les jours que l'on se dit que l'on pourra passer sa vie avec une personne en particulier, faire des projets, avoir des enfants, une maison et pouvoir se dire tous les matins que c'est cette personne que l'on aime et pas une autre.

J'ai connu ça une fois. Cette sensation d'être amoureux chaque matin au réveil et de se coucher le soir avec cette même impression. Malheureusement, c'est souvent ces relations qui nous font les plus souffrir lorsque c'est fini. On se prend un mur qui s'appelle, la réalité. On est pris dans un espèce d'état euphorique et la chute est violente, parfois mortelle. Comme avec de la drogue.


« Tout va bien Harry ? Peter passe sa main sur ma cuisse.

- Oui désolé, j'étais dans mes pensées.

- Tu devrais te reposer un peu, tu as mauvaise mine en ce moment.

- On fera une petite sieste en revenant. Je lui fait un sourire en coin. »

Peter comprend mon sous entendu et sourit avant de me dire :

« Non pas ce genre de sieste, TU vas aller te reposer. Je ne tiens pas à t'épuiser, encore plus que tu l'es déjà.

- Dites les gars, je suis à côté. Donc ça serait sympa d'éviter de parler de vos siestes crapuleuses loin de moi. Intervient Gemma, la bouche pleine. »

Peter change littéralement de couleur. Il est rouge pivoine. Je me contente de lever les yeux au ciel fasse à la remarque de ma sœur Elle fait sa prude alors qu'à mon avis, elle est pire que moi. Pendant le repas, je discute un peu avec tout le monde et je vois que Peter est bien intégré à notre famille. A un moment, il reçoit un appel - sûrement du boulot - et s'éclipse. Me voilà entrain de taper la causette à ma grande tante Jane qui ne fait que de me raconter la fois où elle a rencontré son défunt mari, Hubert. Je suis sauvé par ma mère qui me demande d'aller l'aider en cuisine. Avec sa jambe en moins, elle ne peut pas forcément porter de plats surtout quand elle est en béquilles. Quand j'arrive dans la cuisine, je la vois essayer de tenir en équilibre sur ses béquilles. Appuyé contre la porte, je la regarde se démener avant de venir l'aider.


« Tu joues avec le feu, les assiettes vont finir par terre. Laisse moi au moins t'aider. »


Même si elle ne veut pas l'avouer, elle est heureuse que je sois venu l'aider. Je vois qu'elle était entrain de préparer les assiettes pour le dessert. Un énorme gâteau est prévu, quatre étages avec de la chantilly et des fruits rouges. Par gourmandise, je passe mon doigt sur la crème.


« Il n'en restera plus si tu commences à en prendre. Elle me donne une petite tape sur la main.

- Je goûte. Je lève les mains en signe de paix.

- Tu devrais profiter un peu de Peter, à ce que j'ai compris, il n'est pas là pour longtemps. »

Elle tourne la tête vers la baie vitrée où l'on voit le jardin. Peter est là, entrain de discuter un verre à la main. Ce matin dans la voiture, Peter m'a dit qu'il comptait partir quelques jours dans sa famille qui a une maison dans le Nord de l'Angleterre.


« Il va chez ses parents une semaine et demie. Il a envie de revoir Connor. Je lui dit en essuyant de manière nonchalante les assiettes.

- C'est toujours aussi compliqué avec ses parents ? »


Je pousse un long soupir. Les parents de Peter ne m'aime pas du tout. Ils m'ont détesté quand j'ai passé la porte de leur maison de maître des Hamptons un soir d'été. Peter a eu envie de me présenter ses parents quand nous étions à New York. Il est issu d'une famille de médecins fortunés et reconnus qui ont une villa immense dans les Hamptons et plusieurs domaines en Écosse. J'avais mis ma plus belle chemise et j'avais décidé de jouer l'enfant sage durant toute la soirée. J'avais même débarrassé la table et tenté d'engager la conversation avec Albert, le père de Peter. Rien n'avait marché. Je me suis retrouvé seul avec sa mère dans la cuisine et là, elle a dit tout ce qu'elle pensait sur moi et son fiston chéri. J'étais un pauvre gamin qui venait piquer le fric de son fils, que j'étais un espèce de débauché qui ne méritait de me marier avec des hommes aussi dépravés que moi. J'avais fait comme si de rien n'était et je lui avais souri. Je n'en avais pas parlé à Peter, de peur de le blesser. Une autre fois, nous sommes revenus avec Peter et cette fois ci, ça a été au tour de son père. J'ai quitté la table et je suis parti. Je n'étais pas le bienvenu dans cette famille et on m'avait bien fait sentir tout ça.

La seule personne qui m'apprécie chez les Walsh, c'est Connor. Il est le frère jumeau de Peter et même s'ils sont totalement différents, Connor est quelqu'un de très sympa et complètement contre les idées conservatrices de ses parents. Quand il vient à Londres, c'est avec plaisir que nous nous voyons.

« Ils me détestent qu'est ce que tu veux. Ils n'ont toujours pas compris que leur fils n'aime pas les femmes et ils pensent que c'est de ma faute. Que je l'ai corrompu. J'ajoute entre guillemets.

- Ils changeront d'avis avec le temps. C'est parfois compliqué pour des parents d'accepter ça.

- Ses parents sont des espèces de pourris remplis de fric qui n'acceptent pas que je rende leur fils heureux. Je n'ai pas envie de discuter avec eux. »

Je me rends compte que je suis entrain de m'énerver tout seul. Ma mère ne dit rien et continue de me regarder. Je m'affale sur une des chaises, la tête entre mes mains. Je laisse évacuer tout le stress de ses derniers jours. J'entends ma mère s'approcher de moi et sa main glisser le long de mon dos.

« Tu aurais dû me parler de cette histoire, Harry. Tu sais que je t'aurais écouté. Même si elle ne l'a pas dit explicitement, je sais qu'elle parle de Louis.

- Maman, c'est pas la peine de me faire la morale, je n'ai pas besoin de ça maintenant.

- Je sais mon cœur, désolé. Je suis inquiète pour toi, tu sais. Elle me dit plus doucement. Je n'ai pas envie que tu te fasses du mal.

- J'ai accepté. »


Elle s'arrête d'un coup de me caresser et je redresse ma tête. A son expression, elle pense que j'ai accepté de défendre Louis. Je vois ses traits se soulager et j'ai presque peur de lui dire que je suis contre lui et que je ne compte pas le défendre.

« Je ne vais pas défendre Louis. Je lâche la bombe. »

Je m'attends à voir le visage de ma mère se décomposer et la voir partir dans un excès de colère, mais elle ne fait rien de tout ça. Elle reste silencieuse un moment et elle vient s'asseoir en face de moi.

« Pourquoi tu ne le défend pas ?

- Parce que c'est contre mes principes.

- Alors tu penses qu'il est coupable ?

- Je dois défendre ma cliente, donc oui.

- Ce n'est pas ma question. Est ce qu'au fond de toi, tu penses que Louis est coupable ?

- Je ne sais pas. »


L'être humain est complexe et il est parfois dur de le comprendre. J'ai déjà été face à des individus qui avaient des familles, des amis et une vie parfaitement rangée, qui commettaient des choses affreuses et proches de l'inhumanité. Je n'aurais jamais pensé 10 ans avant, travailler sur ce genre d'affaires. Maintenant que je suis devant le fait accompli, je dois faire mon travail avec une certaine froideur et une certaine rigueur comme on m'a appris à l'école. Qui sait si ça sera la bonne ou la mauvaise décision.


« Fais ce que te dit ton cœur, Harry. Si tu doutes, n'hésite pas à regarder les preuves plus en détails et à te faire ta propre opinion. Elle prend mon visage entre ses mains et me force à ancrer mon regard dans le sien. Tu connais les lois mieux que personnes, tu as étudié assez d'affaires et vu assez de personnes pour savoir que parfois, les gens ne sont pas honnêtes et qu'ils commettent des erreurs. Alors fais toi, ton propre jugement. Va au-delà de la justice pour déceler l'injustice qui peut être cachée partout et c'est si tu fais ce travail que tu pourras être soulagé de ton travail. Ne condamnes personne sans avoir toutes les cartes en main. »

La longue tirade de ma mère me laisse sans voix. Elle n'a jamais rien compris au droit et elle levait les yeux au ciel quand je lui parlais de mes cours. Or, c'est la seule qui a su me dire les mots justes. Elle n'a pris le parti de personne. Elle me demande juste de ne pas partir tête baissée dans cette affaire. Je la serre fort dans mes bras et nous nous séparons quand Paul nous appelle pour le gâteau.

C'est le cœur un peu plus léger que je reviens dans le jardin. Les mots de ma mère m'ont libérés pour l'après midi. Sa douceur et son côté calme sont comme des médicaments pour moi. Lorsque j'arrive danse jardin, je suis accueilli par un bisou sur la joue de Peter, qui a les joues empourprées à cause l'alcool. Nous restons tout l'après-midi avant de partir vers 18h00. Nous avons deux heures de routes jusqu'à Londres pour rentrer et demain, Peter ira chez sa famille un petit bout de temps.



« Tu ne veux vraiment pas m'accompagner ? Me demande quand même Peter.

- Si c'est pour être reçu comme la dernière fois, non merci. Ils ne m'aiment pas et tu as besoin de te retrouver un peu seuls avec eux.

- J'aurais quand même aimé que tu viennes... Tu sais, ils ne sont pas méchants d'habitude. Ils sont un peu... brusqués. »


Je lâche un rire nerveux. Brusqués c'est le moins que l'on puisse dire, ils me détestent et ils ne se sont pas gênés de me traiter de putain. Ils n'acceptent pas VRAIMENT l'homosexualité de leur petit prince. Nous traversons Redditch en silence lorsque nous passons devant un pâté de maison qui m'est affreusement familier. Une maison de briques rouges avec un jardin devant. La maison des Tomlinson. Mon cœur se serre quand la voiture passe devant cette maison que je connais trop bien. Au même moment, comme un mauvais hasard, je vois une jeune femme blonde avec un enfant traverser sur le passage piéton pour se diriger vers la maison des Tomlinson. Mes muscles se crispent d'un seul coup et je me tends comme un chat en colère.


« Tu peux redémarrer, Harry. M'informe Peter. Le feu est vert.

- Désolé. »

Peter sent bien que quelque chose a attiré mon attention et que je ne veux pas en parler. Il ne connaît pas tout mon passé, même s'il en connaît les grandes lignes. C'est juste que certaines choses sont parfois dures à dire. Les mots vous brûle la gorge et vous souffrez une fois qu'ils sont dit.








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